Âne : l’Humilité, la Pauvreté, l’Ascétisme, l’Initiation, la Patience

Posté par othoharmonie le 6 décembre 2015

 

ANEL’Âne a mauvaise réputation ; symbole d’ignorance, d’obstination, de méchanceté, de paresse et de luxure, il fut longtemps assimilé aux mondes obscurs, aux forces du mal. Comme Satan, comme la Bête, il incarne le sexe, la libido : il exprime les instincts de l’homme lorsqu’il ne les maîtrise pas, la vie dévouée au matérialisme et à la sensualité. Pour les Égyptiens, qui croyaient en une vie après la mort, la rencontre de l’Âne Rouge pouvait être fatale pour l’âme. Seth, le meurtrier d’Osiris était souvent représenté par un Âne. L’Âne était aussi l’image de l’homme profane, l’homme de la glèbe qui n’a pas quitté son lieu de naissance (ses murs) et qui n’est pas initié aux mystères des dieux.

De même, l’Égyptien des temps pharaoniques avait en horreur tout étranger, notamment le nomade asiatique résidant sur les rives du Nil, qu’il considérait comme un ignorant, un Âne. En Inde, il sert de monture à plusieurs divinités maléfiques, notamment à Nairrita (gardien de la région des morts) et à Kâlarâtiî (aspect sinistre de Dêvi, la Déesse mère de l’hindouisme). De même, dans le bouddhisme tibétain, le Mulet ou l’Âne est la monture de Lha-Mo, horrible démone dérivée de l’aspect destructeur de Dêvi.

Au Moyen-Âge, le Diable était parfois figuré par un homme avec une tête et des sabots d’Âne. Le dieu grec de la Fécondité, Priape, connu pour les dimensions impressionnantes de son membre viril, était représenté comme un personnage ithyphallique, et souvent aux côtés de cet animal. En Orient comme en Occident, on promenait le coupable d’adultère sur un Âne à travers les villages. On faisait de même dans de nombreuses régions françaises et italiennes pour le mari qui s’était laissé battre par sa femme, car « il n’est pas homme, et son Âne, emblème de sa virilité, doit à ce point de vue subir le châtiment, puisqu’il ne s’est pas montré capable de faire respecter ses droits de mari ».

Depuis longtemps, l’Âne est ainsi considéré comme un animal ridicule. Les rois eux même se punissaient en se traitant d’Âne. Cependant, dans la chrétienté, l’Âne était considéré comme le compagnon comprenant le mieux la volonté divine. C’est ainsi qu’on le voit près du berceau de Jésus, ou lorsque celui ci entra dans Jérusalem sur un Âne. Les Ânes sont d’une autre nature que vu plus haut, ils sont les symboles de l’humilité, de la simplicité, de la pauvreté, du dépouillement (matériel), d’ascétisme, de vérité, de révélation, d’initiation, de sagesse et ils possèdent toutes les vertus. Il symbolise aujourd’hui la douceur, malgré la bêtise qu’on lui impose, ainsi que la paresse et la luxure

Au sens chamanique du terme, on retiendra que ce totem est un caractère pratique, sociable et persistant. Étant souvent dépendant affectivement, il dépérit si ses proches lui sont enlevés. Il incite donc à garder les liens avec ceux qui lui sont chers. L’Âne nous enseigne que tout travail devrait être bien fait, peu importe le temps que cela prendra pour l’achever. Il nous élève également spirituellement, nous aidant à comprendre les messages de l’au-delà, et nous enseigne la patience.

 

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L’âne du fermier

Posté par othoharmonie le 18 janvier 2013

L’âne du fermier !

Un jour, l’âne d’un fermier tomba dans un puits. L’animal gémissait pitoyablement depuis des heures, et le fermier se demandait quoi faire. Finalement, il décida que l’animal était vieux et que le puits devait disparaître de toute façon, et que ce n’était pas rentable pour lui de récupérer l’âne.

L'âne du fermier dans ANE ane-197x300Il invita tous ses voisins à venir l’aider. Ils prirent tous une pelle et commencèrent à boucher le puits. Au début, l’âne réalisa ce qui se produisait et se mit à brailler terriblement. Puis, à la stupéfaction de chacun, il se tut.

Quelques pelletées plus tard, le fermier regarda dans le fond du puits et fut bien étonné : avec chaque pelletée de terre qui tombait sur lui, l’âne se secouait pour enlever la terre de son dos et montait dessus.

Pendant que les voisins du fermier continuaient à pelleter sur l’animal, il se secouait et montait dessus. Bientôt, l’âne put sortir hors du puits et se remit à trotter !

La vie va essayer de vous engloutir de toutes sortes d’ordures. Le truc pour se sortir du trou est de se secouer pour avancer.

Chacun de nos ennuis est une pierre qui permet de progresser. Nous pouvons sortir des puits les plus profonds en n’abandonnant jamais !

Secouez-vous et foncez !

Rappelez-vous les cinq règles simples pour être heureux :

1. Libérez votre coeur de la haine.

2. Libérez votre esprit des inquiétudes.

3. Vivez simplement.

4. Donnez plus.

5. Attendez moins.

À ne jamais oublier, surtout dans les moments les plus sombres.

Auteur inconnu

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Le Pet de l’âne

Posté par othoharmonie le 23 novembre 2012

Le Pet de l’âne

Un promeneur, à travers la campagne, aperçut un paysan en train d’émonder un chêne. Remarquant qu’il était assis sur la branche qu’il coupait, il lui dit :

— Mon ami, avant cinq minutes, tu tomberas par terre.

Le Pet de l'âne dans ANE aneL’homme se contenta de hausser les épaules, et continua de frapper le bois de sa cognée.

Lorsque la branche se détacha de l’arbre, le paysan la suivit dans sa chute, mais heureusement ne se fit pas de contusions graves.

« Comment ! pensa-t-il en lui-même, voilà un étranger qui m’a prévenu que j’allais tomber de cet arbre, avant que cinq minutes ne se soient écoulées et, en effet, me voilà par terre. À coup sûr, c’est un devin ! » 

Il se releva aussitôt, courut après le promeneur, et, du plus loin qu’il le vit, lui cria : « Monsieur ! Monsieur ! Vous avez dit vrai, je suis tombé, donc vous êtes un devin ! aussi, dites-moi, je vous prie, quand je mourrai ? »

L’habitant de la ville ne douta pas qu’il eût affaire à un pauvre d’esprit et, pour s’en amuser, il répondit :

— Tu mourras quand ton âne aura pété trois fois.

— Ô ciel ! dit le villageois, qui connaissait les défauts de sa bourrique, je n’ai plus grand temps à vivre.

À partir de ce moment, il fit tout ce qui dépendait de lui pour ne pas échauffer sa bête, il la mit à la diète, et évita de lui donner des aliments qui auraient pu provoquer ce qu’il redoutait, maintenant, le plus au monde.

Malgré cela, l’âne fit un bruit qui désespéra son maître.

Celui-ci redoubla de soins, mais il eut beau faire, la bête fit une seconde incongruité plus éclatante que la première. 

« C’est par trop fort, s’écria l’homme : on dirait que l’animal le fait exprès. Aussi nous allons bien voir. »

Il prit son eustache, aiguisa un morceau de bois, et l’enfonça à coups de maillet dans l’orifice cause de ses frayeurs.

Cela fait, il mit une charge de bois sur le dos de l’âne, et se dirigea vers sa demeure.

Soudain, la bête fit un tel effort que la bonde sortit de son corps, comme le boulet d’un canon, et avec un bruit formidable alla frapper son conducteur en pleine poitrine.

Celui-ci tomba à la renverse en murmurant : « C’en est fait de moi, je suis mort ! » Et il s’allongea commodément dans un fossé.

-donkey-and-hinny-lane-le-mulet-old-print-1850 dans ANEQuand sa femme et ses enfants virent l’âne revenir seul, à la maison, ils craignirent d’avoir un accident à déplorer, et tous partirent à la recherche de l’absent.

Arrivés à la bifurcation de deux chemins, ils se demandèrent lequel ils devaient prendre. Comme ils n’étaient pas d’accord sur la route à suivre, ils entendirent une voix, partant d’un fossé, qui disait : « Moi de mon vivant, je prenais toujours le chemin qui est à droite. »

Les bonnes gens s’empressèrent d’aller voir qui parlait ainsi, et reconnurent celui qu’ils cherchaient.

Ils eurent toutes les peines du monde à lui faire comprendre qu’il n’était pas mort, car disait le bonhomme : « un devin ne peut pas se tromper. »

(Conté par M. Demy, du village de Bout-de-Semnon en Pléchâtel.)

