Le nom du Coq provient de la racine celtique kog, qui signifie rouge. Le rouge est la couleur de l’aurore et de la planète Vénus. Il symbolise le passage entre les ténèbres et la lumière. Coq et soleil sont étroitement liés dans l’esprit des hommes.
C’est à l’appel du Coq que le soleil se (re)lève. Il annonce la résurrection quotidienne de l’astre du jour et préside à la défaite des ténèbres.
Le Coq est un oiseau sacré chez de nombreux peuples pour les raisons évoquées plus haut. Il est l’attribut de Mercure chez les Romains, Hermès chez les Grecs, assimilé à Lug par les Celtes, patrons des chemins et des routes et messager des dieux. La planète Mercure se lève en même temps et au même endroit que le soleil. En tant qu’oiseau solaire, Coq est aussi l’attribut d’Hélios et d’Apollon le « Brillant », et, parce qu’il est fougueux et combatif, de Minerve (déesse des techniques de guerre) et de Mars (dieu de la guerre) ; il est l’oiseau préféré de Léto, mère d’Apollon et d’Artémis ; Nergal, l’homologue perse de Mars/Arès, a pour emblème le Coq de combat.
Le Coq est consacré à la déesse Nuit et à la Lune. Pour les Romains, le jour commence vers le milieu de la nuit, ad gallicinium, c’est-à-dire au chant du Coq. Ils observent son chant et interprètent ses entrailles. On nomme la divination par les Coqs l’alectryomancie. Selon Jamblique, Pythagore disait : « Nourrissez le Coq et ne l’immolez pas, car il est consacré au Soleil et à la Lune ». Le Coq est associé à la victoire, à l’éloquence, à la vigilance, à la fécondité et à la lubricité. Il annonce le jour et il n’y a rien d’étonnant à ce qu’il soit un attribut du dieu Lug le « lumineux », dont le nom possède la racine indo-européenne leuk qui signifie lumière. Le Coq voit clair.
• Au deuxième siècle de notre ère, Lucien [9] rapporte ce mythe (narration de Micylle) : « […] Un jeune homme nommé Alectryon était l’ami de Mars, son compagnon de table et d’ivresse, le confident de ses amours. Toutes les fois que Mars allait voir Vénus, sa maîtresse, il emmenait avec lui Alectryon, et comme il craignait surtout d’être aperçu par le Soleil, qui n’aurait pas manqué d’avertir Vulcain, il laissait le jeune homme en sentinelle à sa porte pour lui annoncer quand paraîtrait le Soleil.
Un jour Alectryon s’endort et trahit son mandat sans le vouloir. Le Soleil, en tapinois, surprend Vénus et Mars qui reposent sans inquiétude, se fiant à la vigilance d’Alectryon s’il survenait quelqu’un. Puis, il va prévenir Vulcain qui enveloppe les deux amants dans les filets qu’il avait depuis longtemps préparés. Aussitôt après sa délivrance, Mars se met en colère contre Alectryon, et pour le punir, le change en oiseau qui porte encore sur la tête l’aigrette de son casque. Depuis ce temps, pour vous justifier auprès de Mars, quoique cela soit inutile, vous chantez longtemps avant le lever du soleil et vous annoncez qu’il va paraître.»
Le coq est aussi l’assistant d’Asclépios (Esculape), le dieu de la médecine, et devient l’un des ses attributs, avec le caducée. Dans les représentations antiques, on opposait souvent le Coq guérisseur au Serpent dispensateur du mal. Dans la Bible, le Coq est le plus intelligent des animaux (Job, 38). Dans la religion chrétienne, il incarne le Christ annonçant le jour nouveau de la foi.
Le Coq étant le Précurseur du Christ-Soleil, il est aussi un symbole de Jean le Baptiste, fêté au solstice d’été. On peut retrouver ce rapprochement dans le folklore européen. Chez les Slaves, le jour de la Saint-Jean d’été, pour connaitre l’avenir, les jeunes filles placent un grain d’avoine à l’intérieur d’un cercle et lâchent ensuite un Coq. Celle dont le grain est picoré en premier se verra mariée dans l’année. Au dire de Pierre de Beauvais, le Basilic naîtrait d’un œuf de Coq et non de Poule.
De même, les œufs de Pâques appelés cocognes étaient censés avoir été pondus par un Coq. L’Abraxas était un symbole des gnostiques du IIe siècle utilisé par l’école d’Alexandrie. Il s’agit d’une Chimère à tête de Coq, au corps humain et aux jambes serpentiformes. Il brandit un fouet d’une main, et un bouclier de l’autre, gravé des lettres IAΩ : I pour Iesous, suivit de l’alpha et de l’oméga.
Saint Guy ou Vit évoquait, au Moyen-Âge, l’ardeur, la virilité du Coq. Saint guérisseur, on l’invoquait surtout pour l’épilepsie et la chorée, aussi appelée danse de Saint-Guy. Sainte Odile, qui avait été miraculeusement guérie d’une cécité, on l’invoque pour la même raison, c’est-à-dire pour recouvrer la lumière du jour, tel le Coq. Saint Pierre, à cause du reniement trois fois exprimé avant le chant du Coq. Saint Jacques le Majeur, protecteur des chemins de Compostelle.
• Le Coq rappelle le miracle du pendu dépendu : « Une famille de pèlerins, père, mère et fils, sur le chemin de Compostelle, s’arrête pour une nuit à Santo-Domingo où l’on vénère saint Dominique de la Calzada. À l’auberge, le fils refuse les avances d’une employée de la maison qui, vexée, décide de se venger. Elle glisse dans la besace du jeune homme une coupe et un couvert d’argent et l’accuse de vol après le départ des trois pèlerins. Le fils est rattrapé, jugé, condamné à mort. Pendant ce temps, les parents ont poursuivi leur pèlerinage.
