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Girafe, une cible trop facile

Posté par othoharmonie le 16 décembre 2011

Girafe, une cible trop facile dans GIRAFE 220px-Hieronymus_Bosch_015Depuis fort longtemps, la girafe cohabite avec l’homme, qui la considère comme un animal gibier. Grâce aux peintures rupestres des cavernes et aux ossements trouvés lors de fouilles, dans une partie du Sahara, on sait que les Africains chassent la girafe depuis des temps très reculés. Les Arabes l’ont chassée depuis des siècles à dos de chameau ou de cheval. Ces montures s’épuisant très vite, les cavaliers devaient donc se relayer souvent. Cette activité était fort périlleuse, car les girafes, en pleine course, envoyaient des rafales de cailloux sur leurs poursuivants. De temps en temps, l’une d’elles s’arrêtait net, faisait volte-face et frappait chevaux et cavaliers de ses pattes antérieures.

    Les Arabes utilisaient plusieurs techniques de chasse : ils lui sectionnaient le tendon du membre postérieur pour la mettre hors d’attaque ou bien ils l’acculaient à un bosquet d’arbres, mettaient pied à terre et la transperçaient de leurs lances. En Éthiopie et au Soudan, ils mettaient le feu à la savane pour rabattre les girafes vers un précipice, au bord duquel ils les achevaient.

    La viande des jeunes girafes femelles est très appréciée des Africains. Un grand mâle fournit environ 450 kg de viande fraîche : de quoi nourrir un village entier pendant plusieurs semaines. Pour être conservée, la viande est boucanée : elle est découpée en fines lamelles, puis séchée au soleil et fumée. Les os sont utilisés comme fertilisant, le lait est bu. La peau de la girafe fournit 2 m2 de cuir de très bonne qualité qui sert à faire des outres, des tam-tams, des lanières, des cravaches, des fouets, des sandales et des amulettes destinées à éloigner les lions. Les boucliers en peau de girafe sont particulièrement appréciés des guerriers, car ils sont plus légers que ceux en peau de buffle ou de rhinocéros, tout en étant très résistants au tranchant des épées et des lances. Les tendons des membres de la girafe sont utiles pour confectionner les cordes des guitares et des arcs ainsi que du fil à coudre.

    170px-Namibie_Etosha_Girafe_04 dans GIRAFETant que les Africains étaient les seuls à chasser la girafe, à l’aide de filets, de lances et de flèches empoisonnées, pour s’en nourrir et fabriquer divers objets, son existence n’était pas menacée. C’est à l’arrivée des colonisateurs, armés de fusils, que commença la véritable extermination des grands ongulés, comme celle de beaucoup d’autres animaux sauvages. Les Boers d’Afrique du Sud ont massacré des troupeaux entiers. En Afrique de l’Est, des chasseurs la traquèrent pour son trophée orné de cornes de 25 cm de long ! Aujourd’hui, les braconniers abandonnent tout simplement la viande de la girafe morte aux vautours et coupent seulement sa queue, terminée par une touffe de crins noirs. Cette queue porte-bonheur sert à confectionner des bracelets vendus aux touristes ainsi qu’aux femmes de certaines tribus d’Afrique orientale pour combattre la stérilité. Elle est aussi utilisée comme chasse-mouches ou comme ornement. On en fait également du fil à coudre pour fixer les perles aux vêtements des femmes masai. Au Tchad, la puissance des chefs de village est proportionnelle au nombre de queues de girafe qu’ils possèdent.

    Une telle industrie a provoqué l’effondrement des populations sauvages. De 1800 à 1865, les effectifs ont diminué considérablement et, en 1900, peu d’animaux subsistaient encore dans leur milieu naturel. En 1898, par exemple, il restait moins de 30 girafes dans le parc national Kruger, en Afrique du Sud. Le nombre chuta encore davantage lors de l’épidémie de peste bovine. Cette maladie contagieuse terrassa beaucoup d’herbivores au début du siècle. Au Botswana, entre 1942 et 1955, les girafes, avec d’autres animaux, furent systématiquement abattus lors d’une campagne contre la mouche tsé-tsé, dans le nord du pays.

   169px-Girafe_r%C3%A9ticul%C3%A9e La girafe est aujourd’hui protégée dans la plupart des pays qu’elle habite. La Tanzanie l’a même choisie comme emblème national. Néanmoins, son aire de répartition ne cesse de régresser : la sécheresse qui sévit en Afrique affecte les végétaux dont elle se nourrit, l’homme détruit son milieu naturel (exploitation pour le bois de chauffage, extension des villages et des cultures…) et le braconnage continue. À la fin des années 1990, on estimait à 111 000 le nombre de girafes en Afrique (U.I.C.N., 1998 ) mais au cours de la dernière décennie, le nombre total de girafes aurait décliné d’environ 30 % selon l’International Giraffe Working Group (IGWG), en particulier en Afrique centrale et occidentale, dans le nord du Kenya, en Éthiopie et en Somalie. Le braconnage et les conflits armés ont entraîné, par exemple, une diminution du nombre de girafes réticulées d’environ 27 000 individus dans les années 1990 à moins de 3 000 aujourd’hui, en Somalie, en Éthiopie et au Kenya. Certains groupes identifiés par la recherche citée menée par David M. Brown sont plus particulièrement menacés.

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Bibliographie Abeille

Posté par othoharmonie le 16 décembre 2011

 Bibliographie Abeille dans ABEILLES animaux-abeille-00006

  • Jean Pérez (ill. Clément), Les abeilles, Paris, Librairie Hachette et Cie, coll. « Bibliothèque des merveilles », 1889, 348 p. [lire en ligne (page consultée le 1er septembre 2010)]  
  • Hans Bellmann (trad. Marie-Jo Dubourg-Savage, ill. Albert Kerbs, Leo Neuhold, Wolfgang Lang, Hans Bellman), Guide des abeilles, bourdons, guêpes et fourmis d’Europe  : L’identification, le comportement, l’habitat [« Bienen, Wespen, Ameisen : die Hautflüger Mitteleuropas »], Paris, Delachaux et Niestlé, coll. « Les guides du naturaliste », 05 juin 2009 (1re éd. 1995), 336 p. (ISBN 978-2-603-01651-0) 

Articles connexes

 

                                                                  animaux-abeille-00001

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Ane, satyre de Midas

Posté par othoharmonie le 13 décembre 2011

Ane, satyre de Midas dans ANECe fut le satyre Marsyas qui dénicha la merveilleuse flûte qu’avait jeté Athéna. Il en joua si bien que même les Muses s’en trouvaient toutes éblouies, insinuant que même Apollon ne jouait pas aussi bien ! Outré par cette comparaison, le divin Apollon conclut de se mesurer à ce vilain satyre lors d’une joute musicale qui serait arbitrée par les Muses et le roi de Phrygie, Midas. 

 

Après que les deux protagonistes aient joué, les Muses, comme Midas, ne purent se prononcer sur l’issue du combat. Comble de l’outrage pour Apollon, ce dernier fomenta une ruse qui n’était pas dans son habitude, il faut dire qu’il se souvenait des mésaventures qu’il avait eues, dans le même registre, avec un autre fripon, Hermès. Apollon, sûr de son fait, dit alors au satyre : « Retourne ton instrument, joues-en et chante en même temps ! », ne voilà pas une gageure pour celui qui, la bouche libre, pouvait aisément retourner sa lyre et chanter dans le même temps ! C’était une autre affaire pour notre satyre asinien (je précise « asinien » car le nom de marsyas vient du phonème imer araméen qui désigne l’âne en langue sémitique ; du nom du satyre on a tiré le mot marsupial qui désigne tous les animaux à poche), que fît-il ? 

 

 dans ANELe mythe ne nous l’indique pas mais on peut interpréter de manière plus satisfaisante si l’on connaît un peu les structures mythologiques qui ont été édulcorées par les auteurs grecs. Marsyas pratiqua ce que tous les satyres et autres compères de Dionysos connaissent bien, la maîtrise du temps à l’envers, du temps de Cronos où tout est à rebours, l’Age d’or ! Marsyas imita au sens propre ce que soupçonnaient les déesses Aphrodite et Héra en voyant jouer Athéna, il fixa la flûte en son fondement, sa bouche ainsi libérée, il pouvait du coup chanter en même temps ! C’est pour cela que les Muses comme Midas le déclarèrent vainqueur et qu’Apollon, une nouvelle fois pris à un jeu qu’il ne maîtrisait pas (la métis), enragea et affubla le roi Midas d’oreilles d’âne puis écorcha vif le satyre en le clouant à un arbre. Mais, nous disent les auteurs grecs, « Apollon eut honte de sa victoire et donna naissance à une rivière à l’endroit même où Marsyas avait été crucifié » pour excuser son geste pour le moins expéditif. 

 

On sent bien que la structure du mythe n’est pas respectée par ces auteurs qui font ce qu’ils peuvent pour que leur récit reste un tant soit peu cohérent. L’histoire continue puisque Midas, honteux d’être affublé des oreilles du plus vil des animaux, cacha ses merveilleuses oreilles sous un bonnet phrygien, bonnet qui deviendra plus tard le signe des affranchis et de tous les cancres. 