 

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La Mule du diable

Posté par othoharmonie le 20 novembre 2012

Mule du diable (La)
et le seigneur Geoffroi le Mauvais (Deux-Sèvres)

(D’après « Revue de l’Aunis » paru en 1869)

par LA RÉDACTION

 

 

La Mule du diable dans ANE Sil-00722.1LOn voyait autrefois sur la rive gauche du Thoué, à peu de distance de la ville de Thouars, un château en ruines dont les sombres murailles contrastaient singulièrement avec le riant paysage qui les entourait. Ses tours éventrées, asile des corbeaux et des oiseaux de nuit, ses fossés fangeux, où les reptiles grouillaient en paix au milieu des ronces, lui donnaient un aspect des plus sinistres. Ce vieux logis féodal s’appelait le château de Marsais. A la fin du XIIIe siècle, il était habité par un seigneur cruel et batailleur, redouté de tous ses voisins. On comptait par centaines les victimes qu’il avait tuées en combat singulier. Il s’appelait Geoffroi mais le peuple avait ajouté à ce nom une épithète bien méritée : partout on le nommait Geoffroi le Mauvais.

Personne n’osait s’aventurer sur la terre de ce farouche châtelain. Un soir d’hiver il arriva quelque chose d’insolite à Marsais. Geoffroi sommeillait depuis quelques minutes au coin de son feu, lorsqu’un bruyant son de trompe se fit entendre à la porte du château. La nuit était proche. L’arrivée d’un visiteur, à pareille heure surtout, était quelque chose de si étrange que le seigneur réveillé en sursaut s’élança d’un bond, pour donner l’ordre de courir sus à l’insolent qui venait troubler son repos. Au moment où il arrivait à la fenêtre, un spectacle singulier frappa ses regards : le pont s’abaissait de lui-même et la herse se relevait devant un chevalier qui arrivait monté sur une mule noire. Les serviteurs, accourus pour barrer le passage à l’inconnu, restaient cloués sur place et s’inclinaient sans oser lever la tête.

L’apparition du personnage avait en effet quelque chose d’effrayant. Revêtu d’une armure aussi sombre que la nuit, il s’avançait lentement en étendant le bras comme pour commander le silence. Sous la visière de son casque, on voyait, à l’endroit où devaient se trouver les yeux deux lueurs éclairant d’une façon sinistre la vaste cour du château. Les yeux de la mule lançaient aussi des sortes de flammes. Parvenu en face du seigneur, l’inconnu s’arrêta et lui adressa la parole en ces termes :

« Geoffroi, je viens de bien loin pour t’offrir le combat. Jusqu’à présent tu as toujours été heureux, mais le destin se lasse de t’être favorable. Il faut enfin que tu sois vaincu ». Le seigneur lui répondit : « Je n’ai pas l’habitude de me battre avec ceux que je ne connais pas. Qui es-tu ? Montre-moi ta figure ». Et l’étranger de lui rétorquer : « Je te croyais brave : je me trompais. Si tu veux voir mes traits, viens à minuit dans la forêt, au carrefour des Trépassés. Je suis le chevalier maudit. Oseras-tu croiser le fer avec moi ? ».

Geoffroi lui répondit : « Il suffit. Tu ne saurais m’effrayer. Je me battrais avec le diable même, si je me trouvais en face de lui. A minuit, chevalier de la sombre figure, je t’enverrai rejoindre le roi des ténèbres, qui est sans doute un de tes proches ». L’inconnu se contenta de lui dire : « En attendant, tu peux faire préparer ta fosse ». A ces mots, le chevalier maudit disparut en laissant derrière lui un sillon de fumée. Malgré sa grande bravoure, Geoffroi le Mauvais n’était pas sans inquiétude. Ce sombre personnage, pensait-il, est sans doute Satan lui-même. Comment faire pour le battre ? Tout à coup une pensée lui vint : « Je le vaincrai », s’écria-t-il !

Le seigneur de Marsais croyait beaucoup au diable et fort peu à Dieu. Il avait cependant conservé, dans son château, une petite chapelle dans laquelle on célébrait quelquefois le service divin. Il se dirigea de ce coté et courut au bénitier. Il tressaillit de joie en voyant qu’il était encore à moitié plein. L’eau bénite versée dans le fourreau de son épée devait lui assurer la victoire. A minuit il arrivait au carrefour des Trépassés. L’inconnu s’y trouvait déjà. Debout à côté de sa mule, il attendait son adversaire. Suivant sa promesse, il avait le visage découvert.

L’horrible expression de ses traits ne pouvait laisser aucun doute dans l’esprit : c’était bien le souverain de l’enfer. Geoffroi se plaça en face de lui et tira précipitamment son épée. Aussitôt le diable poussa un cri de douleur ; l’eau bénite venait de frapper sa figure. Couvert de brûlures, aveuglé, il était hors d’état de se défendre. « Je suis vaincu », s’écria-t-il avec rage. « Comme preuve de ta victoire je te laisse ma mule. Prends-la sans crainte, elle te rendra de grands services. C’est une bête précieuse ; elle ne se lasse jamais et n’a pas besoin de nourriture ; il ne faut pas même lui donner à boire » Sans attendre la réponse de Geoffroi, le démon disparut. La mule était restée à la même place. Le seigneur de Marsais ne savait trop s’il devait accepter ce singulier cadeau. Il finit cependant par se décider à l’emmener.

 dans ANELe diable avait dit vrai ; sa monture était infatigable. Geoffroi s’en servit pour la reconstruction de son vieux château. Elle fut employée au transport des matériaux. Les ouvriers ne pouvaient suffire à mettre en œuvre les pierres qu’elle apportait sans trêve ni repos, le jour et la nuit. L’édifice s’élevait comme par enchantement à la grande satisfaction de Geoffroi, mais au grand effroi des paysans de la contrée. En voyant monter si vite les hautes tours du château, ces derniers se signaient et disaient tout bas que c’était une œuvre infernale.

Comme pour donner raison à leurs propos, le seigneur acheva sa construction sans relever la chapelle qu’il avait démolie. Le travail se termina pourtant sans accident et Geoffroi put s’installer dans sa nouvelle demeure. Il l’habitait depuis quelques jours, lorsqu’un soir un valet d’écurie croyant bien faire donna de l’avoine à la mule. Celle-ci, mise aussitôt en fureur, lança contre la muraille une si terrible ruade que le château s’ écroula tout entier, en ensevelissant sous ses ruines le seigneur et ses gens.

Le chevalier maudit apparut, dit-on, alors au milieu des ruines. « Je suis vengé », s’écria-t-il. Il s’élança ensuite sur sa mule, qui prit en galopant le chemin de Maranzais. On voit encore, sur le piédestal de la croix Mathon une trace de son passage. C’est l’empreinte du fer de la monture de Satan. La mule avait voulu renverser la croix en passant, mais elle n’avait réussi qu’à entamer légèrement la pierre.

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Passage sous un âne….

Posté par othoharmonie le 7 mai 2012

Passage à travers les arbres et sous un âne (Provence)

(D’après « Superstitions et survivances », paru en 1896)

 

Quand on quittait la gare de Sanary, sur le chemin de fer de Nice à Marseille, à neuf kilomètres environ de Toulon, et qu’on se dirigeait vers le village d’Ollioules, on rencontrait à la fin du XIXe siècle, à une centaine de mètres de la voie, sur le bord d’un petit sentier rural, un chêne, qui était d’ailleurs d’une assez belle venue, mais dont le tronc présentait une disposition assez bizarre

Wild albino donkeys.jpgUn témoignage de l’époque relate qu’à un endroit donné de sa hauteur, il est partagé en deux, par une fente de plus d’un mètre de longueur, de 3 à 8 centimètres d’ouverture, comme s’il était constitué par deux branches qui, après s’être séparées, se seraient réunies de nouveau. Cette disposition n’est pas un jeu de la nature, mais bien l’œuvre de l’intervention humaine ; en y regardant de près, on voit que, primitivement, le tronc de cet arbre a été fendu en deux, et que l’hiatus est le résultat de la cicatrisation accidentelle d’une partie de la fente.

Il n’est pas rare de rencontrer dans les champs, en Provence, des arbres qui présentent cette disposition. C’est le plus souvent des chênes, mais cependant on constate que des frênes, des noyers, des ormes, des peupliers, des pins même, ont été ainsi fendus intentionnellement, puis ont été entourés d’un lien, pour que les parties séparées se réunissent.

Quand on cherche à savoir pourquoi certains arbres ont été ainsi traités, on ne tarde pas à apprendre que c’est parce qu’ils ont servi à la pratique d’une vieille superstition des paysans provençaux, qui croient fermement qu’en faisant passer, à un moment donné, un enfant à travers un tronc d’arbre fendu, on peut le guérir de telle ou telle maladie.

