L’Ours 1

Posté par othoharmonie le 19 novembre 2011

Par Jules Vallès

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Fait drôlement !

 

Museau pointu, épaules larges, train de derrière plus large encore ; pas de queue. Etabli sur son séant, les pattes de devant en l’air, il ressemble à une pyramide poilue plantée sur sa base. Il est en effet la pyramide de nos premiers grands souvenirs de la nature. Nous le voyons près de nous dans le drame de la vie terrestre, à partir du jour où on a pu en ressusciter les personnages et en rebâtir les décors. Il est assis, grognon, devant le berceau de notre race.

L'Ours 1 dans OURS pt91771

Il donne même son nom à l’époque primitive qu’on appelle l’époque du Grand Ours.

Il ne fera que perdre de la taille et de la force à mesure qu’il descendra les chemins tout d’un coup barricadés par les portes en pierre des villes et les palissades de la civilisation.

Il apparaît énorme à nos ancêtres.

Les bêtes des temps primitifs sont à son niveau : Éléphants à crinière et à toison de laine, qu’on appelle Mammouths, Boeufs sauvages qui comme lui ont du poil et une fourrure pour les défendre du froid sous un ciel de marbre blanc.

Mais, solitaires et farouches sur cette terre glacée, tous les autres sont quand même et toujours un danger pour l’homme. L’Ours, qui doit être un jour camarade des Singes de baraque et paillasse à la Foire au pain d’épice, commence par être une espèce de chien d’aveugle. C’est lui qui entraîne l’homme sur la route des cavernes et des huttes où l’on est protégé contre la neige, le vent et le danger. C’est lui qui fraye les routes vierges et pour ainsi dire les tasses, pionnier monstrueux. Il a creusé des abris, découvert des asiles où nos ancêtres pénètrent et dont ils s’emparent. Ils fournissent le vivre à l’Ours quand ils l’attaquent à faux et sont vaincus, mais l’Ours leur fournit le couvert quand ils réussissent à le déloger sans lui rester sous la dent. Il leur fournit aussi le vêtement quand ils le tuent. L’homme se glisse dans la peau encore chaude de la bête comme il s’est glissé dans la caverne. L’Ours est donc pour notre race, à son origine, à la fois un frère de lait, un père nourricier et un pélican blanc, tout noir qu’on nous l’ait montré. (A SUIVRE…) 

 

 

VALLÈS, Jules (1832-1885) : L’Ours (1882). 



Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (04.II.2009) Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
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Texte établi sur un exemplaire (BmLx : nc) de l’ouvrage Les Animaux chez eux illustré par Auguste Lançon (1836-1887) paru chez L. Baschet à Paris en 1882

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L’Ours 2

Posté par othoharmonie le 19 novembre 2011

Par Jules Vallès

Les cavernes à ossements sont pavées de squelettes d’Ours. Quelquefois même, dans les Pompeïs et les Herculanum du vieux L'Ours 2  dans OURS 220px-Ursus_spelaeuspassé géologique, on découvre sur une corne de cerf la tête d’un de ces Martins d’il y a quarante mille ans, gravée par le couteau de pierre d’un artiste antédiluvien. L’inondation n’a pas réussi à effacer la marque : c’est l’image de l’Ours que la patte du sculpteur a le plus souvent incrustée dans cette corne devenue métal et immortelle comme un fragment de bas-relief.

Mais cet ours-là a disparu. L’animal s’est déformé, il a diminué sous les influences climatériques nouvelles. Depuis la dernière convulsion géologique qui a déblayé les glaces européennes et asiatiques et qui a séché la moitié des mers, l’Ours ne traîne plus de si longs poils sur le sol, sa tête s’est rapetissée, les larges pattes qui laissaient des empreintes profondes sur les vastes nappes de neige sont devenues plus molles et plus épaisses. Dans le centre, il ne porte plus qu’une pelure de poils ras, sa face s’est aplatie, il s’est fait même frugivore.

Ceux qui ont gardé leurs goûts carnassiers vivent dans les pays où la température et le paysage rappellent la grande époque dont l’Ours fut le roi ; roi déchu que s’amusent maintenant à tuer les empereurs. C’est souvent le czar qui mène la chasse à l’Ours, dans les plaines de la Finlande et de la Lithuanie.

Dans le Missouri, en Californie, subsiste encore une famille qui a tous les caractères de la férocité ; masque plat, oreille toujours dressée, oeil rouge et canines saillantes.

Cet Ours se repose le jour ; à la nuit tombante il se jette sur les Daims, les Argalis et les troupeaux de Bisons qui fuient devant son cri lugubre sur le sable et l’herbe séchée.

Les siècles se sont écroulés l’un sur l’autre, éclairés à chaque écroulement par un soleil plus chaud. L’Ours primitif est remonté vers les pôles.

L’Ours blanc est le seul, pour nous Européens, qui représente désormais le côté farouche de la race. Il habite les régions hyperboréennes. Il est le spectre des pays polaires.

350px-Eisb%C3%A4r_1996-07-23 dans OURSAu milieu des glaciers aux échos formidables, son grognement crie perpétuellement la faim. Mais ceux qu’il menace sont forts et se défendent. S’il attaque le Baleineau, la Baleine qui le surveille l’envoie dans la mer d’un coup de queue. Il faut qu’il surprenne le Phoque pendant le sommeil, qu’il l’étrangle et lui suce le sang.

Il peut vivre des morts, heureusement. Il dispute aussi aux Mouettes innombrables les cadavres des Rennes et des Antilopes qui viennent s’égarer et mourir dans les mers arctiques.

Il est, d’ailleurs, bâti pour cette chasse sans trêve. Il possède un long museau, qui se relève comme une tête de reptile, des pattes allongées et vigoureuses. Il nage comme un amphibie.

Quand vient l’été, l’Ours blanc est obligé de fuir les régions polaires.

Voici la débâcle ! Le soleil se montre. Il va rester, pendant six mois, à faire la roue au-dessus de l’horizon. La neige fond, les glaciers se fendent et s’écroulent.

Si l’Ours a la retraite coupée dans cette déroute du dégel, il se jette sur un des glaçons comme sur un radeau de sauvetage, et il part au hasard.

Les vents furieux poussent l’épave au loin, parfois jusqu’à la Baltique. Il y a de ces radeaux qui descendent les mers du Nord tout chargés d’affamés qui hurlent et qui finissent par se dévorer entre eux. (A SUIVRE….)
VALLÈS, Jules (1832-1885) : L’Ours (1882). 



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L’Ours 3

Posté par othoharmonie le 19 novembre 2011

Par Jules Vallès

L’Ours cherche à s’exiler sur la terre ferme. Il aborde les côtes du Groënland.L'Ours 3 dans OURS pt18537Là, il trouve à vivre pendant sa saison de souffrance, c’est-à-dire la saison chaude. Il chasse à travers cette immensité nue, où se dresse de temps en temps un pin, un mélèze, un bouleau ; il embrasse de ses pattes mal faites la roche dure où poussent l’anémone et la renoncule, brins de plantes, qui ressemblent à des éclats de bijoux et ont l’air d’être tombés du ciel.

Il aime à rester carnivore dans ces contrées maudites : il trouve parfois sur sa route quelques cadavres de Chiens esquimaux, qui ont été étranglés et à moitié avalés par une troupe de ces Loups gris, qui sautent sur les attelages des traîneaux, qu’il poursuit à son tour et dont il cherche le sillon dans les neiges.

Il lui arrive de surprendre quelque Renard bleu ou argenté, à la jambe fine, à l’oeil doux, qu’il égorge avec joie, lui, l’espèce d’estropié dont les jarrets plient trop bas et dont l’oeil a toujours une pointe de sang.

Mais les Esquimaux et les Groënlandais sont là qui le guettent avec leurs carabines. Ils savent qu’il viendra rôder autour des huttes souterraines d’où sort la colonne de fumée blanche.

Il échappe souvent, car il est courageux et a la vie dure. Alors, quand l’hiver revient, que la neige tombe de nouveau, il remonte vers le Nord et dans la nuit.

