HUITRE : Origines et évolution d’un symbole chrétien
Posté par othoharmonie le 30 mai 2016
Symbole fascinant par sa beauté, et doté d’une puissance mystérieuse et créatrice, la perle est l’attribut des grandes divinités antiques de la fertilité. Dans la symbolique chrétienne, elle est devenue l’emblème du Christ et de sa naissance virginale, et la plus parfaite évocation du royaume des deux. À cette nouvelle symbolique va s’ajouter une dimension gnostique, perceptible chez des auteurs chrétiens de langue syriaque, sans doute influencés par les croyances mandéennes et manichéennes qui ont aussi élevé ce symbole au plus haut rang dans leurs doctrines du salut.
Parmi les symboles universels que l’historien des religions est amené à étudier, la perle est certainement l’un des plus récurrents, mais aussi par l’évolution qu’il- a connue entre l’Antiquité et les débuts du christianisme, l’un des plus complexes. Par son origine marine, sa forme ronde, et la douceur de son éclat, la perle née de l’huître est considérée, dans de nombreuses croyances antiques, comme le fruit d’une intervention divine ou céleste. Doublement celée entre les coquilles de l’huître et la profondeur de l’océan, la perle apparaît comme l’archétype mystérieux de la vie à son commencement. À ce titre, la perle est généralement associée à la puissance créatrice féminine gouvernée par la lune, ou une déesse lunaire de la fertilité et des eaux. Avec la diffusion du christianisme, la perle devient, dans la nouvelle religion, symbole de la naissance virginale du Christ, de son Évangile et du royaume des deux..
Mais la mer est» aussi, un monde inconnu, donc dangereux, par ses tempêtes et les créatures monstrueuses qu’elle : recèle. À l’époque de Marco Polo, les pécheurs de perles du golfe Persique observaient des rites à caractère magique censés les protéger des monstres marins, et leur permettre de remonter sains et saufs de leurs plongées. Ces croyances sans doute très anciennes nous ramènent sur le plan mythologique au motif de la perle et du dragon, très courant en Chine et que l’on retrouve au cœur du récit gnostique de la quête de la perle dans les Actes de Thomas. C’est en effet dans les milieux gnostiques à caractère dualistes nés en Orient, et dont l’influence est sensible chez certains auteurs chrétiens de langue syriaque, que le symbole de la perle atteint son plus haut niveau d’expression poétique, mais aussi de complexité.
DE LA – « DAME AUX PERLES » – SYRIENNE AUX JOYAUX DE L’EMPIRE : ROMAIN
L’univers symbolique associé à la ; perle évoque donc la vie dans ses différentes phases et son renouvellement on pense donc tout naturellement à l’eau, mais l’eau seule ne suffît pas : il faut aussi de la lumière. C’est ainsi que selon certaines croyances antiques, l’huître, pour enfanter la perle, remonte à la surface de l’océan et reçoit du ciel une rosée fécondante, ou la lumière venue du ciel qui permettra la « conception. D’après les auteurs anciens, c’est de l’Orient que viennent les plus belles perles et c’est aussi sous sa forme orientale que la déesse grecque Aphrodite apparaît à la fois comme maîtresse des eaux et reine du ciel, les deux domaines qui évoquent l’origine de la perle. Déesse grecque de l’amour et de la beauté, Aphrodite orientale a des fonctions complexes. Apparentée à une divinité lunaire protectrice des eaux; de la végétation et de la vie, elle est vénérée par les femmes, car elle est aussi la déesse de l’amour et de la fécondité. De cet héritage oriental, il ne reste pas grand-chose à la déesse Aphrodite grecque mais son affinité avec le monde marin est symbolisée par son attribut : la coquille qui a porté sur la rive la déesse « née de l’écume ».
Pourtant, selon une variante de ce récit, Aphrodite serait née dans un coquillage ; ce que tendrait à confirmer l’étude des représentations de la: déesse ; agenouillée dans sa coquille dont elle s’apprête à sortir comme une perle. On se rapproche d’une légende phénicienne selon laquelle la divinité locale assimilée à Aphrodite, est née d’un œuf ramené par les pécheurs sur les rives de l’Euphrate, et couvé par une colombe. Ces deux représentations montrent donc une divinité née de la mer, soit dans un œuf- dont la forme et le symbolisme rappellent la perle – soit entre deux coquilles qui s’ouvrent pour la laisser, sortir. La proximité avec la perle est encore plus évidente si l’on se reporte au nom donné à Aphrodite syrienne dans le culte qui lui était rendu à Antioche : elle est appelée Margarito (perle), ou « la dame aux perles ».
Mais Aphrodite est aussi une divinité ouranienne et proche en cela, des divinités orientales régnant dans le ciel. À » Babylone les destins de la communauté et de sa vie matérielle en a l’occurrence la santé, les saisons et leur influence sur la végétation -se jouent dans la marche des astres que les prêtres sont chargés d’interpréter. Or, dans ce panthéon céleste,. la divinité Innana Ishtar, «reine du ciel», est assimilée à l’étoile du matin et du soir, Vénus- Aphrodite. Parmi les nombreux hymnes qui lui sont adressés, la grande déesse est célébrée comme « le joyau qui brille dans le ciel ». Jastrow, qui présente ce texte, suggère que le terme employé désigne peut-être un diamant. Pourtant, certaines sources suggèrent qu’il pourrait s’agir d’une perle. En effet, d’après le récit de la descente d’ishtar aux enfers, la déesse doit passer par sept portes, et se dépouiller à chaque fois d’une de ses parures à la quatrième porte, elle abandonne ses perles.
Et si l’on se reporte aux spéculations associant à l’influence des gemmes celles des astres développées dans les lapidaires grecs Théophile d’Edesse associe, à la planète Vénus l’améthyste, l’onyx et la perle (margaritès) ls. Si Ishtar, reine du ciel, est descendue aux enfers, il semblerait qu’Aphrodite ait aussi partie liée avec le monde des morts. Roscher signale une représentation de la déesse à Delphes, évoquée par, Plutarque sous la forme d’une « statuette d’Aphrodite tombale : vers laquelle on invite les défunts à remonter pour qu’ils reçoivent les libations ». Cette fonction serait étroitement liée à son rôle de déesse de la végétation dont le rythme est marqué par l’exubérance de la vie, et la saison passée, la mort, puis 1e renouveau. Deonna, lui, s’intéresse à la représentation du buste de la déesse à la coquille sur des monuments funéraires grecs et romains. Plus qu’un élément décoratif, il suggère que la coquille évoque la: naissance de la déesse, et rappelle qu’Aphrodite, protectrice des voyageurs sur la mer, est aussi présente auprès d’eux lors du voyage vers l’au-delà. Par la suite, les chrétiens auraient adopté роur leur, sépulture le simple coquillage comme symbole de résurrection.
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extrait LA PERLE ENTRE L’OCEAN ET LE CIEL – La perle, entre l’océan et le ciel.
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