C’est surtout contre les hernies des petits enfants que ce passage à travers le tronc d’un arbre est considéré comme efficace ; et voici comment la crédulité publique conseille de procéder : il faut prendre un jeune arbre d’apparence bien vigoureuse, le fendre dans sa longueur, sans l’arracher ni pousser la fente jusqu’aux racines ; puis, écartant les deux parties de l’arbre, faire passer entre elles, à trois ou sept reprises différentes, dans une même séance, le petit hernieux. Une fois cela fait, les deux portions de la tige sont rapprochées très exactement et maintenues en contact à l’aide d’un lien très fortement serré. Si ces parties se recollent bien, et que l’année d’après l’arbre a repris la solidité de sa tige, l’enfant est guéri ; si, au contraire, la fente ne s’est pas soudée, on peut prédire que l’enfant restera hernieux toute sa vie.

Les hernies ne sont pas seules susceptibles de guérir sous l’influence de cette pratique bizarre ; nombre d’autres maladies sont traitées de la même manière en Provence ; et la crédulité populaire n’est pas encore disposée à penser que le moyen manque d’efficacité. J’ai trouvé dans mes investigations touchant les Provençaux, d’autres pratiques thérapeutiques qui me paraissent être des variantes de celles dont je viens de parler et se rattacher à la même idée. C’est ainsi, par exemple, que dans un grand nombre de villages, à Signes, à La Cadière, etc., le jour de la fête patronale, pendant qu’on porte processionnellement le saint de la localité à travers les rues, les mères font passer leurs enfants au-dessous de la châsse, pour les fortifier ou les guérir des maladies futures qui pourraient les atteindre.

Dans d’autres cas, on place un enfant débile sous la châsse d’un saint, pendant que le prêtre chrétien dit la messe ; absolument comme on faisait dans la cérémonie du taurobole, chez les anciens Romains, pendant que le prêtre païen faisait un sacrifice. Enfin, dans quelques-uns, comme, par exemple, au village de La Garde, près de Toulon, le jour de la fête de saint Maur, les valétudinaires, les mères de famille qui veulent fortifier leur enfant, et même les jeunes femmes qui veulent être fécondes, se placent aussi près que possible de la niche du saint pendant la messe.

Le nom du saint chrétien invoqué est quelquefois si spécial, qu’on voit d’une manière transparente l’adaptation d’une idée thérapeutique à la cérémonie religieuse. Féraud affirme ainsi, dans son Histoire des Basses-Alpes, que dans l’église de Ganagobie, dans les Basses-Alpes, il y a une tribune où se trouve un autel de saint Transi. Les mères, dont les enfants étaient valétudinaires, déposaient le pauvret sur cet autel, pendant l’invocation ; elles suspendaient un de ses vêtements, en guise d’ex-voto, sur le mur voisin, lorsque la guérison avait été obtenue.

Passage sous un âne.... dans ANE 220px-Burro_en_El_BierzoIl est une autre manière d’agir qui est encore plus singulière, et qui cette fois ne touche en rien, en apparence, aux choses de la religion. Je veux parler du remède populaire de quelques Provençaux pour guérir le Coburni(la coqueluche) d’une manière certaine et infaillible, si on en croit les bonnes femmes. Pour obtenir cette guérison de la coqueluche, il faut faire passer l’enfant sept fois de suite sous le ventre d’un âne, en allant de droite à gauche, et sans jamais aller de gauche à droite ; car si on oubliait cette précaution, les passages en sens inverse se neutralisant, on n’obtiendrait pas le résultat désiré.

Dans certains villages, il y a des ânes plus ou moins renommés pour leur vertu curative. Il y a quelques années, il y en avait un au Luc qui jouissait d’une telle réputation, que, non seulement il servait à tous les enfants de la localité, mais encore les enfants de Draguignan et même de Cannes, étaient, maintes fois, amenés au Luc, c’est-à-dire faisaient un voyage de plus de soixante kilomètres, pour bénéficier du traitement.

Enfin, je ne dois pas oublier de rapporter ici une variante de la donnée que nous étudions et qui ne manque pas d’originalité. Dans beaucoup de villages de Provence, le jour de Saint-Eloi, après avoir fait bénir les bêtes, il y a une procession dans laquelle la statue du saint est portée sur l’épaule de quatre vigoureux gaillards. Pendant que cette procession est en marche, on voit nombre de paysans et de paysannes armés d’un bâton au bout duquel ils ont attaché un petit bouchon de paille, s’approcher de la statue, se glisser entre les quatre porteurs et, passant leur bâton par dessous le brancard, vont frotter la face du saint avec ce bouchon de paille, habituellement des brins d’avoine sauvage.

Cette paille a dès lors la propriété de guérir les animaux malades ; aussi est-elle conservée avec soin dans la maison comme un remède miraculeux. Dans le village de Signes, de La Cadière, etc., près de Toulon, c’est à la procession de l’Ascension, dite procession des vertus, que cette pratique se fait.

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La Mule du diable et…

Posté par othoharmonie le 7 mai 2012

 le seigneur Geoffroi le Mauvais (Deux-Sèvres)

(D’après « Revue de l’Aunis » paru en 1869)

On voyait autrefois sur la rive gauche du Thoué, à peu de distance de la ville de Thouars, un château en ruines dont les sombres murailles contrastaient singulièrement avec le riant paysage qui les entourait. Ses tours éventrées, asile des corbeaux et des oiseaux de nuit, ses fossés fangeux, où les reptiles grouillaient en paix au milieu des ronces, lui donnaient un aspect des plus sinistres. Ce vieux logis féodal s’appelait le château de Marsais. A la fin du XIIIe siècle, il était habité par un seigneur cruel et batailleur, redouté de tous ses voisins. On comptait par centaines les victimes qu’il avait tuées en combat singulier. Il s’appelait Geoffroi mais le peuple avait ajouté à ce nom une épithète bien méritée : partout on le nommait Geoffroi le Mauvais.

Grand noir du berry.jpgPersonne n’osait s’aventurer sur la terre de ce farouche châtelain. Un soir d’hiver il arriva quelque chose d’insolite à Marsais. Geoffroi sommeillait depuis quelques minutes au coin de son feu, lorsqu’un bruyant son de trompe se fit entendre à la porte du château. La nuit était proche. L’arrivée d’un visiteur, à pareille heure surtout, était quelque chose de si étrange que le seigneur réveillé en sursaut s’élança d’un bond, pour donner l’ordre de courir sus à l’insolent qui venait troubler son repos. Au moment où il arrivait à la fenêtre, un spectacle singulier frappa ses regards : le pont s’abaissait de lui-même et la herse se relevait devant un chevalier qui arrivait monté sur une mule noire. Les serviteurs, accourus pour barrer le passage à l’inconnu, restaient cloués sur place et s’inclinaient sans oser lever la tête.

L’apparition du personnage avait en effet quelque chose d’effrayant. Revêtu d’une armure aussi sombre que la nuit, il s’avançait lentement en étendant le bras comme pour commander le silence. Sous la visière de son casque, on voyait, à l’endroit où devaient se trouver les yeux deux lueurs éclairant d’une façon sinistre la vaste cour du château. Les yeux de la mule lançaient aussi des sortes de flammes. Parvenu en face du seigneur, l’inconnu s’arrêta et lui adressa la parole en ces termes :

« Geoffroi, je viens de bien loin pour t’offrir le combat. Jusqu’à présent tu as toujours été heureux, mais le destin se lasse de t’être favorable. Il faut enfin que tu sois vaincu ». Le seigneur lui répondit : « Je n’ai pas l’habitude de me battre avec ceux que je ne connais pas. Qui es-tu ? Montre-moi ta figure ». Et l’étranger de lui rétorquer : « Je te croyais brave : je me trompais. Si tu veux voir mes traits, viens à minuit dans la forêt, au carrefour des Trépassés. Je suis le chevalier maudit. Oseras-tu croiser le fer avec moi ? ». Geoffroi lui répondit : « Il suffit. Tu ne saurais m’effrayer. Je me battrais avec le diable même, si je me trouvais en face de lui. A minuit, chevalier de la sombre figure, je t’enverrai rejoindre le roi des ténèbres, qui est sans doute un de tes proches ». L’inconnu se contenta de lui dire : « En attendant, tu peux faire préparer ta fosse ». A ces mots, le chevalier maudit disparut en laissant derrière lui un sillon de fumée. Malgré sa grande bravoure, Geoffroi le Mauvais n’était pas sans inquiétude. Ce sombre personnage, pensait-il, est sans doute Satan lui-même. Comment faire pour le battre ? Tout à coup une pensée lui vint : « Je le vaincrai », s’écria-t-il !

