La Petite Gardeuse d’oies

Posté par othoharmonie le 29 septembre 2015

 

 

La Petite Gardeuse d’oies (Die Gänsemagd) est un conte de Jacob et Wilhelm Grimm.

la-petite-gardeuse-doieUne princesse doit quitter sa mère la reine pour rejoindre l’époux qui lui est destiné. Celle-ci lui fait don d’un mouchoir sur lequel elle dépose trois gouttes de son sang puis lui offre un cheval nommé « Falada » et unecamériste.

La jeune fille part ensuite pour rejoindre son époux mais en chemin, elle perd le précieux mouchoir que lui avait donné sa mère.

Or ce mouchoir avait le pouvoir de la protéger ; elle devient donc faible et incapable de se défendre. La camériste qui l’accompagne, voyant qu’elle a perdu son mouchoir et qu’elle est désormais à sa merci, l’oblige à échanger ses habits avec elle et prend sa place en lui faisant promettre de ne jamais révéler son secret. Arrivée au château, la camériste épouse le prince et la jeune princesse est obligée de garder les oies du roi. La camériste fait ensuite tuer le cheval Falada qui avait le pouvoir de parler et pourrait révéler son secret. Mais la princesse obtient le droit d’accrocher la tête de Falada sur une porte et lui parle chaque jour en passant devant. Or même morte, la tête a toujours le pouvoir de parler et lui répond inlassablement :

« Ô jeune reine, comme tu vas là, si ta mère savait cela, son cœur volerait en éclats. »

C’est ainsi que le roi apprend un jour l’identité de la princesse. Mais comme celle-ci refuse de trahir sa promesse, il lui suggère de se confier à un poêle et apprend enfin toute la vérité. La camériste subit son supplice et meurt dans un tonneau rempli de clous. La jeune princesse épouse le prince.

 

Un jour, il y a très longtemps, le fils d’un puissant comte, errant dans un endroit sauvage, y rencontra une vieille, très vieille femme en train de lier un énorme tas d’herbe fraîche. — Qu’allez-vous faire de toute cette herbe? qu’il lui demande. — L’apporter chez moi pour la donner à mes oies. — C’est bien trop lourd pour vous, laissez-moi vous aider. — Volontiers, dit la vieille qui, avec une force insoupçonnée dans ce corps chétif, arrima le tas d’herbe sur le dos du jeune homme et ajouta:

– Prenez donc aussi mes paniers de pommes.

– Est-ce loin? demanda le pauvre garçon, écrasé sous la charge.

– Une heure de marche, pas plus…

Allez! En route! Le chemin grimpait durement, le soleil chauffait, les pierres roulaient sous les pieds, l’herbe pesait lourd comme du plomb, les pommes avaient le poids du bronze.  »Je n’en peux plus », dit le jeune comte, s’arrêtant pour reprendre haleine.

– Ah! Ah! fit la vieille avec un ricanement, jeune et fort comme tu es, ne peux-tu soulever ce que je transporte à tous les jours? Pourquoi s’arrêter? Personne ne viendra te secourir ici . » Et, ricanant de plus belle, elle prit son élan et sauta debout sur le tas d’herbe. Le garçon chancela: petite et menue comme elle était, la vieille pesait plus lourd qu’un plein tonneau de vin.

 »Assez, vieille sorcière! » cria-t-il tout en cherchant à se débarrasser de son fardeau. Mais c’était impossible: les paniers demeuraient fixés à ses mains, l’herbe attachée à son dos et la sorcière par-dessus.  »Il n’y a pas de joie sans peine, dit celle-ci. Je te réserve une belle surprise, mais il faut d’abord avancer », et, disant cela, elle lui fouettait les bras et les jambes à grands coups de chardon. Quand, au sommet de la montagne, la cabane de la vieille femme apparut enfin, le comte était à rendu bout de forces. Ses genoux tremblaient et un brouillard s’étendait devant les yeux. Il remarqua pourtant, au milieu d’un troupeau, une horrible gardienne d’oies, vieille et édentée, qui, sans se soucier de lui, s’élança vers la sorcière, disant:

– Comme vous revenez tard, mère, que vous est-il arrivé?

– Rien de fâcheux, au contraire, mon enfant; cet aimable jeune homme m’a offert de m’aider, et, en sa compagnie, le temps a passé très vite. Ce fut seulement après avoir longuement plaisanté sur les joies de cette promenade que la vieille, enfin, sauta à terre et délivra son porteur. Celui-ci s’écroula, plus qu’il ne s’assit, sur un banc, et il s’endormit aussitôt, anéanti de fatigue Une main brutale l’arracha à son sommeil quelques instants plus tard.  »Voici ta récompense, lui dit la vieille, si tu en fais bon usage, elle t’apportera du bonheur. » Le comte regarda ce qui lui était offert: c’était un coffret d’émeraude contenant une unique mais très grosse perle. Il remercia la vieille et partit aussitôt. Sa fatigue s’était dissipée, mais il dut marcher pendant trois jours avant de pouvoir quitter la montagne et il se trouva alors aux abords d’une grande ville, inconnue de lui. Il demanda son chemin et on le conduisit au palais. Le roi et la reine le reçurent si bien que, n’ayant rien d’autre à leur offrir, il prit le coffret d’émeraude, qu’il posa sur les genoux de la reine. Celle-ci l’ouvrit et aussitôt, devenant très pâle, elle s’évanouit. Tandis qu’on ranimait la reine, le roi s’empara du coffret, regarda ce qu’il contenait et demanda:  »Comment avez-vous eu cette perle? Je donnerais tout au monde pour retrouver celle qui l’a perdue.

