Survivre pour devenir papillon
Posté par othoharmonie le 13 septembre 2015
Entre les périodes de mue, la chenille semble avoir un appétit féroce. Si l’adulte (papillon), sauf rares exceptions, se nourrit d’aliments liquides, suc ou nectar en général, qu’il aspire par la trompe, la chenille, au contraire, consomme des nourritures solides qu’elle broie au moyen de ses mandibules. En général, le régime alimentaire des chenilles est plus varié que celui des adultes, et diffère d’une espèce à l’autre. On distingue ainsi les spécialistes, qui n’exploitent qu’un petit nombre d’espèces végétales, souvent apparentées, et les généralistes, dont l’alimentation est plus diversifiée. Racines, tiges, bourgeons, feuilles et autres parties de la plante composent le régime de la plupart des chenilles. Certaines ont une prédilection pour les fruits, les fleurs, voire le pollen, et même la cire d’abeille, d’autres se nourrissent de poils, de plumes ou de coton, comme les mites.
Défense et camouflage
Les chenilles déploient plusieurs stratégies pour se défendre contre leurs prédateurs. Chez certaines espèces, la chenille fabrique pour s’abriter un fourreau, fait de débris divers et de fils de soie, dans lequel elle vit à demeure. D’autres projettent un liquide corrosif ou possèdent des épines urticantes qui se fixent sur l’attaquant. Enfin, leurs couleurs, leurs formes et leurs postures contribuent à les camoufler ou au contraire à intimider le prédateur.
De la chenille au papillon
À l’issue de sa vie larvaire, et si l’abondance de la nourriture le permet, la chenille peut accroître de 1 000 à 3 000 fois son poids initial. Elle cesse alors de s’alimenter et se prépare à la dernière mue, la mue nymphale, qui fera d’elle une chrysalide (nom donné à la nymphe chez les papillons), puis un adulte ailé (imago), le papillon. La plupart des papillons de nuit se métamorphosent enterrés à quelques centimètres dans le sol ; certains creusent une petite chambre qu’ils enduisent simplement de salive, ou tissent un cocon solide. D’autres s’installent dans la végétation au sol ; d’autres encore tissent un cocon suspendu ou le collent à l’écorce d’un arbre. Sous l’action d’hormones, de profondes modifications internes ont alors lieu ; le corps rapetisse, la cuticule se solidifie et se fend. La chrysalide, ou nymphe, apparaît. La plupart des papillons de nos régions hivernent à ce stade. À l’éclosion, l’insecte se fraie un chemin vers l’air libre. Encore mou, il attend que ses ailes se déploient, par pénétration d’air dans les trachées, et durcissent. Puis il prend son envol.
La vie éphémère du papillon
À l’issue de la métamorphose, la chrysalide s’est transformée en papillon adulte. Cet être fragile a souvent une vie de courte durée, de un ou deux jours à quelques semaines. Toutefois, certaines espèces hivernent sous cette forme et vivent ainsi plusieurs mois. D’autres se nourrissent peu, voire pas du tout, durant leur vie très brève, comme la livrée ou bombyx à bague (Malacosoma neustrium), le gâte-bois (Cossus cossus) ou l’isabelle (Actias isabellae).
Lorsqu’ils s’alimentent, les papillons couvrent leurs besoins énergétiques en aspirant le nectar des fleurs ou d’autres liquides, avec leur trompe. Les microptérigidés, famille de papillons assez primitive, se nourrissent de grains de pollen qu’ils broient dans leurs mandibules.
Les papillons de nuit, comme leurs chenilles, sont plus actifs dans l’obscurité ; le jour, ils se reposent. Certains papillons, dès le crépuscule, s’envolent à la recherche d’un partenaire, car la principale fonction de l’adulte est de se reproduire. Pour attirer un mâle de son espèce parmi de nombreux autres papillons, la femelle émet une « odeur » propre à son espèce, une phéromone attractive sécrétée par des glandes abdominales dorsales ou ventrales. Cette substance est mise en contact de l’air souvent par simple élongation du corps (position d’appel).
Très volatile, la phéromone se disperse rapidement dans l’air et le mâle la repère, parfois à plusieurs centaines de mètres de distance, grâce aux nombreuses structures olfactives qui couvrent ses antennes dont la forme spéciale offre une surface de détection importante. Le bombyx du mûrier, par exemple, porte environ 16 000 de ces sensilles olfactives sur chacune de ses antennes. Ces dernières permettent au papillon mâle de déceler une phéromone femelle de son espèce, même lorsque celle-ci est très diluée dans l’air, de repérer et de rejoindre une femelle, même très éloignée.
Chez certaines espèces, comme la pyrale de la canne à sucre, Eldana saccharina, c’est le mâle qui produit une phéromone, qui permet à la femelle de le repérer. Chez d’autres espèces enfin, la phéromone attractive est émise par les deux sexes.
Chez les mâles, la production de phéromones se fait par des écailles spécialisées appelées androconies, situées sur les ailes et/ou l’abdomen, parfois sur les pattes.
L’accouplement et la ponte
Les deux papillons exécutent d’abord une parade sexuelle qui diffère d’une espèce à l’autre ; elle passe par des contacts entre les antennes des deux partenaires.Les mâles de certaines espèces émettent alors une phéromone aphrodisiaque qui prépare la femelle à l’accouplement. L’accouplement, qui débute la nuit, peut durer plusieurs heures.
L’émission de la phéromone attractive, qui a lieu durant quelques heures, la nuit, cesse dès que l’accouplement a eu lieu.
La fécondation n’est, en général, pas immédiate. La femelle stocke les cellules sexuelles du mâle, qui féconderont les ovules lorsqu’ils arriveront à maturité.
Pondus par paquets, de quelques-uns à plusieurs centaines, les œufs sont recouverts d’une substance qui les fait adhérer au support où la femelle les dépose.
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