METAMORPHOSES DES FEMMES CYGNES

Posté par othoharmonie le 26 novembre 2015

 

 

femme cygneCertaines légendes chrétiennes, mettant en scène des personnages principalement féminins, semblent reproduire d’une manière évidente ou au contraire altérée, les légendes populaires rapportant les métamorphoses de fées en cygnes ou en oies sauvages. Nous découvrons sous le voile de l’abbesse ou de la sainte la personnalité peu « catholique » de « la fille du diable » des contes merveilleux, de la femme-cygne de l’au-delà. 

De quel ensemble de récits populaires proviennent ces saintes ornithomorphes ? Comment l’Eglise a-t-elle pu adopter ces diablesses que le héros d’un conte merveilleux s’empresse de faire baptiser ? A quel prix le conte traditionnel doit-il son adaptation chrétienne ? 

Enfin, quel rôle l’hagiographie réserva-t-elle aux femmes-cygnes de l’au-delà, ayant quitté leur montagne magique pour se rendre au couvent ?

Telles sont les questions auxquelles nous avons tenté de répondre dans le cadre de l’antinomie de la culture populaire et de la culture cléricale.. 

Les fées de l’au-delà : Le comte merveilleux de la fille du diable présente trois femmes-cygnes quittant une mystérieuse contrée pour venir se baigner dans un lac terrestre. Elles abandonnent sur la rive leur plumage blanc et apparaissent sous la forme humaine, accessibles au héros qui, grâce à ses connaissances magnifiques, s’empare d’un des habits de plume afin d’empêcher le retour de la fée dans l’autre monde. 

La femme-cygne vient de l’au-delà, de la montagne de verre, du pays de la mort et des immortels, semblable à cet Avalon vers lequel Morgan s’envolait comme un oiseau. 

Si les femmes-cygnes des contes merveilleux français ne possèdent pas le caractère guerrier des femmes-oiseaux qui attaquèrent Perceval ou celui des Walkyries scandinaves ou germaniques, elles conservent néanmoins une dimension surnaturelle et funèbre qui sera encore décelable dans certaines légendes christianisées. 

Ces fées ont le plumage du cygne, de l’oie ou du canard sauvage, de ces oiseaux migrateurs dont le folklore est loin d’être anodin. Bien au contraire, ces oiseaux qui, par leurs migrations, annoncent les saisons, sont les maîtres du temps calendaire et de la vie humaine. Ils incarnent les âmes des morts et sont les animaux psychopompes ; leur apparition au printemps est associée à l’arrivée des âmes des nouveau-nés et leur départ automnal au dernier voyage de la mort. Ces oiseaux sont souvent craints car ils suscitent les épidémies, les désastres et la mortalité. 

Ces croyances, concernant les oiseaux migrateurs, éclairent la personnalité ambivalente de la femme-cygne, pourvoyeuse de vie et de mort… Dans les légendes orales christianisées, le femme-cygne des codes merveilleux se laisse aisément découvrir sous l’apparence des saintes ansériformes. En revanche, dans les textes hagiographiques, la présence de la fée ornithomorphe n’est révélée que par certains indices… 

Les saintes ansériformes. Nous  évoquerons l’existence de curieuses saintes ornithomorphes, des « canards boiteux » des légendes orales christianisées/ ces saintes qui se métamorphosent en palmipèdes ou en charme qui évoque celui des femmes-cygnes bien plus que celui des saintes « orthodoxes ». 

Une cause sauvage à l’église.

La ville de Montfort, appelée autrefois Montfort la Canne, près de Montauban, en Bretagne, recevait la visite d’une cane merveilleuse qui se rendait chaque année, le jour de la translation de saint Nicolas, dans l’église qui était dédiées à ce dernier. Le 9 mai, alors qu’elle était attendue par la population de la ville, la cane pénétrait dans l’église en compagnie de ses canetons. 

Cet oiseau avait été jadis, selon la légende populaire, une jeune fille qui, ayant prié saint Nicolas de la sauver du déshonneur, avait été métamorphosée en cane. 

Le phénomène de la cane de Montfort est intéressant à plusieurs égards. Pendant plus  e deux siècles, la population de Montfort, sans compter les « personnes de qualité citées dans « le récit véritable de la venue d’une cane sauvage… », s’est passionnée pour l’apparition de cet oiseau attendu pour le 9 mai. …

 

Par Isabelle Grange : du folklore à l’hagiographie chrétienne

Laisser un commentaire

 

Жихен - Tendresse Éternelle |
binsle120 |
Univers sans lisse |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Les maux avec des mots
| Iz avance
| mbuello