Le seigneur de Marsais croyait beaucoup au diable et fort peu à Dieu. Il avait cependant conservé, dans son château, une petite chapelle dans laquelle on célébrait quelquefois le service divin. Il se dirigea de ce coté et courut au bénitier. Il tressaillit de joie en voyant qu’il était encore à moitié plein. L’eau bénite versée dans le fourreau de son épée devait lui assurer la victoire. A minuit il arrivait au carrefour des Trépassés. L’inconnu s’y trouvait déjà. Debout à côté de sa mule, il attendait son adversaire. Suivant sa promesse, il avait le visage découvert. L’horrible expression de ses traits ne pouvait laisser aucun doute dans l’esprit : c’était bien le souverain de l’enfer. Geoffroi se plaça en face de lui et tira précipitamment son épée. Aussitôt le diable poussa un cri de douleur ; l’eau bénite venait de frapper sa figure. Couvert de brûlures, aveuglé, il était hors d’état de se défendre. « Je suis vaincu », s’écria-t-il avec rage. « Comme preuve de ta victoire je te laisse ma mule. Prends-la sans crainte, elle te rendra de grands services. C’est une bête précieuse ; elle ne se lasse jamais et n’a pas besoin de nourriture ; il ne faut pas même lui donner à boire » Sans attendre la réponse de Geoffroi, le démon disparut. La mule était restée à la même place. Le seigneur de Marsais ne savait trop s’il devait accepter ce singulier cadeau. Il finit cependant par se décider à l’emmener.

La Mule du diable et... dans ANE 220px-BaudetD%C3%A9sir%C3%A9Le diable avait dit vrai ; sa monture était infatigable. Geoffroi s’en servit pour la reconstruction de son vieux château. Elle fut employée au transport des matériaux. Les ouvriers ne pouvaient suffire à mettre en œuvre les pierres qu’elle apportait sans trêve ni repos, le jour et la nuit. L’édifice s’élevait comme par enchantement à la grande satisfaction de Geoffroi, mais au grand effroi des paysans de la contrée. En voyant monter si vite les hautes tours du château, ces derniers se signaient et disaient tout bas que c’était une œuvre infernale. Comme pour donner raison à leurs propos, le seigneur acheva sa construction sans relever la chapelle qu’il avait démolie. Le travail se termina pourtant sans accident et Geoffroi put s’installer dans sa nouvelle demeure. Il l’habitait depuis quelques jours, lorsqu’un soir un valet d’écurie croyant bien faire donna de l’avoine à la mule. Celle-ci, mise aussitôt en fureur, lança contre la muraille une si terrible ruade que le château s’ écroula tout entier, en ensevelissant sous ses ruines le seigneur et ses gens.

Le chevalier maudit apparut, dit-on, alors au milieu des ruines. « Je suis vengé », s’écria-t-il. Il s’élança ensuite sur sa mule, qui prit en galopant le chemin de Maranzais. On voit encore, sur le piédestal de la croix Mathon une trace de son passage. C’est l’empreinte du fer de la monture de Satan. La mule avait voulu renverser la croix en passant, mais elle n’avait réussi qu’à entamer légèrement la pierre.

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L’âne analysé par Esope

Posté par othoharmonie le 7 mai 2012

L'âne analysé par Esope dans ANE de-l-ane-du-chevalDe l’Âne et du Cheval.
Un Cheval couvert d’une riche housse, allait trouver son Maître à la guerre. Un Âne le vit passer ; alors il ne peut s’empêcher de soupirer, et d’envier le bonheur de l’autre. Suis-moi, lui dit le Cheval qui s’en était aperçu, et tu partageras la gloire dont je vais me couvrir. Le Baudet ne se le fit pas dire deux fois et le suivit. Il arrive au camp ; et d’abord soldats, armes, pavillons, le bruit des tambours, le font tressaillir d’aise. Mais quelques jours après, lorsqu’il vit le Cheval obligé de porter son Maître dans la mêlée, au risque de mille coups, il sentit diminuer sa joie, et pensa à ce qu’il avait quitté. Un moment après il baissa les oreilles, et tourna le dos. Puis, malgré tout ce que l’autre put lui dire pour l’engager à rester, il courut au grand trot reprendre le chemin du moulin.

 

De l’Âne et du Cheval.
Un Homme avait un Cheval et un Âne, et comme ils voyageaient ensemble, l’Âne, qui était beaucoup chargé, pria le Cheval de le soulager, et de prendre une partie de son fardeau, s’il voulait lui sauver la vie ; mais le Cheval lui refusant ce service, l’Âne tomba, et mourut sous sa charge : ce que voyant le Maître, il écorcha l’Âne, et mit sur le Cheval toute sa charge avec sa peau ; alors le Cheval s’écria :  » Ô que je suis malheureux ! je n’ai pas voulu prendre une partie de sa charge, et maintenant il faut que je la porte toute entière, et même sa peau. « 

Analyse des Fables d’Esope

 barre de séparation

 De l’Âne couvert de la peau d’un Lion.

 Un Âne ayant trouvé par hasard la peau d’un Lion, s’en couvrit le dos sur-le-champ, et se para de cette dépouille. Les autres bêtes qui le virent en cet équipage, et qui le prirent d’abord pour un véritable Lion, en furent alarmées, et se mirent à fuir de toute leur force. Le Maître à qui appartenait l’Âne, le cherchait de tous côtés, et fut tout étonné quand il le vit déguisé de cette sorte. L’Âne accourut vers son Maître, et se mit à braire. Sa voix et ses longues oreilles qu’il n’avait point cachées, le firent connaître malgré son déguisement. Son Maître le prit, et le condamna à son travail ordinaire.

Analyse des Fables d’Esope

 

 barre de séparation

Du Mulet et du Loup.

 Le Mulet voyant un Loup venir à lui, et craignant d’être pris, feignit d’avoir une épine au pied et d’être fort tourmenté du mal que lui causait cette épine.  » Hélas ! mon ami, dit-il en s’adressant au Loup, je ne puis résister à la violence de la douleur que je sens ; mais puisque mon malheur veut que je sois bientôt dévoré par les oiseaux de proie, je te prie, avant que je meure, de m’arracher cette épine que j’ai au pied, afin que j’expire plus doucement.  » Le Loup consentit à lui rendre ce bon office, et se mit en posture. Alors le Mulet lui donna un si grand coup de pied, qu’il lui enfonça le crâne, lui cassa les dents, et se mit à fuir. Le Loup se voyant dans un état si pitoyable, ne s’en prenait qu’à lui-même.  » Je le mérite bien, disait-il ; car de quoi est-ce que je me mêle ? Pourquoi ai-je voulu m’ingérer mal à propos de faire le Chirurgien, moi qui ne suis qu’un Boucher ? « 

Analyse des Fables d’Esope

barre de séparation

D’un Âne chargé d’éponges.
  Un Âne chargé de sel se plongea dans une rivière, et si avant que tout son sel se fondit. Quelques jours après, comme il repassait chargé d’éponges près du même gué, il courut s’y jeter, dans la pensée que le poids de sa charge y diminuerait comme il avait diminué la première fois ; mais le contraire arriva. L’eau emplit les éponges, et de telle sorte qu’elles s’enflèrent. Alors la charge devint si pesante, que le Baudet qui ne pouvait plus la soutenir, culbuta dans le fleuve, et s’y noya.

Analyse des Fables d’Esope

  barre de séparation

Du Grammairien qui enseignait un Âne.
Un Grammairien se glorifiait d’exceller dans son art au point que, moyennant un salaire convenable, il s’engageait à instruire non seulement des Enfants, mais même un Âne. Le Prince, apprenant la folle témérité du personnage, lui dit :  » Si je te donnais 50 ducats, répondrais-tu de pouvoir en dix ans faire l’instruction d’un Âne ?  » Dans son imprudence, il répondit qu’il acceptait la mort si, dans cet espace de temps son Âne n’arrivait pas à lire et à écrire. Ses amis étaient étonnés de ses paroles : ils lui reprochaient de s’engager à faire une chose non seulement malaisée et difficile, mais même impossible, et ils craignaient qu’à l’expiration du délai il ne fut mis à mort par le Prince. Il leur répondit :  » Avant le terme, ou l’Âne mourra, ou le Roi, ou moi.  » Cette fable montre aux gens qui sont exposés à un danger que le délai souvent leur vient en aide.

