Des babouins et des hommes

Posté par othoharmonie le 20 avril 2015

 

 

Baboons2Depuis toujours, le babouin inspire à l’homme un sentiment contradictoire, de peur mêlée de fascination, ou de complicité. Dans l’Égypte ancienne, cet animal sacré, sans doute à cause de sa ressemblance avec l’homme, est peint et momifié. Aujourd’hui, les chercheurs l’utilisent comme cobaye.

  Divinité populaire de l’Egypte ancienne

Les babouins hamadryas étaient considérés comme sacrés dans l’Égypte ancienne. À l’époque, ce singe semble avoir été perçu sous un double aspect : d’un côté, un être éminemment intelligent, de l’autre, un monstre grimaçant.

Ainsi ce singe prêtait-il sa forme au dieu cynocéphale Thot, qui, en Grèce, est devenu Hermès. Figuré aussi par l’ibis, Thot était le patron des savants et des hommes de lettres. C’était le scribe divin qu’on trouve aux côtés de Ptah, le dieu créateur, pour immortaliser ses messages, ou aux côtés d’Anubis dont il transcrivait le verdict lorsque ce divin juge pesait les âmes des morts.

« Il est, précisent Jean Chevalier et Alain Gherbrandt dans leur Dictionnaire des symboles, à la fois artiste, ami des fleurs, des jardins et des fêtes, magicien puissant capable de lire les plus mystérieux hiéroglyphes [...] Mais en tant que dieu Baba, le “mâle d’entre les babouins”, il est querelleur, lubrique et baveux. L’agressivité du cynocéphale avait frappé les Égyptiens : après le verbe “être furieux” on inscrivait un babouin montrant les dents, crispé sur ses quatre mains, et dressant coléreusement sa queue… »

L’animal est aussi associé au culte du dieu-soleil, association due, selon Henri Maspero, historien des religions orientales, à l’habitude de ces singes « de s’assembler en une sorte de cour plénière et de jaser bruyamment ensemble un peu avant le lever et le coucher du soleil… » D’une façon générale, le comportement des peuples africains à l’égard du babouin a toujours été ambivalent : tantôt ce singe suscite l’épouvante, tantôt il est considéré comme un ami.

  Craint et chassé mais pourtant pacifique

Tabou dans certaines régions d’Afrique, gibier dans d’autres, le babouin inspire la crainte. La colère du mandrill, écrit l’un des premiers naturalistes dans ses travaux, ressemble à un « ouragan des tropiques qui renverse tout sur son passage… »

Selon certains récits, l’armée d’Alexandre le Grand aurait confondu, dans le jour naissant, l’organisation quasi militaire d’une troupe de babouins avec une formation ennemie… Redoutés pour les razzias qu’ils effectuent dans les cultures, les babouins jaunes sont chassés en Zambie, au Malawi comme au Kenya. Pourtant, en détruisant les insectes, ils rendent aussi de grands services aux agriculteurs.

  Description de cette image, également commentée ci-aprèsUn cobaye pour les laboratoires

Le babouin est souvent chassé pour sa chair, comme en Côte d’Ivoire, ou pour la graisse de ses callosités fessières, comme en Éthiopie, où cette graisse est utilisée pour lutter contre les rhumatismes. Il est en outre un cobaye idéal pour la recherche médicale, puisqu’il a une taille, un comportement et une biochimie assez proches de ceux de l’homme. En chirurgie cardiovasculaire, par exemple, il est exploité pour les essais de prothèses (vaisseaux, régulateur cardiaque et autres). On l’utilise aussi pour des greffes, des expériences d’ablation ou de stimulation de nerfs, ainsi que pour la recherche sur le cancer, les troubles du métabolisme ou ceux liés aux divers parasites et virus. D’où la multiplication des captures de babouins destinés aux laboratoires.

 

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LA CLASSIFICATION DES BABOUINS

Posté par othoharmonie le 20 avril 2015

 

 

La classification des babouins ne fait pas l’objet d’un consensus. Le genre Papio est classiquement divisé en cinq espèces (Papio papio, Papio anubisPapio cynocephalusPapio ursinusPapio hamadryas). Pour plusieurs auteurs cependant, il n’existe qu’une espèce de babouin, Papio hamadryas, au sein de laquelle sont déterminées cinq sous-espèces ; pour d’autres encore, il convient de distinguer deux espèces : Papio hamadryas et Papio anubis. Nous suivons ici la répartition classique en cinq espèces.

Les mandrills sont représentés par deux espèces du genre Mandrillus, tandis que le gélada est la seule espèce du genre Theropithecus.

 Papio_anubis_(Serengeti,_2009)

Comme les colobes, les macaques et les entelles, le babouin appartient à la famille des cercopithécidés. Les plus anciens fossiles de cette famille de singes de l’Ancien Monde ont été mis au jour en Égypte et datent de la fin de l’oligocène (seconde partie du tertiaire), il y a environ 25 millions d’années. Toutefois, une étude parue en 2004 et fondée sur un modèle d’évolution moléculaire suggère que la lignée des cercopithécoïdes et celle des hominoïdes se seraient séparées plus tôt, il y a 29,2 à 34,5 millions d’années (à l’oligocène inférieur).

Tous les fossiles de cercopithécidés ont été trouvés dans l’Ancien Monde. Ces ancêtres des cercopithèques actuels étaient tous arboricoles, et la répartition de leurs fossiles est similaire à celle des cercopithécidés actuels. D’après des études moléculaires, la lignée des macaques et des babouins (tribu des papionines) se serait différenciée de celle des cercopithèques stricto sensu (tribu des cercopithécines) il y a environ 11,5 millions d’années. Les macaques et les babouins auraient quant à eux divergé il y a entre 7 et 8 millions d’années.

Au pliocène supérieur, en Afrique, on trouve des fossiles des genres ParapapioPapio (le genre auquel appartiennent les babouins actuels) et Theropithecus (le genre du gélada contemporain). L’ancêtre commun à l’ensemble des babouins actuels daterait de la transition entre le pliocène et le pléistocène, il y a environ 1,8 million d’années.

Moins largement répandues que par le passé, les cinq espèces actuelles de babouins vivent dans les forêts et les savanes d’Afrique, au sud du Sahara.

 

Composées à la fois de mâles, dont plusieurs adultes dominants, et de femelles accompagnées de leurs jeunes, les troupes de babouins sont plus ou moins nombreuses. Elles comptent en moyenne une cinquantaine d’animaux, mais certaines regroupent à peine huit membres, tandis que d’autres rassemblent plus de 200 babouins de tous âges.

Des jeux au réveil

Dès que le jour se lève, les frondaisons de l’arbre dans lequel la troupe tout entière a passé la nuit s’agitent. Les jeunes mâles s’éloignent des femelles pour se livrer à toutes sortes de jeux matinaux plutôt bruyants. Pendant ce temps, le reste de la troupe se contente de bâiller et de se gratter. Bientôt, tous – jeunes ou vieux – descendent de leurs perchoirs pour arpenter la savane.

LA CLASSIFICATION DES BABOUINS dans SINGE 300px-Hamadryas_Baboon

Une tolérance relative

Chaque bande possède son domaine vital, auquel elle reste longtemps attachée. L’extension de ce domaine varie de 2 à 40 km2 selon l’importance du groupe et la richesse du milieu. Il n’est pas réellement défendu par les singes, qui le partagent souvent avec plusieurs autres bandes. En règle générale, elles ont tendance à s’éviter, mais se côtoient parfois – sans pour autant se mélanger –, autour des trous d’eau par exemple. Ces contacts, habituellement pacifiques, sont toujours de courte durée.

Pendant la journée, les babouins progressent en groupe. Ils se déplacent en marchant sur leurs quatre pattes, d’un pas en général tranquille et assuré. Il est rare en effet de les voir courir. Ils parcourent en moyenne trois ou quatre kilomètres par jour et restent presque exclusivement au sol, à l’exception des jeunes, qui peuvent faire quelques mètres dans les arbres. Tout en marchant, ces animaux se nourrissent. Ils s’assoient pour se reposer. Ils ne s’éloignent jamais beaucoup de l’ensemble de la bande et restent à portée de voix, échangeant de temps à autre des cris aigus et brefs.

La quête de la nourriture est particulièrement intensive aux premières heures de la matinée. Lorsque le repas a été riche et varié, les babouins s’arrêtent un moment et se mettent à s’épouiller les uns les autres. La marche reprend en fin d’après-midi pour une nouvelle quête alimentaire, après quoi les animaux se dirigent vers le site de repos nocturne.

La nuit, le groupe entier se retire dans les branches d’un grand arbre protecteur. Les plus gros animaux occupent les branches les plus épaisses et les fourches les plus confortables, tandis que les sujets plus menus se dispersent dans toute la ramure.

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La vie des BABOUINS

Posté par othoharmonie le 18 avril 2015

 

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Le babouin jaune est le plus répandu des babouins de savane. Il se caractérise par la couleur de son pelage, son museau long et massif comme celui du chien, son corps relativement svelte, ses membres allongés, avec des mains dont le pouce est opposable aux autres doigts. La tête est ronde, avec une face noire et un menton qu’encadrent des sortes de favoris caractéristiques, d’un blanc argenté.