 

Son barbier étant le seul au courant de cet appareil auditif démesuré ne put se retenir d’en parler, creusa un trou et dit tout bas : « Le roi Midas a des oreilles d’âne !« . Mais le sort n’en faisant qu’à sa tête, sur ce même trou poussa des roseaux (autres flûtes, de Pan celles-là) qui, caressés par le vent (anal ?), répétaient inlassablement : « Le roi Midas a des oreilles d’âne ! »

 

Ainsi, remontant des entrailles de l’Enfer, les roseaux-flûtes arrosés par la rivière Marsyas, reprirent à l’unisson non pas ce que Midas aurait voulu cacher (le symbole de la royauté en Phrygie était un sceptre avec une tête d’âne !), mais ce que Apollon voulait à jamais taire : sa défaite lors d’un concours de musique face à un pauvre satyre, domaine où il est connu pour être le père de tous les arts ! Le passage où le barbier intervient doit nous évoquer le rasage de l’homme sauvage, homme-animal à l’image de tous les satyres, qui doit être capturé pour qu’ils nous amènent fertilité et prospérité. 

 

Par Bertrand CHATELAIN

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Les ânes domestiques

Posté par othoharmonie le 10 décembre 2011

 

Les ânes domestiques dans ANE k2074563SANSON, dans la seconde moitié du XIXème siècle, regroupe les races d’ânes domestiques en ce que nous appellerions aujourd’hui deux  » races primaires  » (DEVIS, 1995). 


   - la race d’Afrique, peut-être originaire d’Egypte, qui s’est répandue dans le monde entier du fait de son aptitude au travail. Elle toise 1 m à 1,30 m, se présente, le plus souvent, sous robe gris souris à bande cruciale, mais d’autres couleurs existent (notamment le blanc). S’y rattachent, pour SANSON, la race égyptienne souvent blanchâtre, restée dans son pays d’origine, et la race commune, qui a subi  » toutes les dégradations possibles, sous l’influence de conditions d’existence moins bonnes « ,

   - la race d’Europe, qui est fondamentalement la race des zones méridionales de l’Europe. Elle toise au minimum 1,30 m et fait souvent beaucoup plus. La robe est habituellement brun foncé avec quelques zones blanchâtres. Les ânes d’Europe sont, principalement, exploités pour la production des mulets. La race fournit, en outre, des moteurs et des ânesses pour la prk5637191 dans ANEoduction de lait. SANSON ne range que trois races dans ce groupe : la race commune qui comprend tous les animaux ne faisant pas l’objet de soins particuliers et qui se sont, parfois, plus ou moins mélangés avec la race commune africaine ; la race de la Gascogne, de la Catalogne et de l’Italie ; la race Poitevine

Les ânes français appartiennent à cette dernière catégorie. Il existe, à ce jour, en France, six races d’ânes officiellement reconnues par l’administration des Haras Nationaux : l’âne du Poitou qui jusqu’en 1994 était la seule race reconnue, l’âne de Berry, l’âne gris de Provence, l’âne des Pyrénées, le Cotentin et le Normand. Il existe, cependant, d’autres races en cours de reconnaissance comme l’âne du Bourbonnais, l’âne du Perche et nombreux autres ânes communs. 

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Lion 2

Posté par othoharmonie le 4 décembre 2011

Par H. Demesse

Lion 2 dans LION LionImageParmi les variétés issues de cette souche, on distingue : le Lion du Sénégal, dont la crinière est épaisse et de teinte claire ; le Lion du Cap, dont la crinière est très forte et foncée en couleur ; le Lion de Perse, à taille plus petite et à crinière mélangée de poils bruns et noirs, et enfin le Lion du Guzerat, dont la crinière, faiblement indiquée, mérite à peine d’être mentionnée ; aussi l’a-t-on nommé quelquefois Lion sans crinière. C’est sans doute de cette espèce que parlent Solin et Oppien, qui croyaient que cet animal provenait de l’accouplement du Lion et du Léopard.

La taille du Lion du Guzerat est un peu moins grande que celle du Lion d’Afrique, et sa couleur est uniformément d’un jaune roux fauve sur tout le corps ; la touffe épaisse qui termine la queue est seule blanche.

A l’extrémité de la queue du Lion se trouve dissimulé par une touffe de poils qui termine cet organe, un ongle corné déjà observé par Aristote, mais dont beaucoup de naturalistes ont nié l’existence. La découverte de cette particularité était réservée à Didyme, d’Alexandrie. Il trouva, à l’extrémité de la queue et caché au milieu des poils, un ergot corné, une sorte d’ongle pointu, et il supposa que c’était là l’organe qui, lorsque le Lion, au moment du danger, agitait violemment sa queue, lui piquait les flancs à la manière d’un éperon et l’excitait à se jeter sur ses ennemis.

Cette observation fut traitée avec le plus profond mépris par les naturalistes modernes et ils ne la jugèrent même pas digne d’une réfutation. Personne n’y songeait plus, lorsque Blumembach fut conduit, par hasard, à reconnaître l’exactitude de ce fait. A une époque postérieure, M. Deshayes a retrouvé l’ergot sur un Lion et une Lionne, morts tous deux à la ménagerie du Muséum de Paris. Cet ongle est fort petit, ayant à peine 3 lignes de hauteur ; il est adhérent seulement à la peau, et il s’en détache sans beaucoup d’efforts ; aussi on ne le trouve pas d’ordinaire sur les Lions empaillés que l’on conserve dans les Muséums.

le-lion-canevas dans LIONUn des traits caractéristiques du Lion est la manière dont il porte la tête ; il la tient généralement élevée ; ce qui donne à sa physionomie quelque chose d’ouvert, de franc, qu’on ne remarque point sur la physionomie des autres chats. Mais ce port de tête particulier n’a pas d’autre cause que l’épaisse crinière de son cou. La femelle, qui a le cou nu, tient la tête presque au niveau de son dos, et le jeune Lion ressemble en ce point tout à fait à sa mère.

Les anciens parlent de Lions noirs et de Lions de plusieurs couleurs….

Selon Elien, il y aurait eu des Lions noirs aux Indes ; en Syrie, selon Pline ; en Éthiopie, selon Oppien…. « Il nous paraît, dit Lacépède, qu’il y a dans tous les pays des Lions beaucoup plus bruns les uns que les autres, et dont plusieurs peuvent tirer sur le noirâtre…. »

Le nombre des Lions est supérieur à celui des Lionnes. Cela tient à ce que beaucoup de femelles périssent pendant la dentition, période critique que supportent mieux les jeunes mâles. Lacépède croit que le Lion vit en monogamie. C’est au printemps que Lion et Lionne s’accouplent. Plusieurs mâles recherchent à la fois la même femelle et se livrent entre eux de formidables combats. D’après le commandant Garnier, le résultat de ces combats serait que, contrairement à ce que nous disons plus haut, le nombre des lionnes est supérieur à celui des Lions. Quand la femelle a choisi son mâle, les autres s’éloignent et désormais le couple vit fidèlement uni. (A SUIVRE…) 

 

HENRI DEMESSE. 



Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (30.I.2009) Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Mél : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros] 100346.471@compuserve.com

http://www.bmlisieux.com/ 



Diffusion libre et gratuite (freeware) 



Texte établi sur un exemplaire (BmLx : nc) de l’ouvrage Les Animaux chez eux illustré par Auguste Lançon (1836-1887) paru chez L. Baschet à Paris en 1882. 

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Ours Grec

Posté par othoharmonie le 3 décembre 2011

 

« Chez les Grecs, une causalité directe est posée entre la sortie d’hibernation de l’ours en février, signe de la fin de la saison froide en Grèce pour Aristote (dans son Histoire des animaux) et l’apparition à cette date, dans le ciel nocturne, de la constellation du Bouvier Bootès, le personnage du zodiaque surnommé “le Gardien de l’Ours”, puisqu’il lui revient, Ours Grec dans OURS 51V9P0yxpAL._SL500_AA300_comme l’indique Ovide, de protéger la Grande Ourse de la fureur des chasseurs célestes (Fastes). » (Bertrand Hell, Le Sang Noir, Chasse et mythe du Sauvage en Europe, Flam., 1994.) 

 

Toujours dans la Mythologie, Pelasgos le premier homme découvrit les fruits des arbres, glands et châtaignes. Son fils Lycaon fonda Lycosoura dans la montagne  du Lycée, il nomma Zeus “Lycaios” et fonda les Jeux* Lycéens et « L’ainé des fils de Lycaon reçut le pouvoir, et les autres s‘en allèrent fonder de nouvelles cités. En plus de sa nombreuse descendance mâle, Lycaon eut une fille, Callistô, à laquelle Zeus s’unit d’amour. Héra les surprit, fit d’elle une Ourse qu’Artémis abattit d’une flèche pour faire plaisir à la reine des dieux. 

 

L’enfant de l’Ourse sauvé par Hermès devint, sous le nom d’Arcas, le roi du pays d’Arcadie. De nouvelles inventions comblèrent alors les habitants : l’agriculture, apprise de Triptolème ; l’art de faire du pain (artos), le tissage des vêtements qu’avait enseigné Adristas. Et, de son roi Arcas, le pays reçut le nom d’Arcadie9. » Marcel Detienne, La Mythologie Grecque, Le Monde Indo-Européen,  (Brépols, 1990.) 

