Bien que toutes les huîtres puissent sécréter des perles, les huîtres comestibles ne sont pas utilisées à ces fins. L’huître perlière appartient à une famille différente, les Pteriidae. Les perles produites naturellement ou en culture proviennent de cette famille d’huîtres.
La perle de nacre est fabriquée par l’huître quand un corps étranger (sable, larve…) s’immisce entre sa coquille et son manteau. Au fil des ans, ce corps étranger est recouvert de couches concentriques de carbonate de calcium qui cristallise sous forme d’aragonite, phénomène désigné sous le nom d’accrétion ; ceci finit par donner une perle. Seules l’huître perlière des mers chaudes (appelée aussi « pintadine ») et la moule perlière d’eau douce peuvent en fabriquer.
La perliculture désigne l’activité humaine qui consiste à cultiver les huîtres perlières, soit à les élever, à les greffer et à les entretenir pour en obtenir des perles de qualité.
Les premiers essais de culture des perles sont anciens : les Chinois introduisaient des statuettes de Bouddha dans les huîtres en guise de nucléus, les Araméens de petites figurines en terre cuite représentant des animaux. Le Suédois Carl von Linné et un Français font des essais, mais ce sont les Japonais To Kichi Nishikawa, Tatsuhei Mise et surtout Kokichi Mikimoto (1858-1954) qui réussissent à mettre la technique au point, et en font une industrie.
Beaucoup d’huîtres meurent après la greffe : environ dix pour cent immédiatement, et dix pour cent dans les deux ans. Un tiers des huîtres rejettent le nucléus et la nacre sécrétée par le greffon forme alors un keshi (graine de pavot en japonais), une sorte de perle manquée. Un cinquième des huîtres greffées produisent une perle inutilisable. Sur les trente pour cent de greffons donnant une perle utilisable, seul un pour cent font des perles parfaites.
Dans certaines variétés d’huîtres, on pose un noyau contre la coquille : c’est le mabé, une demi-perle enchâssée dans de la nacre. C’est Coco Chanel qui rendit ces mabés « populaires », montés en boucles d’oreille. Des recherches récentes ont permis de mettre au point une variété de mabés dont le noyau est scupté connus sous le nom d’Icônes de Tahiti. Ces gemmes sont cultivés en un temps record de 3 à 4 mois avec un taux de réussite allant jusqu’à 80 %.
Ce sont les perles de culture de tradition japonaise (mais il commence à s’en produire plus en Chine). Elles sont obtenues depuis plus d’un siècle par introduction d’un greffon dans des huîtres de mer (Pinctada fucata et Pinctada martensi), et font entre 2 et 9 mmde diamètre. Elles sont naturellement jaunes, vertes et crèmes, mais sont retraitées pour devenir champagne, blanches ou argentées.
Perles d’Australie (ou des Mers du Sud)
Produite par l’espèce Pinctada maxima. Elles sont parmi les plus solides et les plus grosses (le record est détenu par une perle de près de 3 centimètres de diamètre). Elles sont aussi obtenues selon la technique japonaise, et ont une grande variété de teintes (plus foncées en Australie et dans le Pacifique).
Perle de Tahiti, Mabé, Keshi et Icônes de Tahiti
La culture des perles produites par l’espèce Pinctada margaritifera de Polynésie a fait l’objet d’essais depuis les années 1920, mais c’est à partir de 1965, et grâce à l’aide de spécialistes japonais, qu’elle s’est vraiment développée. La perliculture constitue aujourd’hui une activité importante en Polynésie française, pratiquée dans les fermes perlières.
Les huîtres de Polynésie, variété Pinctada margaritifera, forment des perles dites « perles noires de Tahiti », qui est une AOC, dont les tons nacrés varient du vert à des coloris plus sombres ou plus clairs, en passant par des teintes tirant vers le violet. Le Japon en est le principal marché de consommateurs.
Lors de la greffe, la poche reproductrice de l’huître est incisée pour y déposer un petit morceau du manteau d’une autre huître. Les cellules issues de ce greffon de manteau se développent ensuite et tapissent la poche reproductrice. Ce sont ces cellules qui sécrètent la nacre qui forme habituellement la coquille. En même temps que ce greffon, un petit nucléus sphérique est introduit, généralement un morceau de coquillage, qui sert de noyau aux sécrétions du greffon qui forme plus tard une perle. Certains barèmes de qualités fixent que le nucléus devrait être recouvert d’une couche de nacre d’un minimum de 0,8 mm. Les taux de mortalité après greffes varient en fonction des exploitations et de l’expérience du greffeur, mais des taux de réussite habituels tournent aux alentours de 25 à 30 %.