Le froid a ressaisi les glaçons, les soudant sur place. Les brouillards, fumée du dégel et de la débâcle, ont été poussés par le vent du côté de l’Islande et de l’Angleterre, qu’ils vont empoisonner et étouffer. Les blocs énormes se reforment et émergent lentement de la mer.

L’Ours blanc rôde dans ce cruel paysage qui s’adoucit pourtant et s’illumine de feu quand le soleil disparaît et va s’éteindre dans la mer.

 L’Ours blanc devrait avoir sa place à la porte de ce paradis d’Odin, où dans le bleu de l’azur il y avait de larges taches de sang.

Il est à son aise dans cette nature et reprend sa course vertigineuse. Il rencontre parfois l’homme dans ces pays terribles, l’homme qui, comme lui, est en chasse : en chasse d’une découverte, et qui, du museau de sa barque, crève la glace pour avancer.

Sur cette barque, qui fait sauter les banquises, l’Ours blanc se présente comme un fou avec la fureur d’un être qui défend son domaine. Les matelots lèvent la hache, l’Ours ne quitte pas sa prise. Il attend que ses pattes soient coupées et il retombe en plongeant dans la mer, faisant un grand trou rouge.

 Ursus arctos middendorffiCeux qui ont étudié l’histoire naturelle savent qu’on classe l’Ours dans l’espèce des mammifères, famille des carnivores, tribu des plantigrades : ce qui veut dire que l’Ourse enfante ses petits vivants et les nourrit de son lait pendant la première jeunesse, que la chair saignante ne leur fera pas peur, et qu’en marchant ils appuieront toute la plante du pied jusqu’au talon. Voilà, pour les écoliers, ce que signifie mammifère, carnivore et plantigrade. Mais ni les écoliers, ni les ignorants, ni le troupier ni la bonne, qui se penchent contre la grille de la fosse aux Ours, ne tiennent à en savoir tant. Ils savent seulement que maître Martin mange volontiers les vieux soldats tout crus, quitte à se casser les dents sur leur nez d’argent. Ils connaissent l’histoire de l’invalide qui, ayant cru voir luire un louis neuf au pied de l’arbre où Martin avait grimpé tout le jour, descendit dans la fosse pendant la nuit pour se glisser jusqu’à la pièce jaune, la ramasser, et remonter plus riche de vingt francs. Il ne remonta pas, l’Ours le croqua et le digéra ; on retrouva dans la digestion un bouton de tunique : c’était ce bouton de cuivre que l’invalide avait pris pour le louis d’or et fourré tout de même dans son gousset. Cette histoire fait le fond des conversations entre le tourlourou et la payse, le provincial et le Parisien, la grand’mère et le moutard, devant la fameuse fosse du Jardin des plantes. (A SUIVRE…) 

VALLÈS, Jules (1832-1885) : L’Ours (1882). 



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L’Ours 4

Posté par othoharmonie le 19 novembre 2011

Par Jules Vallès

L'Ours 4  dans OURS 250px-Black_Bear_CubJ’ignore si l’histoire est vraie ; Toussenel, dans son livre sur les bêtes, déclare n’en être pas sûr : mais il déclare aussi que, si vraiment l’invalide descendit près de l’Ours, il commit une impardonnable témérité en y descendant en uniforme. L’Ours Martin venait de l’étranger, d’un pays qui fut conquis par nos armes du temps de Napoléon. Reconnaissant sous l’habit militaire un de ceux qui avaient passé avec l’insolence du vainqueur devant la cage où il jouait quand il était petit, Martin avait cru accomplir un devoir plutôt qu’une ribotte en avalant le vieux soldat : claquement de mâchoires qui le vengeait du claquement du drapeau ennemi dans les rues de sa patrie et devant les grilles de son berceau !

Ce Martin doit être mort aujourd’hui. La légende de l’invalide remonte à une quarantaine d’années environ. Je ne crois pas que les Ours d’à présent auraient la même gourmandise. Je me figure même que toutes les histoires de férocité répandues à propos des animaux sauvages rentreraient dans le néant comme le pauvre homme dans la gueule de l’Ours, et seraient reconnues comme le louis d’or qui était un bouton de cuivre, si on y regardait d’un peu près, et si des sceptiques – pas trop gros – s’aventuraient dans des tête-à-tête avec ces fauves. Pauvres diables, depuis si longtemps emprisonnés, privés de l’odeur des bois ou du désert, dont les griffes et les pattes se sont usées sur le bois d’un plancher de cage, comme les pieds d’un concierge sur le carreau de sa loge, époussetés par les gardiens comme des peaux de voyage ou des descentes de lit !

Je les crois tous bons garçons : en tous cas, l’Ours n’a pas le masque menaçant et la marche fiévreuse des grands félins, Lions, Tigres, Panthères, qui ont parfois des clignements d’yeux et des bâillements qui font peur ; la queue se tord tout d’un coup comme un Serpent qui se dresse.

- Remue-t-il la queue ? demanda le dompteur Vanamburgh aux assistants, pendant que son grand Lion lui mâchonnait le crâne.

- Oui, répondirent les assistants terrifiés.

- Dites une prière pour moi ; je suis perdu…

Mais l’Ours n’a pas de queue, ou si peu que ce n’est pas la peine d’en parler, et ce qu’on en voit indique de l’espièglerie plutôt qu’autre chose. Cela fait songer au bout de chemise qui passe par la culotte des petits garçons. C’est gai, modeste et bon enfant.

Tout bien compté, l’Ours est un animal familier. En France, à coup sûr il est plutôt bête curieuse que bête sauvage. Nos aïeux même en ont fait, il y a longtemps, l’emblème de la patauderie vaniteuse.

Eh mon Dieu ! Jetez un coup d’oeil sur la fameuse satire cyclique du moyen âge, le Renard.

L’Ours Brun fait partie du conseil des ministres à la cour du roi Noble (le Lion). Ce Brun est un personnage grave, sournois, et gourmand. Voici son épopée :

 dans OURSLes sujets du roi Noble viennent se plaindre près de leur souverain des actions commises par maître Renard. Isengrin le Loup, son ami, l’accuse d’avoir abusé de son hospitalité pour séduire sa femme ; le Chat Hinzé réclame de son côté une andouille volée. Hennenq le Coq crie vengeance parce que le Renard lui a tué Gratte-Pied, la meilleure des couveuses, sa fille.

C’est alors que le roi convoque les plus sages du royaume à la tête desquels se trouve Brun. C’est lui qui est désigné spécialement pour remplir la mission délicate et dangereuse ; il est chargé de prévenir maître Renard que sous peine de mort il doit comparaître devant la cour royale :

- Soyez prudent, ajoute le roi, le Renard est faux et malin. Il n’est de ruses qu’il n’emploiera.

- Oh ! que nenni, réplique l’Ours avec assurance.

Et il part.

Il arrive devant Malpertuis, le château du Renard. La porte est fermée à triple verrou.

- Mon neveu ! êtes-vous à la maison ? C’est Brun l’Ours qui vient de la part du roi.

Le Renard a de la méfiance, ayant des remords, il regarde si l’Ours est bien venu seul, finit par se tranquilliser et fait entrer le messager royal :

- Soyez le bienvenu, mon cher oncle, pardonnez-moi si je vous ai fait attendre ; je lisais mon bréviaire. J’irai voir le roi bientôt, mais aujourd’hui je suis réellement trop indisposé.

- Qu’avez-vous ?

- J’ai trop mangé de miel.

- Trop de miel… mais je l’aime bien, le miel ! dit l’Ours en se léchant la moitié de la tête avec un air béat.

Le Renard sourit et l’entraîne chez le charpentier Portevyl.

Il lui fait voir un tronc d’arbre fendu baillant de la longueur d’une aune.

- Mon oncle, il y a dans cet arbre du miel, et plus que vous ne le croyez, fourrez-y votre museau le plus profondément que vous pourrez… Vous allez voir !

220px-Grizzly_Bear_YellowstoneL’Ours se laisse enjôler, il glisse sa tête jusqu’aux oreilles dans la fente et même y enfonce ses pattes de devant. Le Renard avait pris la précaution de mettre un coin de bois dans la fente ; il le retire alors, et voilà maître Brun pris, tête et pattes, comme dans un étau. Brun crie, beugle, pendant que le Renard retourne à son donjon.