De loin, il se reconnaît à la façon dont il porte la queue : d’abord dressée en oblique, puis légèrement recourbée, les deux tiers tournés vers le bas.

Le mâle adulte est deux fois plus gros que la femelle et a un aspect léonin à cause de ses puissantes canines en forme de poignards et de sa crinière. Dense sur le crâne, les épaules et le dos, où il forme une sorte de cape de fourrure, le pelage est en revanche peu fourni sur le reste du corps.

Sur les fesses, les babouins des deux sexes ont des callosités nues et colorées. Chez la femelle, la peau située dans la région ano-génitale se gonfle et prend une couleur plus vive durant la période de l’œstrus, de sorte que toute cette partie du corps devient alors proéminente.

Tous les sens des babouins sont assez développés. L’odorat est subtil, l’ouïe particulièrement fine, et la vue, excellente. Le babouin discerne bien les couleurs, ce qui lui permet notamment de faire son choix parmi les plantes à consommer. Ce singe a des capacités gutturales puissantes ; il est très criard et émet une grande variété de sons : grognements, aboiements, hurlements de fréquence et d’intensité variables. Sans être assimilables au langage humain, ses cris, associés à toutes sortes de gestes et de postures, expriment de multiples émotions. Contrairement aux autres primates, le cynocéphale ne réagit jamais par le silence à une quelconque situation. Le son émis le plus fréquemment est un doux grognement qui accompagne la recherche alimentaire, surtout quand le couvert est épais. Lorsqu’il se retrouve par hasard tout seul, le jeune émet une sorte de gazouillis, ou pousse de faibles gémissements. Quant aux plus vieux, en particulier les mâles, s’ils sont restés longtemps tout seuls, ils fêtent ensuite les retrouvailles avec la troupe par une sorte de sanglot ou de bref aboiement. Entre mâles, un grognement peut annoncer une menace et précéder l’aboiement ou le rugissement qui va accompagner un combat.

Le système de digestion du babouin, particulièrement évolué, est bien adapté à son régime omnivore. Il est très proche de celui de l’homme, si ce n’est que le cæcum n’est pas encore un appendice et que la cavité buccale est flanquée de grandes abajoues, poches internes situées dans la joue de l’animal et dans lesquelles les babouins peuvent stocker quelque nourriture pendant un petit moment.

Les babouins adultes sont très résistants, mais la mortalité infantile est importante, de l’ordre de 30 %.

Les sous-espèces

Trois sous-espèces ont été décrites : Papio cynocephalus cynocephalus, Papio cynocephalus ibeanus etPapio cynocephalus kindae. Cette dernière est nettement plus petite que les autres (les mâles ne dépassent pas la taille des femelles des deux autres sous-espèces).

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Caractéristiques du Singe

Posté par othoharmonie le 18 avril 2015

 

 

170px-Lémurien_2861aLes singes, ou simiens, vivent dans les régions chaudes non insulaires. Leur tête, à gros crâne et à museau souvent réduit, porte des yeux aptes à une vision binoculaire ainsi qu’une musculature peaucière permettant une mimique très expressive. Les bras, souvent très longs, permettent le grimper et la brachiation. Le pied porte un gros orteil opposable, les ongles sont plats, les fesses souvent pourvues de callosités, les mamelles pectorales. Les espèces mangeuses de feuilles ont un estomac compartimenté. 

On distingue deux infra ordres : les platyrhiniens, singes des Amériques, à narines écartées, 36 dents, à queue souvent préhensile (ouistiti, sapajou, atèle), et les catarhiniens, singes de l’Ancien Monde, à narines resserrées, 32 dents, queue absente ou non préhensile. Parmi ces derniers, les cynomorphes (cercopithécidés et colobidés : colobe, macaque, babouin) se distinguent des anthropomorphes,ou « grands singes » (apes des anglophones), plus proches de l’homme (hylobatidés et pongidés : gibbon, orang-outan, gorille, chimpanzé et formes fossiles). 

Leurs mains sont proches de celles de l’homme. Tout comme les pieds, elles comportent cinq doigts très minces, dont l’un est opposable aux autres, élargis à leur extrémité et munis d’ongles, sauf le deuxième, qui possède une griffe leur permettant de gratter leur fourrure ou celle de leurs congénères.

Leur nom vient des Lémures, car ils sont si farouches et peu visibles qu’ils ont fait penser à des fantômes. Les lémuridés sont endémiques de l’île de Madagascar. Deux espèces ont été vraisemblablement introduites par l’être humain dans les îles Comores : le Lémur mongoz (Eulemur mongoz) et une variété de Lémur fauve (Eulemur fulvus), connue sous le nom de Maki de Mayotte. 

La mythologie romaine assimile les lémures aux âmes damnées d’hommes et de femmes ne pouvant trouver le repos car ils ont connu une mort tragique ou particulièrement violente. Ils viennent souvent hanter les demeures des vivants. Pour les mettre en fuite (car leur révocation n’est pas possible), le peuple romain célébrait la fête dite de Lémuria les 9, 11 et 13 mai. Des fèves noires étaient ainsi jetées par-dessus l’épaule gauche de chaque père de famille dans chaque foyer. Les croyances rapportent que les fèves représentent la nourriture des morts. Cette pratique vise à apaiser d’éventuelles apparitions pour épargner les vivants.

Ensuite afin de précipiter leur déroute on frappait de grands vases d’airain toute la nuit durant.

Pendant la célébration, les mariages étaient interdits et tous les temples étaient condamnés.

 Paracelse compte sept races de créatures sans âme : les génies à forme humaine mais sans âme ni esprit (inanimata) des Éléments, les géants et les nains, les nains sur la terre. Il croit aux génies des quatre Éléments. La Terre, par génération spontanée, produit des nains qui gardent les trésors sous la montagne ; l’Eau produit les ondines ; le Feu, les salamandres ; l’Air, les elfes. Ensuite viennent les géants et les nains issus de l’air, mais qui vivent sur la terre. L’ouvrage de Paracelse a pour titre Le livre des nymphes, des sylphes, des pygmées, des salamandres et de tous les autres esprits (Liber de Nymphis, sylphis, pygmaeis et salamandris et de caeteris spiritibus), trad. de l’all., Nîmes, Lacour, 1998, 308 p. Mais sa doctrine hésite.

Caractéristiques du Singe dans SINGE 220px-Greater_Bamboo_lemur« Le mot inanimatum désigne six familles d’hommes sans âme… Ces hommes sans âme sont d’abord ceux des quatre familles qui habitent les quatre Éléments : les nymphes, nymphae, filles de l’eau ; les fils de la terre, lémures, qui habitent sous les montagnes ; les esprits de l’air, gnomi ; les génies du feu, vulcani. Les deux autres familles sont composées d’hommes qui sont également nés sans âme; mais qui, comme nous, respirent en dehors des Éléments. ce sont d’une part les géants et d’autre part les nains qui vivent dans l’ombre des forêts, umbragines… Il existe des êtres qui demeurent naturellement au sein d’un même Élément. Ainsi le phénix, qui se tient dans le feu comme la taupe dans ta terre. Ne soyez pas incrédules, je le prouverai ! Quant aux géants et aux nains de la forêt, ils ont notre monde pour séjour. Tous ces êtres sans âme sont produits à partir de semences qui proviennent du ciel et des Éléments, mais sans le limon de la terre… Ils viennent au monde comme les insectes formés dans la fange [par génération spontanée]. » (Paracelse, La grande astronomie. Astronomia magna (1537), trad., Dervy, 2000, p. 159-160).

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LES SINGES EN CAPTIVITE

Posté par othoharmonie le 16 avril 2015

 

 

chaft-ketteÀ partir de la fin des années 1960, le maintien en captivité ou l’utilisation à des fins de recherche médicale de jeunes chimpanzés devinrent de plus en plus en plus contestés et légalement encadrés, tandis que les propriétaires privés se trouvèrent également pris au dépourvu quand leur « animal de compagnie » atteignait un âge adulte. Avec les dons de chimpanzés à des zoos ou leur confiscation, se posa alors le problème de la très difficile réadaptation de ces chimpanzés. Des tentatives de réintroduction dans la nature furent ainsi entreprises. La réacclimatation des chimpanzés à la vie sauvage est un travail de longue haleine ; en Gambie, elle se déroule en deux étapes. Les singes sont d’abord maintenus par petits groupes dans des cages spacieuses. Ils sont conduits deux fois par jour en forêt, où on doit tout leur apprendre : comment se nourrir, se défendre, et, pour les mères, comment élever leurs petits. À l’issue de cette première étape, les pensionnaires sont relâchés par groupes. En Gambie, cela a lieu sur des petites îles dépourvues de chimpanzés sauvages, pour éviter que les résidents n’attaquent les nouveaux venus. Ainsi, les chimpanzés apprennent petit à petit à retrouver un comportement normal, au contact les uns des autres. Actuellement, le Chimpanzee Rehabilitation Trust , fondé en 1969 par la chercheuse Stella Brewer Marsden (1951-2008) en Gambie, héberge 76 chimpanzés. L’opération est un succès, car, après une première naissance en 1975, les animaux s’y reproduisent régulièrement. Le seul défaut, c’est que ces opérations coûtent très cher. Pour trouver d’autres fonds que ceux donnés par des sociétés scientifiques ou de protection de la nature (WWF), le centre fait appel au parrainage de particuliers, qui représente aujourd’hui sa première source de revenus.

