Gouvernement des chats au pays des souris
Posté par othoharmonie le 20 octobre 2016
Au pays des souris
Les affaires, la personnalisation, les renoncements condamneraient-ils désormais les formations à l’inutilité ? Les partis politiques seraient-ils morts ? En 1944, le Canada se trouvait confronté à des questions similaires. Le dirigeant politique canadien Thomas Douglas imagina alors la parabole suivante.
Au pays des souris, les petites souris vivaient, s’amusaient, naissaient et mourraient, un peu comme vous et moi. Elles avaient même un parlement et, tous les quatre ans, elles organisaient des élections. (…) A chaque fois, le jour des élections, les petites souris se rendaient dans les bureaux de vote pour élire leur gouvernement. Un gouvernement composé de gros chats noirs. (…)
Oh, je n’ai rien contre ces chats. Ils étaient plutôt sympathiques. Ils présidaient aux affaires de façon tout à fait digne. Ils votaient de bonnes lois, c’est-à-dire, des lois bonnes pour les chats.
Mais ces lois, bonnes pour les chats, l’étaient beaucoup moins pour les souris.
L’une des lois établissait que les trous des souris devaient être assez grands pour qu’un chat puisse y passer sa patte. Une autre prévoyait que les souris ne devaient se déplacer qu’en-deçà d’une certaine vitesse, de sorte que les chats puissent prendre leur petit-déjeuner sans trop d’effort. Toutes les lois étaient bonnes pour les chats mais ô combien dures pour les souris. Pour ces dernières, la vie devenait de plus en plus difficile.
Lorsque les souris en eurent assez, elles décidèrent qu’il fallait faire quelque chose : elles se rendirent aux urnes en masse. Elles chassèrent les chats noirs du pouvoir, et les remplacèrent par des chats blancs.
Les chats blancs avaient conduit une excellente campagne. Ils avaient dit que ce dont le pays des souris avait besoin, c’était de davantage de vision. Ils avaient expliqué que le problème, c’était les trous ronds qu’utilisaient les souris. « Si vous votez pour nous, nous légiférerons pour que les trous soient carrés. » Et c’est ce qu’ils firent une fois au pouvoir. Les trous carrés étaient deux fois plus larges que les anciens, ronds : les chats pouvaient dorénavant y passer les deux pattes. Et la vie des souris devint encore plus difficile.
Lorsque les souris en eurent assez, elles votèrent contre les chats blancs, et remirent les noirs au pouvoir. Puis, ce fut à nouveau le tour des chats blancs, puis à nouveau celui des noirs. Elles essayèrent même des chats mi-blancs, mi-noirs : elles appelèrent cela une coalition. (…) Il y eut en outre des chats qui imitaient le cri des souris… mais qui mangeaient comme des chats.
Voyez-vous, mes amis. Le problème n’avait rien à voir avec la couleur des chats. Le problème venait du fait qu’il s’agissait de chats. Et en bons chats, ils s’intéressaient plus au sort des chats, qu’à celui des souris.
Un jour, une petite souris eut une idée. Ecoutez bien, mes amis, l’idée de la petite souris. Elle se planta devant les autres souris et leur dit : « Ecoutez les gars, pourquoi est-ce que nous continuons à élire des gouvernements de chats ? Pourquoi n’élirions-nous pas un gouvernement composé de souris ? » « Oh, répondirent les souris, mais c’est un bolchevik ! » Et elles le mirent en prison.
Mais, chers amis, souvenez-vous qu’on peut enfermer une souris ou un homme, mais qu’on ne peut pas enfermer une idée.
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