Le charpentier, à ce bruit, se lève, aperçoit l’Ours pris au piège ; il ameute les villageois ; qui frappent à coups de pierre et de bâton sur tout ce qu’on voit de maître Brun. L’Ours s’évanouit. Les paysans l’arrachent du tronc, les oreilles déchirées et saignantes, la peau crevée, et ils le jettent à l’eau.

- Le soleil a-t-il vu un animal plus en détresse que moi ! pense l’Ours qui est parvenu à sortir de la rivière et s’est assis sur son cul au bord de l’eau.

Il se remet en route, clopinant, et reparaît devant le roi.

- Est-ce bien brun que je vois ! s’écrie le monarque.

L’Ours ne peut articuler un mot.

- C’est une trahison du Renard ! Peut-on avoir traité si noble seigneur d’une pareille manière !

Cette fois on enverra le Chat Hinzé pour porter le message.

Le Renard est traîné enfin devant le roi, et condamné à périr par la corde. Rentrée de maître Brun, qui passe bourreau. C’est lui qui conduira le coupable à la potence.

Mais du haut de l’échelle le Renard harangue la foule : il est prêt, dit-il, à faire des révélations importantes. Le roi donne l’ordre de surseoir à l’exécution.

Que va dévoiler le Renard ? Une conspiration contre le roi dans laquelle est compromis le malheureux Brun, Ours-conseiller grave et intègre.

Le Renard obtient sa grâce. L’Ours doit s’éloigner de la Cour, bien heureux encore de n’être pas occis. Mais le récit du Renard était une calomnie. La vérité se fait jour. Maître Brun rentre en faveur auprès de son maître et reprend son rôle de nigaud, toujours bousculé mais toujours en place. (A SUIVRE…)

VALLÈS, Jules (1832-1885) : L’Ours (1882). 


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L’Ours 5

Posté par othoharmonie le 19 novembre 2011

Par Jules Vallès

L’Ours n’est cependant pas partout un personnage épais et gourmand dont on se moque, au moyen âge, comme d’un bourgeois de parlement.

L'Ours 5 dans OURS 220px-Black_bear_tracksEn Suisse, les Bernois professent depuis des siècles une véritable vénération pour l’Ours.

Alexandre Dumas, dans son voyage en Suisse, raconte que s’étant arrêté devant une horloge de Berne, il entendit le Coq qui surmontait le clocher chanter trois fois d’une voix grinçante et vit quatre évangélistes en bois sortant chacun d’une niche pour aller frapper l’heure. Pendant que la cloche tintait, une procession d’Ours sortit à son tour d’un des coins de l’horloge, « les uns jouant de la clarinette, les autres du violon, celui-ci de la basse, celui-là de la cornemuse ; à la suite d’autres Ours, portant l’épée au côté, la carabine sur l’épaule, marchaient gravement, bannière déployée et caporaux en serre-file ».

L’Ours, à Berne, est encore représenté sous d’autres formes héroïques. Il est debout sur une fontaine, tenant un étendard à la main, couvert d’une armure de chevalier. A ses pieds est assis un ourson vêtu en page, qui mange gravement une grappe de raisin avec ses pattes de devant.

L’Ours est le patron de la cité.

Il n’y a pas seulement son effigie sur les blasons, les fontaines et les monuments, on voit à une des portes même de la ville des Ours vivants qui sont entretenus par les bourgeois de la ville et logés deux à deux dans de belles fosses dallées. Une vieille fille riche laissa soixante mille francs de rente aux Ours. Mais le trésor disparut dans le tourbillon révolutionnaire ; il fut confisqué par le général Brune après les combats malheureux de Straubrum et de Granhoiz. Cette somme fut remplacée par une souscription publique.

Pourquoi l’Ours est-il à Berne l’objet de ce culte particulier ? Voici ce que répond la légende :

Berne a été fondée en 1191 par un duc de Zerningen. A peine achevée, on lui chercha un nom. Pour le trouver, le seigneur rassembla la noblesse des environs. Un convive proposa de faire une chasse dans la montagne et de donner à la ville le nom du premier animal que l’on tuerait. Le lendemain on se mit en chasse, et un archer du duc abattit un cerf. Le duc fut vexé qu’un simple archer eût eu le premier l’honneur de viser si bien. Il prétendit que le cerf était trop timide pour donner le nom à une ville autant bastionnée.

Le soir on tua un Ours.  (A SUIVRE…)

VALLÈS, Jules (1832-1885) : L’Ours (1882). 



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création/animation d'Alice : ours écrivain

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L’Ours 6

Posté par othoharmonie le 19 novembre 2011

Par Jules Vallès

Alexandre Dumas a raconté dans ses Impressions de voyage en Suisse qu’étant descendu à l’hôtel de la Porte à Martigny, il eut l’occasion de goûter d’un bifteck d’ours qui faisait la réputation de l’hôtellerie.

L'Ours 6  dans OURS 220px-American_Black_Bear_close-upVoilà le récit de ce fameux dîner :

« Lorsque je rentrai dans la salle à manger, les voyageurs étaient à table : je jetai un coup d’oeil rapide et inquiet sur les convives ; toutes les chaises se touchaient et toutes étaient occupées, je n’avais pas de place !

» Un frisson me parcourut par tout le corps, je me retournai pour chercher mon hôte. Il était derrière moi. Je trouvai à sa figure une expression méphistophélitique. Il souriait…

» – Et moi, lui dis-je, et moi, malheureux ?…

» – Tenez, me dit-il, en m’indiquant du doigt une petite place à part, tenez, voici votre place, un homme comme vous ne doit pas manger avec tous ces gens-là.

» C’est qu’elle était merveilleusement servie, ma petite table. Quatre plats formaient le premier service, et au milieu était un bifteck d’ours, mince à faire honte à un bifteck anglais.

» Mon hôte vit que ce bifteck absorbait mon attention. Il se pencha mystérieusement à mon oreille :

» – Il n’y en aura pas de pareil pour tout le monde, c’est du filet d’ours, rien que cela !

» J’aurais autant aimé qu’il me laissât croire que c’était du boeuf.

» Je regardais machinalement ce mets si vanté, qui me rappelait ces malheureuses bêtes que, tout petit, j’avais vues, rugissantes et crottées, avec une chaîne au nez et un homme au bout de la chaîne, danser lourdement à cheval sur un bâton, comme l’enfant de Virgile ; j’entendais le bruit mat du tambour sur lequel l’homme frappait ; le son aigu du flageolet dans lequel il soufflait ; et tout cela ne me donnait pas,pour la chair tant vantée que j’avais sous les yeux, une sympathie bien dévorante, j’avais pris le bifteck sur mon assiette ; et j’avais senti à la manière triomphante dont ma fourchette s’y était plantée, qu’il possédait au moins cette qualité qui devait rendre les moutons de Mlle de Scudéri bien malheureux. Cependant j’hésitais toujours, le tournant et retournant sur les deux faces rissolées, lorsque mon hôte qui me regardait sans rien comprendre à mon hésitation, me détermina par un dernier : Goûtez-moi cela et vous m’en direz des nouvelles.

» En effet j’en coupai un morceau gros comme une olive, je l’imprégnai d’autant de beurre qu’il était capable d’en éponger, et, en écartant mes lèvres, je le portai aux dents, plutôt par mauvaise honte que dans l’espoir de vaincre ma répugnance. Mon hôte, debout derrière moi, suivait tous mes mouvements avec l’impatience bienveillante d’un homme qui se fait un bonheur de la surprise que l’on va éprouver. La mienne fut grande, je l’avoue. Cependant je n’osai tout à coup manifester mon opinion. Je craignis de m’être trompé ; je recoupai silencieusement un second morceau d’un volume double à peu près du premier ; je lui fis prendre la même route avec les mêmes précautions et quand il fut avalé :

» – Comment, c’est de l’ours ? dis-je.

» – Parole d’honneur.

» – Eh bien, c’est excellent.