– Je ne sais pas qui l’a perdue, dit le comte, mais celle qui me l’a donnée ne mérite certes pas tant d’empressement. » Puis il raconta ce qu’il savait de la sorcière. Le roi l’écouta avec attention et le supplia de le conduire aussitôt auprès d’elle. Quant à la reine, à peine revenue de son évanouissement, elle insista tellement pour se joindre à eux, que tous trois se mirent aussitôt en route. A la nuit tombante ils s’égarèrent et le comte se retrouva seul, dans une vallée sauvage où il décida de passer la nuit dans les branches d’un gros orme, au-dessus d’un puits abandonné. Il allait s’endormir lorsque, à la lueur de la lune, il aperçut une forme humaine descendant la vallée: c’était la gardienne d’oies. Elle s’approcha du puits, ôta les nattes grises qui couvraient ses cheveux et le masque de peau qui cachait son visage, puis, se penchant sur l’eau, elle mouilla ses mains, ses bras et sa figure.

La Petite Gardeuse d'oies dans OIE ET CANARD 250px-Blue_Fairy_Book-The_Goose_Girl-3Alors elle apparut, belle comme le jour, avec son teint de lis, ses yeux clairs et le manteau d’or de ses cheveux la couvrant tout entière. Si grande était la stupéfaction du comte qu’il ne pouvait en croire ses yeux et, écartant les feuilles, il se pencha pour mieux voir. Mais son geste fit craquer une branche et, prompte comme une biche effarouchée, la jeune fille remit son masque et disparut à travers les buissons, tandis qu’un nuage venait voiler la lune et couvrir sa retraite. Le comte descendit de l’arbre et s’élança à la poursuite de la si belle inconnue.

Il ne put la rejoindre, mais sa course le conduisit auprès de l’endroit où s’étaient arrêtés le roi et la reine et, les éveillant, il leur raconta ce qu’il venait de voir. A son récit, l’émotion de la reine s’accrut encore. Incapable d’attendre que le jour se lève, elle décida le roi à reprendre aussitôt leurs recherches, et tous trois marchèrent longtemps à la clarté des étoiles. Arrivés enfin, au sommet de la montagne, ils aperçurent une lumière. La sorcière veillait encore, guettant les arrivants, et au premier coup qu’ils frappèrent, la porte s’ouvrit.

– Que désirez-vous? dit la vieille, hargneuse.

– Madame, lui dit la reine, d’où tenez-vous cette perle?

– C’est une larme que pleurait une pauvre fille, chassée par ses parents.

– Ma fille aussi pleurait des perles, dit la reine.

– Et moi, je l’ai chassée, dit le roi.

– Si ma fille est encore en vie et si vous savez où elle est, s’écria la reine, dites-le-moi, par pitié. Mais la sorcière refusa de répondre et lui demanda quel crime avait pu commettre son enfant pour qu’elle soit chassée.  »J’avais trois filles, commença la reine, que j’aimais tendrement, mais la plus jeune était ma préférée. »

 – Elle était la mienne aussi, reprit le roi, mais un jour, j’ai voulu savoir à quel point mes filles m’aimaient. L’aînée, qui est coquette, m’a répondu qu’elle m’aimait plus que sa plus belle robe. La seconde, qui est coquette aussi, m’a dit qu’elle me préférait à ses plus beaux bijoux. La troisième m’a répondu:  »Je vous aime comme j’aime le sel. » Alors je l’ai chassée et j’ai partagé mon royaume entre les deux autres.

– Ah! Ah! Ah! s’écria la sorcière. Les aliments sans sel n’ont pas de goût. Votre fille voulait dire que, sans vous, la vie n’aurait plus de saveur, et vous l’avez chassée. Ah! Ah! Ah!

– Hélas! dit la reine. Nous l’avons compris trop tard! Nous avons fait en vain fouiller la forêt et la montagne. Sans doute les bêtes sauvages ont dévoré notre pauvre fille.

– Sans doute, dit la sorcière et, se levant, elle ouvrit une porte et appela:  »Viens, ma fille. » Ce ne fut pas la gardienne d’oies qui entra, ou plutôt ce fut elle, sous la forme de la magnifique princesse que le comte avait aperçue au bord du puits. Elle se jeta en pleurant de joie dans les bras de ses parents, et ses larmes étaient des perles. Sans mot dire, le comte observait la scène, puis, détachant avec effort son regard de la belle princesse, il voulut implorer la pitié de la sorcière…

Mais il ne reconnut plus celle-ci. Un sourire de joie la transfigurait et il comprit que cette vieille femme si odieuse n’était pas une sorcière, mais plutôt une bonne fée déguisée.  »Puisque vous avez déshérité votre enfant, dit-elle intervenant alors, et puisque, depuis trois ans, je la considère comme ma fille, avant de vous la rendre laissez-moi la doter.

Pour fortune, je lui donne ce monceau de perles, qui sont toutes les larmes qu’elle a versé sur vous. Pour demeure, je lui offre cette chaumière où elle a vécu loin de tout danger, sans autre chagrin que votre absence, et pour époux je lui suggère de prendre ce jeune comte dont le cœur est bon, puisqu’il a tour à tour secouru une vieille femme ployant sous sa charge et aussi des parents accablés par le chagrin. » A peine avait-elle achevé sa phrase que la chaumière se mit à craquer de toutes parts: un splendide palais la remplaça, et le jour levant éclaira la montagne, brusquement devenue fertile et peuplée. Nul ne revit la bonne fée, mais la fille du roi et le fils du comte vécurent longtemps, heureux et puissants dans le lieu même où, autrefois, il avait été si difficile de nourrir un troupeau d’oies. 

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