 

Nous avons aussi pu lire que la Grande Ourse était Callistô et que Arcas était la 

Petite Ourse. L’Arcadie était le pays des Arkadés ou “peuple de l’ours” dont l’ancêtre mythique était Arkas, la petite Ourse ou le petit de l’Ourse, et Callistô, nymphe des bois, faisait partie de la suite d’Artémis. Zeus l’aima sous le déguisement d’Artémis car elle refusait le commerce des hommes. On dit que furieuse de découvrir cette “faute”, Artémis changea Callistô en ourse. Mais Zeus, en souvenir de son amour, la transfor-ma en constellation… de la Grande Ourse

 

Toujours dans la Mythologie, nous lisons que « Ouranos (cf. le germanique Ur Ahn “le Vieil Ancêtre”), le “Dieu-Ciel” lui-même, était descendu de l’Arbre du Monde pour féconder la Terre Mère, Mère des fauves (cf. Bestla), des fruits et de l’abondance* en tant que Dea Artio, détentrice de la corbeille et de la coupe (cf. art. Abondance*). » Christinger. 

 

« Les jeunes Athéniennes devaient, avant leur mariage, subir au Brauron une  initiation nommée arctéia – ce qu’on peut traduire par ourserie. Faire office de porteuses de corbeilles  au service d’Artémis et imiter l’ourse, tel était leur rôle au cours des rites appelés Brauronies. Ils comportaient des Danses de l’Ourse où les jeunes initiées étaient revêtues de courtes tuniques safran [cf. Athéna in art. Zeus] bordées de rouge (!) telles qu’en portait Artémis enfant lorsqu’elle jouait sur les genoux de son père Zeus, à l’aurore des temps. C’était là le prix du rachat de leur virginité. » (Rosmerta, Les initiations les-ours dans OURSd’adolescents, in rev. Message N° 39, aut. 96 (cf. les Oursines néo-pubères). 

 

Atalante/ Atlanta “la résolue” qui est nourrie par une ourse et chasse le sanglier blanc de Calydon, symboliserait selon certains auteurs la lutte12 entre pouvoirs temporel et spirituel mais, nous y verrions plutôt un épisode de la Grande Submersion, une image/ eidolon du Raz de Marée de Calédonie/ Écosse (cf. Déluge nordique). 

 

En effet, un autre passage de la Mythologie nous dit que « Typhon, sifflant la 

destruction de ses mâchoires terribles tandis que l’éclair brillait dans ses yeux de gorgone, avait réussi à vaincre Zeus (Séisme et Grande Submersion –> Ragnarök) et l’avait déposé, après lui avoir enlevé les nerfs (sans connaissance), dans la caverne corycienne. Mais Hermès réussit à lui dérober le paquet de nerfs enveloppé dans une peau d’ours (!) et à les restituer à Zeus, qui réussit à engloutir Typhon en le poursuivant de ses foudres sous l’Etna. » Cep aquet de nerfs enveloppé dans une peau d’ours nous semble symboliser la vie, l’anima, et c’est cela qui ressuscite le roi des Dieux en “Dieu–Fils” pour l’Épiphania, tout comme Dio-Nysos le récurrent, Adonis ou Osiris (cf. aussi l’archaïque marteau de Thor)… 

 

La Mythologie nous dit par ailleurs que « l’ourse est la compagne d’Artémis 

b_03_b10Artio : Artémis fait souvent des apparition sous forme d’Ourse » car elle a un rôle initiateur, elle est l’image de l’archaïque Déesse Mère Lune. Ce rôle initiateur apparaît bien « dans le conte populaire connu sous le nom de Jean de l’Ourse, où le héros accomplit sa métamorphose dans la caverne de l’Ourse qui l’a enlevé étant enfant, et subit son initiation avant de retourner à la caverne-ventre maternel (symbolisé par le “pays des rêves”) par l’entremise de la Femme/ Fée/ Sorcière,initiatrice et messagère de l’autre monde. » J-P. Ronecker. 

 

En Grèce ancienne, les fillettes réglées, appelées les Ourses à cette occasion, portaient des offrandes à Diane “du ciel”/ Artémis (“grande source d’eau”) : elles arboraient des masques d’ourses !… 

 

On disait dans l’antiquité que l’ourson naissait sans forme et que c’était sa mère qui, en le léchant, lui donnait sa forme. Voilà en tout cas qui pourrait expliquer notre expression populaire : “c’est un ours mal léché” ! 

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Lion et Communication

Posté par othoharmonie le 26 novembre 2011

Les lions communiquent entre eux par de nombreux moyens. Ce sont des animaux sociaux et de ce fait la communication est plus développée que pour les autres félins. Leur communication vocale se compose de grognements, grondements, sifflements, gémissements, miaulements, et du célèbre rugissement. Leur os hyoïde n’est que partiellement ossifié, c’est cette disposition qui Lion et Communication dans LIONleur permet de rugir, mais de ce fait, ils ne sont pas en mesure de ronronner à proprement parler ; mais ils le font, comme d’autres fauves, par expiration. 

 

On l’entend quand deux lions agissent l’un sur l’autre sur une base amicale. Le ronronnement ne retentit pas comme celui d’un petit chat, mais plutôt comme un grognement ou un ronflement grave. Le rugissement a diverses significations, selon la situation dans laquelle il est employé. Rugir est employé pour délimiter le territoire, appeler les autres membres du groupe, intimider les rivaux et renforcer le lien « familial » entre les membres du groupe. Les rugissements du mâle sont plus forts et plus profonds que ceux de la femelle. Par une puissante expiration, les lions rugissent, rentrant leurs flancs et gonflant la poitrine, souvent dans un bas grondement commençant par quelques bas grognements et gémissements, qui indiquent à d’autres lions qu’un groupe vit dans le secteur, et de rester en dehors du territoire. Par une nuit claire, il peut être entendu jusqu’à cinq kilomètres de distance. Les femelles emploient un bas grognement pour appeler leurs petits. 

 

250px-Hoehlenloewe_CaveLion_hharder dans LIONLe langage corporel est d’égale importance. Les lions ont un cérémonial complexe de salutation au cours duquel ils gémissent doucement l’un et l’autre, balancent la tête latéralement et gardent la queue levée vers le haut, voire posée sur le dos de l’autre lion. Comme certains autres chats, les lions se cognent la tête en se saluant. Le lèchement de la tête, des épaules et du cou est également un signe d’affection. Les lions, tout comme d’autres chats sauvages, ont les oreilles noires avec de grands cercles blancs sur leur dos. Ces grands cercles blancs permettent d’indiquer l’humeur : quand ils sont fâchés, les lions et d’autres carnivores étendent leurs oreilles à plat contre leur tête. Il est difficile de dire si un félin est fâché à distance, mais si vous voyez les cercles blancs clignotants, vous pouvez savoir à distance que ce dernier est furieux et qu’il vaut mieux ne pas s’en approcher. Cela permet d’éviter beaucoup de combats.

 

 

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Littérature et cinéma sur le Lion

Posté par othoharmonie le 24 novembre 2011

  

Littérature et cinéma sur le Lion dans LION 260px-Yvain-drgaonLe Roman de Renart et Yvain ou le Chevalier au lion sont de grands ouvrages du Moyen Âge dépeignant le lion. L’œuvre littéraire antique ayant le plus influencé le Moyen Âge occidental reste le Physiologus, bestiaire antique écrit en grec au IIe ou IIIe siècle à Alexandrie, puis traduit en latin au IVe siècle. Cette base antique a donné au lion son image de roi des animaux et son assimilation au Christ ; c’est également du Physiologus que sont issues les caractéristiques attribuées au lion au Moyen Âge : il se tient en haut des montagnes, ses yeux sont ouverts même lorsqu’il dort et il réanime ses lionceaux morts-nés au bout de trois jours. Ces thèmes sont bien illustrés dans les enluminures des bestiaires médiévaux.

Jean de La Fontaine, imitant Ésope dans plusieurs de ses fables, fait du lion un des personnages principaux (notamment Le Lion et le Rat où le félin, impétueux, est opposé au rongeur, petit, faible mais patient). Joseph Kessel, en 1958, en a fait un roman : Le Lion, racontant l’histoire de la fille d’un directeur de parc naturel en Afrique qui est liée d’amitié avec King, un lion de la réserve et qui se voit demander en mariage par un guerrier massaï ; ce dernier, pour conquérir son cœur, veut lui montrer sa valeur en tuant un lion qui se trouve être King. C. S. Lewis dans sa saga du Monde de Narnia utilise le symbole du lion, « roi des animaux », à travers Aslan, dieu vivant combattant le mal, se sacrifiant pour le salut de son peuple et ressuscitant peu après. Dans l’heptalogie Harry Potter de J. K. Rowling, Gryffondor, l’une des maisons de l’école de sorcellerie Poudlard, est représentée par un lion. Ce lion symbolise le courage, la hardiesse, la force et la générosité, traits de caractère que sont censés avoir les élèves appartenant à cette maison.

