Ver de Terre, un travailleur invisible
Posté par othoharmonie le 14 juillet 2015
La fertilité des sols, leurs capacités à se régénérer et donc tout simplement notre agriculture, est possible grâce à cette particule si précieuse qu’est le CAH. Mais ce n’est pas le seul effet de notre super-héros du sol. Chaque jour, un ver de terre est capable d’engloutir son propre poids en terre. Étant des millions, ils créent ainsi un impressionnant réseau de galeries souterraines, allant parfois jusqu’à trois mètres sous la surface et pouvant représenter plus de 5000 km par hectare. L’air circule dans ces multiples tunnels, permettant ainsi à la vie aérobie de coloniser les couches inférieures.
Sans le travail des vers anéciques, les sols seraient nettement moins profonds car l’atmosphère ne pourrait pas pénétrer aussi loin dans le sol. Les racines des plantes profitent également de ces galeries pour s’enraciner plus loin et plus facilement, elles deviennent ainsi d’avantage résistantes à la sécheresse ou au déracinement, en plus de profiter des éléments nutritifs que le vers sème sur son passage. Pour finir, ces galeries se transforment en véritables réseaux d’eau pluviale lors des précipitations. L’eau reste ainsi moins longtemps en surface et rejoint plus facilement les nappes phréatiques, ce qui évite les inondations, l’asphyxie du sol ou le ruissellement vers les cours d’eau.
Les lombrics sont également des agents irremplaçables de la formation de l’humus. Se nourrissant des micro-organismes qui se développent à a surface de la matière organique, ils participent au brassage continuel du sol et donc à la biodégradation de la litière. Ils sont loin d’être les seuls à effectuer ce travail : il existe des milliers d’espèces qui y participent : Collemboles*, acariens, champignons, crustacés, insectes, protozoaires, bactéries… chacun s’occupant d’un stade de décomposition de la matière organique, de la matière brute jusqu’à sa minéralisation finale. Les vers anéciques* y jouent un rôle prépondérant pour plusieurs raisons :
✔ Ils prélèvent régulièrement la matière organique en surface (des feuilles mortes notamment) puis l’enfouissent à quelques centimètres de profondeur. Ils favorisent la biodégradation de la litière et l’inclusion de l’humus dans les horizons inférieurs du sol.
✔ Ils sont de véritables mélangeurs de strates. Vous avez peut-être déjà effectué l’expérience à l’école : On dispose plusieurs couches de sable et de terre de différentes couleurs et granulométries dans un vivarium en verre. Après y avoir introduit des lombrics, on patiente quelques semaines.
Résultat : les couches sont complètement mélangées. Les lombrics combinent les horizons inférieurs avec les couches plus superficielles, ils permettent ainsi un brassage et un recyclage continu des éléments. Ils ramènent à la surfaces des minéraux indispensables à la vie végétale et microbienne, qui sans eux seraient bloqués dans les couches profondes. Véritables vaisseaux souterrains, ils véhiculent et propagent également les bactéries telluriques et autres micro-organismes indispensables à la biodégradation.
✔ En ramenant, par ses excréments, les particules fines à la surface, il participe activement à la pédogenèse* et à l’enfouissement des pierres et des graviers.
✔ Il semblerait également que certains vers synthétisent et diffusent des phytohormones qui vont stimuler et améliorer le développement racinaire des plantes. Sans doute le fruit d’une longue coévolution symbiotique* entre les plantes et les lombrics, chacun profitant de l’activité de l’autre.
Finalement le lombric est un formidable vecteur entre les principales fractions qui composent le sol : La matière minérale, la solution du sol, la fraction atmosphérique et la matière organique ( voir : le Génie végétal : le sol, un être vivant). Il décompose et disperse la matière organiques dans les différentes couches du sol, il permet à l’air et à l’eau de circuler, il entretient la vie du sol par ses activités, recycle et fait circuler les minéraux et enfin stabilise le sol. Aucun autre animal de l’édaphon* n’a un impact aussi général. On comprend mieux pourquoi aucun produit chimique et ni aucun engrais ne pourra jamais le remplacer.
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