Outre l’expérience gambienne, il y a des centres de réinsertion en Ouganda, au Gabon et au Liberia. Le premier d’entre eux fut créé dès 1966, quand 17 chimpanzés originaires du zoo de Francfort ont été relâchés sur une petite île ougandaise du lac Victoria.

Le bonobo ayant été relativement mieux « épargné » que son cousin, il n’y avait jusque dans les années 1970 aucune zone protégée pour l’aider à se défendre. En 1970, le Parc national de la Salonga a été créé dans le bassin central du Congo. D’une superficie de 36 560 km², cette « réserve naturelle intégrale » est la plus grande étendue de forêt dense humide protégée d’Afrique et la seconde au monde après le Parc de Tummucamaque au Brésil. Elle a dû cependant être déclarée patrimoine naturel en danger par l’Unesco dès 1999, à la suite de la guerre civile, tandis que la mission d’évaluation, dépêchée sur place en 2007, s’est inquiétée des insuffisances des institutions locales et de l’autorité de gestion, l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature, pour lutter contre le braconnage et surveiller un territoire d’une telle ampleur. Deux autres zones protégées ont été créées en 2006 : la Réserve de faune de Lomako-Yokolola et la Réserve naturelle de Tumba-Lediima, tandis que d’autres encore devraient voir le jour. Mais les espèces animales ne pourront y être protégées que si les populations sont sensibilisées à cette cause, ce que tente notamment de faire le sanctuaire Lola Ya Bonobo qui accueille 15 000 visiteurs par an, dont une moitié d’écoliers.

 

 

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LES SINGES BONOBO

Posté par othoharmonie le 16 avril 2015

 

 

220px-Bonobo_sexual_behavior_1La deuxième espèce est le chimpanzé pygmée, ou nain, dit bonobo (Pan paniscus). Les deux premiers noms lui conviennent mal, car il n’est pas plus petit que son cousin, seulement plus légèrement bâti. Son visage est plus longiligne, ses membres plus allongés. Son pelage et sa face sont complètement noirs. Le bonobo ressemble beaucoup au chimpanzé commun, à la fois par sa morphologie et par ses mœurs. Il n’a été érigé au rang d’espèce qu’au début du xxe siècle : en 1929, le zoologiste allemand Ernst Schwartz, examinant un crâne de chimpanzé au musée du Congo belge, lui trouva une forme inhabituelle et, un peu hâtivement peut-être, en conclut qu’il avait affaire à une nouvelle espèce. Cependant, ce n’est pas non plus une erreur, puisque son observation fut confirmée par la suite, après examen de spécimens qui appartenaient à des musées de nombreux pays. C’est une espèce rare. On ne la trouve qu’à l’ouest de la République démocratique du Congo, dans la grande boucle que forme le fleuve Congo. Les deux espèces de chimpanzés ne se mélangent donc pas. Le chimpanzé commun vit dans des habitats variés, humides et boisés dans le meilleur des cas, mais pas forcément. Le bonobo, lui, a un habitat plus spécialisé, puisqu’il n’occupe que la forêt dense humide de plaine. Ce qui, de fait, change sa façon de se nourrir : comme le bonobo vit dans un milieu plus riche, il ne passe que 30 % de son temps à manger, là où son cousin passe déjà 40 % du sien dans les régions les plus favorisées comme le parc de Gombe, en Tanzanie. Et le bonobo n’utilise pas d’outils, tant la nourriture est abondante.

 

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Les effectifs actuels sont estimés entre 29 500 (1997) et 50 000 (2001) individus, répartis sur environ 350 000 km2. On estime cependant que d’ici 2045 sa population aura diminué de plus de 50 % par rapport aux années 1970. Les bonobos – comme les autres chimpanzés – vivent en communautés qui se scindent en petits groupes ; cependant, comme ils vivent dans un milieu moins changeant, là aussi, les sous-groupes sont de taille et de composition moins variables. Les groupes unisexués (composés soit uniquement de mâles, soit uniquement de femelles) sont très rares.

Une vie sexuelle débridée

Les chercheurs expliquent ces différences en partie par le comportement sexuel : chez le bonobo, les femelles sont en œstrus, c’est-à-dire prêtes à s’accoupler, presque toute l’année, ce qui encourage les mâles à rester tout le temps près d’elles. Par rapport à son proche cousin, le bonobo a une activité sexuelle débridée : chez le chimpanzé commun, la période d’accouplement ne dure que quelques jours, au milieu de chaque cycle de la femelle, alors que les bonobos s’accouplent même quand la femelle n’est pas réceptive. Cette espèce s’accouple souvent face à face, ce qui – à part chez les baleines… et l’homme – est rare chez les mammifères. Le chimpanzé commun, lui, adopte la position dorso-ventrale.

D’une façon générale, les liens entre individus sont plus forts chez le bonobo.

Le bonobo se rencontre très rarement dans les zoos, où il se reproduit difficilement.

 

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LES GRANDS SINGES

Posté par othoharmonie le 15 avril 2015

 

Il existe actuellement deux espèces de chimpanzés : le chimpanzé commun, le plus courant, ou Pan troglodytes, et le bonobo (Pan paniscus), ou chimpanzé pygmée.

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Les chimpanzés sont bien adaptés à la vie arboricole : corps svelte, bras longs et puissants, pouces des mains et des pieds opposables aux autres doigts. Dans les arbres, ils se déplacent le plus souvent à quatre pattes sur les branches. Sinon, ils se suspendent par les mains, avançant chacun des bras alternativement : c’est la brachiation. Le chimpanzé a un mode de locomotion mixte, terrestre et arboricole. La recherche de nourriture s’effectue essentiellement dans les arbres, mais les déplacements supérieurs à une cinquantaine de mètres, pour aller d’un arbre porteur de fruits à un autre, s’effectuent au sol. Mais, même là, la marche bipède est rarement pratiquée, et la course est occasionnelle. Au sol, ils marchent en prenant appui sur leurs pieds posés à plat, et aussi sur le dos des doigts des mains.

Vernon et Frances Reynolds, qui les ont observés en Ouganda, sont d’accord avec Jane Goodall, qui les a étudiés en Tanzanie, pour dire que les chimpanzés passent de 50 à 70 % de leur journée dans les arbres. Ils y font même souvent la sieste (et y passent la nuit, dans des nids).

Les aptitudes sensorielles des chimpanzés sont semblables à celles de l’homme : l’odorat est très peu développé et la vue prédomine. Comme chez tous les primates, les yeux ont une position très antérieure. Ils ont migré, au cours de l’évolution, vers l’avant de la tête, ce qui a permis la vision en relief. En même temps, les parties du cerveau correspondant se sont développées. Les primates diurnes ont aussi acquis la vision des couleurs et celle du relief. Cela aide les doigts agiles des singes à parvenir à des manipulations délicates. Elle est également très précieuse pour évaluer les distances, ce qui est essentiel à des animaux se déplaçant dans les arbres.

Le chimpanzé, comme les autres grands singes, est remarquable par le grand développement de son cerveau. Le volume de la boîte crânienne est d’environ 360 cm3 (500 chez les gorilles ; 1 400 chez l’homme). Mais, le poids relatif du cerveau n’est pas un critère d’intelligence, car, en proportion, le cerveau est plus lourd chez les petits singes que chez les grands. Ce grand développement du cerveau permet au chimpanzé une vie sociale très riche. Il lui permet également de résoudre des problèmes quelquefois complexes, notamment en utilisant des outils.

Le chimpanzé commun a 32 dents, comme les autres singes anthropoïdes et l’homme. Elles sont assez peu spécialisées.

Les incisives ont une forme de spatule, alors que les molaires ont des pointes, ou cuspides, très peu marquées. Ces formes de dents sont liées à leur régime végétarien et à prédominance frugivore, qui ne requiert pas d’adaptation poussée. Pour la même raison, la mâchoire du chimpanzé est peu développée, par rapport à celle du gorille, par exemple.

Le dimorphisme sexuel est peu prononcé : les mâles sont plus grands et plus lourdement bâtis. Ils ont également des canines plus grandes que celles des femelles, qui leur servent lors des combats ; ils peuvent ainsi s’infliger des blessures parfois mortelles. Les femelles qui ont des jeunes avec elles sont beaucoup plus sédentaires que les mâles. Les naissances sont relativement rares, car l’espèce est peu prolifique.

 Quatre ou deux sous-espèces ?

Le chimpanzé commun est lui-même divisé en quatre sous-espèces, qui n’ont pas de nom français. La première, Pan troglodytes troglodytes, la plus courante, a le visage rosé, qui ne devient noir qu’en vieillissant. Ce chimpanzé devient chauve très jeune, et les mâles possèdent une barbe réduite. On le trouve généralement depuis le sud-est du Nigeria à l’ouest du fleuve Congo et de l’Oubangui.

