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LE CYGNE ET SON RAPPORT LUMINEUX

Posté par othoharmonie le 21 novembre 2015

 

De la Grèce ancienne à la Sibérie, en passant par l’Asie Mineure, aussi bien que par les peuples slaves et germaniques, un vaste ensemble de mythes, de traditions et de poèmes célèbre le cygne, oiseau immaculé, dont la blancheur, la puissance et la grâce font une vivante épiphanie de la lumière. 

 Cygne et lumière

Il y a toutefois deux blancheurs, deux lumières : celle du jour, solaire et mâle ; celle de la nuit, lunaire et femelle. Selon que le cygne incarne l’une ou l’autre, son symbole s’infléchit dans un sens différent. S’il ne se clive pas et s’il veut assumer la synthèse des deux, comme c’est parfois le cas, il devient androgynal et de plus chargé de mystère sacré. Enfin, de même qu’il y a un soleil et un cheval noirs, il existe un cygne noir, non pas désacralisé, mais chargé d’un symbolisme occulte et inversé.

Il existe un conte bouriate qui évoque un chasseur qui surprit un jour trois splendides femmes se baignant dans un lac solitaire. Elles n’étaient autres que des cygnes qui s’étaient dépouillés de leur manteau de plumes pour entrer dans l’eau. L’homme vola l’un de ces costumes et le cacha, ce qui fit qu’après leur bain, deux seulement des femmes-cygnes purent reprendre possession de leurs ailes et s’envoler. Le chasseur prit la troisième pour épouse. Elle lui donna onze fils et six filles, puis repris son costume et s’envola après lui avoir tenu ce discours : « Vous êtes des êtres terrestres et vous resterez sur la terre, mais moi, je ne suis pas d’ici, je viens du ciel et je dois y retourner. Chaque année, au printemps, lorsque vous nous verrez passer, volant vers le Nord, et chaque automne, quand nous redescendrons vers le Sud, vous célèbrerez notre passage par des cérémonies spéciales ».

Un conte analogue se retrouve chez la plupart des peuples altaïques, avec des variantes, où l’oie sauvage se substitue souvent au cygne. Dans tous ces récits, l’oiseau de lumière, à la beauté éblouissante et immaculée, est la vierge céleste, qui sera fécondée par l’eau ou la terre, le lac ou le chasseur, pour donner naissance au genre humain. Cette lumière céleste cesse d’être masculine et fécondatrice pour devenir féminine et fécondée. On rejoint par ces mythes la représentation égyptienne de la hiérogamie Terre-Ciel : Nout, déesse du Ciel, est fécondée par Geb, dieu de la Terre. Il s’agit alors en ce cas de la lumière lunaire, laiteuse et douce, d’une vierge mythique. Cette acceptation du symbole du cygne semble avoir prédominé chez tous les peuples slaves, ainsi que chez les Scandinaves, les Iraniens et les Turcs d’Asie Mineure. L’image, ou pour mieux dire la croyance, est parfois poussée jusqu’à ses plus extrêmes conséquences. Ainsi, dans le bassin du Iénisséi, on crut longtemps que « le cygne avait des règles comme la femme ». Mais le cygne, au hasard des peuples, a de nombreux avatars : outre l’oie sauvage, déjà mentionnée, mais également la mouette chez les Tchouktches, et la colombe et le pigeon en Russie. 

 

Le cygne incarne le plus souvent la lumière mâle, solaire et fécondatrice. En Sibérie même, cette croyance, bien qu’elle ne soit pas généralisée, a laissé quelques traces. Ainsi, toujours chez les Bouriates, les femmes font une révérence et adressent une prière au premier cygne qu’elles aperçoivent au printemps. Mais c’est dans la lumière pure de la Grèce que la beauté du cygne mâle, inséparable compagnon d’Apollon, a été le plus clairement célébrée ; dans les mythes, cet oiseau ouranien est également le lien qui fait correspondre, par ses migrations saisonnières, les peuples méditerranéens et les mystérieux Hyperboréens. On sait qu’Apollon, dieu de la musique, de la poésie et de la divination, est né à Délos, un jour sept. Des cygnes sacrés firent, ce jour-là, sept fois le tour de l’île, puis Zeus remit à la jeune divinité, en même temps que sa lyre, un char attelé de ces blancs oiseaux. Ceux-ci l’emmenèrent « d’abord dans leur pays, sur les bords de l’océan, au-delà de la patrie des vents du Nord, chez les Hyperboréens qui vivent sous un ciel toujours pur ». Dans son ouvrage sur les mystères d’Eleusis, Victor Magnien suggère que le cygne « symbolise la force du poète et de la poésie ». Le cygne sera l’emblème du poète inspiré, du pontife sacré, du druide habillé de blanc, du barde nordique…  