Accéder aux informations sur cette image nommée Logo LeRoiLion.png.Dans le cinéma avec, entre autres, le film d’animation à succès de Walt Disney Pictures Le Roi lion. Le lion est un personnage récurrent de nombreux films, de Tarzan au Magicien d’Oz, et de séries télévisées avec par exemple Daktari. Le lion est aussi décrit comme une menace pour l’homme comme par exemple dans The Man-eaters of Tsavo de John Henry Patterson en 1907 et dont on a tiré plusieurs films comme Bwana le diable en 1952 et L’Ombre et la Proie en 1996.

disney_737 dans LION

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L’Éléphant 1

Posté par othoharmonie le 21 novembre 2011

 

 

Par Louis Figuier 

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On a dit, avec raison, que l’homme est le maître de la nature. Il a soumis tous les animaux à son empire ; il a transformé suivant L'Éléphant 1 dans ELEPHANT 320px-Loxodontacyclotisses désirs la végétation qui couvre la terre ; il a percé des montagnes, comblé des vallons, creusé des voies dans l’épaisseur des collines, changé les isthmes en voie maritime, et noyé des continents. Il est, en un mot, à la tête de la création inanimée ou vivante. Mais on peut bien admettre un moment cette hypothèse que l’homme aurait pu ne point exister, ou bien encore qu’il aurait pu disparaître, par un des cataclysmes dont notre globe a été plusieurs fois le théâtre. L’homme aurait pu périr pendant la période glaciaire, alors qu’un refroidissement subit se manifesta sur toute l’étendue de la terre habitée, et que l’abaissement excessif de température fit disparaître un certain nombre d’espèces animales, dont on ne retrouve aujourd’hui que les vestiges, à l’état fossile, dans les terrains de cette époque. Il aurait pu être anéanti pendant les périodes diluviennes, qui ont laissé des traces si profondes de leurs ravages dans les terrains quaternaires.

En admettant l’hypothèse de la disparition, de la suppression de l’espèce humaine, on peut se demander quel est celui des animaux qui aurait remplacé l’homme, dans son rôle de souverain de la nature.

Elephant Mud Bath.oggA cette question, nous répondrons, avec assurance, que l’être animé qui aurait pris, en l’absence de l’homme, la direction suprême de la création, c’est l’Éléphant. De même que l’homme, parti des plateaux de l’Asie orientale, s’est répandu peu à peu dans toutes les contrées du globe, de même l’Éléphant, parti des rives de l’Indus, ou des bords des fleuves africains, se serait acclimaté dans toutes les contrées de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique actuelles. Et de même que l’homme règne aujourd’hui en tranquille vainqueur sur toutes les tribus animales, de même l’Éléphant aurait étendu son empire sur toute la création zoologique.

Qu’a-t-il fallu à l’homme pour assurer sa victoire sur le reste des habitants du globe ? La main et l’intelligence. Nous n’examinerons pas si l’homme possède la main parce qu’il possède l’intelligence, ou si son intelligence, comme le voulaient les philosophes sceptiques du dernier siècle, n’est que le résultat de l’existence de la main. Prenons les deux éléments tels qu’ils sont, sans rechercher leur dépendance mutuelle, et disons, avec tous les naturalistes, que l’intelligence et la main sont les causes de la suprématie de l’homme.

Or, l’Éléphant est pourvu de l’intelligence et de la main. La main est même disposée d’une manière plus commode et plus efficace chez l’Éléphant que chez l’homme. Elle est posée à l’extrémité d’une sorte de bras extrêmement long et prodigieusement flexible, vulgairement désigné sous le nom de trompe. (A SUIVRE…) 

 

FIGUIER, Louis (1819-1894) : L’Éléphant (1882). 



Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (05.II.2009) Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
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Texte établi sur un exemplaire (BmLx : nc) de l’ouvrage Les Animaux chez eux illustré par Auguste Lançon (1836-1887) paru chez L. Baschet à Paris en 1882. 



 

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Eléphant 10

Posté par othoharmonie le 21 novembre 2011

Par Louis Figuier 


C’est pour orner la pompe de son triomphe que César fit amener à Rome les Éléphants qu’il avait pris à la bataille de Thapsus. On vit alors quarante de ces magnifiques animaux disposés sur deux rangs, et portant chacun un flambeau dans sa trompe.
Éléphant (gravure du XVIIIe siècle)

L’idée de ce spectacle, qui intéressa beaucoup les Romains, avait été empruntée aux rois d’Égypte et de Syrie, qui se faisaient quelquefois accompagner ainsi par des Éléphants dressés à porter des torches.

Il faut noter, à propos de l’emploi des Éléphants dans les armées, que l’espèce indienne est plus courageuse que l’espèce africaine. Les Romains connaissaient bien cette particularité, car dans les batailles où ils n’avaient que des Éléphants d’Afrique à opposer à des Éléphants indiens, ils avaient soin de les placer, non devant les corps d’armée, mais derrière les soldats. C’est ce que firent les Romains, selon Tite-Live, à la bataille de Magnésie.

L’Éléphant d’Afrique a la tête plus arrondie et moins large en dessus que l’Éléphant d’Asie. Son front n’a pas la double bosse latérale qu’on trouve chez ce dernier. Les oreilles sont plus grandes et plus rapprochées par leur bord interne ; ses défenses sont plus fortes. Quelques autres particularités relatives à la forme des os et à celle des dents molaires distinguent encore l’Éléphant d’Afrique de celui d’Asie.

On rencontre les Éléphants d’Afrique depuis le cap de Bonne-Espérance jusque dans la haute Égypte. Ils existent par conséquent en Mozambique, en Abyssinie, en Guinée et au Sénégal.

Eléphant 10 dans ELEPHANTLes Éléphants africains vivent, comme ceux de l’Inde, en troupes plus ou moins nombreuses. On en trouve aussi de solitaires : les Hollandais les désignent sous le nom de rôdeurs. Ils étaient autrefois beaucoup plus communs qu’aujourd’hui aux environs du cap de Bonne-Espérance. Un voyageur du siècle dernier, Thumberg, rapporte qu’un chasseur lui affirma en avoir abattu, dans ces régions, quatre ou cinq par jour, et cela régulièrement. Il ajoutait que le nombre de ses victimes s’était élevé plusieurs fois à douze ou treize et même à vingt-deux par jour. C’était peut-être propos de chasseur. Quoi qu’il en soit, on peut aujourd’hui voyager dans l’intérieur de l’Afrique sans rencontrer un seul de ces géants, qui étaient autrefois si abondants dans ces pays.

L’Éléphant d’Afrique diffère beaucoup de l’Éléphant d’Asie en ce qui concerne ses rapports avec l’homme. Il se prête peu au service, il s’apprivoise plus difficilement. Aussi ne demande-t-on pas à l’Éléphant d’Afrique ce qu’on obtient de celui des Indes. On le chasse pour la nourriture que fournit son abondante chair, et surtout pour l’ivoire de ses défenses.

On chasse l’Éléphant d’Afrique avec le fusil et avec des flèches empoisonnées. D’autres fois on l’attire et on le fait tomber, par surprise, dans des fosses au fond desquelles il se meurtrit sur des pieux effilés. (FIN). 

 

FIGUIER, Louis (1819-1894) : L’Éléphant (1882). 



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Le buffle 3

Posté par othoharmonie le 21 novembre 2011

 

Par Henri Dalivoy 

 

 Anoa de MalaisieSa figure est grosse et repoussante, son regard stupidement farouche ; il avance ignoblement son cou, et porte mal sa tête, presque toujours penchée vers la terre ; sa voix est un mugissement épouvantable, d’un ton beaucoup plus fort et plus grave que celui d’un taureau ; il a les membres maigres et la queue nue, la mine obscure, la physionomie noire, comme le poil et la peau : il diffère principale du boeuf à l’extérieur par cette couleur de la peau qu’on aperçoit aisément sous le poil, qui n’est que peu fourni. Il a le corps plus gros et plus court que le boeuf, les jambes plus hautes, la tête proportionnellement beaucoup plus petite, les cornes moins rondes, noires et en partie comprimées, un toupet de poil crépu sur le front : il a aussi la peau plus épaisse et plus dure que le Boeuf ; sa chair, noire et dure, est non seulement désagréable au goût, mais répugnante à l’odorat. Le lait de la femelle Buffle n’est pas si loin que celui de la Vache ; elle en fournit cependant en plus grande quantité », etc., etc.

Comment trouvez-vous le morceau ? Entre nous, il n’est pas éminemment remarquable : je dirai même tout bas, qu’il ne suffirait point à illustrer son auteur ; l’exactitude, la précision, la couleur, le brillant de la forme y laissent tant soit peu à désirer. Dût-on m’accuser de fatuité, je regrette mon essai descriptif.

Écoutons une autre sommité de la science.

 Syncerus caffer« Le Buffle a les membres gros et courts, le corps massif, la tête grande, le front bombé, le chanfrein droit et étroit, le mufle très large. Ses cornes, bas placées, sont triangulaires et marquées à intervalles réguliers d’empreintes peu profondes ; elles se dirigent d’abord obliquement en dehors et en arrière, puis se relèvent vers la pointe. Elles sont de couleur noire, et cette couleur est aussi celle des sabots, des ergots, des poils et de la peau. Les poils sont rares sur le corps et assez épais sur le front où ils forment une sorte de touffe ; les genoux sont aussi d’ordinaire assez velus et le bas des jambes même est quelquefois garni de poils longs et frisés. A la partie inférieure du cou et antérieure de la poitrine, la peau forme un fanon de grandeur variable suivant les races et même suivant les individus. Le port du Buffle est lourd et ses allures sont gauches ; en courant, il allonge le cou et tend le museau comme pour flairer ; il semble en effet se guider principalement par le sens de l’odorat. Malgré la lenteur de sa marche, il est précieux comme bête de trait, car sa force est très grande, comparativement même à celle du boeuf. »

Tenez-vous à être renseigné par un autre écrivain non moins compétent ?