220px-Spiritbear dans OURS» Au même instant on appela à la table mon digne hôte, qui, rassuré par la certitude que j’avais fait honneur à son mets favori, me laissa en tête à tête avec mon bifteck. Les trois quarts avaient déjà disparu lorsqu’il revint, et, reprenant la conversation où il l’avait interrompue.

» – C’est, me dit-il, que l’animal auquel vous avez à faire est une fameuse bête… pesant au moins trois cent vingt !

» – Beau poids.

» Je ne perdais pas un coup de dent.

» – … Qu’on n’a pas eu sans peine, je vous en réponds.

» Je portai mon dernier morceau à ma bouche.

» – Ce gaillard a mangé la moitié du chasseur qui l’a tué…

» Le morceau me sortit de la bouche comme repoussé par un ressort.

» – Que le diable vous emporte ! dis-je, en me retournant de son côté, de faire de pareilles plaisanteries à un homme qui dîne.

» – Je ne plaisante pas, monsieur, c’est vrai comme je vous le dis. »

Eh bien ! cette histoire de bifteck d’ours qui devint rapidement populaire en 1832 n’était qu’une mystification. Voici ce que Dumas raconte dans son Grand Dictionnaire de cuisine, oeuvre posthume, à l’article OURS. (A SUIVRE…)

 

VALLÈS, Jules (1832-1885) : L’Ours (1882). 



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Texte établi sur un exemplaire (BmLx : nc) de l’ouvrage Les Animaux chez eux illustré par Auguste Lançon (1836-1887) paru chez L. Baschet à Paris en 1882

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L’Ours 7

Posté par othoharmonie le 18 novembre 2011

Par Jules Vallès

« Il y a peu d’hommes de notre génération qui ne se rappellent l’effet que produisirent les premières Impressions de voyage, quand on y lut l’article intitulé : le Bifteck d’Ours. Ce fut un cri universel contre le hardi narrateur qui osait raconter qu’il y avait des endroits de l’Europe civilisée où l’on mangeait de l’Ours.

L'Ours 7  dans OURS 200px-Knut_IMG_8095» Il eût été plus simple d’aller chez Chevet et de lui demander s’il y avait des jambons d’Ours.

» Il eût demandé sans étonnement aucun : « Est-ce un gigot du Canada ; est-ce un gigot de Transylvanie, que vous désirez ? » Et il eût donné celui des deux gigots qu’on lui eût demandé.

» J’aurais pu à cette époque, donner aux lecteurs le conseil que je leur donne aujourd’hui, mais je m’en gardai bien ; il se faisait du bruit autour du livre, et c’était, à cette époque où j’entrais dans la carrière littéraire, tout ce que je demandais.

» Mais, à mon grand étonnement, celui qui eût dû être le plus satisfait de ce bruit, l’aubergiste de Martigny, en fut furieux ; il m’écrivit pour me faire des reproches, et il écrivit aux journaux afin qu’ils eussent à déclarer en son nom qu’il n’avait jamais servi d’Ours à ses voyageurs ; mais sa fureur alla toujours augmentant, chaque voyageur qui arrivait chez lui, lui demandait pour première question :

» – Avez-vous de l’Ours ?

» Si l’imbécile eût eu l’idée de répondre oui, et de faire manger de l’âne, du cheval ou du mulet au lieu d’Ours, il eût fait sa fortune. »

Dumas, après cet aveu, donne la recette pour la cuisson de l’Ours.

paire-de-l-ours-brun_46598 dans OURS« La chair de l’Ours est mangée aujourd’hui par tous les peuples de l’Europe. Dès l’antiquité on regardait les pieds de devant comme la partie la plus délicate de l’animal, les Chinois les estiment beaucoup, et en Allemagne où la chair de l’Ourson est très estimée, les pieds de devant font les délices des gens riches.

» Voici, d’après Urbain Dubois, cuisinier en Prusse, comment se servent les pieds à Moscou, à Saint-Pétersbourg et dans toute la Russie.

» Les pattes s’y vendent tout écorchées ; on commence par les laver, les saler, les déposer dans une terrine, les couvrir avec une marinade cuite au vinaigre, les faire macérer pendant deux ou trois jours ; ensuite il faut foncer une casserole avec des débris de lard et de jambon ainsi que des légumes émincés ; on range alors les pattes d’Ours sur les légumes ; on les mouille à couvert avec une marinade et du bouillon ; on les couvre avec des bardes de lard, on les fait cuire sept à huit heures à feu très doux en allongeant le mouillement à mesure qu’il réduit ; quand les pattes sont cuites on les laisse refroidir dans leur cuisson ; on les égoutte, on les éponge, on les saupoudre de cayenne, on les roule dans du saindoux fondu, on les panne et on les fait griller une demi-heure à feu très doux, puis on les dresse sur un plat au fond duquel on a versé une sauce piquante réduite et finie avec deux cuillerées de gelée de groseille. »

Avis aux amateurs ! (A SUIVRE….)

 

VALLÈS, Jules (1832-1885) : L’Ours (1882). 



Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (04.II.2009) Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
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8

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L’Ours 8

Posté par othoharmonie le 18 novembre 2011

Par Jules Vallès

L’Ours a sa cage même au théâtre.

L'Ours 8  dans OURS 250px-OursBlanc_Zoo_de_La_Fl%C3%A8che« Un Ours, en argot de comédiens, est une pièce qui brille par son absence d’intérêt, de style, d’esprit et d’imagination et qu’un directeur de théâtre bien avisé ne joue que quand il ne peut pas faire autrement – comme autrefois, aux cirques de Rome, on ne faisait combattre les Ours que quand il n’y avait ni Lions, ni Tigres, ni Éléphants. » Telle est là définition de Delvau. Joachim Duflot explique l’origine de cette impression. « Tout le monde, dit-il, se souvient de cette farce désopilante appelé l’Ours et le Pacha, que le théâtre des Variétés joua cinq cents fois au moins. Le père Brunet représentait le pacha blasé qui veut qu’on l’amuse ; Odry jouait le montreur de bêtes répétant à tout propos : Prenez mon Ours. Ces trois mots obtinrent une telle vogue au théâtre, que les directeurs, à l’aspect d’un auteur qui tenait un manuscrit, lui disaient de loin : « Vous voulez m’amuser, vous m’apportez votre Ours, c’est une pièce charmante, faite pour le théâtre. – C’est bien ce que je pensais, prenez  mon Ours ! » Depuis ce temps, l’Ours est un vaudeville ou un mélodrame qui a vieilli dans les cartons. »

Que nous les aimons nos bonshommes d’Ours, tels que nous les voyons installés dans la fosse du Jardin des Plantes, dans la ménagerie pauvre, ou encore au coin du feu d’auberge où, comme des chiens, ils se tiennent, les pattes dans la cendre, près de leur montreur en sabots et en bonnet de laine.

Il y en a même qui, sans avoir été pris au piège, sans avoir été domptés, sans avoir subi l’anneau dans le nez et la muselière sur la gueule, sans se faire prier, sont venus, un beau soir d’hiver, prendre place au foyer de quelque paysan des Vosges ou du Jura. Ils ont trouvé la porte ouverte, sont entrés et on ne les a pas chassés, parce qu’ils ne demandaient qu’un coin pour y grogner en rêvassant, quelques os ou quelques feuilles à mâcher pour vivre. (A SUIVRE…) 

 

VALLÈS, Jules (1832-1885) : L’Ours (1882). 

 



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L’Ours 9

Posté par othoharmonie le 18 novembre 2011

Par Jules Vallès

L'Ours 9  dans OURS 200px-IvoireJeuxCirqueConstantinopleMus%C3%A9eCluny2On raconte à Saint-Claude l’histoire d’un Ours qui, pendant des années, est venu, dans la saison mauvaise, gratter avec ses pattes à l’huis d’une cabane qui s’ouvrait et le gardait jusqu’au jour, où il reprenait le chemin de la montagne, silencieux et tranquille, sans dire au revoir. Mais on savait qu’il reviendrait, les enfants l’attendaient. Une année il ne revint pas. C’est qu’il était mort.

