Chauves-souris en Bretagne
Posté par othoharmonie le 8 octobre 2016
Les chauves-souris sont tellement discrètes que l’on ne sait pas toujours qu’il y en a près de chez nous… voire dans nos murs. Cachées derrière un volet, une écorce d’arbre dé- collée, dans le clocher d’une église… Pourtant à certains moments de l’année, elles peuvent se regrouper par dizaines voire par centaines, pour hiberner ou pour mettre bas leurs petits. Les scientifiques ont identifié 21 espèces en Bretagne. Sept d’entre elles sont considérées comme menacées en Europe . La région n’est pas spécialement riche en chiroptères , comparée à d’autres en France. Cela s’explique par sa situation péninsulaire, la rareté des cavités naturelles et la fraîcheur du climat. Mais elle accueille tout de même des populations non négligeables pour deux espèces vulnérables : le grand rhinolophe et la barbastelle d’Europe.
L’étude des chauves-souris en Bretagne est encore récente puisqu’elle n’a commencé qu’au milieu des années 1980. La plupart des espèces gardent encore tout leur mystère, en particulier les plus communes bien qu’elles soient les plus nombreuses. Résultat aujourd’hui : les scientifiques ne commencent à bien connaître que quatre espèces. Parce qu’elles sont menacées et ont fait l’objet d’un suivi renforcé. À savoir le petit et le grand rhinolophe, le grand murin et le murin à oreilles échancrées.
Les chauves-souris sont des animaux souvent peu connus et pourtant passionnants. Première originalité et pas des moindres : ce sont les seuls mammifères volants au monde. Elles sont actives la nuit. En Europe, elles se nourrissent exclusivement d’insectes qu’elles repèrent en utilisant des ultrasons. Ce qui explique l’importance pour ces espèces des milieux riches en insectes comme les zones humides, les boisements, les pâturages, etc. Dépourvues de tout comportement constructeur, elles dépendent entièrement des abris naturels ou d’origine humaine. Selon les espèces et les saisons, elles choisissent pour s’installer des grottes, des mines, des combles de bâtiments, des arbres, ou encore des anfractuosités dans des murs. Frais en hiver, chaud en été Elles s’accouplent à l’automne, pour certaines espèces lors de grands rassemblements pouvant réunir des centaines d’individus. Puis, elles hibernent en général dans des grottes, des mines ou des ruines pour pallier le manque de nourriture. À cette saison, elles ont besoin d’abris ayant un microclimat propice à leur léthargie – une température constante aux environs de 10 °C et un taux d’humidité proche de 100 %. Quelques espèces moins frileuses choisissent des arbres creux. L’été, les femelles se regroupent dans des endroits chauds, sombres et calmes, comme les combles d’église, pour mettre au monde leur unique petit de l’année.
Le petit rhinolophe
Le petit rhinolophe est le plus petit des rhinolophidés européens (envergure : 19 à 25 cm, poids : 5 à 7 g). Il chasse essentiellement dans les boisements de feuillus et les boisements des berges. Comme tous les rhinolophidés, il a vu ses effectifs s’effondrer dans l’ensemble de l’Europe depuis le milieu du XXe siècle. C’est également une espèce vulnérable en Europe.
Le grand murin
Le grand murin est, comme son nom l’indique, le plus grand des murins européens. Il peut atteindre une envergure de 35 à 43 cm et un poids de 28 à 40 g. Il a souffert à partir des années 1960 d’une diminution très spectaculaire de ses effectifs, certaines estimations faisant état d’une baisse de 80 % à l’échelle européenne. Aujourd’hui, c’est une des espèces de chauves-souris les plus fragiles en Bretagne, protégée elle aussi en Europe.
Le murin à oreilles échancrées est une chauve-souris de 23 cm d’envergure (poids : 7 à 15 g). Depuis quelques années, l’espèce progresse vers l’ouest de la région. Les animaux chassent principalement dans les vallées boisées où ils recherchent des diptères (mouches, moustiques, etc.) et des araignées. L’espèce est aussi connue pour fréquenter les étables à la recherche d’insectes.
La barbastelle d’Europe
La barbastelle d’Europe est une espèce forestière de taille moyenne avec une envergure de 27 cm et un poids de 6 à 13 g. Elle est considérée comme menacée en Europe. Son régime alimentaire est composé à 80 % de micro-papillons de nuit ce qui en fait une espèce spécialisée.
Des espèces plus communes Enfin parmi les espèces plus courantes on peut citer la pipistrelle commune et la sérotine commune. La première est la plus petite des espèces de chauves-souris européenne (envergure ne dépassant pas 19 cm et pesant 5 g). Elle chasse dans tous les types de milieux, même en ville. On la trouve régulièrement dans les habitations (toitures, coffres de volets roulants, etc.).
La sérotine commune est une chauve-souris de grande taille puisqu’elle peut faire 36 cm d’envergure et peser 26 g. Elle est présente dans de nombreux milieux comme les parcs, les bois, le bocage ou les zones remembrées. Très discrète, elle fréquente aussi les habitations humaines, en été comme en hiver. Rares ou pas, les chauves-souris ont en tout cas un point commun. Il est souvent bien difficile d’en voir plus que quelques battements d’ailes saccadés et furtifs, aperçus entre chien et loup ou captés au hasard d’un halo de lumière.
Des mutations à venir pour la forêt bretonne ? Autre sujet d’inquiétude pour les chauves-souris : la forêt bretonne pourrait connaître de profondes mutations dans les prochaines décennies. Car de nombreux boisements arrivent à maturité et devront être récoltés. Or la forêt est l’une des principales sources continentales de biodiversité de la région. Des études récentes montrent que les chauves-souris arboricoles installent de préférence leurs colonies de reproduction dans des peuplements de feuillus, plutôt âgés et riches en bois mort (et en insectes). Une récolte en peu de temps des peuplements mâtures aurait des conséquences sur les chauves-souris. La demande actuelle du marché est très orientée vers le résineux. Si bien que la part des surfaces résineuses devrait logiquement augmenter, diminuant ainsi les capacités d’accueil et d’alimentation des chauves-souris. Les besoins croissants en bois, notamment pour la filière bois-énergie, pourraient favoriser localement une sylviculture plus dynamique, voire intensive avec des essences à croissance rapide et à rotations courtes. Ce type de peuplements est moins favorable aux chauves-souris. De même, la récolte de l’ensemble des rémanents de coupe pour la fabrication de plaquettes leur serait préjudiciable. Car elle ôterait une grande partie du bois mort en forêt, source de diversité en insectes. Là encore, il est difficile d’évaluer l’impact de ces changements à venir. L’heure est donc à la surveillance sur ce sujet . C’est une nécessité pour mieux comprendre les relations entre chauves-souris et milieux forestiers, mais aussi plus largement prévoir des gestions sylvicoles productives de biens et services également favorables à la biodiversité
Dossier | Les chauves-souris en Bretagne | avril 2014 http://www.bretagne-environnement.org/
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