La seconde est Pan troglodytes verus dont la partie inférieure du visage est claire : les mâles possèdent une véritable « barbe » avec des poils plus longs et plus fournis sur la gorge ; leur front se dégarnit avec l’âge. Cette sous-espèce vit en Afrique de l’Ouest, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Guinée et Guinée-Bissau, au Liberia, au Mali, au Sénégal et en Sierra Leone. C’est la plus rare et la plus menacée (environ 15 000).

 

La troisième est Pan troglodytes vellerosus, au Cameroun et au Nigeria.

Enfin, Pan troglodytes schweinfurthi a le visage sombre, des poils denses sur la tête, même chez les vieux individus. On le trouve à l’est de l’aire de répartition de l’espèce, c’est-à-dire au nord du fleuve Congo, de l’Oubangui aux grands lacs. Cependant, comme il existe d’une façon générale de grandes variations morphologiques entre individus, ces quatre sous-espèces restent assez mal définies et des études génétiques récentes suggèrent soit de les réduire à deux clades principaux, P. t. vellerosus en Afrique de l’Ouest et P. t. troglodytes en Afrique centrale et orientale (Gonder et al. 2006), soit que ces variations sont trop infimes pour justifier cette différenciation (Fischer et al. 2006). Mais le maintien de cette division se justifie par les mesures de conservation à prendre pour protéger l’espèce.

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L’HOMME ET LES SINGES

Posté par othoharmonie le 15 avril 2015

 

 

On peut se demander si les chimpanzés ont des prédateurs. On n’a jamais vu quiconque les attaquer. Cependant, les observations d’Adriaan Kortland ont montré quelle réaction de panique une panthère – même empaillée – était capable de déclencher chez eux ; donc les prédateurs de chimpanzés sont à rechercher parmi les plus gros animaux de la forêt. Outre la panthère, il est possible que des serpents ou des gros rapaces s’attaquent aux chimpanzés, surtout aux jeunes, quand ils sont laissés un moment sans surveillance. Dans la nature, on n’a jamais observé de réaction très violente lorsqu’un chimpanzé a croisé quelque animal que ce soit, ce qui tend à prouver qu’il n’y en a aucun qui soit très craint par eux. En fait, comme pour beaucoup d’espèces animales, le premier ennemi du chimpanzé est sans conteste… l’homme.

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Le chimpanzé est plus proche de l’homme que n’importe quel autre grand singe vivant aujourd’hui. À l’échelle de l’évolution, les primates sont récents. Alors que les mammifères existent depuis au moins 200 millions d’années, les ancêtres des singes ne sont apparus qu’au début de l’ère tertiaire, il y a environ 60 millions d’années. D’Amérique du Nord ils se sont répandus en Europe, en Asie, en Afrique, et enfin en Amérique du Sud, mais plus tard. Les premiers primates n’avaient pas grand-chose à voir avec l’homme. Ils descendaient des insectivores (aujourd’hui : hérissons, musaraignes, taupes) et ressemblaient plutôt à l’actuel tupaïe (sorte d’écureuil au museau allongé, qui forme une classe à part, à mi-chemin entre les insectivores et les primates), ou au microcèbe, lémurien qu’on trouve à Madagascar et qui ressemble à une grosse souris.

Les primates actuels sont répartis en deux groupes : les prosimiens, primates inférieurs très répandus à Madagascar, et les simiens, les singes proprement dits.

Parmi ceux-ci, les grands singes, ceux qui ressemblent le plus à l’homme, sont appelés singes anthropomorphes ou anthropoïdes. Ce sont le chimpanzé, le gorille, le gibbon et l’orang-outang. Ils se sont différenciés encore plus tard, à la fin du tertiaire, il y a 20 millions d’années. On a retrouvé de nombreux fossiles de ces ancêtres, en Europe, et surtout en Afrique, qui est le berceau de l’homme. Ils ont pour nom pliopithèque, limnopithèque, ou, plus proche de nous, kenyapithèque, qui vivait il y a 10 millions d’années au Kenya.

En ce qui concerne l’ancêtre du chimpanzé, on se perd en conjectures pour savoir si c’est le singe fossile, trouvé lui aussi au Kenya et appelé « Proconsul » (il date de 20 millions d’années ; c’est Hopwood, en 1933, qui l’a décrit ; aujourd’hui, on dit plus volontiers le Dryopithecus africanus) ou bien un autre Dryopithecus, mais pas africain, celui-là, puisqu’on l’a trouvé en Europe. Cet ancêtre européen date d’ailleurs sensiblement de la même époque.

Aujourd’hui, tous les grands singes ont une aire de répartition restreinte : on ne les trouve que dans les grands massifs forestiers équatoriaux, qui rétrécissent dangereusement, en Afrique comme en Asie. Voilà pourquoi les chimpanzés, hôtes d’élite des forêts africaines, diminuent de jour en jour. Jusqu’à l’extinction ?

L’homme a toujours été fasciné par le chimpanzé, un singe plus proche encore de lui que le gorille. Il a voulu se l’approprier comme animal de compagnie, de cirque ou de laboratoire. Heureusement, la concertation internationale a mis en place des mesures pour sauver ce parent si cher.

Depuis 1969, il est totalement interdit de chasser le chimpanzé, pour le consommer ou le revendre. Il faut savoir que les exportations d’animaux sont particulièrement meurtrières : seuls les jeunes individus sont capturés, mais, pour ce faire, il faut d’abord tuer la mère et souvent plusieurs autres animaux du groupe. Ensuite, le stress intense s’ajoute aux conditions de transport souvent déplorables, si bien que la plupart des animaux expédiés meurent avant, ou peu de temps après leur arrivée. Ainsi, l’Institut Pasteur de Guinée a exporté 700 chimpanzés entre 1917 et 1960. On estime que cela représente en fait la mort de 3 000 à 4 000 chimpanzés !

Les mesures d’interdiction sont difficiles à appliquer et n’empêchent pas le trafic clandestin.

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LE MILIEU NATUREL DES CHIMPANZES

Posté par othoharmonie le 13 avril 2015

 

 

290px-Bonobo1_CincinnatiZooL’aire de répartition du chimpanzé diminue. Il y a une cinquantaine d’années, on en trouvait partout, de l’ouest à l’est, du Sénégal à la Tanzanie. Mais la forêt tropicale est en régression : l’homme étend sans cesse son territoire, détruisant la forêt sur son passage, si bien que, n’ayant plus d’habitat, le chimpanzé disparaît. Si l’on parle strictement en terme de surface, Pan troglodytes troglodytes et P. troglodytes schweinfurthi ont été peu touchés en Afrique centrale et de l’Est. Mais leur terrain est tout de même diminué de tous les côtés, surtout aux limites est et nord. À l’est, il n’y en a plus au Rwanda, ni au Burundi, de moins en moins en République centrafricaine, au Soudan et en Ouganda. Il n’y en a presque plus en Tanzanie. Il n’y a qu’en République démocratique du Congo, au Gabon, en Guinée-Équatoriale et au Cameroun qu’on en trouve encore en abondance. P. troglodytes verus, à l’ouest, est dans une situation critique. S’il vit encore dans neuf pays africains, il est devenu très rare et proche de l’extinction au Burkina Faso, au Ghana, en Guinée-Bissau et au Sénégal, et a disparu à l’état sauvage au Togo et en Gambie. Peut-être déjà éteinte au Bénin, l’espèce survit pour l’essentiel en Côte d’Ivoire, au Liberia, en Sierra Leone et au Mali.

P. t. vellerosus est la sous-espèce la plus menacée avec ses faibles effectifs estimés à moins de 6 500 individus et a le plus souffert de la réduction de son habitat. Si elle est à l’abri dans le Parc national de Gashaka-Gumti, au Nigeria, elle est souvent victime du braconnage dans les zones où elle n’est pas protégée.

La première cause de sa raréfaction est la déforestation : devant la montée démographique, de plus en plus de terres sont défrichées pour l’agriculture, les pâturages, les plantations industrielles, l’extraction minière ou la construction de routes. Les arbres sont coupés, pour fournir du bois précieux, de la pâte à papier ou simplement du combustible, qui est une source d’énergie bon marché pour beaucoup de populations pauvres. On estime que l’Afrique occidentale et centrale a perdu plus de 80 % de sa forêt originelle. Les forêts des extrémités est et ouest du continent ne sont déjà presque plus que des souvenirs. Dans les années à venir,  il ne restera qu’un seul bloc forestier important en Afrique tropicale : le bassin du fleuve Congo, où habite le bonobo. À la déforestation, il faut ajouter le braconnage, encore assez répandu, en vue de la capture de petits vivants et pour la viande vendue sur certains marchés. Enfin, le chimpanzé succombe également aux maladies infectieuses qu’il peut contracter par les contacts de plus en plus fréquents avec les hommes et leurs déchets, et a été atteint de plein fouet dans certaines régions par la fièvre hémorragique due au virus Ebola. Au cœur de la République démocratique du Congo, l’espace limité du bonobo, lui, s’est peu réduit de volume, sauf au sud. Mais le bonobo est tout de même en déclin dans de nombreuses localités. Il n’y a qu’au nord qu’on le trouve encore en abondance. Il reste, à l’état sauvage, entre 30 000 et 50 000 bonobos, et entre 172 700 et 299 700 chimpanzés communs (2003), selon des estimations à prendre toutefois avec précaution. Les deux espèces de chimpanzés sont menacées. Elles figurent dans la classe A des espèces totalement protégées prévue en annexe de l’African Convention on the Conservationof Nature and Natural Resources signée en 1968 par 40 États et ratifiée par 30 d’entre eux, dont le Cameroun, la République démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire, le Congo, le Gabon, le Kenya, le Ghana, le Liberia, le Mali, le Mozambique, le Nigeria, le Rwanda, le Sénégal, la Tanzanie, l’Ouganda, le Togo et la Zambie. Les chimpanzés sont également inscrits à l’annexe I de la Cites (Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction) et classés dans la catégorie « en danger » par l’U.I.C.N. (Union internationale pour la conservation de la nature) depuis 2007. En danger d’extinction, ils bénéficient d’une protection totale, que ce soit vis-à-vis de la chasse, de la capture, ou pour toute autre utilisation commerciale.