J’ai moi-même, en Angleterre, mangé la soupe chez des montreurs d’Ours, qui avaient démuselé leurs bêtes pour leur donner leur part du maigre repas qu’elles avaient gagné en faisant la culbute et en valsant sur les planches de quelque café-concert, ou dans la fange de quelque faubourg de Londres. Il était impossible d’en avoir peur : on se sentait même pris d’une pitié naïve pour ces cabotins à quatre pattes, qui ont aussi leur Roman comique, plein de soirées où le dîner se fait attendre, et où le maître, déguenillé et grelottant, dort contre son Ours, dans le creux d’un chemin, sous la lune. Il a fallu d’abord donner son souper au velu, et voilà pourquoi l’homme est si hâve et parait si las. Il ne lui est resté qu’une croûte après que l’Ours a eu fini ; mais c’est toujours du pain bien noir, celui dont vivent les pauvres bêtes qui dansent ou luttent dans les foires !

Il n’y a plus beaucoup de luttes entre hommes et Ours. Jadis, il ne se passait pas une fête de paroisse où l’on ne vît de ces combats qui tenaient les enfants enchaînés au spectacle tout comme la bête à son lien de fer, jusqu’à ce que les lutteurs roulassent sur la poussière ; c’était souvent la terre détrempée et sale ; l’athlète et l’Ours avalaient de la boue pour avoir le droit, au bout de la journée, de casser une croûte.

250px-Ursus_maritimus_Steve_Amstrup dans OURSParfois, quand la misère était trop grande, le montreur demandait à l’animal un sacrifice : il fallait qu’il se laissât mordre et labourer de coups de dents par des chiens qu’on jetait sur lui !

Heureusement le paletot de l’Ours est épais, si épais que, serait-il décousu de tous côtés, il faudrait mettre des lunettes pour voir les déchirures, et on a toujours un peu envie de rire devant un Ours, même s’il a le derrière tout mordu, même s’il a des balles dans la peau. Il a sans cesse l’air de digérer ou de rigoler. Il est condamné, de par sa conformation, à des mouvements de repu qui flâne ou s’endort ; la place rouge marquée par une blessure dans le gros de la toison ferait plutôt l’effet d’une petite faveur rose comme on peut en mettre à la queue d’un chien savant : la pesanteur de son derrière, le mauvais équilibre de son corps, le trop court de ses pattes, lui donnent, jusque dans l’agonie, la mine d’un magot qui se balance, et, avec son remuement de tête éternel, on dirait qu’il crache une arête, alors qu’il serait en train de vomir sa vie. Il est comme les hommes gras qui demandent des secours dans les mairies. On leur rit au nez : on ne peut pas croire que la faim loge dans cette bedaine. L’Ours est victime de la même fatalité : Ananké ! Puis cette absence de queue ! On ne sait jamais ce qu’il pense ! (A SUIVRE…) 

 

VALLÈS, Jules (1832-1885) : L’Ours (1882). 



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L’Ours 10

Posté par othoharmonie le 18 novembre 2011

Par Jules Vallès

L'Ours 10  dans OURS 230px-Spectacled_Bear_-_Houston_ZooL’Ours devait fournir le bonnet à poil de la Garde nationale bourgeoise. Il ressemble par plus d’un côté au garde national classique, tel que les caricatures l’ont dessiné dans l’histoire : il fait le beau et le malin. Mais au moment où il s’y attend le moins et quand il est en train de se frotter les pattes, il reçoit des atouts sur le museau ou dans l’arrière-train comme les compagnies d’élite reçoivent, dans le derrière, des émeutes ou des révolutions.

L’Ours cassant le nez de son bienfaiteur, en voulant tuer une mouche sur son front, est tout à fait le représentant de sa race, comme le Bonnet à poil de 1848 était le représentant de la sienne. Ce pavé de Lafontaine a été ramassé par Jérôme Paturot, qui le porta aux barricades sur laquelle la République planta son drapeau ; cette République dont il ne voulait pas, mais qui était entrée dans la peau de la Réforme dont il voulait ! Je ne fais pas de politique, mais je constate la ressemblance. Je proteste aussi contre ceux qui appellent Ours l’homme grossier et dur, solitaire et farouche, dont l’Alceste du Misanthrope peut fournir le type. – Type laid et brutal, tandis que l’Ours que je connais est gai, musard et bêta.

Regardez les dessins de Lançon ! Voyez avec quels airs de sérénité ces petits oursins s’étirent et se pelotonnent cherchant une bonne place pour dormir ou rêver ; énormes bébés souriant de leur gueule entr’ouverte et de leurs yeux clignotants au sommeil qui vient ou au gâteau qui va venir.

Mais qui donc a pris l’Ours pour symbole du redresseur de torts, de l’indomptable, – du tribun ?

Danton, l’Ours montagnard, se laisse museler.

Ours brun, Parc animalier des Pyrénées, 2005Ce vers d’Hégésippe Moreau  rapetisse Danton et ne fait pas de bien à l’Ours. « De l’audace, encore de l’audace, » criait le montagnard. L’Ours, s’il pouvait parler, dirait : « Du miel, encore du miel ! Des petits pains, toujours des petits pains ! »

Ou bien, derrière le tzigane pauvre et qu’il aime comme un vieux chien son maître, il dirait : « Un sou, encore un sou ! » pour avoir de quoi manger la veille de la fête et bien travailler le jour de la foire.

Mais, je vous le dis, s’il ressemble à quelqu’un, c’est à Bobèche ou à Paturot, à un Bobèche en veste de grosse laine et en chaussons fourrés – ou à un Paturot, faiseur de farces où il s’englue, dodelinant de la tête, barytonnant de la gueule, avec des mines de penseur et des mouvements de cou d’avocat – comique au fond, méchant seulement quand on touche à son miel gagné ou volé. L’Ours aussi devient cruel quand il a faim ; alors, il fond sur n’importe qui, le mutile et le tue. Je me figure qu’il doit encore être un assassin grotesque, et perdre l’équilibre en secouant sa victime, comme les bourgeois perdent la raison les soirs de victoire, et achèvent les blessés à coups de parapluie. Ces mêmes gens savent mourir grandement à certaines heures, mourir debout, bien droits, bien fiers au nom de la patrie ! Ce bourgeois d’Ours fait de même. On dit que quelquefois, quand il se sent perdu, ne luttant plus, ne grognant pas, il se dresse sur ses pattes, géant muet, et regarde en face et sans bouger la mort qui va lui arriver par un coup de fusil ou un coup de couteau dans le coeur.  (FIN).

 

VALLÈS, Jules (1832-1885) : L’Ours (1882). 



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Message de L’OURS

Posté par othoharmonie le 18 novembre 2011

  

= INTROSPECTION

Ours…
Invite-moi dans cette caverne
Où tes sages réponses
S’imprègnent dans le silence.
 


 Helarctos malayanus La force de la médecine de l’Ours réside dans sa puissance d’introspection. Cette médecine se situe à l’Ouest de la grande Roue de Médecine qu’est la vie. L’Ours recherche le miel, la douceur de la vérité, dans le creux d’un arbre. En hiver, alors que la Reine des neiges règne et marque de mort la face de la Terre, l’Ours hiberne. Il entre dans la caverne-matrice pour y digérer les expériences de l’année qui vient de finir. On dit que nos buts résident aussi à l’Ouest. Afin de réaliser les buts et les rêves qui nous animent, il faut absolument s’adonner à l’introspection. 

 

Pour imiter l’Ours et chercher refuge dans la sécurité de la caverne-matrice, nous devons harmoniser nos énergies avec celles de la Mère éternelle et nous alimenter au placenta du Grand Vide. Le Grand Vide, c’est l’endroit où toutes les solutions et toutes les réponses vivent en harmonie avec les questions qui accompagnent nos réalités. Si nous choisissons de croire que la vie suscite de nombreuses questions, il nous faut aussi croire que les réponses habitent en nous. Chaque être détient la capacité de faire le calme, d’entrer dans le silence et de savoir


Dans plusieurs tribus, cet espace du savoir intérieur se nomme la loge du Rêve : là où la mort de l’illusion de la réalité physique recouvre l’étendue vaste et abondante de l’éternité. C’est dans cette loge du Rêve que nos ancêtres siègent au Conseil et nous renseignent sur tous les chemins possibles qui peuvent mener à nos buts. Voilà le pouvoir de l’Ours. 

