Les abajoues sont des poches situées de part et d’autre de la tête de certains mammifères, entre la joue et la mâchoire, comme chez l’ornithorynque, certains rongeurs et la plupart des singes de l’Ancien monde. Elles servent le plus souvent à stocker momentanément de la nourriture avant de pouvoir la consommer ou la transporter dans une réserve.
le mot vient de « au bas des joues ».
Par agglutination de « la bajoue » le mot « abajoue » est souvent confondu avec « bajoue », mot servant à désigner la partie latérale du groin du cochon ou de la tête de veau, lorsqu’ils sont cuits.
En comparaison avec les animaux aux abajoues pleines, on parle aussi d’abajoues pour évoquer des joues humaines, volumineuses ou pendantes.
Abajoue passe dans l’argot à la fin du xixe siècle, pour désigner la face ou, par extension, les fesses..
Les abajoues sont situées dans l’épaisseur de la joue, des deux côtés de la bouche de certains mammifères. Chez les singes qui en possèdent elles s’ouvrent à l’intérieur de la cavité buccale mais elles s’ouvrent à l’extérieur chez certains rongeurs d’Amérique. D’où de nom de « diplostomes » qui leur est associé et qui veut dire « deux bouches ».
Chez certains rongeurs, comme les hamsters, les abajoues sont remarquablement développées. Elles ont la forme de deux sacs qui vont de la bouche jusqu’au-devant des épaules.
Étienne Geoffroy Saint-Hilaire a décrit chez certaines chauves-souris du genre Nycteris, une forme étonnante d’abajoues. Celles-ci ont, au fond, une ouverture étroite par où la chauve-souris peut introduire de l’air, en fermant le canal nasal au moyen d’un mécanisme particulier et en poussant sous la peau l’air qu’elles expirent dans le tissu cellulaire très lâche qui unit la peau aux muscles sous-jacents.
Les abajoues ont plusieurs rôles : elles permettent principalement l’accumulation rapide de nourriture, leur stockage temporaire et leur transport.
Chez les singes de la sous-famille des Cercopithecinae elles permettent en plus une pré-digestion des aliments.
Elles contribuent de plus à la protection des animaux en leur permettant de s’abriter pour en consommer tranquillement le contenu, ce qu’ils font en appuyant sur ces poches buccales avec le dos de la patte ou en bougeant la mâchoire. Une étude publiée en 2006 a montré que chez les Cercopithèques le développement des abajoues était lié à l’importance des risques vis-à-vis des prédateurs, plutôt qu’à une compétition entre les différentes espèces de ces singes.
Certaines espèces de hamsters sont connues pour cacher leurs petits dans leurs abajoues pour les transporter ailleurs quand elles ont peur d’un danger. Quelques espèces de hamsters peuvent aussi nager parfaitement en remplissant ces poches avec de l’air pour mieux flotter.
Les chauve-souris du genre Nicteris les gonflent d’air également, mais pour augmenter leur volume tout en les rendant plus légères pour le vol.
Indirectement, elles augmentent l’efficacité de la dispersion des graines qui, ainsi éloignées des arbres parents, évitent la compétition intraspécifique lors de la germination.
Les tamias (Tamias) par exemple possèdent de grandes abajoues qui leur permettent de transporter de la nourriture. Ces sortes de poches peuvent atteindre le volume de leur corps quand elles sont pleines.
Les abajoues peuvent s’infecter par suite d’une blessure occasionnée par un objet coupant introduit dans celles-ci ou une bagarre. Un abcès peut se former, dont on peut confondre de loin la protubérance avec de la nourriture stockée. Si l’abcès se perce et que le pus qu’il contenait est absorbé par l’animal, celui-ci peut être victime d’une septicémie et mourir empoisonné par les toxines ingérées.
À cause des frottements de l’animal l’infection peut aussi se propager de l’abajoue à l’œil et, chez un rongeur, s’accompagner d’une pousse excessive des dents car il ne ronge plus assez pour les user à cause de la douleur. Si l’animal n’est pas soigné à temps il mourra d’infection généralisée ou de faim.
Les abajoues peuvent aussi se retourner vers l’extérieur. Il faut alors une intervention chirurgicale pour les remettre en place.
Recherche scientifique
Les abajoues des hamsters sont étudiées dans les laboratoires de recherche pour mieux comprendre la vascularisation des membranes, la cicatrisation, etc …. Elles sont aussi utiles pour l’étude du système immunitaire. En particulier le développement des abcès ou des tumeurs.
Les abajoues de hamsters sont utiles par exemple pour tester la réaction des tissus au matériel dentaire, comme certains Polymères.