Le chimpanzé disperse les graines

Le chimpanzé commun, on l’a vu, occupe des habitats variés, allant de la savane buissonnante à la forêt dense humide. Le climat le plus sec qu’il fréquente se trouve aux limites nord et est de sa zone de répartition. Il vit alors dans une savane plus ou moins riche en arbres. Ailleurs, dans les régions plus arrosées, il occupe tous les types de forêts, que celles-ci soient primaires (vierges), dégradées – à tous les stades d’évolution – ou inondées. Sa préférence va à la forêt secondaire, c’est-à-dire celle qui a repoussé après avoir été coupée. On le trouve aussi sur tous les types de relief, du bord de la mer jusqu’à 3 000 m d’altitude à la frontière  ougando-congolaise, sur le mont Ruwenzori.

Le bonobo, lui, est un animal exclusivement forestier et qui ne fréquente que les plaines. Mais, comme l’autre espèce, il occupe divers types de forêts – forêts primaires, ou forêts secondaires à sous-bois dense ou saisonnièrement inondées. Lui aussi marque une nette préférence pour les forêts secondaires.

Comme les deux espèces se nourrissent essentiellement de fruits, les chimpanzés jouent un rôle important dans la dissémination des graines. Au Gabon, dans les années 70, les chercheurs français Annette et Marcel Hladik ont recense près de 150 espèces végétales dont les fruits, feuilles ou fleurs étaient mangés par les chimpanzés ; un tiers étaient des lianes. Ils ont donc un rôle négatif sur la végétation, puisqu’ils prélèvent des quantités non négligeables de graines et de jeunes pousses, mais ils le compensent car ils avalent les graines des fruits, puis, allant un peu plus loin, les libèrent dans leurs fèces. Ils contribuent ainsi à la dispersion des plantes dont ils se nourrissent, participent au renouvellement de la forêt et au maintien de la diversité chez les végétaux. Toutefois, l’action du chimpanzé n’a pas été étudiée assez en détail pour savoir si, au bout du compte, il rend plus de services qu’il ne cause de dommages : on ne sait pas, par exemple, si, comme l’éléphant, il est indispensable à certaines plantes dont les graines, sans lui, ne pourraient être disséminées…

LE MILIEU NATUREL DES CHIMPANZES dans SINGEÀ l’occasion, le chimpanzé est aussi un prédateur de petits vertébrés. Il est capable alors de piller des nids d’oiseaux ou de capturer de petites antilopes, des jeunes rongeurs ou des petits d’autres singes, comme le babouin.

Les proies sont le plus souvent attrapées par surprise, par des individus isolés. En général, il n’y a pas de technique de chasse précise, ni de collaboration entre deux ou plusieurs chimpanzés pour attraper une proie. C’est plutôt le hasard qui détermine la proie : ainsi, le jeune babouin, le colobe ou le cercopithèque (un singe à longue queue) est attaqué lorsqu’il se déplace ou se nourrit dans les arbres fruitiers, au cours d’une rencontre inopinée avec un chimpanzé.

Le chimpanzé peut également se comporter en parasite. Au Gombe, en forêt de Tanzanie, où travaille la célèbre primatologue Jane Goodall, la forêt est mélangée à la savane. Chimpanzés et babouins y cohabitent en bon voisinage. Les chercheurs ont vu des chimpanzés voler leur proie à des babouins. À la grande surprise des scientifiques, les babouins ne réagissaient pas, alors qu’ils ont des canines capables de tenir en respect une panthère. Ni les vols, ni les meurtres n’empêchent les jeunes babouins et les jeunes chimpanzés de jouer ensemble.

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L’APPRENTISSAGE DES CHIMPANZES

Posté par othoharmonie le 13 avril 2015

 

 

Bonobos_adoring_baby_(4531338876)Tous les primates sont nidicoles : c’est-à-dire que le petit naît à un stade de développement peu avancé, et qu’il dépend entièrement de sa mère pour survivre. Le bébé chimpanzé naît après une gestation de 4 mois. Il ne pèse que 1,7 kg. Il est très vulnérable et incapable de se déplacer seul. S’agripper est le seul réflexe qu’il possède ; aussi sa mère le porte-t-elle sous son ventre, mais, les premiers jours, elle doit le soutenir pendant ses déplacements pour ne pas le perdre. À 1 an, le petit chimpanzé est capable de grimper sur le dos de sa mère, qui le porte sur les épaules. Elle commence à le laisser de temps en temps, mais le récupère à la moindre alerte. Jusqu’à 2 ans, le petit alterne les moments où il est sur le dos de sa mère et ceux où il part seul à l’aventure, de plus en plus longtemps et de plus en plus loin.

L’apprentissage par le jeu

Le jeu n’aide pas seulement le petit à fortifier ses muscles mais aussi à connaître la vie, découvrir son environnement et les autres membres de la communauté. C’est à travers le jeu qu’il s’insère dans le groupe. Le singe qui n’a pas joué étant petit est un inadapté social. On a vu des animaux nés en captivité et élevés seuls : une fois adultes, ils n’étaient pas capables de communiquer correctement avec les autres, ne savaient pas trouver leur place dans la hiérarchie et n’arrivaient ni à courtiser les femelles ni à s’accoupler.

Dès ses premiers mois, le petit joue sans cesse avec sa mère, le matin, dans leur nid, ou pendant les siestes : elle le bouscule gentiment, le chatouille ou le boxe sans brutalité. Et lui, il tape sa mère, avec des feuilles ou ses propres pieds. C’est aussi en jouant qu’elle lui apprend à trouver sa nourriture. À 2 ans, le petit se nourrit presque entièrement d’aliments solides, mais sa mère peut continuer à l’allaiter pendant encore très longtemps, même si un autre petit vient à naître. Les liens mère-enfant persistent encore pendant plusieurs années, après qu’il est entré dans le stade juvénile. Dès lors, il va de plus en plus jouer avec les autres jeunes de son âge ou d’autres plus âgés et même avec des adultes qui ne sont pas ses parents. Parfois, les chimpanzés organisent de véritables crèches : une douzaine de jeunes singes ne sont encadrés que par une mère ou deux, avec ou sans leur propre petit. Les petits s’amusent à courir sur les branches, à se balancer, à sauter de l’une à l’autre. Entre eux, ce sont des bagarres, des poursuites, des simulacres de bataille avec des petites branches.

Adolescents à 9 ans

Femelle bonobo allongée, embrassant son bébéVers 9 ans, avec la puberté, le chimpanzé devient adolescent. Il continue sa maturation, à la fois physique et comportementale. À cet âge, il est fréquemment seul, ou en compagnie d’adultes. Les liens maternels, qui se sont relâchés progressivement pendant l’enfance et l’adolescence, cessent brusquement vers 13 ans. À cet âge, le chimpanzé est un adulte. Le jeu est alors remplacé par les activités sociales des adultes, notamment l’épouillage mutuel. Chez les grands singes, l’allongement de la période de développement dépend de la longévité : le gibbon, adulte vers 9 ans, vit encore 30 ans, le chimpanzé, adulte à 13 ans, vit jusqu’à 40 ans.

Les chimpanzés adultes sont bienveillants ou indifférents envers leurs enfants. Les mâles adultes sont plus agressifs vis-à-vis des adolescents du même sexe, qui sont des rivaux en puissance. S’ils s’approchent trop, les jeunes mâles sont menacés et attaqués. Ils sont rejetés à la périphérie du groupe, jusqu’à ce qu’ils puissent tenir tête aux mâles les plus forts.