 

Depuis des siècles, l’énergie réceptive féminine, issue de celle de l’Ours, a permis aux visionnaires, aux mystiques et aux chamans de prophétiser. En Inde, on parle de la caverne de Brahma, ce qui est en fait la glande pinéale (l’épiphyse) au centre des quatre lobes du cerveau. Si on imagine le dessus de la tête, on voit un cercle où le front est au Sud, l’arrière du crâne au Nord, le cerveau droit à l’Ouest et le cerveau gauche à l’Est. 

 

L’Ours est à l’Ouest, le côté intuitif qui loge dans le cerveau droit. Pour hiberner, l’Ours voyage vers la caverne au centre des quatre lobes où se situe la glande pinéale. Dans cette grotte, l’Ours rêve tout l’hiver pour trouver réponse à ses questions et il réapparaît au printemps, avec l’éclosion des fleurs. 

 

Depuis des temps immémoriaux, tous les chercheurs de rêves et de visions ont fait taire les bavardages intérieurs pour cheminer en silence et atteindre le lieu des rites de passage – le canal ou la glande pinéale. De la caverne de l’Ours, vous pouvez prendre la route vers la loge du Rêve et vers les autres instances de l’imagination et de la conscience. Par cette carte de l’Ours, la puissance de savoir vous invite à entrer dans le silence et à faire connaissance avec la loge du Rêve afin que vos buts se concrétisent. Voilà la force de l’Ours.

À L’ENVERS : 

 

 Melursus ursinusSi vous avez tiré l’Ours à l’envers, le bourdonnement intérieur de vos pensées brouille peut-être la perception de vos buts. Par votre recherche de réponses toutes faites, vous avez peut-être mis de côté vos propres sentiments et votre propre savoir. Le temps est venu de reprendre les choses en main puisque vous savez mieux que tout autre ce qui est approprié et opportun pour votre évolution. Recouvrez votre puissance de savoir. Cherchez la joie dans le silence et la richesse des entrailles de la mère. Laissez disparaître les idées confuses à mesure que la clarté émerge de l’Ouest, nourrissant vos rêves comme la Terre-Mère nous nourrit tous. 

 

L’Ours en sens contraire vous enseigne que vous seul, en tant que votre propre conseiller, pouvez atteindre vos vrais buts. Vous vous devez d’accomplir ce qui vous apporte le plus de joie ; tout le reste n’est qu’abnégation et rejet. Pour atteindre le bonheur, vous devez d’abord vous connaître. Cela veut dire connaître votre corps, votre intellect et votre esprit. Utilisez vos forces pour dépasser vos faiblesses et sachez que force et faiblesse sont nécessaires à votre évolution. 

 

Voyagez avec l’Ours vers la tranquillité de la caverne et hibernez en silence. Rêvez et appropriez-vous vos rêves. Vous aurez alors la force nécessaire pour découvrir le miel qui se cache dans l’Arbre de Vie. 

 

Les Carte-Médecine : découvrir son animal-totem de James Sams et David Carson
Illustrations de Angela C. Werneke – Amrita 1997

Message de L'OURS dans OURS animaux-ours-00093

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L’Ours noir

Posté par othoharmonie le 17 novembre 2011

    Ursus americanusL’ours noir (Ursus americanus) ou Baribal est l’ours le plus commun en Amérique du Nord. Il se rencontre dans une aire géographique qui s’étend du nord du Canada et de l’Alaska au nord du Mexique, et des côtes atlantiques aux côtes pacifiques de l’Amérique du Nord. Il est présent dans un bon nombre d’États américains et dans toutes les provinces canadiennes. Il préfère les forêts et les montagnes où il trouve sa nourriture et peut se cacher. La population d’ours noirs était sans doute de deux millions d’individus autrefois. Aujourd’hui, l’espèce est protégée et on estime qu’il existe entre 500 000 et 750 000 ours noirs sur ce continent.

Plus petit que l’Ours brun et l’Ours blanc, cet animal présente une couleur de fourrure plus ou moins foncée selon les régions allant du noir au blanc (la fourrure blanche est provoquée par un caractère récessif), en passant par le rougeâtre et le gris argenté. On le nomme donc à tort « ours noir ». 16 sous-espèces, dont certaines menacées, sont reconnues. L’Ours noir n’hiberne pas au sens strict, mais passe l’hiver dans un état de somnolence en vivant sur ses réserves de graisses accumulées pendant l’automne. Il est omnivore, même si son régime alimentaire est dominé par les végétaux. Contrairement aux idées reçues, l’Ours noir est un bon nageur et il grimpe facilement aux arbres pour échapper à un danger. Longtemps chassé pour sa fourrure, il subit aujourd’hui la réduction de son milieu naturel.  Black bear large.jpg

Les ours noirs sont capables de se tenir debout et de marcher sur leurs pattes arrières : celles-ci sont légèrement plus longues (13 à 18 cm) que les pattes avant. Chaque patte est dotée de cinq doigts avec des griffes non rétractiles utilisées pour déchirer, creuser, gratter le sol et grimper aux arbres. Un coup d’une patte avant suffit à tuer un cerf adulte. 

 L’Ours noir possède de petits yeux généralement de couleur noir, des oreilles arrondies, un long museau pointu de couleur brune, des naseaux allongés et une queue relativement courte (8-14 cm). Ses yeux sont marrons. Sa vision n’est pas particulièrement bonne mais les expériences montrent qu’elle lui permet de distinguer les couleurs. En revanche, son ouïe et son odorat sont très développés ; sa langue agile et ses lèvres mobiles lui permettent de manger de petites baies et des fourmis. Enfin, son profil facial droit et son museau pointu le différencient du Grizzli qui vit aussi en Amérique du Nord. L’Ours noir est en outre plus petit et ne possède pas de bosse entre les épaules. 

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L’ Ours Blanc

Posté par othoharmonie le 17 novembre 2011

 

L' Ours Blanc dans OURS 350px-Eisb%C3%A4r_1996-07-23L’ours blanc (Ursus maritimus) ou ours polaire (de l’anglais polar bear) est un grand mammifère carnivore originaire des régions arctiques. C’est, avec l’ours kodiak, le plus grand des carnivores terrestres et il figure au sommet de sa pyramide alimentaire. 

 

Parfaitement adapté à son habitat, l’ours blanc possède une épaisse couche de graisse ainsi qu’une fourrure qui l’isolent du froid. La couleur blanche de son pelage lui assure un camouflage idéal sur la banquise et sa peau noire lui permet de mieux conserver sa chaleur corporelle. Pourvu d’une courte queue et de petites oreilles, il possède une tête relativement petite et fuselée ainsi qu’un corps allongé, caractéristiques de son adaptation à la natation. 

 

L’ours blanc est un mammifère marin semi-aquatique, dont la survie dépend essentiellement de la banquise et de la productivité marine. Il chasse aussi bien sur terre que dans l’eau. 

 

Cette espèce vit uniquement sur la banquise autour du pôle Nord, au bord de l’océan Arctique. En raison du réchauffement climatique et du bouleversement de cet habitat, les populations d’ours blanc sont globalement en déclin et l’espèce est considérée comme en danger. On estime que la population d’ours blancs du monde compterait entre 20 000 et 25 000 individus. 

Animal charismatique, l’ours blanc a un fort impact culturel sur les peuples inuit, qui dépendent toujours de sa chasse pour survivre. Il a également marqué la culture populaire via certains de ces représentants comme Knut, ou encore l’art avec la sculpture d’ours blanc réalisée par François Pompon

 

L’ours blanc possède la morphologie d’un ours typique : un corps imposant, une fourrure abondante, une grande tête rectangulaire, de petites oreilles arrondies, une courte queue et des pattes puissantes et épaisses. Ses yeux, son museau, ses lèvres, sa peau et ses coussinets sont noirs. Sa principale particularité est d’être le seul ours à manteau blanc. 

