Mouton d’Europe
Posté par othoharmonie le 22 février 2012
À partir de l’Asie du sud-ouest, l’élevage du mouton va se propager rapidement vers l’Europe. Pratiquement depuis sa création, la civilisation grecque antique avait fait du mouton son principal animal d’élevage et on dit que les animaux recevaient un nom propre. Les moutons scandinaves d’un type très proche de ceux d’aujourd’hui, avec une queue courte et une toison multicolore, sont apparus aussi dès le début de cette propagation. Plus tard, les Romains vont élever les moutons sur une large échelle et l’Empire a été un agent important dans la propagation de l’élevage du mouton sur l’ensemble du continent. Pline l’Ancien, dans son encyclopédie l’Histoire naturelle, parle longuement de mouton et de la laine. Déclarant « Merci beaucoup, aussi, d’avoir reçu les moutons, à la fois pour apaiser les dieux, et pour nous donner leur toison. », il poursuit en décrivant en détail les anciennes races de moutons et leurs nombreuses couleurs, la longueur et la qualité de leur laine. Les Romains ont également été les premiers à couvrir leurs moutons, en leur enfilant un manteau (aujourd’hui généralement en nylon) pour améliorer la propreté et la brillance de leur laine.
Pendant l’occupation romaine des îles britanniques, une grande usine de transformation de la laine a été créée à Winchester, en Angleterre, vers 50. En l’an 1000, l’Angleterre et l’Espagne étaient les épicentres de la production ovine dans le monde occidental. Comme les premiers éleveurs de moutons mérinos, qui ont historiquement dominé le commerce de la laine, étaient espagnols, l’Espagne s’est considérablement enrichie. L’argent rapporté par la laine a servi en grande partie à financer la politique des dirigeants espagnols et, par conséquent, les voyages vers le Nouveau Monde par les conquistadores. La puissante Mesta (son titre complet est Honrado Concejo de la Mesta, l’honorable Conseil de la Mesta) était une corporation de propriétaires de moutons formée essentiellement de riches marchands espagnols, du clergé catholique et de la noblesse qui contrôlaient les troupeaux de moutons mérinos Au XVIIe siècle, la Mesta représentait plus de deux millions de têtes de moutons mérinos.
Les troupeaux de la Mesta faisaient une transhumance saisonnière à travers l’Espagne. Au printemps, ils quittaient les pâturages d’hiver (invernaderos), en Estrémadure et en Andalousie pour aller paître sur les pâturages d’été (agostaderos) en Castille, avant de revenir à nouveau en automne. Les dirigeants espagnols désireux d’accroître leurs revenus accordaient des droits importants à la Mesta, souvent au détriment des paysans locaux. Les énormes troupeaux de mérinos avaient un droit de passage sur les routes de la transhumance (Cañadas). Villes et villages étaient obligés par la loi de laisser paître les troupeaux sur leurs terres et la Mesta avait sa propre police qui pouvait convoquer des personnes en infraction devant ses propres tribunaux. L’exportation de mérinos sans autorisation royale était également une infraction punissable, ce qui assura un quasi-monopole sur la race à l’Espagne jusqu’à l’invasion de l’Espagne par Napoléon Ier au début du XIXe siècle. Auparavant, en 1786, Louis XVI avait pu obtenir par un accord secret, un troupeau de mérinos de son cousin le roi d’Espagne qui a constitué la base pour la race de moutons Mérinos de Rambouillet (ou mérinos français). Après la fin de l’interdiction d’exporter, les moutons mérinos furent exportés dans le monde entier et l’élevage espagnol revint vers des races de mouton à laine grossière telles que la Churra, et perdit sa place sur le marché mondial de la laine.
Un événement important, non seulement dans l’histoire de l’espèce ovine domestique, mais de tous les animaux, est l’œuvre de Robert Bakewell dans les années 1700. Avant lui, l’amélioration des races était souvent basée sur le hasard, sans démarche scientifique pour la sélection des reproducteurs. Bakewell a établi les principes de la reproduction sélective, surtout l’élevage sélectif en ligne pour les moutons, les chevaux et les bovins. Son travail a influencé par la suite Gregor Mendel et Charles Darwin. Sa contribution la plus importante sur les moutons a été le développement de la race Leicester Longwool, une race à maturation rapide et de conformation trapue qui a été à la base de nombreuses races modernes. Aujourd’hui, l’importance de l’industrie du mouton au Royaume-Uni a diminué de manière significative
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