 

Analyse des Fables d’Esope

de-l-ane-et-du-chien dans ANE

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L’âne, vu par Esope

Posté par othoharmonie le 7 mai 2012

 Vieux bardotDe l’Âne qui porte une Idole.
   Un Âne chargé d’une Idole passait au travers d’une foule d’Hommes ; et ceux-ci se prosternèrent à grande hâte devant l’effigie du dieu qu’ils adoraient. Cependant l’Âne, qui s’attribuait ces honneurs, marchait en se carrant, d’un pas grave, levait la tête et dressait ses oreilles tant qu’il pouvait. Quelqu’un s’en aperçut, et lui cria :  » Maître Baudet, qui croyez ici mériter nos hommages, attendez qu’on vous ait déchargé de l’Idole que vous portez, et le bâton vous fera connaître si c’est vous ou lui que nous honorons « .

Analyse des Fables d’Esope

De l’Âne et du Lion.

  L’Âne paissait un jour dans la compagnie d’un Coq. Un Lion vint pour attaquer l’Âne. Le Coq chanta. On dit que le Lion a une horreur naturelle du chant de cet animal. Le Lion se mit à fuir. L’Âne, qui s’imagina follement que le Lion le redoutait, le poursuivit à toute outrance ; mais quand le Lion se vit assez éloigné pour ne plus craindre le chant du Coq, et pour ne le plus entendre il revint sur ses pas, se jeta sur l’Âne et le dévora.  » Malheureux que je suis, s’écria-t-il, en se voyant aux derniers abois, de quoi me suis-je avisé de vouloir faire le vaillant, et pourquoi ai-je voulu m’exposer au combat, puisque je ne suis point né de parents guerriers ? « 

Analyse des Fables d’Esope

 barre de séparation

De l’Âne et du Chien.

  Le Chien flattait son Maître, et le Maître y répondait en le caressant de son côté. Ces caresses réciproques donnèrent de la jalousie à l’Âne, qui était maltraité et battu de tous ceux de la maison. Ne sachant quelles mesures prendre pour soulager sa misère, il s’imagina que le bonheur du Chien ne venait que des caresses qu’il faisait à son Maître, et que s’il le flattait aussi de la même sorte, on le traiterait comme le Chien, et qu’on le nourrirait de même de viandes délicates. Quelques jours après, l’Âne ayant trouvé son Maître endormi dans un fauteuil, voulut venir le flatter, et lui mit les deux pieds de devant sur les épaules, commençant à braire, pour le divertir par une mélodie si harmonieuse. Le Maître réveillé par ce bruit, appela ses Valets, qui chargèrent l’Âne de coups de bâton, pour le récompenser de sa civilité, et des caresses trop rudes qu’il avait faites à son Maître.

analyse d’Esope

 

  barre de séparation

De l’Âne et du Cheval.

  Un Cheval richement paré, rencontra dans son chemin un pauvre Âne qui gémissait sous le poids de sa charge. Le Cheval, que son riche harnais rendait insolent, remplissait l’air de hennissements, et criait à l’Âne de se retirer et de lui faire place. L’Âne saisi de frayeur, se rangea promptement sans répliquer. Le Cheval allait à la guerre ; il en revint si harassé et si usé, que son maître le voyant hors d’état de lui rendre aucun service, le vendit à un Paysan qui le mit à un chariot pour porter du fumier. L’Âne le rencontra au bout de quelque temps, et lui demanda, tout étonné d’un changement si étrange, ce qu’il avait fait de son beau harnais, de sa riche housse, de son mors doré, qui le rendaient si fier et si superbe, et qui lui inspiraient tant de mépris pour ceux qui ne voudraient maintenant faire aucune comparaison avec lui.

L'âne, vu par Esope dans ANE esope

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L’âne chez Buridan

Posté par othoharmonie le 7 mai 2012

 philosophe français du XIVème siècle

Le paradoxe de l’âne de Buridan n’apparaît dans aucune des œuvres connues de Jean Buridan, bien qu’il soit tout à fait cohérent avec la théorie buridanienne de la liberté et de l’animal.

L'âne chez Buridan dans ANEBuridan ne discute pas du problème particulier mais son apport est qu’il plaida pour un déterminisme moral où, sauf pour l’ignorance ou l’embarras, un humain qui fait face à des comportements possibles doit toujours choisir le plus grand bien. Buridan considère que la volonté peut retarder le choix pour déterminer plus complètement les résultats possibles de l’option. Des présentateurs ultérieurs ont satirisé cette vue en un âne assoiffé et affamé, positionné à égale distance entre un seau d’eau et un seau d’avoine. L’âne meurt de faim et de soif alors qu’il hésite entre ses deux désirs.

Le paradoxe de l’âne de Buridan est la légende selon laquelle un âne est mort de faim et de soif entre son picotin d’avoine et son seau d’eau, faute de choisir par quoi commencer.

On ne peut, à proprement parler, faire de ce cas de figure un paradoxe logique ; il s’agit plutôt d’un cas d’école de dilemme poussé à l’absurde, et ces deux traits caractérisent le phénomène de double contrainte.

Mais ça vous rappelle certainement quelque chose ? Sûrement…

C’est un état que nous connaissons tous ! Ou bien encore, comme si une force surnaturelle vous manipulait comme de vrais pantins. Cette légende est  à rapporter à l’homme, pris entre plusieurs choix. Mais en ce qui concerne l’âne je ne pense pas qu’il soit si  « âne » que cela pour se laisser mourir de faim.

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Ane, animal de trait

Posté par othoharmonie le 7 mai 2012

Ane, animal de trait dans ANE 220px-Sixt_fer_%C3%A0_cheval_xAvec sa grosse tête, ses longues oreilles et sa robe généralement grise, l’âne, de plus en plus rare dans nos régions, reste un animal précieux dans les pays des bords de la Méditerranée et en Orient. C’est un solipéde dont la taille varie selon les pays et les races. Il vit très longtemps, surtout dans les pays chauds où il atteint fréquemment 40 ANS. Son braiment est caractéristique. On traite d’ « âne » une personne ignorante et têtue. Le « dos d’âne » est une bosse sur une route. « Faire l’âne pour avoir du son » : faire le naif pour obtenir quelque chose. « COQ à l’âne » : passer d’un sujet à l’autre, sans aucune logique.

Bien avant le CHEVAL, l’âne a été utilisé comme ANIMAL de trait. Les Grecs, déjà, formaient leurs convois militaires avec des ânes. Symbole de la sobriété et de l’humilité, l’âne tient une grande place dans la littérature. L’âne de Buridan, dont le nom est passé dans le langage courant pour désigner les indécis, se laissa mourir de faim, rapporte une fable, entre un seau d’EAU et un seau d’AVOINE, incapable de se décider à choisir entre les 2. C’est également monté sur un âne que le grand saint Germain, évêque d’Auxerre, visitait ses paroisses. Une NUIT, alors qu’il se reposait dans un presbytère, on lui vola sa monture. Mais le voleur ne put aller loin : à la sortie du village, la bête refusa d’avancer et ne consentit à trotter que pour revenir vers son maître.

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L’Ane 1

Posté par othoharmonie le 25 décembre 2011

Par Édouard Drumont

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 L'Ane 1 dans ANEAne, je te salue, éternel porteur de bât, Ane utile, Ane patient, Ane toujours raillé, Ane à l’échine meurtrie, Ane aux longues oreilles, Ane, je te salue…

 L’Ane, vous dira Buffon, est de la famille du Cheval. Sans doute, mais c’est un cadet ; semblable à ces déshérités dont les parents occupent de brillantes positions, il est voué d’avance à la vie humiliée et douloureuse, condamné au labeur sans trêve, destiné aux coups. Dans l’ordre équestre, l’Ane d’ailleurs n’entre guère que par surprise, comme certains plébéiens n’entrent dans la maison de quelque grand seigneur que par la porte bâtarde.

 Le Cheval, lui est un animal héroïque ; il fait figure dans l’histoire, il a sa place dans l’art, il orne les bas-reliefs monumentaux, il est attelé au quadrige des triomphateurs ; il s’élance du ciseau de Phidias pour courir sur le fronton du Parthénon. Il est, selon Lamartine, le piédestal des rois ; il est le coursier fougueux dans ANE que César éperonne, de Victor Hugo, et pour lui le Richard III de Shakespeare offre un royaume un soir de défaite. Acteur dans les ardents combats, il participe de l’enthousiasme que l’Humanité éprouve pour ceux qui tuent. A Epsom ou à Longchamp, il tient cent mille hommes haletants au bout de son sabot. Il a des noms : il se nomme Incitatus et on le proclame consul, et devant lui marchent les faisceaux des Scipion et des Métellus ; il s’appelle Bucéphale ou Veillantif, et il porte Alexandre ou Roland ; il est inscrit au Stud-book sous le nom de Gladiateur ou de Monarque, et il gagne des millions à son maître avec ses jambes ; il est chanté sous le nom de Pégase et il emporte les poètes à l’hôpital sur ses ailes. Il a une généalogie comme un gentilhomme et des journaux comme le peuple souverain.