« Le Buffle ordinaire a le corps un peu allongé, arrondi, le cou court et épais, lissé, mais sans fanons ; la tête plus courte et plus large que celle du boeuf ; le front grand, le museau court, les jambes de moyenne longueur, fortes, vigoureuses ; la queue assez longue ; le garrot presque élevé en forme de bosse, le dos incliné ; la croupe haute et retombante ; la poitrine assez mince, le ventre gros, les flancs rentrés ; les yeux petits, à expression sauvage et méchante, les oreilles longues et larges, les cornes…. »

Mais il me semble qu’insister là-dessus serait scabreux : je saute, à regret, la dissertation relative aux cornes.

« Les sabots sont bombés, grands, larges. Les poils sont rares, roides, presque soyeux ; ceux des épaules, de la partie antérieure du cou, du front, de la touffe terminale de la queue sont allongés. L’arrière-train, la croupe, la poitrine, le ventre, les cuisses et la plus grande partie des jambes sont presque entièrement nus. L’animal est d’un gris noir foncé ou noir ; les flancs sont roux, le fond de la peau est noir ; les poils tirent tantôt sur le gris bleu, tantôt sur le brun ou le roux, » etc., etc.

 Syncerus caffer cafferAbrégeons. A moins d’épuiser tout le stock scientifique sur la matière, voilà, je pense, assez de citations pour contenter les exigences les plus difficiles. Il est présumable, du reste, que ni vous ni moi ne nous préoccupons outre mesure de savoir si le Buffle a une côte de plus ou de moins que le boeuf, si sa langue est lisse ou rugueuse, s’il a ou non l’haleine fétide, s’il justifie l’observation qu’a fait Aristote à propos des ruminants : Nullum cornutum animal pedere ; s’il plonge à dix ou douze pieds de profondeur pour arracher avec ses cornes des plantes aquatiques qu’il mange en continuant à nager ; si les trayons de la femelle sont transversaux ou parallèles, s’il est vrai que son lait serve à fabriquer le fromage parmesan, et toutes autres questions de ce genre, fort importantes, je suis le premier à le reconnaître, et longuement traitées dans les ouvrages spéciaux, mais par contre, dénuées de charme et manquant d’intérêt aux yeux de pauvres ignorants de notre sorte. En attendant que MM. les naturalistes aient pu résoudre ces graves problèmes, dormons tranquilles, et surtout, selon le recommandable précepte de maître François Rabelais, « beuvons frais ». (A SUIVRE….)

DALIVOY, Henri : Le buffle (1882). 

 



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Le buffle 3 dans VACHE - BOEUF.... buffalo_running_md_wht

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Le Chien 2

Posté par othoharmonie le 20 novembre 2011

Par G. de Cherville 

Lhasa apso r5.jpgLa conquête du Chien fut autrement intéressante que ne l’est celle d’un empire, puisque sans elle, très probablement, il n’eût jamais existé d’empire. Sans le Cheval et sans le Chien, avec le Cheval mais sans le Chien, qui sait si la fameuse évolution découverte par M. Darwin se fût accomplie ? Nous serions certainement des Singes extrêmement distingués, mais nous n’en aurions peut-être, peut-être pas dépouillé la peau velue, si nous n’avions pas pensé à nous rallier cet inappréciable serviteur qui, en nous aidant à asservir les autres animaux, en se chargeant de garder les troupeaux, nous a créé les loisirs dont toutes nos découvertes scientifiques et économiques ont été les conséquences. 

Rouage social moins actif qu’aux temps primitifs, le Chien reste néanmoins un animal indispensable. Il défend la maison et son maître, non plus contre les Lions et les Panthères, mais contre les bêtes féroces de notre espèce, encore plus redoutables, il reste notre auxiliaire à la chasse et dans la surveillance des bestiaux, il nous étonne par sa fidélité, nous distrait par sa gentillesse, nous prodigue des leçons de reconnaissance et de désintéressement, dont nous ne profitons pas assez, et enfin, nous aime par-dessus le marché ; lui demander davantage ce serait se montrer trop exigeant. 

Le Chien a-t-il été un animal primitif ? Est-il une création composite façonnée, pétrie, modelée, éduquée, perfectionnée, assimilée par l’industrie humaine ? 

Le Chien 2 dans CHIEN 180px-Magyar_agar_kanLes deux hypothèses ont leurs partisans ; les uns et les autres ont dépensé souvent du talent, quelquefois du génie, toujours beaucoup d’encre à exécuter d’aventureux stepple-chases sur le turf des conjectures et des probabilités. 

Rien ne passionne davantage les savants que les problèmes dont l’utilité est contestable. 

M. de Buffon penchait pour une race de Chiens sauvages, souche unique de toutes les variétés que nous connaissons ; il désigne le Chien de berger comme étant celui qui se rapproche le plus de cette race mère, il l’a choisi pour souche dans son arbre généalogique des races canines. Sa théorie se basait sur l’insuccès des tentatives multipliées qu’il aurait faites pour rapprocher par l’accouplement le Chien de ses congénères Loup et Renard. 

Les contradicteurs de l’illustre académicien ont répondu que, trop soucieux de sa dignité et de la blancheur de ses manchettes, il n’avait jamais présidé, comme il convient au véritable naturaliste, c’est-à-dire en personne, aux expériences qui furent le prétexte de tant de pages immortelles. Effectivement, on est quelque peu tenté d’accuser les fondés de pouvoir du grand homme, d’avoir abusé de la confiance qu’il leur accordait, car il est aujourd’hui surabondamment démontré que le métis, vainement cherché par Buffon, s’obtient non seulement avec le Loup, mais avec le Chacal, que l’intervention humaine n’est pas même nécessaire pour qu’il se produise, qu’il existe de nombreuses preuves de ces croisements accidentels dans l’état d’indépendance. (A SUIVRE….) 

CHERVILLE, Gaspard de Pekow marquis de (1821-1898) : Le Chien (1882). 



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Le Chien 3

Posté par othoharmonie le 20 novembre 2011

Par G. de Cherville 

Les adversaires du système du Chien primitif objectent encore que cet animal n’existe pas dans les contrées où l’homme ne l’a Le Chien 3 dans CHIEN 220px-Yumi_19mois2point précédé ; ils insinuent que le Dhôl, dont les bandes exploitent les jungles des frontières ouest du Bengale, que le I ou Dingo de l’Australie, que le Deeb de la Nubie et de l’Abyssinie, que l’Aguari de l’Amérique du Sud, peuvent être des descendants de Chiens civilisés qui, cédant à la passion de la franche lippée, auraient rompu leur ban. 

On pourrait, il est vrai, leur répondre que, si le Chien était l’espèce composite qu’ils imaginent, il lui serait advenu, dans ce retour à la sauvagerie, ce qui arrive non seulement à tous les animaux domestiques, mais à tous les végétaux cultivés quand on les abandonne à eux-mêmes ; ces Chiens auraient usé de leur indépendance pour restituer à chacune des souches dont ils sont originaires, ce qu’ils auraient emprunté à chacune d’elles ; l’animal façonné par l’homme aurait rapidement disparu pour se refondre avec les Loups, avec les Chacals. 

Mais vraiment est-ce bien la peine de vous remorquer à notre suite, dans l’ornière conjecture, au-dessus de laquelle quelques-uns ont du moins des ailes pour planer. Plutôt que d’essayer d’ajouter un peut-être aux peut-être qui ont été présentés comme des solutions, ne vaut-il pas mieux se rallier à l’opinion la plus simple et la plus honorable pour le Chien, c’est-à-dire à celle de Buffon ? Je l’adopte sans m’informer davantage si elle est plus solidement justifiée que l’opinion contraire, uniquement parce que, selon moi, la règle de trois a toujours tort contre la règle du sentiment. 

Spitz.jpgEn raison de mon estime, disons le mot vrai, de ma tendresse pour l’animal dont je vous occupe, je tiens essentiellement à ce qu’il ait figuré dans l’œuvre du cinquième jour. Quoi ! il aurait eu en partage la délicatesse exquise du sens de l’odorat, l’agilité, la grâce, la force, le courage, à tous ces dons Dieu aurait ajouté des vertus dont on ne l’accusera pas d’avoir été prodigue : la patience, la tempérance, la fidélité, la constance, le désintéressement, la chaleur dans le sentiment, il aurait permis que cette simple bête eût quelquefois de l’esprit, il lui aurait ordonné de mettre tout cela au service de l’homme et il n’aurait pas jugé que ce véritable chef-d’œuvre fût digne d’une façon particulière ? C’est tout à fait invraisemblable. 