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L’épouillage, un rituel qui entretient l’amitié

Posté par othoharmonie le 13 avril 2015

 

Gombe_Stream_NP_AlphatierOn voit souvent deux ou trois chimpanzés ensemble, qui fouillent longuement la fourrure des autres et mangent ce qu’ils y trouvent. Au départ, l’épouillage était uniquement destiné à débarrasser l’animal des parasites qui encombrent son pelage, en particulier dans les parties de son corps qu’il ne peut atteindre lui-même. Aujourd’hui, plus qu’une mesure d’hygiène, c’est devenu un rituel, qui entretient l’amitié. Ce comportement occupe une grande place dans la vie sociale de tous les singes qui vivent au sein d’un groupe. Autre moment privilégié : quand ils s’informent les uns les autres, au moyen de cris. Les chimpanzés ont toujours un œil sur les voisins. Que l’un d’eux découvre un congénère ayant saisi une proie, il crie pour avertir les autres, qui s’approchent et quémandent leur part en poussant de petits cris. On a répertorié 23 cris différents ! (Le chimpanzé est un des animaux les plus bruyants de la forêt.) Chaque cri est associé à des grimaces, postures, gestes et mimiques diverses, qui vont du petit grognement de satisfaction accompagnant un repas au hurlement portant sur plusieurs kilomètres. Les cris que poussent les chimpanzés provoquent souvent des réponses de la part des autres membres du groupe ou des groupes voisins, créant alors un chœur qui domine toute la forêt, parfois pendant plusieurs dizaines de minutes.

Des outils pour se nourrir et se défendre

Le chimpanzé est l’animal qui sait le mieux utiliser des outils. Il s’en sert surtout pour se nourrir, de toutes les façons possibles : par exemple il ratisse une surface avec un bâton pour attraper une noix hors de portée de sa main. Plus compliqué : pour casser la coque d’un fruit dont il a envie, le chimpanzé utilise soit un morceau de bois si l’enveloppe du fruit est tendre, soit une pierre si elle est dure, et cela même si l’outil le plus approprié est hors de sa vue ! Il se souvient de l’endroit où se trouvent les meilleurs marteaux possible pour tel fruit, et parcourt 500 mètres, s’il le faut, histoire de ne pas écraser un fruit plutôt tendre avec un outil trop dur. Il pose alors la noix, si riche en matières grasses, sur une surface dure… et il a inventé l’enclume. Le chimpanzé sait aussi de quelle façon il faut manier une branche pour s’en servir comme d’un levier et détacher une fourmilière accrochée à une autre branche.

Mais le plus étonnant est qu’il sait fabriquer ce dont il a besoin : il sélectionne une branche longue et fine qui peut atteindre 60 cm de longueur puis l’effeuille pour pouvoir l’introduire dans la fourmilière. Il la ressort précautionneusement et la fait glisser entre ses lèvres ou entre ses doigts, pour retenir les insectes qui la recouvrent ; il n’a plus qu’à les avaler prestement, avant qu’ils ne le piquent !

Le chimpanzé ne boit pas très souvent, car il trouve la plus grande partie de l’eau dont son organisme a besoin dans les fruits les plus pulpeux qu’il consomme. Il boit directement à la surface d’un ruisseau, ou bien trempe ses mains et lèche l’eau qui dégouline de ses doigts. Mais, quand il a très soif, il choisit une large feuille, qu’il utilise comme une cuillère. Ou bien il mâche une feuille jusqu’à la rendre poreuse, l’imbibe d’eau et la presse dans sa bouche comme si c’était une éponge !

Performances pour un animal

Le chimpanzé a encore d’autres cordes à son arc : pour se défendre, il prend une branche et en fait une lance ; une pierre, et elle devient un projectile…

En 1965, une expérience célèbre a été faite en Guinée : Adriaan Kortland a placé un léopard empaillé, un de leurs principaux prédateurs, près d’un groupe de chimpanzés. Dès que ceux-ci le virent, ils se dressèrent et, tout en poussant des cris d’intimidation, ramassèrent des bâtons qu’ils lancèrent avec beaucoup d’adresse en prenant soin de viser la tête et le dos du félin.

Le chimpanzé utilise aussi l’outil comme moyen de locomotion. Par exemple, il traverse l’eau sans se mouiller, grâce à un bâton, dont il se sert comme d’une canne pour franchir un ruisseau sur un pont naturel. Ou encore une large feuille devient chasse-mouches ou parapluie ; une brindille devient cure-dents ou Coton-Tige ; avec une feuille, il s’essuie le derrière en cas de diarrhée.

Les chercheurs se demandent pourquoi le chimpanzé n’a pas développé autant que l’homme sa capacité à utiliser l’outil. Il semblerait que ce soit lié au fait que le chimpanzé est un animal forestier et grimpeur, ce qui occupe ses quatre membres.


 

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Le chimpanzé

Posté par othoharmonie le 11 avril 2015

 

Une légende africaine veut que le chimpanzé soit si agile qu’il peut rivaliser avec les oiseaux et atteindre des hauteurs vertigineuses, même si c’est en grimpant en haut d’un arbre et non pas en volant… Au xxe siècle, ce n’est pas aux oiseaux mais à l’homme que ce singe est comparé le plus fréquemment.

 Chimpanzee_Pan_troglodytes

Les chimpanzés vivent en communautés d’au moins une vingtaine d’individus (jusqu’à une centaine ou plus) ; ils occupent un territoire, qu’ils défendent contre les voisins. Non pas par des barrières naturelles, mais par des frontières que les chimpanzés se transmettent d’une génération à l’autre. Dans les milieux les plus favorables (la forêt dense humide), les chimpanzés sont plutôt sédentaires : une petite dizaine d’individus se partagent une vingtaine de kilomètres carrés, dont ils ne couvrent qu’un dixième par jour. Dans les savanes sèches, à la périphérie est et ouest de leur aire de répartition, ils deviennent de vrais nomades : un groupe peut – d’un campement à l’autre – occuper une surface de plus de 700 km2.

À l’intérieur du groupe, chaque mâle a accès indifféremment à toutes les femelles pour la reproduction, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre aussi celles des groupes voisins qui sont réceptives. Il arrive souvent que plusieurs mâles s’accouplent successivement avec la même femelle. Huit fois sur dix, c’est le mâle qui s’approche de la femelle ; elle lui présente l’arrière-train et se fait monter immédiatement sans qu’il y ait aucune parade sexuelle, mais il arrive parfois que ce soit la femelle qui prenne l’initiative, en se mettant en posture d’accouplement devant un mâle, qui s’exécute aussitôt (et en quelques secondes…).

Une société hiérarchisée

Chaque groupe est le maître sur son domaine vital. Si des étrangers s’y introduisent, il les chasse en poussant des cris, frappant sol et arbres, agitant des branches, etc. Mais il arrive que les domaines vitaux de groupes voisins empiètent l’un sur l’autre. La situation se règle alors grâce à la hiérarchie, car les groupes ne sont pas égaux entre eux : un groupe avec beaucoup de mâles adultes domine celui qui en compte peu. Ainsi, dans les zones où deux territoires se superposent, le groupe dominant est prioritaire sur le groupe dominé. Le second évite la zone lorsque le premier s’y trouve, ou la quitte sans bruit dès qu’il entend le groupe dominant approcher. De la même façon, à l’intérieur d’un groupe, il existe une hiérarchie stable entre les mâles adultes. Cela dit, comme la composition des groupes est très variable, quand les animaux se rencontrent, les relations de dominance sont moins bien établies que chez d’autres singes : le plus souvent, si deux individus se croisent sur une branche, le dominé s’écarte devant le dominant, ou bien le touche doucement sur les lèvres, la cuisse ou les régions génitales, pour faire acte de soumission.

Comme ils font leurs nids, ils se couchent

Dans la journée, les chimpanzés parcourent leur territoire à terre ou dans les arbres, mais, la nuit, ils nichent dans les arbres, entre 6 et 30 m au-dessus du sol. Chacun – sauf les jeunes, qui dorment avec leur mère – construit son propre nid chaque soir, avec des grosses branches et un confortable matelas de feuilles, près de l’endroit où il s’est nourri, ou bien réutilise un nid construit antérieurement.

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Les singes de la sagesse

Posté par othoharmonie le 11 avril 2015

 

 SINGE

Ce thème est originaire de Chine. La plus ancienne trace connue est dans les Entretiens de Confucius, écrits entre -479 avant J.-C. et 221. Il y est écrit : « 非礼勿视、非礼勿听、非礼勿言、非礼勿动 / 非禮勿視,非禮勿聽,非禮勿言,非禮勿動 », qui pourrait être traduit par : « Devant l’impolitesse, ne pas regarder, ne pas écouter, ne pas parler, ne pas bouger »1.

On retrouve cette phrase à l’identique en 1658 dans le rouleau 80 de la description complète des chroniques de l’histoire des Song retraçant l’histoire de la Dynastie Song (960 – 1279). 

Le texte accompagnant les trois singes a été introduit par un moine bouddhiste de l‘école Tiāntái zōng avec le conte « Ne pas voir, ne pas entendre, ne pas parler » vers le viiie siècle, ce qui se traduit en grammaire japonaise  « 见ざる、闻かざる、言わざる » 

Les singes de la sagesse (aussi appelés « les trois petits singes ») est un symbole d’origine asiatique constitué de trois singes, dont chacun se couvre une partie différente du visage avec les mains : le premier les yeux, le deuxième la bouche et le troisième les oreilles. Ils forment une sorte de maxime picturale : « Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire ». À celui qui suit cette maxime, il n’arriverait que du bien. 

 

Une des plus anciennes représentations connues de ces trois singes se trouve au Nikkō Tōshō-gū, l’un des Sanctuaires et temples de Nikkō au Japon. Elle est attribuée au sculpteur Hidari Jingoro (1594-1634).