 (A SUIVRE)

  

DRUMONT, Édouard (1844-1917) : L’Ane (1882).


Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (17.VII.2002)
Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Mél : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros] 100346.471@compuserve.com
http://www.bmlisieux.com/


Diffusion libre et gratuite (freeware)


Texte établi sur un exemplaire (BmLx : nc) de l’ouvrage Les Animaux chez eux illustré par Auguste Lançon (1836-1887) paru chez L. Baschet à Paris en 1882.

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L’Ane 2

Posté par othoharmonie le 25 décembre 2011

 

Par Édouard Drumont

 L'Ane 2 dans ANEL’Ane ne sait ce que c’est qu’une généalogie, le sang d’âne court les prés comme le sang de peuple court les rues et les ruisseaux. Fécond comme les pauvres, l’Ane enfante au hasard des milliers d’ânons qui travailleront comme lui et, comme lui, souffriront les mauvais traitements. En fait de nom, il n’a qu’un sobriquet, il est Aliboron. Pour lui, le livre d’or de Clio ne s’ouvre pas, et s’il va à la bataille, pour laquelle les fabulistes lui reprochent unanimement de n’avoir qu’un goût modéré, c’est pour s’exposer aux coups sans pouvoir acquérir de gloire. A travers les ornières qu’ont faites les canons, il traîne la cantine qui versera une goutte de cordial à quelque agonisant ; il est dans les ambulances…

 Être utile, voilà quel est le rôle de l’Ane ici-bas. Sous la pluie et sous le soleil, il transporte au marché les légumes et les fruits, il va chaque jour au moulin, pliant sous le poids de sacs de farine, il sert aux femmes et aux enfants, et si parfois il rechigne un peu devant quelque fardeau trop lourd, il se résigne vite et, soutenu par cette philosophie qui le caractérise, il se remet bien vite en route.

 Prolifique comme le prolétaire, accommodant d’humeur et facile à vivre comme lui, l’Ane n’est-il point l’image du vilain toujours peinant, toujours écrasé sous l’impôt, toujours produisant plus qu’il ne consomme et toujours conspué par ceux qui consomment plus qu’ils ne produisent ?

 Par un illogisme qui s’explique par le désir d’être dispensé même de la reconnaissance, on s’est efforcé, en effet, de rendre ridicule ce paria. Ce n’est point seulement une victime qu’on exploite, c’est une cible à toute plaisanterie. Les privilégiés qui reprochent à l’homme du peuple son ignorance au lieu de s’occuper de la faire cesser, ont personnifié l’ignare dans un animal qui sait ce que très peu de docteurs savent : supporter patiemment la souffrance…

Par un symbolisme plus profond qu’on ne croit, l’Ane n’apparaît dans la vie publique qu’en des manifestations qui semblent compléter encore la ressemblance de sa destinée avec celle du plébéien. Monté par Silène, il est mêlé aux fêtes orgiaques, il est flanqué à droite et à gauche d’outres remplies de ce vin dans lequel l’ouvrier cherche si souvent l’oubli de ses maux. Uni à son grave camarade le Boeuf dans l’étable de Béthléem, il réchauffe de son haleine ce divin nouveau-né qui vient dire au monde : « Heureux les pauvres, car le royaume du ciel leur appartient ! » (A SUIVRE…)

 

 DRUMONT, Édouard (1844-1917) : L’Ane (1882).


Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (17.VII.2002)
Texte relu par : A. Guézou
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L’Ane 3

Posté par othoharmonie le 25 décembre 2011

Par Édouard Drumont

 L'Ane 3 dans ANELe jour de l’entrée triomphale à Jérusalem, c’est lui, l’âne, qui porte le Sauveur. Aux vainqueurs altiers, aux manieurs de glaive farouches, à ceux que la Victoire précède en sonnant dans son clairon et que la Mort accompagne avec des cris d’oiseau de proie, le Cheval qui piaffe et qui hennit. Au doux conquérant, à l’ami des humbles, l’Ane modeste et résigné. L’esclave, bête de somme humaine ; l’Ane, esclave de l’ordre animal, sont réhabilités le même jour. La croix infâme qui sert au supplice de l’un devient un signe sacré pour toute la terre, le dos pelé de l’autre sert de monture à Celui auquel les firmaments obéissent…

 L’Église s’en souvient et le moyen âge célèbre ces fêtes de l’âne qui finissent par dégénérer en saturnales. Messire Ane pénètre dans le sanctuaire au bruit des hi-han joyeux de l’assistance en ce jour où tout est interverti ; où les serfs s’habillent en seigneurs, où les frères lais siègent au choeur.

 Sous toutes les latitudes le sort de l’Ane est le même. Sans doute on lui témoigne en Orient des égards qu’il ne rencontre pas en Europe et, si un ambassadeur turc a écrit que « Paris était le paradis des femmes et l’enfer des Chevaux », un voyageur paradoxal a pu soutenir « que Constantinople était le paradis des Anes et l’enfer des femmes ».

 Il n’est point rare de trouver là-bas quelques Anes qui, bien nourris, ménagés, ignorants des brutalités, personnifient, en quelque sorte, l’aristocratie de la race asine. Qui ne connaît les Anes d’Orient de Decamps, la meilleure toile peut-être du maître ? Près d’une muraille blanche qui s’effrite, un Ane semble attendre le moment de se remettre en marche ; un autre, encore couché, a l’air de faire la sieste. Au premier plan un jeune Arabe à la physionomie rêveuse, paraît plus préoccupé de contempler la campagne inondée de soleil, que de tourmenter les animaux dont il a la garde. (A SUIVRE…)

 DRUMONT, Édouard (1844-1917) : L’Ane (1882).


Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (17.VII.2002)
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L’Ane 4

Posté par othoharmonie le 25 décembre 2011

Par Édouard Drumont

 L'Ane 4 dans ANEHélas ! les peintres sont menteurs comme les poètes, ut poesis pictura, et dans ses Croquis algériens M. Charles Jourdan nous a décrit un coin de la vie des Anes en Algérie, qui n’a rien de particulièrement gai. De l’autre côté de la Méditerranée tous les matériaux de construction sont transportés par des Anes qui seuls ont le pied assez sûr pour se risquer sur le pavé étroit et glissant. C’est une corporation rigoureusement fermée à tout profane, celle des Mzabites, qui a monopolisé l’exploitation des Anes.

 Suivant leurs ressources, ils achètent quatorze, vingt-huit ou quarante-deux bourriquets ; plus parfois, mais toujours un multiple de quatorze, car l’escouade réglementaire, capable de transporter un mètre cube de matériaux quelconques : sable, chaux ou pierres, s’élève à ce chiffre. Cette escouade est conduite par quatre hommes qui sont chargés du soin, non seulement d’entretenir leurs Anes, mais de mettre constamment en état le bât et le double coussin qui constituent le harnachement de chaque bête.

 Le harnais est des plus primitifs : une corde enroulée autour du cou de l’animal et formant collier. Veut-on mettre la bête en position pour être chargée ou déchargée, c’est par là qu’on la saisit ; quand elle résiste à la traction, le conducteur s’en prend sans façon aux oreilles ou à la queue, moyen de persuasion irrésistible.

  »C’est un rude métier, écrit M. Charles Jourdan, que de pousser devant soi le troupeau aux longues oreilles, non qu’il soit indiscipliné, grand Dieu ! car les pauvres animaux qui le composent sont l’image vivante de la docilité et de la crainte, mais il faut charger les matériaux, les conduire sous un soleil brûlant ou sous des averses diluviennes, dans des endroits escarpés, que les charrettes ne peuvent aborder.

 La bête souffre, mais l’homme non plus ne ménage pas sa peine. Si âpre que soit cependant la besogne, cela n’enlève rien à la gaieté, ni à l’insouciance du conducteur.

Tantôt à pied dans la poussière, stimulant ses bourriquots qui trébuchent sous leur fardeau, tantôt perché sur la croupe de l’un d’eux, et les ramenant à vide, il chante à tue-tête un air monotone qu’il interrompt souvent pour lancer le cri : Arri ! au bruit duquel détale toute la bande. (A SUIVRE…)

  

DRUMONT, Édouard (1844-1917) : L’Ane (1882).


Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (17.VII.2002)
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L’Ane 5

Posté par othoharmonie le 25 décembre 2011

Par Édouard Drumont

 Le bourriquotier n’a pas l’âme tendre ; armé d’un bâton à peine flexible, il frappe à coups redoublés sur les retardataires de la troupe et ne tarde pas à marbrer leurs cuisses maigres de blessures sanguinolentes. C’est toute l’amélioration que la Société protectrice des animaux a pu obtenir après des démarches et des plaintes sans nombre.