Sans doute la fabrication de cette machine chassante et aimante aurait quelque chose de très flatteur pour l’orgueil de notre espèce ; mais, d’un autre côté, la nécessité de l’intervention humaine dans la composition d’un être si supérieur aux êtres qui extérieurement lui ressemblent, serait quelque peu humiliante pour le Créateur. Ne sommes-nous donc pas assez riches en merveilles de notre façon ? N’avons-nous pas à notre actif la poudre à canon, la vapeur, la photographie et le reste ? Nous pouvons laisser le Chien au bon Dieu. (A SUIVRE…. ) 

CHERVILLE, Gaspard de Pekow marquis de (1821-1898) : Le Chien (1882).   



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Le Chien 8

Posté par othoharmonie le 20 novembre 2011

 

Par G. de Cherville 

 

J’ai observé pendant plusieurs années un chenil qui renfermait toujours de vingt à vingt-cinq animaux ; j’ai reconnu qu’il existait CavalierKgChas2 wb.jpg.jpgentre ce que je me permettrai d’intituler leurs caractères des nuances très tranchées, parfois fort originales. Je les ai vus subir la domination du plus fort, se résigner aux caprices du plus hargneux avec une passivité que la race humaine n’eût pas désavouée, accabler les faibles, les souffreteux, appuyer d’un coup de dent le coup de fouet tombant sur l’échine du voisin, tout cela avec une lâcheté qui malheureusement ne leur est pas spéciale. Jamais je n’ai surpris chez aucun d’eux les symptômes d’une préférence bien marquée pour tel ou tel de ses camarades, partant nulle trace de jalousie. Par exemple, si le piqueur s’avisait de caresser un de ces messieurs, toute la société était en effervescence, chacun protestait sans unisson, c’était un tapage à vous rendre sourd. 

 

Ce sentiment arrive chez le Chien à des proportions vraiment humaines ; c’est lui que le proverbe aurait dû choisir comme type de la jalousie bien plutôt que le Tigre. Quand il s’agit de l’amitié du maître, tout lui porte ombrage ; non seulement, il souffre difficilement que celui-ci en fasse une part, si mince qu’elle soit, à un autre animal, mais il est, visiblement, très douloureusement affecté, lorsque les témoignages de l’affection de ce maître, s’adressent à quelque bipède ; en pareil cas, son œil, cet œil qui est le raccourci d’une physionomie, s’alanguit, devient humide et la tête se détourne avec une résignation consternée. 

 

Le Chien 8 dans CHIEN 220px-Cavalier-king-charlesC’est principalement à l’endroit des enfants que cette jalousie se manifeste. La fille d’un fonctionnaire de l’administration des forêts s’était prise d’amitié pour un énorme braque que son père avait ramené d’Allemagne. L’animal était si doux, il se prêtait avec tant de complaisance aux caprices de sa petite maîtresse, un vrai tyran, il lui témoignait tant d’attachement, enfin, il y avait un contraste si piquant dans la domination de cette frêle blondine sur cette bête gigantesque que les parents encouragèrent la liaison et permirent que le Chien dormît, pendant la nuit, sur un tapis devant le lit de son amie. 

 

La situation se modifia quand on ramena de la campagne un second enfant qui était en nourrice. Le braque fut complètement délaissé pour le petit frère que sa sœur aimait beaucoup et avec lequel elle pouvait jouer à la maman. L’abandonné en conçut une irritation manifeste, il devint triste, morose ; quand la petite fille embrassait le baby, il levait sur elle des yeux sanguinolents, il grondait sourdement. On s’en amusait. 

 

Un jour que les enfants étaient restés seuls avec leur compagnon, et que l’aînée berçait le petit garçon sur ses genoux, le braque, sans provocation aucune, s’élança sur celui-ci et, d’un coup de dent, lui enleva un morceau de joue. Aux cris on était accouru. Tandis qu’on emportait les enfants, le père avait pris un pistolet et tiré sur le Chien. Atteinte mortellement, la misérable bête eut encore la force de se traîner dans la chambre où l’on avait transporté sa petite maîtresse, et ce fut sur son tapis et les yeux fixés sur elle qu’elle expira. 

 

Nous avons dit plus avant que le croisement du Chien et du Loup pouvait se réaliser même dans la vie sauvage ; ces sortes d’unions libres étonnent surtout ceux qui, en pratiquant la chasse de notre unique grand carnassier, se sont familiarisés avec ses Otterhund.jpgmœurs. 

 

Pour caractériser la situation de deux irréconciliables, on dit : ils sont comme Chien et Chat ; on exprimerait bien plus fortement les proportions extrêmes de l’inimitié en disant comme Chien et Loup. Si le premier dérive du second comme on le prétend, celui-ci n’en honore pas moins son petit cousin d’une haine très profonde et comme cette animosité se double d’un goût très prononcé pour sa chair, jamais il ne laissera échapper l’occasion de dîner, non pas avec, mais de tous les Chiens sur lesquels il pourra poser sa griffe. (A SUIVRE….) 

 

 

CHERVILLE, Gaspard de Pekow marquis de (1821-1898) : Le Chien (1882). 

 



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Texte relu par : A. Guézou
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Le Chien 9

Posté par othoharmonie le 20 novembre 2011

 

Par G. de Cherville 

 

Le Chien 9 dans CHIEN 220px-RasteauPyrrhusDans les villages forestiers, ceux de ces derniers qui s’aventurent dans la campagne après le coucher du soleil, les braques, les épagneuls qui s’attardent dans les bois sont des Chiens parfaitement perdus ; y eût-il des Moutons dans le voisinage, ce sera toujours sur ces Chiens isolés que le Loup fixera ses préférences. Ce qui est encore assez étrange, c’est que ces mêmes Loups traiteront avec une certaine déférence les Chiens courants des meutes qui leur ont donné la chasse, même quand ils sont isolés, même quand ils ne sont pas de taille à opposer une bien vive résistance. Il nous est bien souvent arrivé de perdre en fond de forêt plusieurs de ces Chiens qui y passaient la nuit, on nous les a toujours ramenés sains et saufs. Chiens d’arrêt, nous n’en aurions retrouvé que les os. Pourquoi ce privilège ? Probablement parce que le Loup se souvient et compare ; parce qu’il se rappelle les angoisses qu’il a dû à de tels Chiens, parce qu’il sait qu’ils marchent toujours en nombre et accompagnés et que sa prudence l’emporte sur les suggestions de sa haine et de son appétit. 

 

ThemisDouCoudounie.jpgDans l’espèce canine, c’est surtout par la terreur que se traduit l’antipathie si profonde des deux races. Cette terreur elle est instinctive, elle est innée. Il n’est nullement besoin d’un acte de guerre pour apprendre au Chien qu’il est en présence de son implacable ennemi ; l’odeur du Loup, même lorsque pour la première fois elle frappe son odorat, une odeur caractéristique dont son instinct a la prescience, suffit à lui apprendre à qui il a affaire et, en pareil cas, chez l’immense majorité de ces animaux, chez tous ceux qui n’appartiennent pas à quelques variétés spéciales, les poils se hérissent, les yeux sont hagards, ils tremblent et multiplient les signes de l’épouvante. 

 

Ce court aperçu des sentiments que ces Capulets et ces Montaigus nourrissent les uns pour les autres donne la mesure de l’originalité que doit affecter, dans la solitude des grands bois, la première entrevue de ce soupirant à demi paralysé par la terreur et cette belle qui doit se demander si elle cédera ou à la faim ou à l’amour. 

 

Il est cependant incontestable que de loin en loin, c’est le dieu malin qui l’emporte. En 1864, le fils de M. le docteur Chenu tua dans les bois de Lahoussaye-Crécy un Loup complètement noir, qu’il aurait pris pour un Chien, s’il n’avait vu quelques instants auparavant la Louve accompagnée de plusieurs Louvards au pelage également très foncé, qui furent tués quelque temps après ainsi que la mère. Le père était un Chien noir appartenant à un cultivateur de Nangis, il avait été vu plusieurs fois en compagnie de la Louve. 

 

Des portées de Chiens-Loups ont été trouvées dans des forêts de la Sarthe et de la Mayenne ; l’un de ces animaux fut élevé par un de nos amis, il tenait beaucoup plus du Chien de Terre-Neuve que du Loup. (A SUIVRE….) 

 

 

CHERVILLE, Gaspard de Pekow marquis de (1821-1898) : Le Chien (1882). 

 



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Le Chien 12

Posté par othoharmonie le 20 novembre 2011

Par G. de Cherville 

Examinons donc succinctement le Chien d’aujourd’hui dans ses trois grandes attributions, la garde des troupeaux, la défense de la maison et la chasse. 

European Groenendael male.jpgLa sympathie que la race nous inspire se change, quand il s’agit du Chien de berger, en une sorte d’admiration presque respectueuse. Ah ! le noble et vaillant animal, martyr obscur du devoir, expression de l’abnégation poussée chez le serviteur jusqu’à ses plus extrêmes limites. 