 

En Extrême-Orient, le cygne est aussi symbole d’élégance, de noblesse et de courage. C’est pourquoi, selon Lie-tseu, les Mongols firent boire du sang de cygne à l’empereur Mou des Tcheou. Il est encore symbole de la musique et du chant, tandis que l’oie sauvage, dont on sait l’extrême méfiance, est un symbole de prudence, dont le Yi-king fait usage pour indiquer les étapes d’une progression circonspecte. Cette progression est susceptible, bien entendu, d’une interprétation spirituelle.

Ces différents animaux sont mal distingués par l’iconographie hindoue, dans laquelle le cygne de Brahma (hamsa), qui lui sert de monture, possède la morphologie de l’oie sauvage. Le hamsa, c’est l’oiseau aquatique. Monture de Brahma, c’est le symbole de l’élévation du monde informel vers le ciel de la connaissance.

Le symbolisme du cygne ouvre d’autres perspectives encore en ce qu’il pond ou qu’il couve l’œuf du monde. Telle est « l’oie du Nil » dans l’Egypte ancienne. Tel encore le « hamsa » couvant le « Brahmanda » sur les Eaux primordiales dans la tradition de l’Inde. Tel enfin l’œuf de Léda et de Zeus, dont sont issus les Dioscures, coiffés chacun d’une moitié de cet œuf dont ils figurent la différenciation. Il n’est pas inutile d’ajouter que, selon des croyances fort répandues encore à une époque récente, les enfants, nés de la terre et de l’eau, étaient apportés par des cygnes. De l’union de Zeus déguisé en cygne et de Léda serait née Hélène de Troie à la beauté aussi légendaire que celle du cygne.

Dans les textes celtiques, la plupart des êtres de l’Autre Monde qui, pur une raison ou pour une autre, pénètrent dans le monde terrestre, empruntent la forme du cygne et y voyagent le plus souvent par deux, reliés par une chaîne d’or ou d’argent. Dans bien des œuvres d’art celtiques, deux cygnes figurent chacun sur un côté de la barque solaire, qu’ils guident et accompagnent dans son voyage sur l’océan céleste. Venant du Nord ou y retournant, ils symbolisent les états supérieurs ou angéliques de l’être en cours de délivrance et retournant vers le Principe suprême. Sur le continent et même dans les îles, le cycle est souvent confondu avec la grue, d’une part, et l’oie, d’autre part ; ce qui explique l’interdit alimentaire dont cette dernière faisait l’objet, d’après César, chez les Bretons.

CYGNE SACRELe cygne fait également partie de la symbolique de l’alchimie. « Il a toujours été regardé, par les Alchimistes, comme un emblème du mercure. Il en a la couleur et la mobilité, ainsi que la volatilité proclamée par ses ailes. Il exprime un centre mystique et l’union des opposés (eau-feu), en quoi l’on retrouve sa valeur archétypale d’androgyne. Au monastère franciscain de Cimiez, la devise latine dégage l’ésotérisme de l’image « Divina sibi canit et orbi » : « Il chante divinement pour soi et pour le monde ». Ce sifflement est nommé le chant du cygne (le signe chantant), parce que le mercure, voué à la mort et à la décomposition, va transmettre son âme au corps interne issu du métal imparfait, inerte et dissous (Basile Valentin, « Les Douze Clefs de la Philosophie – Editions de Minuit).

 

Extrait du Dictionnaire des Symboles – Jean Chevalier et Alain Gheerbrant – Robert Laffont/Jupiter – Collection Bouquins

 

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LE DEPLACEMENT DES CYGNES

Posté par othoharmonie le 21 novembre 2015

 

 

vol de cygnesLeurs déplacements sur la terre ferme sont d’une gaucherie plutôt cocasse car ils se dandinent avec lourdeur. Mais lorsqu’ils regagnent leur élément, ils redeviennent des princes de fière prestance.