Historiquement, des greffeurs Japonais étaient engagés lors des courtes périodes de greffe. Protégeant le secret de leurs techniques, ils entouraient leur travail de précautions, mais ces techniques furent néanmoins apprises par des Polynésiens. Il existe maintenant de nombreux greffeurs autochtones, et une école de greffe forme aujourd’hui de jeunes Polynésiens. Des greffeurs originaires de Chine, moins chers que leur confrères japonais, sont également régulièrement engagés.
Le Mabé se différencie de la perle par le procédé de fabrication. Au lieu de greffer l’huitre en y insérant un nucleus dans la poche reproductrice, un implant est collé à l’intérieur de la coquille de la nacre. Ainsi, le Mabé est récolté après qu’une couche de nacre l’ai recouvert. Contrairement à la perle qui, une fois récoltée laisse la possibilité de refaire une deuxième greffe, l’extraction du Mabé ne peut être faite qu’en le découpant de la nacre donc en sacrifiant l’animal.
À l’origine, les mabés n’étaient réalisés que sous des formes simples (larmes, cœurs, …) comme le montre l’illustration. Mais récemment, grâce à de nouvelles technologies mises au point par Paul Cross1, un spécialiste californien de la perle de Tahiti, on voit apparaitre toute une variété de motifs défiants l’imagination. Le premier né de cette nouvelle génération de mabés, connus aussi sous le nom d’Icônes de Tahiti, fut un mabé en forme du caractère de Disney, Mickey produit en 19982. Mais très rapidement, une diversité d’autres présentations ont vu le jour. On peut trouver ainsi des mabés en forme de dent de requins, de coquillages et même l’Oscar de Hollywood y a vu le jour.
Perles d’eau douce (ou de Chine)
Elles sont cultivées depuis le xiiie siècle en Chine, par l’introduction d’un morceau de manteau d’une moule, c’est-à-dire l’extrémité du corps de la moule qui fabrique la nacre, dans une autre moule d’eau douce. Les qualités sont variables, de laiteuse ou même sans éclat à brillante. Les tailles obtenues varient entre 2 et 13 mm de diamètre. La production annuelle atteint 800 tonnes.
Les perles d’eau douce ont connu une grande popularité grâce à leur variété de couleur et de forme, à leur abondance et à leur prix très intéressant. Leur taille varie en général de 2 à 13 mm. On en trouve des ternes, des laiteuses, d’autres qui ont un poli soyeux d’autres encore qui sont brillantes.
C’ est la moule d’eau douce Margaritifera margaritifera qui est élevée pour produire les perles d’eau douce. Il existe, pour ce type de perles, une très grande variété de formes, de couleurs, de tailles et de lustre. La grande variété de formes est due au fait que, contrairement aux autres coquillages perliers, les moules ne sont pas nucléonées. Nucléoner signifie que l’on introduit dans le coquillage un noyau appelé nucléon, sur lequel, suivant les variétés, le coquillage dépose de quelques dixièmes à quelques millimètres de nacre. Dans le cas des perles d’eau douce, ce sont des morceaux de manteau d’une autre moule d’eau douce que l’on glisse dans le manteau après incision. Jusqu’à cinquante par coquillage. De ce fait, la perle est totalement en nacre et beaucoup plus solide que les autres perles de culture, mais sa forme est très variable car elle n’est pas guidée dans son processus de croissance par une sphère.
Les moules sont remises en eau pour une période de deux à six ans. Plus on laissera de temps au mollusque, plus la taille des perles sera importante. Elle peut aller jusqu’à 16 mm. La capacité de ces coquillages à produire jusqu’à cinquante perles à la fois, combiné aux nombreuses fermes perlières qui se sont développées en Chine, explique les quantités importantes qui sont produites : 1 500 tonnes en 2007. D’où le coût bien moindre de ces perles, même si les plus belles atteignent désormais la qualité de leurs cousines d’eau de mer.
La qualité des perles dépend de la taille, de la sphéricité, du peu de défauts de surface et du lustre. Les perles d’eau douce ont un lustre très variable, de terne, voire laiteux, jusqu’à très beau et même éclatant. Il peut, pour les plus belles, égaler le lustre des perles d’Akoya. La technicité des Chinois a tellement évolué ces dernières années qu’il faut être spécialiste pour distinguer désormais à l’œil nu les plus belles perles d’eau douce de leurs voisines d’eau de mer.