Voyez-le, efflanqué, décharné, avec sa toison inculte, dont les mèches agglutinées ne déguisent qu’imparfaitement sa maigreur, son profil aigu, ses oreilles pointues et demi-tombantes, et son œil brun rayonnant d’intelligence et d’ardeur, sentinelle vigilante passant et repassant d’un pied infatigable sur la ligne que ne doivent pas franchir les moutons confiés à sa surveillance. Sans cesser d’exécuter sa consigne, la sentinelle reste attentive aux ordres du maître ; au moindre signe il s’élance, repousse dans le rang une bête qui s’était laissée tenter par quelque touffe verdoyante, puis reprend sa promenade. Faut-il mettre le troupeau en mouvement, il s’élance, pousse à droite, charge à gauche, aboie à ceux qui ne se décident pas assez vite à suivre la colonne, mais en s’en tenant toujours à la menace, voltige sur ses flancs, se reporte à l’arrière-garde, harcèle les traînards, dirige, maintient leur cohue qu’au besoin il saurait défendre. 

Car, après sa journée si laborieusement remplie, seul, il ne trouvera pas dans le sommeil le repos réparateur dont il aurait besoin ; le sien est encore une faction. Couché sous la cabane du maître, mais toujours aux aguets, l’œil ouvert, l’oreille attentive, il quitte son abri pour faire une ronde autour du parc qui protège le peuple moutonnier, écoutant les bruits qui traversent le silence des nuits, éventant longuement les émanations que lui apporte la brise, essayant d’y surprendre l’odeur caractéristique de l’ennemi, qu’il appréhende sans le craindre comme tant d’autres Chiens, et avec lequel en cas d’assaut il n’hésiterait pas à lutter. Et pour tant de fatigues, pour ce labeur de jour et de nuit, pour tant d’efforts, pour tant de luttes, pour tant de dévouement, il n’a, le pauvre animal, d’autre salaire qu’un morceau de pain noir, le plus souvent tout juste suffisant pour l’empêcher de mourir, et, de loin en loin, quelque réconfortante caresse du berger dont il est l’adjudant. 

Le Chien 12 dans CHIEN 240px-BarbarLes traits d’intelligence du Chien de berger son innombrables, nous n’en citerons qu’un seul qui témoigne combien il a le sentiment de sa mission ; il y a quelques années, après de longues pluies, la Sarthe démesurément grossie avait commencé à couvrir les prairies qu’elle traverse. Cependant le soleil s’étant montré, un fermier, qui voulait faire prendre l’air à son troupeau, ordonna à son berger de le conduire dans un pacage situé dans les bas-fonds. Dans la journée, l’inondation avait pris des proportions considérables ; un petit chemin qu’il fallait traverser pour revenir au village avait été gagné par les eaux qui y coulaient avec une rapidité de torrent ; le berger, un enfant, eut l’imprudence de s’y engager ; ce fut à grand’peine qu’il gagna lui-même le bord opposé, et, sous ses yeux, une vingtaine de ses moutons furent emportés par le courant. Le pauvre petit perdant la tête courut à la ferme, les paysans arrivèrent en nombre ; on retrouva sept de ces moutons à plus d’un kilomètre, paissant paisiblement sur un îlot où le Chien, qui s’était laissé aller à la dérive avec eux, les avait tirés les uns après les autres, sous les yeux d’un meunier témoin de ce curieux sauvetage.

 Nous avons bien des variétés de Chiens de garde, mais ce sont les boule-dogues et les Terre-Neuve qui, pour le quart d’heure, sont en possession de la confiance de la grande majorité des propriétaires.  (A SUIVRE…) 

CHERVILLE, Gaspard de Pekow marquis de (1821-1898) : Le Chien (1882). 



Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (23.VII.2002)
Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Mél : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros] 100346.471@compuserve.com

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Diffusion libre et gratuite (freeware) 



Texte établi sur un exemplaire (BmLx : nc) de l’ouvrage Les Animaux chez eux illustré par Auguste Lançon (1836-1887) paru chez L. Baschet à Paris en 1882. 



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Le Chien 14

Posté par othoharmonie le 20 novembre 2011

 

Par G. de Cherville 

 

De tous les animaux domestiques, le Chien est celui qui oublie le plus vite et pardonne le plus aisément les mauvais traitements dont il a été l’objet ; le terre-neuve fait exception à cette règle générale, non seulement il connaît la rancune, mais chez lui elle est singulièrement vivace. 

 

Le Chien 14 dans CHIEN 284px-Newfoundland_brownUn palefrenier avait chassé, avec quelques coups de fourche, un Terre-Neuve qu’il avait trouvé couché sur le foin de ses chevaux. Deux mois après, un jour qu’il était accroupi pour botteler de la paille, ce terre-neuve, que vingt fois il avait caressé depuis, s’élança sur lui, le renversa et lui eût fait un mauvais parti si on ne fût pas accouru à son aide. Si les étrangers, les passants, les visiteurs sont autorisés à se méfier des boule-dogues, les Terre-Neuve, moins intelligents, moins dociles, sont infiniment plus redoutables pour leurs maîtres. 

 

Nos confrères, en particulier, feront acte de sagesse en ne choisissant pas leurs amis intimes dans cette race ; je dois les prévenir qu’elle manifeste pour la chair des gens de lettres une prédilection aussi désobligeante que flatteuse. C’est un Terre-Neuve et un Terre-Neuve qu’il avait rendu presque célèbre qui faillit dévorer Alphonse Karr ; la main si loyale, à l’étreinte si cordiale, qui a écrit les Mousquetaires et Monte-Christo, fut un jour horriblement déchiquetée par un métis de cette espèce ; Alexandre Dumas porta le bras en écharpe pendant plus de trois mois. Un imprimeur de Bruxelles, M. Bienez, lisait le journal assis dans son jardin ; la feuille lui échappant tomba sur son Chien qui sommeillait à ses pieds ; le Terre-415px-Irischer_Wolshund dans CHIENNeuve, réveillé en sursaut, s’élança sur son maître, et, d’un coup de dent, lui arracha complètement l’œil gauche. Avouez que c’est le cas ou jamais de répéter avec le fabuliste : mieux vaudrait un sage ennemi. 

 

Nous avons dit que le lévrier devait avoir été le premier Chien que l’homme ait utilisé pour la chasse. Son seul aspect indique le but pour lequel il avait été construit. Jamais attributions ne furent plus éloquemment traduites par l’extérieur. La tête fine, d’une légèreté remarquable, ne charge pas l’avant-main, remarquable à la fois par la force et l’épaisseur des muscles du cou qui jouent un rôle si important dans la projection, et par l’ampleur et la profondeur de la poitrine. Chez lui, comme chez tous les animaux rapides, les membres postérieurs sont remarquablement plus développés que les antérieurs, les pattes sont longues sans être grêles, tendineuses et sèches ; les os d’un grain très serré et d’une densité extraordinaire. L’abdomen est fortement retroussé, la queue longue, mince et décharnée. Il a peu de nez, mais son ouïe est fine et sa vue perçante. (A SUIVRE…) 

 

CHERVILLE, Gaspard de Pekow marquis de (1821-1898) : Le Chien (1882). 

 

 

 

 

 



Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (23.VII.2002)
Texte relu par : A. Guézou
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Le Chien 17

Posté par othoharmonie le 20 novembre 2011

 

Par G. de Cherville 

 

Le Chien 17 dans CHIEN 8569800-petit-chien-de-race-le-bruxellois-griffonJ’ai eu un grand griffon qui, gâté comme nous les gâtons, était assez sujet à s’emporter. Pour le mettre en garde contre la véhémence de ses passions, j’avais pris l’habitude, avant d’entrer en chasse, de lui administrer une petite raclée de précaution. C’était une manière de lui dire comme le Marseillais : « Juge un peu si tu me fais quelque chose ! » Un jour, au moment de le saisir par la peau du col, je m’aperçus que mon Chien boitait ; mes dispositions flagellantes firent place à une certaine inquiétude. L’examen attentif de la patte et du pied ne me fit cependant rien découvrir, et je me mis en campagne en me disant que le membre malade s’échaufferait probablement par la marche. En effet, il s’échauffa si bien qu’au bout de dix minutes le Chien avait recouvré tous ses aplombs. Mais le lendemain, au moment critique, la claudication reparut, et, depuis lors, je n’avais qu’à toucher mon fouet pour que mon griffon ne marchât plus que sur trois pattes. Cette boiterie préventive, opposée à une correction préventive aussi, est un trait de génie qui ne peut avoir été inspirée que par une profonde intimité avec l’homme ou avec le diable. 

 

Cependant, il faut le reconnaître, à quelque développement intellectuel que puisse arriver le braque, l’épagneul, le griffon, lorsque leur maître les admet à une collaboration continue et intime, ils restent au-dessous de l’humble caniche, le compagnon de l’aveugle, l’ami de l’ouvrier. C’est dans cette espèce qu’il faut chercher les académiciens de la corporation. 

