Etre pieuvre
Posté par othoharmonie le 16 mars 2012
La pieuvre commune, Octopus vulgaris, est répartie dans le monde entier. On la trouve aussi bien dans les eaux tempérées que tropicales ou subtropicales. Seules les eaux du pôle ou subpolaires en sont dépourvues. En Méditerranée la pieuvre commune est le plus gros octopode de tous ceux qui fréquentent cette mer, avec Octopus macropus, céphalopode dont les bras sont plus longs et plus fins. Octopus vulgaris est également abondant dans l’est de l’Atlantique et au Japon.
Ce mollusque vit le long des côtes, jusqu’à 100-150 mètres de profondeur. Le scientifique espagnol A. Guerra indique, dans une étude de 1979, que la pieuvre commune est moins abondante au fur et à mesure que la profondeur augmente. En principe, elle préfère les récifs de corail ou les rochers. Cependant, dans de nombreuses régions, on la rencontre aussi sur des fonds sableux ou vaseux, comme sur des herbiers.
Quel que soit l’environnement, elle profite du moindre trou ou anfractuosité pour s’y cacher, et sa capacité de changer sa couleur (ainsi que la texture de sa peau), et de se fondre parfaitement dans son habitat n’a pratiquement pas d’équivalent.
Manger, croître, pondre et mourir : telle est la vie d’une pieuvre. Une vie éphémère, surtout pour les femelles (de 12 à 14 mois), et non dépourvue de dangers. Prédatrices actives, les pieuvres peuvent en effet être à leur tour les victimes d’autres espèces carnivores, surtout à certains moments de leur cycle vital. Car les céphalopodes représentent, dans la chaîne alimentaire marine, un maillon d’une importance capitale. Les plus grands consommateurs de céphalopodes sont les cachalots. Des pinnipèdes (phoques, otaries, éléphants de mer) ou de nombreux poissons et oiseaux de mer sont aussi des prédateurs potentiels. Se nourrissant surtout d’espèces de pleine eau (pélagiques), peu d’entre eux représentent un véritable danger pour les pieuvres. Les principaux ennemis des octopodes adultes et vivant en zone côtière sont les congres et les murènes. En outre, il arrive que les céphalopodes s’entre-dévorent.
La fragilité des nouveau-nés
La période la plus dangereuse dans la vie de la pieuvre est celle qui suit sa naissance, et qu’elle passe en pleine eau. La mortalité est alors importante. Cependant, K. Mangold estime que, même si la mortalité est alors de 90 %, 10 000 petites pieuvres pourront tout de même survivre et se poser sur le fond marin. Par la suite, elles resteront d’abord à la merci de nombreux animaux benthiques – crustacés et autres –, mais, avec la croissance, leurs moyens de défense (en particulier le fameux nuage d’encre qui imite la silhouette de l’animal) leur assureront une bonne protection.
Dans certains endroits, en limite de la distribution de l’espèce surtout, le recrutement, c’est-à-dire la reproduction et le repeuplement par une nouvelle génération de pieuvres, peut être perturbé par la destruction de l’équilibre écologique. Dans la Manche, par exemple, la pieuvre était considérée, comme une calamité pour les pêcheurs de crustacés et les ostréiculteurs, jusqu’à ce qu’un hiver d’une rigueur exceptionnelle, dans les années 1960, anéantisse le recrutement. Près de trente ans après cet événement, la présence d’une pieuvre dans cette mer est un phénomène plutôt rare. Dans, d’autres régions, en revanche, on a pu constater que les pieuvres proliféraient en raison de pêches sélectives dont leurs prédateurs, en l’occurrence les congres, étaient les principales victimes.
Grand amateur de crustacés, la pieuvre est souvent considérée par les pêcheurs comme une rivale. En réalité, la brièveté de sa vie, ses croissances rapides et son faible métabolisme amènent des chercheurs comme R. O’Dor et M. Wells à relativiser l’impact de ce mollusque sur la chaîne alimentaire marine. La quantité de nourriture absorbée par la pieuvre ne dépend-elle pas de son poids ? Or celui-ci n’est important que pendant un laps de temps très court. Ce mollusque qui disparaît après la reproduction est, en réalité, un animal peu destructeur.
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