 L'Ane 5 dans ANEAutrefois les Mzabites ne frappaient jamais ; ils piquaient.

 Un bâton plus court, à l’extrémité duquel était enchâssée une pointe de fer, leur servait d’aiguillon, et cet instrument barbare labourait sans cesse la croupe de leurs victimes. L’instrument de torture a changé, mais le traitement est toujours aussi cruel.

 Cependant la physionomie de celui qui l’applique respire tout autre chose que la férocité. Sous sa peau hâlée, presque noire, s’étale un bon sourire et perce un franc regard. Il va gaiement son chemin, la tête enveloppée dans un haillon de cotonnade, le corps enfermé dans un sarrau de toile ou de laine taillé comme un sac, battant de ses jambes nues les flancs de sa grêle monture. »

 Qu’il transporte des pierres à Alger ou qu’il porte des enfants et des jeunes filles à travers la forêt de Montmorency, dans ces joyeuses parties qu’a racontées Paul de Kock, l’Ane, on le voit, est partout victime des mêmes procédés ; partout il est digne de cette pitié que nous sommes heureux de lui témoigner publiquement ici…(A SUIVRE…)

 

DRUMONT, Édouard (1844-1917) : L’Ane (1882).


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L’Ane 6

Posté par othoharmonie le 25 décembre 2011

Par Édouard Drumont

L'Ane 6 dans ANE L’Ane est-il donc irréprochable ? Quel que soit mon désir de rendre justice à ce grand méconnu, je ne voudrais pas aller jusqu’à soutenir cette thèse. La Fontaine, qui, selon moi, a été dur pour l’Ane, a bien vu cependant quelques traits de son caractère. L’Ane est un loustic, il aime les mauvaises plaisanteries et les tours d’un atticisme douteux : il s’amuse comme un fou à ces grosses malices au risque de les expier sous le bâton.

 C’est un sournois. On est en droit de lui reprocher un entêtement bizarre, particulier aux gens qui n’ont pas de volonté. Vous les connaissez, ces obstinations incompréhensibles de lunatiques qui se butent à un rien après avoir tout supporté et qui déploient alors cette force d’inertie contre laquelle tous les arguments, même les plus frappants, viennent se briser. L’Ane est ainsi. Quelle idée traverse sa cervelle à certains moments ? Le vase est-il trop plein et déborde-t-il ? Est-il à bout et ne peut-il rien accepter après avoir tout subi ? Est-il révolté du peu de raison de l’homme qui lui demande plus qu’il ne saurait fournir ? On n’en sait rien. L’Anesse de Balaam n’a parlé qu’une fois et encore c’était dans le désert…

 L’Ane est malencontreux, je vous l’accorde encore, ce qui tient à son défaut d’usage du monde. Les caresses que, dans son désir de rivaliser avec le petit Chien, il prodigue à son maître avec son pied, en accompagnant d’un chant gracieux cette action hardie, démontrent qu’il n’est point organisé pour la vie des cours. Il est naïvement vaniteux ; il prend pour lui les hommages qu’on rend aux reliques dont il est chargé ; tantôt il s’affuble de la peau du Lion pour épouvanter le voisinage ; tantôt il se fait honneur d’une victoire à laquelle il n’a contribué que par ses braiments.

  dans ANEMalgré tout, l’Ane sort sympathique de cette Comédie animale que La Fontaine nous a donnée avant que Balzac ne nous donnât la Comédie humaine. Il n’a point, comme tant d’autres, de gros méfaits sur la conscience, et la spontanéité de ses aveux dans les Animaux malades de la peste témoigne d’une âme de bête au fond candide et honnête. Qu’il est nature ce cri de Haro sur le baudet ! qui retentit contre le faible et l’innocent ! C’est cette iniquité précisément qui recommande maître Aliboron à la compassion de tous les coeurs généreux.

Sévèrement traité par les fabulistes, l’Ane n’a pas eu plus de chance avec les faiseurs d’histoire naturelle. (A SUIVRE…)

 

 

 DRUMONT, Édouard (1844-1917) : L’Ane (1882).


Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (17.VII.2002)
Texte relu par : A. Guézou
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L’Ane 7

Posté par othoharmonie le 25 décembre 2011

Par Édouard Drumont

 Buffon, chose curieuse, est le plus courtois de tous avec ce manant. Il semble, à lire le chapitre que le naturaliste à manchettes consacre à Aliboron, voir l’écrivain grand seigneur se promener aux environs de son château, s’arrêter en apercevant quelque Ane de meunier, et lui dire : « Approche ici, petit, que je te décrive. »

 L'Ane 7 dans ANE« L’Ane, dit-il, est aussi humble, aussi patient, aussi tranquille que le Cheval est fier, ardent, impétueux ; il souffre avec constance, peut-être avec courage, les châtiments et les coups. Il est sobre et sur la quantité et sur la qualité de la nourriture ; il se contente des herbes les plus dures et les plus désagréables que le Cheval et les autres animaux lui laissent et dédaignent. Il est fort délicat sur l’eau ; il ne veut boire que de la plus claire et aux ruisseaux qui lui sont connus. Il ne se vautre pas, comme le Cheval, dans la fange et dans l’eau ; il craint même de se mouiller les pieds et se détourne pour éviter la boue…

 Il est susceptible d’éducation et l’on en a vu d’assez bien dressés pour faire curiosité de spectacle. Dans la première jeunesse, il est gai et même assez joli : il a de la légèreté et de la gentillesse ; mais il la perd bientôt soit par l’âge, soit par les mauvais traitements, et il devient lent, indocile et têtu ; il n’est ardent que pour le plaisir, ou plutôt il en est furieux, au point que rien ne peut le retenir et que l’on en a vu s’excéder et mourir quelques heures après. Comme il aime avec une espèce de fureur, il a aussi pour sa progéniture le plus fort attachement. Pline nous assure que lorsqu’on sépare la mère de son petit, elle passe à travers les flammes pour aller le rejoindre. Il s’attache aussi à son maître, quoiqu’il en soit ordinairement maltraité ; il le sent de loin et le distingue de tous les autres hommes. Il reconnaît aussi les lieux qu’il a coutume d’habiter, les chemins qu’il a fréquentés. »

 Toussenel, qui a trouvé souvent de si fines et de si ingénieuses analogies entre l’homme et l’animal, qui a découvert dans sa Zoologie passionnelle de si mystérieuses affinités entre l’être humain et la créature inférieure, n’a pas été indulgent pour l’Ane. Pour lui l’Ane est la personnification de l’Auvergnat, rude au travail, mais grossier et étranger à tout sentiment du Beau. Il reproche au pauvre Aliboron d’être un rural, conservateur égoïste, routinier, cupide et sec, borné d’apparence et malin en dessous.

  dans ANE« Ne nous y trompons pas, écrit l’auteur de l’Esprit des bêtes, l’Ane, comme l’Auvergnat, est plus rusé et plus ignorant que sot, et l’histoire a recueilli de lui une foule de mots mémorables, notamment celui-ci : Notre ennemi, c’est notre maître. Ce qui prouve que la maligne bête s’exprime aussi en très bon français quand elle veut. La sottise pivotale que je reproche à l’Ane est de ne pas conformer son vote à cette opinion, et de donner toujours sa voix à celui qui le malmène le plus brutalement.

 Cette contradiction bizarre entre ses bons mots et ses votes démontre que l’Ane ne fait d’opposition que par tempérament, et que cette opposition, chez lui, s’en tient volontiers à l’épigramme et à la rétivité. Je ne compte pas plus sur l’Ane que je n’avais compté sur l’opposition dynastique pour le succès de la révolution dernière. L’Ane, qui fait une guerre d’extermination au chardon, emblème de la presse bonne et mauvaise, a trop de points de contact avec les petits hommes d’État qui inventent les législations de septembre pour que j’aie foi en ses reliques. Défions-nous, défions-nous des gens qui sont toujours prêts à se rouler par terre et qui attendent que nous soyons endormis pour nous jeter à bas. »  (A SUIVRE…)

 

DRUMONT, Édouard (1844-1917) : L’Ane (1882).


Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (17.VII.2002)
Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Mél : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros] 100346.471@compuserve.com
http://www.bmlisieux.com/


Diffusion libre et gratuite (freeware)


Texte établi sur un exemplaire (BmLx : nc) de l’ouvrage Les Animaux chez eux illustré par Auguste Lançon (1836-1887) paru chez L. Baschet à Paris en 1882.

