Le cygne symbole de la monarchie
Posté par othoharmonie le 24 novembre 2015
L’Angleterre fut très certainement à l’origine de cette tradition aristocratique. Les cygnes royaux y figurent pour la première fois dans des écrits du Xème siècle. A compter de 1482, la noblesse insulaire accède au droit de propriété du prestigieux volatile. Elle est tenue de marquer ses oiseaux ; tout cygne n’arborant pas les armes de son propriétaire étant considéré comme patrimoine du roi d’Angleterre. Aujourd’hui encore, Outre-Manche, la fin de juillet est marquée par une tradition séculaire : le marqueur officiel de la reine parcourt la Tamise sur une barque, en tenue écarlate de grand apparat. Son rôle ? Localiser les cygnes et rendre compte de son recensement auprès de sa Très Gracieuse Majesté.
En France, une ordonnance royale de 1684 précise les modalités de protection de l’espèce sur la Seine et ses affluents. Peu avant la révolution, une cérémonie de partage des jeunes cygnes avait officiellement lieu chaque année entre évêques, abbés et membres de la Noblesse ; une manière parmi tant d’autres de marginaliser le petit peuple et de générer des frustrations. Ici et là, dans les cahiers de doléances qui précédèrent de peu les événements de 1789, le cygne apparaît nommément parmi la liste des privilèges dont le Tiers-Etat réclame l’abolition.
Le souffle de l’histoire ébranla la société ; couronnes et sceptres vacillèrent mais l’auréole du cygne resta bien en place ; si bien que jusqu’au siècle dernier, l’animal était encore considéré conne un cadeau de grande valeur : c’est ainsi que la population de cygnes du lac Léman, célèbre entre toutes, naquit au moins pour partie du présent d’un couple fait en 1839 par le prince de Fürstenberg à la ville de Genève. Les introductions ultérieures sur le bassin lémanique et les premières reproductions naturelles in situ transformèrent cette implantation en formidable succès pour l’espèce. Selon Paul Géroudet (Les Oiseaux du Lac Léman, Delachaux & Niestlé, 1987), la population du lac, estimée à 150 – 200 individus vers 1904, atteignit l’effectif de 1 437 oiseaux en janvier 1974, et ce malgré des mesures de régulation consistant à perforer une partie des oeufs entre 1960 et 1984 (284 oeufs piqués sur la rive vaudoise au seul printemps 1974, par exemple).
Extrait du site http://www.oiseaux.net/
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