 

Par rapport à l’ours brun, l’ours blanc a un corps plus long, tout comme son cou et son crâne, mais des oreilles plus petites. Le profil de l’ours blanc est également différent, avec un museau plus proéminent. 

 

300px-Polar_Bear_Mother_and_Cubs_detail dans OURSLes ours blancs sont des animaux solitaires. Excellents nageurs grâce à leur couche de graisse, ils peuvent être vus en pleine mer à des centaines de mètres de toute terre. Ils nagent en utilisant leurs pattes avant pour se propulser et leurs pattes arrières comme gouvernail. Le pelage se gonfle d’air pour augmenter la flottaison. Sous l’eau, les yeux restent ouverts mais les narines se ferment, ils peuvent ainsi retenir leur respiration jusqu’à deux minutes. 

 

L’ours blanc est si bien isolé qu’il lui arrive de souffrir de la chaleur. Ainsi, il se prélasse parfois sur la glace pour se refroidir ; sur terre, il peut creuser à la recherche de la couche de permafrost plus froide sous le sol.

 

 

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Le mythe de l’Ours Arthur

Posté par othoharmonie le 17 novembre 2011

 

Le mythe de l'Ours Arthur  dans OURS 150px-Polarbrown-1Etymologiquement, le nom gallois Arthur est dérivé du nom de l’ours (arto-s)  par un britannique ancien (artoris) dans lequel seul le suffixe est d’origine latine. Arthur est le « roi » par excellence et son pouvoir temporel s’oppose symboliquement à l’autorité spirituelle (représentée par le sanglier) dans l’épisode légendaire de la chasse. 

 

L’idéal chevaleresque de la quête du Graal, largement repris et exploité par les littératures médiévales, insulaires ou continentales, correspond en effet à une prédominance de la classe guerrière. 

 

Par voie de conséquence, le roi Arthur de l’histoire, transposé dans la légende de mystérieusement endormi dans l’Ile d’Avalon (localisation de l’Autre-Monde), catalyse toutes les aspirations politiques des petites nations celtiques du Moyen-Age : les Gallois et les Bretons attendent qu’ils viennent les délivrer de la domination étrangère, ce qu’il ne manquera pas de faire avant la fin des temps.

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Signe de l’Ours

Posté par othoharmonie le 13 novembre 2011

 

Le signe de l’Ours est le même que le Cochon (signe) le Porc (signe) et le Sanglier (signe)

 

Signe de l'Ours dans OURS 220px-Ursa_Major_%28Bode%29L’ours est quelqu’un d’adorable et très apprécié par son entourage, même dès le premier contact. Il est joyeux, positif et généreux.

Il connaît bien les limites des choses. Galant, serviable, sociable sans être étouffant. Il est également quelqu’un de fiable, il ne trahit jamais et ne trompe jamais personne. Tout simplement parce que L’ours est simple, sincère et parfois naïf. Pour certains, le cochon incarne la pureté et l’honnêteté.

Il a une vision de la vie simple et modeste. L’ours accepte les problèmes, les défaites avec sérénité. Il tolère également les défauts chez les autres avec beaucoup de compréhension. En compétition, le cochon est bon joueur, patient et persévérant. Il va toujours jusqu’au bout et conserve sa loyauté en toute circonstance.

Le cochon est intelligent mais il n’est pas malin, souvent maladroit. Il aime se cultiver mais par manque de concentration, il n’arrive pas souvent à vraiment maîtriser un sujet. Il connaît beaucoup de choses mais souvent que superficiellement.

220px-Polarbrown-1 dans OURSLe cochon a beaucoup de compassion pour les autres, il est toujours prêt à intervenir pour aider ses amis, ses proches. Dans la vie quotidienne, le cochon est quelqu’un de très agréable à côtoyer. Il est discret mais c’est quelqu’un qui inspire la confiance et avec lequel les autres ont envie de nouer le contact. Il a peut-être peu d’amis mais il les garde tout au long de sa vie et il est prêt à faire des grands sacrifices pour eux.

Le cochon est aussi pensif. Il réfléchit beaucoup avant de prendre une décision et a tendance à remettre en question tout ce qui le concerne

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Ours de l’Arbre Celtique

Posté par othoharmonie le 13 novembre 2011

 

Ours de l'Arbre Celtique dans OURS 220px-Grizzly_Denali_CropL’ours est l’emblème ou le symbole de la classe guerrière et son nom (celt. Commun artos, irl. Art. gall. Arth, Nret, Arzh) se retrouve dans celui du souverain mythique Arthur (artoris, voir le syumbolisme d’Arthurà, ou encore dans l’anthroponyme irl. Mathgen (matugenos né de l’ours). Il s’oppose symétriquement au sanglier qui est le symbole de la classa sacerdotale. Dans le conte gallois de Kulhwch et Olwen, Arthur chasse le Twrch Trwyth et ses petits. Or cet animal est un sanglier blanc et la lutte, qui dure longtemps (neuf jours et neuf nuits), exprime la querelle du Sacerdoce et de l’Empire. 

 

Elle est inverse toutefois en Irlande dans le récit de la Mort des Enfants de Tuireann, où ce n’est plus le sanglier sacerdotal qui ravage les terres du souverain, mais les représentants de la classe guerrière qui assassinent Cian, le père de dieu Lug, caché sous 220px-Grizzly_Bear_Yellowstone dans OURSl’apparence d’un porc druidique. On a même n Gaule, une déesse Artio (à Berne, dont le nom est toujours celui de l’ours) qui, symboliquement marque mieux encore le caractère féminin de la classe guerrière. On peut noter aussi que les Gallois nomment cerbyd Arthur (« chariot d’Arthur ») les constellations à symbolisme polaire de la Grande et de la Petite Ours. 

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L’ours des cavernes

Posté par othoharmonie le 13 novembre 2011

 

 Reconstitution d'ours des cavernesL’ours des cavernes, ou Ursus spelaeus, est une espèce d’ours de grande taille qui a vécu au Pléistocène supérieur dans une grande partie de l’Europe, depuis le sud de l’Angleterre jusqu’au Caucase. Les mâles atteignaient 1,30 m au garrot et 3,50 m de haut en position dressée. Ils pesaient autour de 450 kg, le triple du poids d’un ours brun de taille moyenne. Outre la taille, les ours des cavernes sont faciles à différencier des ours bruns (avec lesquels ils ont coexisté pendant presque toute leur existence) par leur museau moins développé et leur front fuyant et bas. Leurs canines, même si elles sont bien développées, le sont beaucoup moins que leurs molaires puissantes, preuves d’un régime fondamentalement végétarien et avec un apport carné plus restreint que pour la majorité des ours. 

 

Les pattes avant sont plus longues et plus robustes que les pattes arrière, ce qui donne à l’animal un profil surbaissé à l’arrière-train. 

 

En mai 2005, des chercheurs de Californie sont parvenus (par séquençage) à analyser de l’ADN d’ours de cavernes extrait d’ossements découverts dans les Alpes et datant de plus de 40 000 ans. 

Comme les ours bruns, les ours des cavernes étaient des animaux solitaires. Après s’être réveillés au printemps de leur longue hibernation, ils passaient la bonne saison à se nourrir, essentiellement d’herbes, de fruits et de feuilles, qu’ils écrasaient avec leurs molaires puissantes. Le rut devait se produire en été, puisque les fossiles découverts indiquent que les oursons naissaient L'ours des cavernes  dans OURSpendant l’hiver, comme c’est le cas pour les autres espèces d’ours actuelles. À la fin de l’automne, les ours cherchaient des grottes où passer l’hiver. Si l’année avait été mauvaise, il n’était pas rare que l’ours mourût de faim pendant l’hibernation par manque de réserves. C’est précisément au fond des grottes qu’on a trouvé la plupart des restes d’ours des cavernes, et c’est la raison pour laquelle ils ont reçu leur nom. 

