Crapaud commun : attention, traversée dangereuse !
De nombreuses légendes associées aux sorcières dont ils auraient été les compagnons privilégiés tournent autour des crapauds. Mais, même s’il est déconseillé de se frotter les yeux après en avoir touché un, en raison du léger poison qu’il secrète pour se protéger, le crapaud commun (Bufo Bufo), est, comme tous les batraciens, totalement inoffensif. Mieux, c’est un ami du jardinier dont il défend les récoltes contre pas mal de ravageurs. La limace fait notamment partie de son alimentation.
On peut admirer ses magnifiques yeux exorbités de couleur rouge-cuivré-orange fendus par une pupille horizontale. On peut aussi louer sa fidélité à son étang d’origine où il retourne chaque année assurer sa descendance, au mépris de tous les dangers.
Le crapaud vit sur terre et se reproduit dans l’eau. Durant l’hiver, il hiberne à l’abri dans les bois, sous un tas de feuilles, un paquet de branchages ou dans les galeries souterraines de petits mammifères. Puis, dès que la température se réchauffe, en février-mars, il quitte son abri pour rejoindre son lieu de reproduction, qui peut se trouver à plusieurs kilomètres de là.
Mais il n’est pas seul. Tous les crapauds d’un secteur, et il peut y en avoir des milliers, convergent pendant a même période de quelques semaines, vers leur étang de reproduction. S’ensuivent, dès la nuit tombée durant les soirées de printemps, d’impressionnantes migrations. Plus petits et plus nombreux, les mâles se disputent et assaillent les femelles, parfois même avant l’arrivée au point d’au où ils pourront enfin féconder les milliers d’œufs relâchés par leurs compagnes. Petits points noirs dans de longs filaments gélatineux accrochés aux herbes ou aux pierres, ils deviendront têtards 15 jours plus tard avant de se métamorphoser au terme d’une période d’un moi et demi à trois mois, selon les ressources du milieu et la température de l’eau.
« Cette période de migration est extrêmement dangereuse pour les crapauds » explique Gaëtan Balay, chargé d’étude faune sauvage à la Société d’Histoire naturelle d’Autun (SHNA), responsable de la coordination du programme amphibiens de SOS faune ; « si une route traverse l’espace entre le quartier d’hiver et le point d’au, ils peuvent être victimes en masse de la circulation automobile. Il y a deux ans, près de 1000 individus ont été écrasés en une seule nuit sur la D951 à Chamoux, dans l’Yonne, entre Vézelay et Clamecy ».
Pour éviter que se renouvelle ce carnage, la SHNA a mis en place un système de barrière sur ce lieu stratégique : « Nous posons une barrière au bord de la route et lorsque les crapauds entrent en contact avec l’obstacle, ils vont longer la barrière pour la contourner. Ils tombent ensuite dans l’un des seaux régulièrement enterrés, accolés à la barrière. Chaque matin, nous relevons les seaux et nous transportons les amphibiens piégés de l’autre côté de la route. Nous n profitons pour faire des relevés sur les populations concernées (espèce, effectif, sexe…) »
La barrière a fini d’être installée le week-end du 24 février 2012 et les premiers crapauds mâles solitaires, accompagnés de quelques tritons palmés, ont été piégés dès la première soirée. La destruction directe par la circulation automobile n’est malheureusement pas la principale menace qui pèse sur cette espèce protégée. La disparition ou la dégradation des zones humides réduit leur habitat. Mais, depuis 2008, un programme « Réseaux mares de Bourgogne », animé par le Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne, s’attelle à enrayer la diminution de ces petites zones humides remarquables via différents moyens d’actions et grâce au concours de multiples partenaires, dont le Parc.
Dans ce sens, le recensement des points noirs routiers où ils sont écrasés ainsi que des zones d’habitat des crapauds est essentiel. C’est pourquoi tous les Morvandiaux sont invités à communiquer leurs observations par l’intermédiaire de la base E-observations mise en place sur le site de Bourgogne-Nature ou encore en contactant directement la SHNA.
Contacts : Gaëtan Balay, Société d’histoire naturelle d’Autun, Maison du Parc, 58230 Saint Brisson 03 86 78 79 87 shna.gaean@orange.fr - e-observation : sur le site www.bourgogne-nature.fr onglet Base fauna.
bbf@bourgone-nature.fr