 

Devenir d’une honnête force aux dominos quand on est Chien est relativement bien plus merveilleux que la compilation d’un dictionnaire par une collection de savants. Pourtant, tout en témoignant de ma surprise devant la brillante éducation d’un Munito, il est d’exciter ma sympathie comme son camarade, le guide de l’aveugle, qui, pendant des journées entières, tend aux passants la sébile légendaire ; très au courant des ficelles du métier, sachant demander à être déchargé lorsque le gros tas des sols est devenu tel que la commisération des passants pourrait devenir plus tiède ; le soir venu, reconduisant son maître avec des soins presque filiaux, réglant son pas sur le sien, s’arrêtant précisément lorsqu’il le sent arrivé devant une marche à franchir, toujours attentif, prévenant, ne succombant jamais aux séductions des épaves du tas d’ordure, témoignant d’une telle sollicitude qu’il doit certainement avoir conscience de la terrible infirmité à laquelle il remédie ; devenant commissionnaire au logis, s’acquittant de tous les messages qu’on lui confie avec une étonnante ponctualité et, ce qui est plus rare chez les serviteurs d’aujourd’hui, ne faisant jamais danser l’anse du panier. C’est véritablement du caniche que l’on peut dire qu’il ne lui manque que la parole. 

 

1894731-puppy-debout-dans-l-39-herbe-race--griffon-bruxellois-sept-mois dans CHIENEncore en a-t-on vu qui en avaient acquis le privilège. On a exhibé à Berlin un Chien de cette race qui prononçait une soixantaine de mots. Le maître de ces Chiens, dit la Bibliothèque germanique qui nous fournit ces détails, s’asseyait à terre et prenait l’animal entre ses jambes ; d’une de ses mains il lui tenait la mâchoire supérieure, l’autre se fixait sur celle d’en bas ; le Chien alors commençait à gronder et l’homme soulevait, pressait, écartait les mâchoires de telle façon que ce grondement se modulait en mots parfaitement distincts, mais ne dépassant jamais quatre syllabes. Elisabeth était de tous ces mots celui qu’il prononçait le mieux, puis laquais, salade, thé, café, chocolat, arrivaient également fort nettement à l’oreille. 

 

La gloire du tour de force revenait comme on le voit au bipède, il jouait du Chien comme un autre jouerait de l’accordéon. 

 

Mais il nous paraît probable que, le branle étant donné, nous n’en resterons pas là ; il faut s’attendre à voir surgir un de ces jours le Chien orateur. Pourvu qu’il ne s’avise pas, lui aussi, de nous débiter un speech politique.  (FIN). 

 

 

CHERVILLE, Gaspard de Pekow marquis de (1821-1898) : Le Chien (1882). 



Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (23.VII.2002)
Texte relu par : A. Guézou
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Le Chat 2

Posté par othoharmonie le 20 novembre 2011

Par Théodore de Banville

Angora turc blanc 2.jpgSans doute, il se laisse toucher, caresser, tirer les poils, porter la tête en bas par les enfants, instinctifs comme lui ; mais il se défie toujours de l’homme, et c’est en quoi il prouve son profond bon sens. N’a-t-il pas sous les yeux l’exemple de ce Chien que le même Buffon met si haut, et ne voit-il pas par là ce que l’homme fait des animaux qui consentent à être ses serviteurs et se donnent à lui sans restriction, une fois pour toutes ? L’homme fait du Chien un esclave attaché, mis à la chaîne ; il lui fait traîner des carrioles et des voitures, il l’envoie chez le boucher chercher de la viande à laquelle il ne devra pas toucher. Il le réduit même à la condition dérisoire de porter les journaux dans le quartier ; il avait fait du Chien Munito un joueur de dominos, et pour peu il l’aurait réduit à exercer le métier littéraire, à faire de la copie, ce qui, pour un animal né libre sous les cieux, me paraîtrait le dernier degré de l’abaissement. L’homme oblige le Chien à chasser pour lui, à ses gages et même sans gages ; le Chat préfère chasser pour son propre compte, et à ce sujet on l’appelle voleur, sous prétexte que les lapins et les oiseaux appartiennent à l’homme ; mais c’est ce qu’il faudrait démontrer. On veut lui imputer à crime ce qui fit la gloire de Nemrod et d’Hippolyte, et c’est ainsi que nous avons toujours deux poids inégaux, et deux mesures.

 

BrownVarientAsianCat.JPGEn admettant même que l’univers ait été créé pour l’homme, plutôt que pour le Chat et les autres bêtes, ce qui me paraît fort contestable, nous devrions encore au Chat une grande reconnaissance, car tout ce qui fait la gloire, l’orgueil et le charme pénétrant de l’homme civilisé, il me paraît l’avoir servilement copié sur le Chat. Le type le plus élégant que nous ayons inventé, celui d’Arlequin, n’est pas autre chose qu’un Chat. S’il a pris au Carlin sa face vicieuse, sa tête noire, ses sourcils, sa bouche proéminente, tout ce qu’il y a de leste, de gai, de charmant, de séduisant, d’envolé, vient du Chat, et c’est à cet animal caressant et rapide qu’il a pris ses gestes enveloppants et ses poses énamourées. Mais le Chat n’est pas seulement Arlequin ; il est Chérubin, il est Léandre, il est Valère ; il est tous les amants et tous les amoureux de la comédie, à qui il a enseigné les regards en coulisse et les ondulations serpentines. Et ce n’est pas assez de le montrer comme le modèle des amours de théâtre ; mais le vrai amour, celui de la réalité, celui de la vie, l’homme sans lui en aurait-il eu l’idée ? C’est le Chat qui va sur les toits miauler, gémir, pleurer d’amour ; il est le premier et le plus incontestable des Roméos, sans lequel Shakespeare sans doute n’eût pas trouvé le sien ?

 

(A SUIVRE…) 

 

THÉODORE DE BANVILLE.

 



Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (30.I.2009)
Texte relu par : A. Guézou
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Le Chat 3

Posté par othoharmonie le 20 novembre 2011

Par Théodore de Banville 

 

Jewelkatz Romeo Of Stalker-Bars.jpgLe Chat aime le repos, la volupté, la tranquille joie ; il a ainsi démontré l’absurdité et le néant de l’agitation stérile. Il n’exerce aucune fonction et ne sort de son repos que pour se livrer au bel art de la chasse, montrant ainsi la noblesse de l’oisiveté raffinée et pensive, sans laquelle tous les hommes seraient des casseurs de cailloux. Il est ardemment, divinement, délicieusement propre, et cache soigneusement ses ordures ; n’est-ce pas déjà un immense avantage qu’il a sur beaucoup d’artistes, qui confondent la sincérité avec la platitude ? Mais bien plus, il veut que sa robe soit pure, lustrée, nette de toute souillure. Que cette robe soit de couleur cendrée, ou blanche comme la neige, ou de couleur fauve rayée de brun, ou bleue, car ô bonheur ! il y a des Chats bleus ! le Chat la frotte, la peigne, la nettoie, la pare avec sa langue râpeuse et rose, jusqu’à ce qu’il l’ait rendue séduisante et lisse, enseignant ainsi en même temps l’idée de propreté et l’idée de parure ; et qu’est-ce que la civilisation a trouvé de plus ? Sans ce double et précieux attrait, quel serait l’avantage de madame de Maufrigneuse sur une marchande de pommes de la Râpée, ou plutôt quel ne serait pas son désavantage vis-à-vis de la robuste fille mal lavée ? Sous ce rapport, le moindre Chat surpasse de beaucoup les belles, les reines, les Médicis de la cour de Valois et de tout le seizième siècle, qui se bornaient à se parfumer, sans s’inquiéter du reste.

 

Cat 0063.JPGAussi a-t-il servi d’incontestable modèle à la femme moderne. Comme un Chat ou comme une Chatte, elle est, elle existe, elle se repose, elle se mêle immobile à la splendeur des étoffes, et joue avec sa proie comme le Chat avec la souris, bien plus empressée à égorger sa victime qu’à la manger. Tels les Chats qui, au bout du compte, préfèrent de beaucoup le lait sucré aux souris, et jouent avec la proie vaincue par pur dandysme, exactement comme une coquette, la laissant fuir, s’évader, espérer la vie et posant ensuite sur elle une griffe impitoyable. Et c’est d’autant plus une simple volupté, que leurs courtes dents ne leur servent qu’à déchirer, et non à manger. Mais tout en eux a été combiné pour le piège, la surprise, Le Chat 3 dans CHAT 220px-Astghik_1l’attaque nocturne ; leurs admirables yeux qui se contractent et se dilatent d’une façon prodigieuse, y voient plus clair la nuit que le jour, et la pupille qui le jour est comme une étroite ligne, dans la nuit devient ronde et large, poudrée de sable d’or et pleine d’étincelles. Escarboucle ou émeraude vivante, elle n’est pas seulement lumineuse, elle est lumière. On sait que le grand Camoëns, n’ayant pas de quoi acheter une chandelle, son Chat lui prêta la clarté de ses prunelles pour écrire un chant des Lusiades. Certes, voilà une façon vraie et positive d’encourager la littérature, et je ne crois pas qu’aucun ministre de l’instruction publique en ait jamais fait autant. Bien certainement, en même temps qu’il l’éclairait, le bon Chat lui apportait sa moelleuse et douce robe à toucher, et venait chercher des caresses pour le plaisir qu’elles lui causaient, sentiment qui, ainsi que nous l’avons vu, blessait Buffon, mais ne saurait étonner un poète lyrique, trop voluptueux lui-même pour croire que les caresses doivent être recherchées dans un but austère et exempt de tout agrément personnel.   (A SUIVRE….) 

 

THÉODORE DE BANVILLE.

 



Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (30.I.2009)
Texte relu par : A. Guézou
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