Peut-on se lasser de les contempler quand ils gonflent superbement leurs ailes bouffantes au-dessus du dos, quand le cou si flexible s’incurve avec élégance. Mais cette attitude est souvent le signe d’une humeur agressive ou jalouse car il se montre généralement très territorial. Aussi sociable soit-il, il n’a pas un caractère doux et conciliant. Sa colère n’est pas sans danger pour l’intrus qui l’approche et qu’il accueille avec un sifflement rauque et irrité, cherchant à le pincer de bec, avec menace de lui donner un violent coup d’aile.

Les couples se forment ou se retrouvent pendant les mois d’hiver, ou d’automne déjà, et se livrent aux préliminaires des noces. Face à face, le mâle et la femelle rapprochent leurs têtes, se caressent les joues, d’un côté, puis de l’autre, en balançant le cou comme un point d’interrogation qui ondule en lentes spirales. Après ces tendres démonstrations, accompagnées de cris très doux, ils plongent alternativement le bec ou la tête dans l’eau, redressent chaque fois le cou avec lenteur, puis entremêlent de nouveau leurs mouvements gracieux et cadencés. Il est certain que bien des couples restent unis pendant plusieurs années, peut-être même toute leur vie ( Géroudet 1959).

Le nid, une vaste construction hétéroclite de branchages et de débris végétaux divers ramassés aux alentours, abrite 5 à 7 oeufs pondus dès la fin mars et qui éclosent après cinq semaines d’incubation. Peu après l’éclosion, les poussins, au duvet gris-brun dessus, sont conduits à l’eau, mère devant, père derrière. Le plumage des jeunes Cygnes devient blanc à la fin de la première année, mais ces jeunes n’atteignent leur maturité sexuelle qu’à l’âge de trois à quatre ans.

En hiver, la famille est encore unie mais, dès le retour du printemps et de la saison des amours, les adultes ne supportent plus sur leur territoire leur progéniture de l’année écoulée: les jeunes sont chassés et émigrent vers d’autres lieux.

En Belgique, les Cygnes tuberculés domestiqués se rencontrent un peu partout, dans des sites relativement sauvages, des marais d’affaissements miniers, des canaux (comme Bruges), très localement sur la Meuse, mais surtout sur les plans d’eau de nos parcs périurbains ou le commensalisme vis-à-vis de l’homme y est plus ou moins développé (Jacobs 1988).

En hiver, les Cygnes apprécient particulièrement l’abondante nourriture distribuée par les passants : déchets de verdure, grains et pain.

Le statut de protection du Cygne détient le record d’ancienneté en Grande-Bretagne puisqu’il remonte à 1482.

A cette époque (et encore maintenant sur certains sites privilégiés), les oiseaux étaient marqués (soit au bec, soit sur une palmure) et appartenaient à la Couronne Britannique.

Chez nous, ce sont donc des individus ni indigènes, ni sauvages, mais issus de lointains descendants domestiqués qui ornaient, déjà au Moyen-Age, les parcs seigneuriaux. Souvent gardée en captivité ou en semi-liberté, cette espèce s’est essaimée un peu partout, formant des souches semi-domestiquées.

Elle s’est à tel point acclimatée qu’elle est devenue sédentaire ou faiblement erratique, l’instinct migrateur ayant disparu avec la crainte de l’homme.

LE DEPLACEMENT DES CYGNES dans CYGNE 220px-Cygnus_cygnus_070416_IOLCependant, ses mœurs n’ont pas changé et, en dépit de certaines adaptations, nos Cygnes familiers vivent comme leurs frères sauvages. Pourtant, même si nos Cygnes ont perdu leur comportement migratoire, ils volent parfaitement et c’est même un spectacle impressionnant d’observer ces grands oiseaux, étincelants de blancheur, en plein essor au-dessus des plans d’eau de nos parcs urbains.

De loin déjà, l’on entend le son musical et rythmé produit par les puissants battements de leurs ailes en un « vaou vaou vaou » cadencé. Ces vols locaux, qui ne sont souvent que de cours déplacements entre deux sites voisins, nécessitent un envol laborieux sur une longue piste de départ, l’élan étant obtenu tant par une course sur l’eau que par la puissance des ailes. Et, lorsque ces lourds oiseaux se posent, c’est également avec les pattes qu’ils freinent et piétinent la surface de l’eau pour atténuer le choc. Au bord de l’eau, sur les pelouses, les Cygnes se reposent volontiers, tantôt pour nettoyer leur plumage, tantôt pour y dormir couchés sur le sol.

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