Les ours des cavernes devaient se battre avec de nombreux autres animaux pour se réserver un refuge où passer l’hiver : parmi eux de grands carnivores comme les ours bruns, les hyènes géantes et les lions des cavernes. Les grottes leur étaient aussi disputées par les hommes du Paléolithique, aussi bien les Néandertaliens que ceux de notre espèce. En outre, les découvertes archéologiques montrent que les ours des cavernes, malgré leur taille et leur force, servaient assez souvent de gibier quand les hommes partaient en chasse ; le gisement anglais de Boxgrove semble indiquer la grande ancienneté de cette pratique, puisque voici déjà 480 000 ans, les ancêtres des ours des cavernes (Ursus deningeri) pouvaient être victimes des ancêtres des Néandertaliens (Homo heidelbergensis). Les chasseurs évitaient d’affronter les mâles adultes trop puissants et réservaient leurs attaques aux jeunes et aux femelles

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Ours à lunettes

Posté par othoharmonie le 13 novembre 2011

 

Ours à lunettes dans OURS 230px-Spectacled_Bear_-_Houston_ZooL’ours à lunettes (Tremarctos ornatus) est le seul ursidé présent en Amérique du Sud. Il doit son nom aux marques claires qu’il porte autour des yeux. 

 

Tremarctos ornatus est l’unique espèce du genre Tremarctos 

 

C’est un animal non hibernant au régime alimentaire presque exclusivement végétarien, proche du panda géant. La femelle est mature à l’âge de 4 ans. L’accouplement se déroule d’avril à juin et les petits naissent de novembre à février. Les mâles peuvent peser de 100 à 175 kg, les femelles rarement plus de 70 kg. 

 

Cet ours est nocturne et crépusculaire. Il mange des baies, de l’herbe, de la canne à sucre, du maïs, des petits mammifères… En saison sèche, il se contente d’écorces. Il grimpe facilement aux arbres (jusqu’à 15 m), aidé par des griffes particulièrement adaptées et peut rester plusieurs jours dans le même arbre. Il y construit des nids de branches. 

 

Histoire 

 

 Un ours à lunettes au zoo de ZurichCet animal, comme d’autres habitants des Andes tel le tapir ou la souris nageuse des Andes, est un survivant de la dernière période glaciaire, il dispose d’une protection au froid très efficace. Dans la famille des ursidés, son plus proche parent est arctodus simus (l’ours à face courte), un ours d’Amérique du Nord disparu lors de la dernière glaciation. 

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Culte de l’ours

Posté par othoharmonie le 13 novembre 2011

 

L’existence d’un culte de l’ours religieux et symbolique dans les grottes préhistoriques est évoquée dès 1920. On retrouve plus tard ce culte dans de nombreuses sociétés d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Asie avec d’innombrables témoignages à l’appui. La question de son ancienneté au paléolithique moyen fait depuis plusieurs décennies l’objet d’un débat entre chercheurs et historiens : les sceptiques, comme André Leroi-Gourhan et Frédéric Édouard Koby, ne voient dans la présence d’ossements et de crânes d’ours aux côtés de ceux des hommes et dans certaines positions que des coïncidences ou le résultat de phénomènes taphonomiques, qui ont donné naissance à une légende. Le nombre d’ossements d’ours retrouvés dans ces grottes est toujours extrêmement important, mais la question demeure de savoir s’ils ont été amenés par les hommes, ou s’ils proviennent d’ours morts naturellement. 

 

 Selon Michel Pastoureau, des os et crânes d’ours semblent avoir été volontairement disposés de manières particulières, et « nier le fait que l’ours possédait un statut à part serait faire preuve de mauvaise foi », mais les préhistoriens opposés au culte de l’ours sont majoritaires au début du XXIe siècle.

 

Culte de l'ours dans OURS 320px-The_Scene_with_the_Bear

      

 

Le culte de l’ours est un culte religieux et symbolique. L’ours y symbolise la puissance, le renouveau et la royauté. Bien que la question de son ancienneté soit l’objet de nombreux débats, on retrouve trace de ce culte dans de multiples coutumes folkloriques incluant des danses, des chasses ritualisées, des chants et des ports de masques dans de multiples sociétés humaines, aussi bien en Europe qu’en Amérique du Nord ou en Sibérie. Image http://fr.wikipedia.org/wiki/Culte_de_l%27ours   

 

La plus ancienne trace connue d’association possible entre l’ours et la culture humaine figure dans la grotte du Regourdou, en Périgord et près de Lascaux, où l’on a retrouvé en 1965 une sépulture humaine datée de 80 000 ans avant notre ère et celle d’un ours brun sous une même dalle. Cette grotte fut alors vue par les préhistoriens comme « un véritable sanctuaire permettant de résoudre le problème du culte de l’ours », et selon une thèse soutenue par Christian Bernadac, cet animal aurait pu être le « premier dieu célébré par les hommes ». Au paléolithique supérieur, soit environ 30 000 ans avant notre ère, les preuves d’une association symbolique de l’ours avec l’homme sont plus solides, entre autres à la grotte Chauvet, en Ardèche, où des crânes d’ours probablement disposés volontairement de manière rituelle ont été retrouvés. La consommation de viande d’ours semble également avoir été courante.

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L’ours, animal sacré

Posté par othoharmonie le 13 novembre 2011

  

Pendant très longtemps, l’ours a suscité l’admiration et la fascination auprès des Hommes, au point que ceux-ci vouent à l’animal un véritable culte. Il faut savoir que bien avant le lion, et pendant des millénaires jusqu’au Moyen-âge, c’est l’ours qui était considéré comme le roi des animaux en Europe, surtout dans le nord et le nord-est du continent. 

  

 L’époque préhistorique 


 Ursus arctos crowtheriun intérêt tout particulier à l’ours, puisqu’ils ont eu la volonté de le représenter. Peut-être l’animal était-il Les dessins découverts dans les cavernes sont une preuve que les hommes préhistoriques portaient déjà même déifié… 

De plus, la première statue conservée datant de la préhistoire, retrouvée dans la grotte de Montespan, représente un ours. C’est la plus ancienne statue d’argile modelée découverte à ce jour.

Ces objets d’art permettent aux préhistoriens de penser aujourd’hui qu’il  existait certainement, à cette époque, une pratique cultuelle de l’ours chez les premiers hommes.

« Dans la grotte Chauvet, découverte en 1994 en Ardèche, les peintures d’animaux datent d’environ 32 000 ans. Au centre de la «salle du crâne», on a trouvé ce crâne d’ours, placé sur un piton rocheux. Autour de lui, en demi-cercle, une douzaine d’autres crânes. Doit-on supposer l’existence d’une «religion de l’ours» chez les hommes de Cro-Magnon ou de Neandertal ? C’est une question qui fait débat chez les préhistoriens. Or l’existence d’un culte de l’ours est attestée dans les sociétés antiques et le haut Moyen Age chrétien. Et toutes les mythologies européennes font de l’ours un animal à part – dieu ou ancêtre de l’homme. Ces cultes sont-ils hérités du paléolithique ? Ils témoignent en tout cas de l’éclairage que l’histoire peut apporter à la préhistoire. »
 

Michel Pastoureau, L’ours, histoire d’un roi déchu, Seuil, 2007. 

La mythologie grecque 


L'ours, animal sacré dans OURS 220px-Brown_Bear_Feeding_on_SalmonArthémis, déesse de la chasse (et des ours) a puni sa servante préférée, la nymphe Callisto, qui avait séduit Zeus alors qu’elle avait fait voeux de virginité pour servir sa maîtresse. Folle de rage, Arthémis transforma Callisto et son fils Acras, fruit de son union avec Zeus, en ours. Zeus, pour protéger Callisto et leur fils des chasseurs, les envoya dans le ciel et donna ainsi naissance à deux constellations : la Grande et la Petite Ours.

 

Les Germains 


Chez les Germains, l’ours est un animal admiré et vénéré, il est le plus fort de tous les animaux.
Le passage à l’âge adulte des jeunes se traduisait par un rite dans lequel les futurs guerriers, pour prouver leur courage, devaient affronter un ours en combat singulier, à mains nues. Les guerriers germains  prenaient des surnoms d’ours et portaient pour amulette des canines et des griffes d’ours. Au combat, ils étaient vêtus de peau d’ours. Pour eux, cet animal sauvage était le symbole de la guerre : ils cherchaient ainsi à capter sa force, qu’ils admiraient par dessus tout. 

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