LE MONDE SANGUIN DES ALLIGATORS
Posté par othoharmonie le 27 décembre 2016
Reptile venu des âges anciens, l’alligator sera-t-il, demain, la source des nouveaux antibiotiques ? Des chercheurs américains en ont depuis peu la conviction. Ils ont, sur ce thème, présenté une communication prometteuse, dimanche 6 avril, dans le cadre de la 235e réunion annuelle de la Société américaine de chimie organisée à La Nouvelle-Orléans.
Dirigés par Mark Merchant, spécialiste de biochimie (McNeese State University, Louisiane), ces chercheurs sont persuadés d’avoir identifié de précieuses protéines, naturellement synthétisées par certains leucocytes présents dans le sang des alligators. Selon eux, les propriétés de ces protéines font qu’elles pourraient bientôt être rangées sur les rayons de plus en plus démunis de l’antibiothérapie.
M. Merchant et ses collaborateurs avaient déjà mis en lumière les caractéristiques originales du système immunitaire des alligators. Ce système de défense fait que ces animaux sont capables de répondre de manière particulièrement efficace contre les différents germes pathogènes (bactéries, virus, champignons) qui les infectent de manière récurrente, conséquences des violents combats qu’ils mènent contre leurs congénères pour défendre leurs espaces territoriaux.
INFECTION NOSOCOMIALE
Les plus récents travaux – conduits in vitro – de ce groupe de chercheurs américains ont été menés avec l’aide de Kermit Murray et Lancia Darville (Louisiana State University). Ils démontrent que certaines des protéines immunitaires présentes dans le sang des alligators peuvent lutter efficacement contre des bactéries hautement pathogènes pour l’homme. C’est notamment le cas pour le staphylocoque doré résistant à la méthicilline, un germe qui représente aujourd’hui une menace croissante pour les malades de nombreux services hospitaliers, en raison des risques d’infection nosocomiale qu’il présente.
Les chercheurs américains ont aussi montré que certaines de ces protéines étaient actives contre une majorité des souches de Candida albicans, un champignon pathogène. Des travaux de biologie moléculaire sont en cours. Ils visent à identifier les structures qui pourraient devenir les principes actifs des antibiotiques et antifongiques de demain.
Mark Merchant propose d’ores et déjà que ces prochains médicaments soient groupés dans la future famille des « alligacines ». Il prévoit aussi que ces nouveaux antibiotiques mettront entre sept et dix ans à arriver sur le marché, dès lors que l’Etat de Louisiane aura donné son accord pour financer les futurs travaux dans ce domaine. En plus des alligators, les crocodiles pourraient également bientôt faire l’objet d’études.
« Ces nouvelles perspectives sont passionnantes, estime le professeur Alain Goudeau (département de bactériologie-virologie, CHU de Tours). Depuis Alexander Fleming et la découverte de la pénicilline, les antibiotiques que nous utilisons depuis trois quarts de siècle résultent des recherches faites dans le monde des champignons inférieurs. On peut raisonnablement penser que le vivant peut offrir d’autres solutions que celles proposées par ces champignons, comme le sang des alligators ou celui des crocodiles. A condition, bien évidemment, de trouver les moyens de respecter une certaine diversité de ce monde vivant. »
En matière de défense contre les agressions, l’alligator a des choses à nous apprendre. On connaissait l’épaisseur de son cuir ou la puissance de ses mâchoires. L’essentiel est pourtant ailleurs, caché dans un système immunitaire extraordinaire. Jugez plutôt : voilà un animal qui se vautre dans les pires cloaques, s’inflige des blessures effrayantes, mais reste imperméable aux bactéries qui pullulent dans ces milieux. Quel est donc son secret ? A l’heure où les résistances aux antibiotiques se multiplient et où la recherche peine à trouver de nouveaux remèdes, pourrions-nous nous inspirer de cet animal ?
En 2008, des scientifiques américains ont apporté une première réponse. Ils ont découvert que du sérum sanguin tiré du reptile pouvait détruire 23 souches bactériennes. L’arme de destruction massive dissimulée dans le sang de la bête semblait être une enzyme. Prometteuse, la piste n’a pas permis d’aboutir à l’élaboration de médicaments.
Mais l’enzyme n’agissait pas seule. Et c’est une autre voie que l’équipe de l’université George Mason de Fairfax, en Virginie, a explorée et dont elle publie les résultats dans la revue Plos One : celle des peptides antimicrobiens. Ces protéines d’un genre particulier pullulent dans nos organismes. On les trouve dans les poumons, sur la peau, dans le sang. Composées de seulement 20 à 50 acides aminés,…
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/planete/article/2008/04/07/le-sang-des-alligators-pourrait-fournir-les-principes-actifs-de-futurs-antibiotiques_1031775_3244.html#JCyjkvrYxCIlbBjX.99
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