La viande de cheval est une viande rouge appréciée dans certains pays mais considérée comme taboue dans d’autres, dont le Royaume-Uni et les États-Unis, et dans une moindre mesure la France. Cette aversion de l’hippophagie provient de son interdiction par les papes Grégoire III en 732 et Zacharie en 751, mais aussi du statut du cheval, proche désormais de l’animal de compagnie. En 2005, 24 460 tonnes de viande chevaline sont consommées en France, et il existe environ 1000 boucheries spécialisées.
Le cuir, le crin, le lait et l’urine du cheval sont également utilisés.
La viande de cheval, ou viande chevaline, est un aliment composé des tissus musculaires du cheval, consommé dans plusieurs pays qui en ont parfois fait des spécialités telles que le charqui. Sollicitée par ses amateurs pour ses qualités nutritives et montrée du doigt par ses détracteurs pour sa nature, la viande de cheval suscite depuis longtemps la controverse. L’hippophagie qualifie sa consommation.
La viande chevaline est caractérisée par une haute teneur en fer (environ 4 mg/100 g). Ce fer, d’origine héminique, offre l’avantage d’être bien assimilé par l’organisme. Sa teneur en fer lui valait d’être prescrite par les médecins du siècle dernier pour lutter contre l’anémie.
Ainsi, ses valeurs nutritives sont, pour 100 g de viande crue :
- énergie : 125 calories
- protéines : 16 g
- lipides : 4,5 g
- glucides : 1 g.
Les équins pouvant fortement bioaccumuler le cadmium contenu dans leur alimentation, dans leurs reins notamment, il existe donc dans certains pays (dont en France), une législation spécifique concernant les abats des animaux « tardivement abattus ». Des études de teneur en cadmium réalisées sur des abats d’équidés (cheval, âne, mulet..) ont montré une teneur moyenne de 10 µg/g de cadmium. La Dose journalière tolérable temporaire DJTT ayant été fixée à 1 µg.kg-1.d-1, toute commercialisation des abats des équidés tardivement abattus est donc interdite. Même si ces abats étaient la seule source de cadmium alimentaire pour les humains, cette interdiction serait justifiée car une consommation moyenne hebdomadaire de seulement 100 g d’abats conduit à exposer le consommateur à 1000 µg/semaine, soit pour quelqu’un de 60 kg, plus que le doublement de la DJTT (qui autorise une consommation de 60 µg par jour, soit 420 µg/semaine).
Différentes religions ont des tabous alimentaires, Israël refuse en effet la viande de cheval car sa consommation est interdite par le judaïsme. L’hindouisme prône le végétarisme, ce qui induit le refus de l’hippophagie, pratique que le Bouddha (et donc le bouddhisme) interdit spécifiquement.
La position de la tradition islamique est contrastée, si deux écoles (hanbalisme et chaféisme) ne s’opposent pas à la consommation de cheval, les deux autres (hanafisme et malikisme), tout en s’accordant sur le caractère hallal (autorisé) de cette viande considèrent sa consommation makrouh, « détestable », une position partagée par le chiisme duodécimain. Les réticences à l’hippophagie sont basées sur une sourate du Coran (16:8) où il est indiqué : « Il vous a donné des chevaux, des mulets, des ânes, pour vous servir de monture et d’apparat. Il a créé des choses que vous ne connaissez pas. » Cependant, les interprétations de ce passage divergent. Plusieurs hadiths indiquent que le prophète Mahomet ne consomme lui-même pas de viande de cheval, sans interdire à ses compagnons d’en manger en plusieurs occasions. Selon la thèse de Mohammed Hocine Benkheira, l’hippophagie est interdite chez les sunnites depuis l’an 628 de l’ère chrétienne ; de plus, le cheval est l’un des animaux les plus valorisés, les plus aimés et les plus humanisés qui soient. L’hippophagie est absente en Afrique du Nord depuis l’époque chrétienne alors qu’elle est traditionnelle chez les Tatars et tous les peuples musulmans entretenant une forte tradition de pastoralisme, particulièrement en Asie centrale dans des pays tels que le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Turkménistan.
Jean-Pierre Digard a fait un discours lors des 60 ans de la fédération nationale du cheval, dans lequel il explique que ce sont des motifs émotionnels qui provoquent désormais le refus hippophagique, car pour de nombreuses personnes, le cheval tient une position intermédiaire entre la bête utilitaire et l’animal de compagnie. L’éthique et l’émotionnel sont invoqués par les associations de protection animale telle que la SPA, qui rappelle que les chevaux réformés sont abattus après avoir servi les activités humaines : « D’abord aimé et objet de soins attentifs, quels que soient ses mérites, le brave cheval ne connaîtra pas une paisible retraite : dès la première défaillance, il devient viande de boucherie et sera conduit à l’abattoir du jour au lendemain. »