LA COPULATION DES CYGNES
Posté par othoharmonie le 4 novembre 2015
Un couple de cygnes sauvages a besoin d’un vaste territoire pour mener à bien une nidification. L’espace doit représenter une centaine d’hectares, être à l’écart des activités et des implantations humaines et offrir une nourriture appropriée. Ce genre d’eldorado ne se rencontre pas souvent, et une compétition s’instaure entre les couples déjà installés et ceux qui souhaiteraient prendre leur place. Les rencontres sont probablement évitées dans un premier temps grâce à deux signaux avertisseurs. Un individu détenteur d’un territoire manifeste ostensiblement sa présence par la blancheur de son plumage, se faisant ainsi repérer par d’éventuels intrus survolant les lieux. De plus, le cygne mâle émet des appels sonores, qui comprennent des séries de sept sons en moyenne.
Pour éloigner l’intrus qui franchit les limites d’un territoire avec l’idée bien arrêtée de s’y installer, le propriétaire légitime écarte les ailes en les faisant frémir, tend le cou et pousse des cris. Cette dissuasion suffit généralement à éloigner l’importun, qui est proprement reconduit jusqu’aux limites du domaine. Dans des cas extrêmes, des affrontements peuvent avoir lieu, même en plein vol.
Une fois installé dans son territoire, le couple de cygnes se reproduit enfin, vers le mois de mai. Tête basse et secouée, les ailes collées au corps, mâle et femelle s’accouplent sur l’eau, après un bref instant de synchronisation. Le mâle monte sur le dos de sa partenaire ; souvent il lui pince la nuque, peut-être pour parer à d’éventuelles manifestations d’humeur. Le couple se livre ensuite à une parade de conclusion : le mâle étend les ailes, parfois imité par la femelle, puis les deux oiseaux émettent simultanément quelques cris. Ils procèdent ensuite à un simulacre de baignade et de toilettage du plumage, ponctué de redressements du corps au-dessus de l’eau grâce à quelques battements d’aile et frétillements latéraux de la queue.
Mâle et femelle bâtissent ensemble le nid
Constitué de roseaux, de laîches et d’autres végétaux aquatiques, plus ou moins mêlés de boue, le nid, édifié sur la terre ferme, à proximité de l’eau, peut aisément mesurer 2 mètres à la base et une soixantaine de centimètres de hauteur. Le mâle se charge de rechercher des matériaux et de les apporter à la femelle, qui les dispose ensuite. Cette construction importante perdure parfois d’une année sur l’autre et est alors réaménagée et consolidée. À son sommet, la femelle façonne un creux de 10 à 15 centimètres de profondeur et tapisse celui-ci d’un peu de duvet et de fins éléments végétaux.
Dès que le nid est prêt, la femelle pond de 4 à 6 œufs en moyenne. Cette ponte se produit en général à partir de mai sur le continent, mais parfois à la fin d’avril en Islande, et il n’y a qu’une couvée annuelle. Il semble que les couples n’ayant pas réussi leur nidification abandonnent prématurément leur territoire et partent rejoindre les troupes de jeunes oiseaux nicheurs, un peu plus au sud.
L’incubation commence à la ponte du dernier œuf. Pendant les 34 à 36 jours de couvaison, la femelle assure seule cette tâche, remplacée par le mâle lorsqu’elle s’accorde quelque répit. Mais alors, il se contente de protéger les œufs sans participer à l’incubation. Si l’un des parents s’absente sans que la relève soit immédiatement assurée, l’oiseau prend soin de recouvrir les œufs de matériaux végétaux, afin que leur blancheur n’attire pas les prédateurs.
À leur naissance et pendant un an, les petits cygnes sont gris-brun. Ils quittent le nid peu après l’éclosion et se nourrissent seuls de ce qu’ils trouvent autour du nid, où ils reviennent dormir. Ils peuvent voler vers trois mois et accompagnent leurs parents vers les lieux d’hivernage ; ils resteront avec eux jusqu’au printemps suivant.
Les parents entourant leur nichée de soins constants, le taux de mortalité des petits reste limité (environ 10 % selon une étude effectuée en Finlande). Mais, quatre étés sur dix, le gel dans le nord de la Finlande paralyse les eaux avant que les jeunes cygnes aient atteint assez de maturité pour suivre leurs parents vers des climats plus doux.
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