 Cette maxime fut notamment prise pour devise par Gandhi, qui gardait toujours avec lui une petite sculpture de ces trois singes. 

D’autres interprétations sont également connues ou possibles :

  • Il y a ceux qui voient des choses et en parlent, mais n’écoutent pas ce que l’on leur dit…
  • Il y a ceux qui ne voient rien, écoutent les autres et en parlent…
  • Il y a ceux qui entendent et voient des choses, mais n’en parlent pas…

Dans la philosophie orientale, la figure du Yin/Yang invite à trouver une chose et son contraire dans un même cadre. 

Il existe une autre signification, mais celle-ci résulte d’un amalgame entre le culte Kōshin et d’autres préceptes : « ne pas vouloir voir ce qui pourrait poser problème, ne rien vouloir dire de ce qu’on sait pour ne pas prendre de risque et ne pas vouloir entendre pour pouvoir faire « comme si on ne savait pas. » 

Les singes de la sagesse sont au nombre de trois. Dans la mythologie chinoise, c’est un singe qui fut le compagnon du pèlerin Xuanzang, et qui l’aida à trouver les livres saints du bouddhisme. C’est cet aspect qui est employé dans la symbolique de trois petits singes : ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire.

Ils ont été introduits par un moine Bouddhiste de la secte Tendai vers le 7eme siècle. Ils étaient à l’origine associée à la divinité Vadjra.

Cette tradition est apparue à la fin de l’ère Muromchi (1333-1568) : il devint ordinaire de sculpter ces représentations sur les koshinto, piliers en pierre utilisés pendant le rituel du Koshin. Selon le Kiyu Shoran, les trois singes sont en relation avec la croyance Sanno, où ils sont considérés comme des messagers divins. Ils représentent le Santai (les trois vérités) évoqué par la secte bouddhique du Tendai. Il semble que le fondateur de la secte Tendai, Saicho, a représenté son idéal religieux sous la forme des singes. Une représentation fameuse des trois singes se trouve à Nikko, au temple Toshogu.

Les trois singes s’appellent Mizaru (L’aveugle), Kikazaru (Le sourd) et Iwazaru (Le muet). Plus précisément, leurs noms veulent dire  »je ne dis pas ce qu’il ne faut pas dire« , « je ne vois ce qu’il ne faut pas voir« , et enfin « je n’entends ce qu’il ne faut pas entendre« , car selon le principe de la secte originelle, si l’on respecte ces trois conditions, le mal nous épargnera. C’est une expression de la sagesse et du bonheur.

Ce fut notamment une devise de Gandhi qui gardait parait-il toujours avec lui une petite sculpture de ces trois singes de la sagesse.

Les singes de la sagesse dans SINGE

« Le problème n’est pas l’émotion mais la relation que l’on a avec elle. »

Thierry Vissac met en lumière la construction du personnage spirituel qu’engendre nécessairement une quête de Vérité : singer le sage. Illusions et fantasmes sont ainsi le lot des chercheurs spirituels. Et il est vrai que, bien souvent, « il suffit aujourd’hui à quelqu’un d’avoir compris quelque chose ou encore d’avoir perçu un mouvement d’énergie inhabituel en lui pour qu’il se juge illuminé ». Le chercheur spirituel, au travers de ses lectures, des conférences auxquelles il assiste, des « éveillés » qu’il suit un temps, adopte un langage, un corpus de croyance, somme toute un personnage qui a ses codes. L’auteur, de façon amusante, relève ainsi la façon dont des formulations non-duelles sont abondamment utilisées par des apprentis de la non-dualité (restés en pleine dualité). Ainsi en est-il de « l’effort appliqué à ne jamais utiliser le « Je » dans le but … de montrer aux autres « qu’il n’y a plus personne ». Au lieu de dire « je », simplement, ils diront : cette forme humaine va aux toilettes ». Et nous pouvons en effet témoigner, à la suite de Thierry Vissac, de tels égarements qui montrent la puissance d’un nouveau conditionnement sur lequel aucun recul n’est envisagé. Le seul fait d’utiliser une telle façon de parler n’est-il pas le signe de la compréhension ? Telle est la croyance partagée inconsciemment par certains chercheurs, fasciné par le miroir aux alouettes de l’éveil qui apporterait la fin de leurs tourments.

Au-delà de cet aspect anecdotique, mais parfois prégnant dans certains cercles, l’auteur invite à l’exploration de ce qui est, c’est-à-dire de ce qui se présente dans l’instant, sur le vif. « Le problème n’est pas l’émotion mais la relation que l’on a avec elle ». Mais le mécanisme de fuite est puissant : n’est-ce pas lui qui crée le personnage spirituel ? Ne croit-on pas être en train de gravir les marches menant au paradis, à l’éveil ? Une démarche de Connaissance de soi commence par mettre au jour les illusions dont nous nous nourrissons, dont celle de la démarche spirituelle ! Mais « les illusions qui s’effondrent ne nous laissent pas tout à fait dans le désert… s’ouvre un espace nouveau ». Et la compréhension qui en jaillit est réellement nôtre, vivante et vivifiante. Elle n’est plus de seconde main, et dépasse le cadre des mots. C’est elle, par son renouvellement, qui permettra de comprendre de plus en plus profondément ce que signifie « accueillir ce qui est ».  Un ouvrage direct et qui pointe juste.

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LE SINGE DANS LA MYTHOLOGIE

Posté par othoharmonie le 11 avril 2015

 

Baboon_LACMA_AC1992.152.63Dans les mythologies et les cosmogonies, le singe occupe une place toute particulière et nombre de ses aspects symboliques se retrouvent d’une culture à l’autre.

Dans la Roue de l’existence tibétaine, il symbolise la Conscience versatile, celle qui, liée au monde sensible, se disperse d’un objet à l’autre. Réputé être l’ancêtre des Tibétains, qui le considèrent comme un Bodhisattva, il est, selon Si Yeou Ki, le fils du Ciel et de la Terre. Il accompagne donc Xuanzang (Hiun-Tsang) dans son voyage à la recherche des Livres saints du Bouddhisme. Il y apparaît comme le compagnon facétieux, magicien taoïste de grande envergure. Le Roi-Singe, dans l’art extrême oriental, évoque la sagesse, le détachement. C’est pourquoi les célèbres Singes du Jingoro, au temple de Nikko, sont représentés l’un se bouchant les oreilles, le second se cachant les yeux, le troisième se fermant la bouche. Une interprétation occulte plus ancienne tend à voir dans les trois sages de Jingoro la représentation d’un Singe créateur de toutes choses ici-bas, conscient de l’illusion et de l’impermanence de la réalité.

Cette croyance se retrouve dans le panthéon égyptien, où le singe est le scribe savant, celui qui possède la connaissance de la réalité. Il note la parole de Ptah, le dieu créateur, comme celle d’Anubis, qui pèse l’âme des morts. Il apparaît en Égypte comme le magicien suprême, artiste, ami des fleurs, des jardins, des fêtes, prestidigitateur puissant capable de lire les plus mystérieux hiéroglyphes. Il est donc l’animal psychopompe par excellence, reliant la Terre et le Ciel. Il y est représenté comme celui qui gouverne les heures, le maître du temps privilégié. Lors du voyage des morts de vie en vie, Champollion mentionne un singe vert accompagnant le Dieu Pooh, dans une portion de l’espace située entre la Terre et la Lune, lieu du séjour des âmes. Pooh y est représenté « accompagné du cynocéphale dont la posture indique le lever de la lune (Champollion, Panthéon égyptien) ». Pour les Éyptiens, le singe est un grand initié qui doit être évité dans l’autre monde où il pêche les âmes dans le réseau de ses filets.

Chez les Fali du Nord Cameroun, le singe noir est un avatar du forgeron voleur de feu, devenant ainsi, par extension, le magicien et maître de la technique. Indéniablement, le Singe est un initié.

Chez les indiens Bororo, Claude Levi-Strauss rapporte qu’il est le héros civilisateur, l’inventeur de la technique, le malin magicien qui masque ses pouvoirs et son intelligence rusée. Il convient de ne pas rire de lui car le Singe aura le dessus.

Un singulier singe vert apparaît dans de nombreux contes traditionnels africains, du Sénégal jusqu’en Afrique du Sud, et revêt les caractéristiques symboliques du magicien rusé : celui qui vit en lisière des forêts et connaît les secrets de la création du monde.

Dans la mythologie hindoue, l’épopée de Ramayana fait du singe le sauveur de Dieu au moment du passage du « grand pont ». Rêver d’un singe est un appel en faveur d’un développement de la personne lié au mystère de la création à la puissance de la Nature.

 

En Afrique, des gravures rupestres représentent déjà des singes, et le babouin était un dieu chez les Égyptiens de l’Antiquité. Mais il faut attendre le milieu du xviie siècle pour lire une description reconnaissable d’un chimpanzé. Elle a été faite par l’Anglais Tulp, en 1641 et ce n’est qu’à la fin du xviie siècle, en 1699 précisément, qu’est dessiné pour la première fois un chimpanzé. Il s’agit d’une gravure du chirurgien Tyson, faite en Angleterre, qui représente un jeune chimpanzé, debout, se tenant à l’aide d’une canne, et que le chirurgien a appelé orang-outan ! Le nom d’espèce du chimpanzé, « troglodyte », a été défini en 1799 par le naturaliste allemand Blumenbach. Ce nom fait référence au fait que, d’après les anciennes croyances, les grands singes avaient occupé les cavernes avant les hommes préhistoriques.