À leur retour, voulant retrouver le corps de leur fils, ils le découvrent vivant, sous la potence, soutenu par Saint Jacques en personne. Ils courent chez le juge, lui raconte cette histoire qui est une preuve de l’innocence de leur fils. Mais le juge ne les croit pas. Le magistrat était attablé et dégustait un coq rôti. Il dit : « Je vous croirais quand ce coq chantera ». Le Coq se dresse alors sur ses ergots et se met à chanter. Le jeune homme est immédiatement innocenté. » Saint Corneille, pape et guérisseur. Saint Gall, à cause de son homonymie (gallus : le coq).
Saint Tropez, centurion romain décapité à Pise, son corps fut abandonné dans une barque en compagnie d’un Coq et d’un Chien. Saint Landry de Soignies : une nuit, il aurait retrouvé son chemin grâce au chant d’un Coq. Saint Charlemagne, l’empereur d’Occident canonisé en 1165 porte, dans la Chronique de Nuremberg, un Coq sur son écu. On ne célébrait autrefois dans les monastères que deux offices par jour : le Gallicinium (l’heure du Coq) au matin, et le Lucernarium (l’heure de la lampe), au soir. Le Coq au sommet du clocher des églises est appelé « cochet ». Il fait souvent office de girouette, et indique la direction du vent. Mais sa véritable fonction va bien au-delà d’une simple indication météorologique. Attesté depuis le début du VIe siècle par Saint Eucher, son rôle est de désigner les églises orientées (orientées : tournées vers l’Orient, le soleil levant, l’Est).
Si l’édifice n’est pas tourné vers l’Est pour un motif particulier, le Coq est absent du clocher. Il est remplacé, par exemple, par une étoile ou un croissant de lune, ou encore par un globe ou un soleil flamboyant. Ainsi l’étoile indique que l’église a été bâtie dans l’axe d’une étoile fixe ou d’une planète. Mais ces exceptions sont relativement rares car, selon la règle, tout édifice religieux chrétien doit avoir son maître-autel dirigé vers le point de l’horizon où le soleil apparaît le jour de la fête du saint patron auquel il est dédié.
Si l’église est orientée, elle aussi, vers l’Est, le maître-autel est placé dans l’axe de la nef. Si le sanctuaire n’est pas orienté vers l’Est, le maître-autel est décalé afin qu’il soit dirigé dans la bonne direction. Le Coq est, dans l’Islam, un symbole de la Lumière et de la Résurrection du Jour du Jugement dernier. Il est l’Avertisseur et le Crieur. Le Prophète aurait dit : « Le Coq Blanc est mon ami ; il est l’ennemi de l’ennemi de Dieu ».
Cet ennemi de Dieu est sans doute le chaïtan qui empêche le croyant de se lever pour faire sa prière matinale. Une croyance populaire voudrait qu’au paradis musulman un Coq immense et d’une blancheur immaculée se dresse sur ses pattes et lance des louanges à Allah. En réponse, les Coqs des basses-cours terrestres se mettent à lancer leurs cocoricos en chœur.
Le Coq tient un rôle important dans le rituel Ahl-al Haqq. Le calendrier chinois étant basé les cycles de la lune, le Coq n’est pas attaché au lever du soleil mais au crépuscule. Son signe, bénéfique, se trouve entre le Singe et le Chien. Dans la mythologie indienne, le Coq est la monture de Kâmadéva, le dieu de l’amour, mais aussi celle de Skanda, dieu de la Guerre, nommé aussi Kârttikeya.
La mythologie japonaise se rapportant au Coq est tout aussi solaire que la mythologie occidentale et proche-orientale. C’est ainsi que l’ancêtre de tous les Coqs, par la puissance de son chant et l’utilisation d’un miroir sacré, le shintai, fit sortir Amaterasu, la déesse Soleil, de la grotte où elle s’était cachée. Il est intéressant de constater que le seul chant du Coq ne suffit pas pour faire lever le soleil. Il lui faut aussi le miroir octogonal « destiné à capter les rayons et l’esprit bienfaisants de la déesse », c’est-à-dire que l’organe de la vue rentre aussi en compte.
Le Coq doit apercevoir les rayons lumineux pour que le soleil apparaisse à l’horizon. Il les voit le premier, avant quiconque, quand l’astre se trouve encore dans les ténèbres (la grotte), et c’est sans doute pour cela qu’on lui attribue le don de double-vue. Le shintai se trouve à Ise, dans un sanctuaire où sont élevés des Coqs sacrés. Le Coq figure dans le cabinet de réflexion des loges maçonniques avec la légende : « Vigilance et persévérance. Il veille dans les ténèbres et annonce la lumière ». Il recommande au profane de rester en alerte, car la lumière peut surgir à tout moment, mais aussi de ne pas se décourager trop rapidement s’il veut la recevoir.
Le chemin sera long et peut-être difficile. Jadis les compagnons bâtisseurs utilisaient le Coq pour exorciser leurs constructions. Sa couleur avait de l’importance, car elle correspondait à l’un des trois chants que le gallinacé entonne à l’aube. Le premier Coq est noir, car son chant est poussé pendant la nuit ; le second est rouge comme la couleur de l’aurore, et symbolise le combat des ténèbres et de la lumière ; le troisième est blanc car la lumière a vaincu les ténèbres. C’est aussi un compagnon, le plus jeune des apprentis, qui allait placer le cochet, la girouette en forme de Coq, au sommet du clocher des églises