LA SOURIS TRANSFORMEE
Posté par othoharmonie le 24 octobre 2016
Dans la Chine ancienne, l’aspect et le comportement des chauves-souris attiraient les soupçons. Pour expliquer l’origine de cet animal, on disait que la souris avait été transformée en chauve-souris après avoir mangé du sel, des crottes ou des huiles. Sous l’influence de la mauvaise réputation de la souris, la chauve-souris avait une triste image de marque. À l’époque des Trois Royaumes (222-265), le poète Cao Zhi écrit le Récitatif sur la chauve-souris et il se dit convaincu que la chauve-souris est un animal rusé et néfaste.
La Chine a toujours aimé se jouer des mots et des homonymes, des jeux de mots et des symboles. L’écriture s’y prête avec délice et, dans certains cas, donne naissance à d’étonnants rapprochements.
En effet, la Chauve-souris (« fu ») du fait d’une analogie phonétique (homonymie) avec Bonheur (« fu ») fut fréquemment utilisée en lieu et place du mot Bonheur. De plus ce jeu de mot recèle un des principes majeurs de la philosophe chinoise : le bonheur possède en lui la racine du malheur et vice versa. On pense ici au symbole du yin et du yang.
Ainsi, sous la dynastie des Ming (1360-1644 après J.-C.), la chauve-souris devint un symbole de chance et de longue vie. Elle gagna ainsi ses lettres de noblesse de façon inattendue.
Groupées par trois, elles symbolisent les trois bonheurs : Bonheur, Richesse et Longévité. Elle est associée par les taoïstes à la Longévité car elle vit dans les grottes, lieu de passage vers le domaine des Immortels. De même elle se tient la tête en bas pour « nourrir le principe vital » qui est un exercice taoïste pour « fortifier le cerveau ».
Cinq chauves-souris représentent les cinq biens précieux que sont le grand âge, la richesse, la santé, l’amour de la vertu et la mort naturelle. Wufu Pengshou est un motif où cinq chauves-souris entourent le caractère chinois « shou » (longévité). Ce motif symbolise le fait que l’on possède à la fois bonheur et longévité.
A partir du XVIIe siècle, surtout au milieu et à la fin de la dynastie des Qing (1644-1911) le motif se popularise fortement. Son utilisation s’est propagée dans la construction, le textile, la broderie, la peinture, la porcelaine, la gravure sur bois et sur brique.
On peut trouver des motifs uniques de chauves-souris ou des chauves-souris combinées avec d’autres motifs de bon augure. Par exemple, plusieurs motifs de chauves-souris et de pêches symbolisent des vœux de bonheur et de longévité accrue ou comme le cerf (« lu ») est homonyme du traitement monétaire « lu », le motif composé d’un cerf et d’une chauve-souris signifie que le bonheur et la richesse viennent en même temps.
Au delà des traitements artistiques, la peinture permet d’audacieuses analogies.
Ainsi, le style « peinture d’anniversaire » devient le théâtre de ces jeux de mots.
On retrouvera la même symbolique liée à la chauve-souris dans les pays sinisés comme le Japon, la Corée ou le Vietnam.
La pipistrelle est une petite chauve-souris bien sympathique qui mange les moustiques !
Mais elle aussi peut nous inspirer des réflexions sur l’ombre, sur les mystères de la nature, sur l’occulte, mais aussi sur la faune, la flore et l’écologie locale, sur l’alchimie, sur le merveilleux et nous ramener à l’art par le biais de symboles chinois par exemple! Mais de tout cela nous reparlerons…
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