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L’Ane 8

Posté par othoharmonie le 25 décembre 2011

Par Édouard Drumont

 S’il me fallait chercher l’analyse la plus complète et l’explication la plus profonde de la nature de l’Ane, je la demanderais à Apulée.

 Ces mythes grecs, si clairs dans la radieuse jeunesse de l’Hellade, tombèrent un peu dans la subtilité au moment de la décadence. Malgré tout, même dans le latin alambiqué de l’Africain Apulée, ils gardent encore je ne sais quel charme pénétrant.

 L'Ane 8 dans ANEN’est-elle point saisissante cette allégorie d’un homme jeune et beau métamorphosé en Ane et condamné à ne reprendre sa première forme que lorsqu’il aura mangé des roses ? C’est l’éternelle histoire de l’indigent auquel on ordonne pour se guérir du Haut-Brion et du jus de poulet. C’est le cercle vicieux en un mot ; il faut justement à l’Ane ces roses que nul n’aura la pensée de lui offrir.

 J’aperçois là, pour ma part, formulée en termes très suffisamment précis, une nouvelle preuve de la similitude que j’indiquais en commençant entre le travailleur et l’Ane. Pour se relever de la position humiliée qui est la sienne, il faut à l’homme comme à la bête des roses, c’est-à-dire les parfums, la grâce, la science, l’art, l’idéal, tout ce qui brille, tout ce qui sent bon, tout ce qui poétise et enchante l’existence. Or, précisément, c’est ce qui n’est pas à la portée des misérables.

 Au milieu d’un sacrifice, l’Ane s’approche du prêtre d’Isis qui porte des roses à la main et il reprend son enveloppe première. En dépit des détails scabreux auxquels se plaît la fable milésienne qui a servi de thème premier à Apulée, l’auteur ne s’est-il pas proposé un enseignement plus haut ? N’a-t-il pas voulu dire à tous que c’est au prêtre qu’appartient la mission d’initier à l’éternelle beauté, de relever et d’affranchir les déshérités de l’univers ?

Que disions-nous ? Que l’Ane était dédaigné de la littérature. Dans le monde antique finissant, il inspire un livre à Apulée ; dans notre monde moderne, déjà bien vieux, et qui, avec ses troubles, ses angoisses, ses fantômes hallucinants, ressemble tant au siècle où vécut l’Africain, Victor Hugo donne à un poème tout entier ce titre : l’Ane.

 Ne voilà-t-il pas de quoi consoler le pauvre animal de la disgrâce qui vient de le frapper ? Jadis, martial du moins après sa mort, il fournissait la peau ronflante à ces tambours sonores sur lesquels on battait la charge ; s’il ne courait pas lui-même au-devant d’un trépas sublime, il avait la satisfaction d’y envoyer les autres. Hélas ! on a crevé les tambours en même temps qu’on tuait beaucoup d’autres choses. L’Ane n’est plus utile à la musique qu’en fournissant avec ses tibias les montures de ces clarinettes que Toussenel détestait si cordialement et qui sont de plus en plus nécessaires aux aveugles qui se multiplient dans un pays où les borgnes sont rois…  (FIN)

 ÉDOUARD DRUMONT.

ULBACH, Louis (1822-1889) : L’âne par Victor Hugo, conférence faite à Courbevoie, le 7 novembre 1880 au profit de la bibliothèque populaire.- Paris : Calmann-Lévy, 1881.- 19 p. ; 22 cm.


Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Bibliothèque Municipale de Lisieux (30.XI.2001)
Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Bibliothèque municipale, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.66.50.- Minitel : 02.31.48.66.55. – Fax : 02.31.48.66.56
Mél : bmlisieux@mail.cpod.fr, [Olivier Bogros] bib_lisieux@compuserve.com
http://www.bmlisieux.com/


Diffusion libre et gratuite (freeware) Texte établi sur l’exemplaire d’une collection particulière.


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L’âne par Victor Hugo 1

Posté par othoharmonie le 24 décembre 2011

 

MESDAMES ET MESSIEURS,

 Je devrais commencer par m’excuser d’avoir pris une tâche et revendiqué un honneur, assignés ordinairement à de plus dignes d’être écoutés.

 Mais le poème dont je veux vous donner l’analyse renferme en lui-même mon excuse.

L'âne par Victor Hugo 1 dans ANEVictor Hugo fait trop bien parler un âne, pour ne pas m’enhardir à parler, et nous sommes dans un temps d’âneries épidémiques, qui me donne l’irrésistible tentation d’applaudir celui qui les dénonce, qui les châtie, au risque d’en commettre une à mon tour.

 C’est d’un âne, en effet, qu’il s’agit dans ce livre, d’un âne et d’un philosophe ; mais l’âne a l’avantage, non pas d’un âne de meunier, mais d’un âne qui en sait plus long que ses oreilles, d’un âne dont l’ancêtre a porté Sancho Pança, et qui a vu les prouesses et les chutes de don Quichotte, d’un âne enfin, qui a brouté des palmes d’académicien.

 M. Geoffroy-Saint-Hilaire, le grand naturaliste, racontait que lors de l’expédition d’Égypte, les membres de l’Institut, pendant les marches, étaient montés sur des ânes. Quand, à l’approche de l’ennemi, nos bataillons se formaient en carrés, nos soldats, pleins de sollicitude pour leurs amis les savants, et glorieux de les défendre, s’écriaient tout d’abord : – Au centre les ânes ! – A ce signal, les membres de l’Institut, trottinant, se retiraient au milieu de cette citadelle vivante.

 L’âne du poème est probablement parent d’un des ânes de l’expédition d’Égypte.

Malgré tout, j’ai entendu dire : «Quelle singulière idée a eue Victor Hugo de prendre un âne pour héros de son poème !» (A SUIVRE…)

                                                                                         gif animé anes 11.gif

Issu de la conférence faite à Courbevoie, le 7 novembre 1880 au profit de la bibliothèque populaire

par Louis Ulbach – sous la présidence de M. Laurent Pichat, sénateur

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L’âne par Victor Hugo 2

Posté par othoharmonie le 24 décembre 2011

Le poète a eu tout simplement l’idée de donner la parole à un héros du jour, et il lui a donné cette parole fière, superbe, inspirée, prophétique, dont il a le secret, mais qui, depuis la Bible, n’avait jamais été donnée à une bête.

L'âne par Victor Hugo 2 dans ANE Est-ce calomnier ce temps-ci que de prétendre être assourdi par des braîments, dans les journaux, dans les clubs, dans les banquets, dans les théâtres, dans des endroits en apparence plus solennels et d’ordinaire plus silencieux, quelquefois dans des conférences ?

 N’entendons-nous pas ruer des ânes sous leurs reliques ? Ne voyons-nous pas des ânes présomptueux se jeter dans le gué avec des éponges ? Ne voyons-nous pas des ânes braillards se dévorer réciproquement les oreilles, dans leurs conciliabules organisés pour choisir le bât dont ils veulent être bâtés ? N’assistons-nous pas au charivari d’ânes blancs, d’ânes noirs et d’ânes rouges, qui mettraient en fuite la Liberté, par leur façon de l’interpeller, si la Liberté n’était pas sourde aux bêtes, et si elle n’écoutait pas que des hommes, absolument hommes ?

Victor Hugo a donc écrit un très beau livre d’actualité.

 Au surplus, un écrivain de génie ne justifie pas sa gloire, uniquement par l’élan de son inspiration, par le charme qu’il lui donne. Il n’acquiert des droits incontestables à la postérité, que s’il est l’écho exact, permanent, autant que mélodieux, des douleurs, des aspirations, des hymnes ou des cris de détresse de son temps.

 Le poète qui a donné une forme sublime aux mélancolies de la première partie du siècle ; qui, pendant son noble exil, a infligé la marque des Châtiments au crime couronné ; qui a pleuré des larmes sanglantes sur l’Année terrible ; qui, à travers ses deuils intimes, a toujours porté plus haut dans son coeur les grands deuils de la patrie ; celui-là reste dans son rôle, dans son devoir, et, je le dis sérieusement, dans son action providentielle, quand, au faîte de sa vie, ébloui de cette autre aurore d’au delà de la vie qui monte vers lui, jetant un regard sur ceux qu’il dépasse et qui ne peuvent le suivre, il les exhorte avec une raillerie douce, assez mordante pour les stimuler, assez paternelle pour ne pas les décourager, et du haut de sa sérénité, ayant le secret de l’amour infini qui est l’épanouissement de tout effort humain, il met des bonnets d’âne à notre fausse science, à notre fausse sagesse, à notre fausse piété, à nos puériles ambitions.

 Issu de la conférence faite à Courbevoie, le 7 novembre 1880 au profit de la bibliothèque populaire

par Louis Ulbach – sous la présidence de M. Laurent Pichat, sénateur

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