LE SINGE DANS LA MYTHOLOGIE dans SINGE 220px-Dog_african_mask-romanceorBeaucoup d’histoires circulent sur les chimpanzés en Afrique. L’une d’elles illustre la grande agilité du chimpanzé pour grimper : la tortue veut se venger de la grue, qui a tué sa mère pour la manger. Elle demande au chimpanzé de l’aider, en allant saccager son nid en haut de l’arbre. Il accepte de le faire, en échange d’un panier de noix, cent œufs et diverses autres broutilles. Comme il est le seul à pouvoir lui rendre ce service, la tortue est bien obligée d’accepter son prix exorbitant.

Plus près de nous, la compagne de Tarzan est un chimpanzé femelle, qui répond curieusement au nom de Cheetah (ce qui veut dire « guépard », en anglais).

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La place du Singe

Posté par othoharmonie le 10 avril 2015

 

220px-Affe_vor_SkelettLa première description « scientifique » des singes qui nous soit parvenue date du IVème siècle avant J.-C. et revient au philosophe grec Aristote. Dans son Histoire des animaux, il décrit le « singe » (ou « pithèque » , probablement le magot), le « cèbe » (le cercopithèque) et le « cynocéphale » (le babouin), qui « ont une nature intermédiaire entre celle de l’homme et celle des quadrupèdes ». Il ajoute que le cèbe « est un singe qui a une queue » et que les cynocéphales leur ressemblent par leur forme, « sauf qu’ils sont plus grands, plus forts et que leur face ressemble plutôt à un museau de chien ».

Pour le naturaliste romain du Ier siècle Pline l’Ancien, les singes sont les animaux qui, « par leur conformation, ressemblent le plus à l’homme ». Dans L’Histoire naturelle, il cite aussi les callitriches qui ne vivent que « sous le ciel d’Éthiopie », les cynocéphales et lessatyres. Ces derniers sont assimilés à des singes qui vivent « dans les montagnes indiennes situées au levant équinoxial », dans un pays « dit des Catharcludes ». Ils « courent tant à quatre pattes que sur leurs deux pieds » et « ont la face humaine ».

Un siècle plus tard, le médecin grec Galien contourne l’interdiction par le droit romain de disséquer des cadavres humains en pratiquant la vivisection de différents animaux, dont des singes magots. Il constate en effet que « de tous les animaux le singe ressemble le plus à l’homme pour les viscères, les muselés, les artères, les nerfs et la forme des os »

Au moyen-âge, les singes acquièrent un statut d’animal de compagnie fort prisé des puissants. Macaques et cercopithèques sont importés très tôt en Europe où ils égaient les cours des princes et des évêques, parfois vêtus de riches habits. Le motif du singe est souvent repris dans les enluminures, les fresques et les sculptures, et symbolise la folie et la vanité de l’Homme. Leurs représentations iconographiques figurent invariablement un collier et une chaîne, laquelle est parfois reliée à un billot de bois pour limiter les mouvements de l’animal dans la pièce

 

Au xviiie siècle, le comte de Buffon publie une œuvre monumentale pour les sciences animales. Dans l’Histoire naturelle, il établit une « nomenclature des singes » qui sépare les animaux de l’Ancien et du Nouveau Monde.

Le premier groupe est divisé en trois « familles », toujours selon les critères aristotéliciens de la longueur de la queue. La première regroupe les « singes », c’est-à-dire les animaux « sans queue, dont la face est aplatie, dont les dents, les mains, les doigts et les ongles ressemblent à ceux de l’homme et qui, comme lui, marchent debout sur leur deux pieds », et inclut l’Orang-outan, le Pithèque et le Gibbon. Les membres de la seconde famille sont appelés « babouins » et se caractérisent notamment par leur queue courte, leur face alongée et leur museau large et relevé. Buffon y inclut le Babouin proprement dit (ou Papion), le Mandrill et l’Ouandérou et le Lowando (qu’il suspecte d’appartenir à la même espèce). La dernière famille est celle des « guenons » qui ont la queue au moins aussi longue que le corps. Elles comptent neuf espèces : le Macaque (et l’Aigrette), le Patas, le Malbrouck (et le Bonnet-chinois), le Mangabey, la Mone, le Callitriche, le Moustac, le Talapoin et le Douc.

Les Singes du Nouveau Monde se séparent quant à eux entre « sapajous » et « sagouins » . Les premiers « ont la queue prenante » et regroupent l’Ouarine (et l’Alouate), le Coaïta, le Sajou, le Saï et le Saïmiri. Les seconds l’ont « entièrement velue, lâche et droite » et comprennent le Saki, le Tamarin, le Ouistiti, le Marikina, le Pinche et le Mico.

Parallèlement, le concept de famille s’impose peu à peu en zoologie et c’est John Edward Gray, du British Museum de Londres, qui propose le premier une division des mammifères selon ce principe. Il sépare ainsi l’ordre des Primates en Hominidae, Sariguidae, Lemuridae (prosimiens), Galeopithecidae (dermoptères) et Vespertilionidae (chauves-souris)16. Les deux premières familles sont classées dans un groupe nommé « antropomorphes » et correspondent à la distinction Catarrhini/Platyrrhini de Geoffroy. Les « Hominidae » se composent de cinq « tribus » : Hominina (humains), Simiina (chimpanzés, orangs-outans et gibbons), Presbytina , Cercopithecina  mangabeys, macaques) et Cynocephalina (babouins). Les « Sariguidae » se divisent quant à eux en Mycetina (hurleurs), Atelina (singes-araignées), Callithricina (sapajous), Saguinina (sagouins, douroucoulis et sakis) et Harpalina (ouistitis).

C’est ainsi que dès les années 1830, la classification scientifique des singes atteint, dans ses grandes lignes, l’ordre qui prévaut encore au xxie siècle et recense les principaux groupes d’espèces connus aujourd’hui. La principale exception à ce constat est la place réservée à l’espèce humaine, qui y est systématiquement rangée dans un groupe bien à part, les savants de l’époque rechignant à faire tomber l’ancestrale barrière entre « l’Homme » et « les bêtes sauvages ».

 La place du Singe dans SINGE 220px-Nazca_monkey

Le premier scientifique à avoir soutenu que les autres primates pouvaient être apparentés aux hommes est Giulio Cesare Vanini, avant Charles Darwin, dans les années 1600. L’affirmation du fait que l’homme est un singe est aujourd’hui banale, certains titres comme « L’homme est un singe comme les autres » soulignent cet état de fait

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Bibliographie du SINGE

Posté par othoharmonie le 10 avril 2015

 

 

d3fe8f07Le singe est un des 12 animaux illustrant les cycles du zodiaque chinois lié au calendrier chinois. On associe chacun des animaux de ce zodiaque à certains traits de personnalité.

Arts martiaux

L’art martial du singe considère l’animal comme incarnant les qualités suivantes : adresse, agilité, ruse, souplesse. Ses techniques sont imprévisibles. Ses parades sont acrobatiques. Ses frappes sont très courtes et très rapides, dans les points vitaux. Les grimaces du singe y sont imitées. Aussi, il est utilisé pour stimuler le cœur, en travaillant sur l’amplitude et la vitesse. 

Certains singes du genre Cebus (Sapajous) sont dressés pour pouvoir aider au quotidien les personnes diminuées dans leur capacité motrice et ainsi accroître leur autonomie. 

  1. Définitions lexicographiques et étymologiquesde « Singe » du Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2.  Définitions lexicographiques et étymologiques de « Sapajou » du Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  3. Jacques Dumont, Les animaux dans l’Antiquité grecque, L’Harmattan,‎ 2001 , p. 244.
  4.  Stefano Perfetti, Aristotle’s Zoology and Its Renaissance Commentators, 1521-1601, Leuven University Press,‎ 2000 , p. 172.
  5. Pline l’AncienHistoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne ],VII, 2, 17 et VIII, 81, 55.
  6.  Adolphe Bloch, « Galien anthropologiste », Bulletins de la Société d’anthropologie de Paris, vol. 1, no 1,‎ 1900, p. 347-359 (lire en ligne
  7. Kathleen Walker-Meikle, Medieval Pets, Boydell Press,‎ 2012, 13-14 p. (lire en ligne 
  8. Marco Polo, La Description du monde, Le Livre de Poche,‎ 2012, 408 p.
  9. BuffonHistoire naturelle, générale et particulière, avec la description du Cabinet du Roy, vol. 14, Paris, Imprimerie royale,‎ 1766, 511 p. (lire en ligne )
  10. BuffonHistoire naturelle, générale et particulière, avec la description du Cabinet du Roy, vol. 15, Paris, Imprimerie royale,‎ 1767, 207 p. (lire en ligne
  11.  Carolus LinnæusSystema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis, vol. 1, Stockholm, Laurent Salvius,‎ 1758, 10e éd., 824 p. (lire en ligne )

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