charles Darwin a décrit, sa vie durant, les phénomènes majeurs qui régissent la nature, notre cadre de vie, et, parmi ceux-ci, l’activité des vers de terre dans nos milieux. Bien qu’il n’ait pu qu’en observer les conséquences à la surface du sol, il en pressentit toute l’importance et y consacra un livre prémonitoire qui fut négligé car leur activité souterraine restait à décrire et à mesurer.
C’est en utilisant les vers de terre, à la manière de sondes explorant non pas l’espace mais le sol, que l’auteur est parvenu, pour la première fois, à évaluer l’ampleur surprenante de cette activité. Les sols, constituant la majeure partie des écosystèmes, sont en permanence ingérés, digérés et remodelés : ainsi, ce sont des centaines de tonnes de terre à l’hectare qui passent chaque année par le tube digestif de ces animaux. Ce travail assidu du sol permet de l’aérer, d’en améliorer la structure par le mélange intime des minéraux et de la matière organique, et de recycler des quantités considérables de carbone, d’azote, etc., pour féconder des sols ainsi naturellement dotés de fertilité.
L’importance des vers de terre s’explique par leur origine très ancienne et leur établissement en cohérence avec les autres constituants majeurs de nos écosystèmes, tels les sols et les plantes. L’évolution des milieux, incluant celle des vers de terre, explique leurs rôles fondamentaux et éclaire, a contrario, les effets souvent dévastateurs de nos pratiques, notamment agronomiques.
Cet ouvrage novateur propose une synthèse des connaissances relatives aux vers de terre et aux écosystèmes. Soulignant la perception très limitée que nous avons de notre environnement et les carences des technosciences actuelles, il nous montre comment ces animaux rustiques mais si sophistiqués pourraient nous aider à mieux évaluer et valoriser tout ce que la nature met à notre disposition.
Première masse animale des terres émergées, les vers de terre jouent un rôle fondamental dans les écosystèmes, mais le plus souvent ignoré. L’auteur, qui leur a consacré toute sa vie de chercheur, décrit leur étonnante diversité, leurs fonctions, ainsi que des “lombritechniques” qui permettront aux hommes de poursuivre leurs progrès tout en étant “environnementalement responsables” (restauration de la fertilité des sols ou de milieux dégradés, élimination et valorisation de déchets, par exemple).
On connaît bien, aujourd’hui, l’importance essentielle à la vie du rôle des insectes pollinisateurs. On sait peu que Charles Darwin a décrit, l’activité des vers de terre dans nos milieux. Les vers de terre ou lombriciens connaissent 7 000 espèces dont 400 en France. Ils rendent, eux aussi, dans l’intimité des sols, d’inestimables services à la Terre. Et cela au sens propre du terme.
Ainsi, ce sont des centaines de tonnes de terre à l’hectare qui, chaque année passent par le tube digestif de ces animaux. Ce travail assidu du sol permet de l’aérer, d’en améliorer la structure par le mélange intime des minéraux et de la matière organique, et de recycler des quantités considérables de carbone, d’azote, pour féconder des sols ainsi naturellement dotés de fertilité. Connaître et comprendre les lombriciens, ces animaux rustiques mais si sophistiqués, peut nous aider à mieux évaluer et valoriser tout ce que la nature met à notre disposition.
Charles Darwin publie à la fin de sa vie, en 1881, une étude sur les vers de terre intitulée La Formation de la terre végétale par l’action des vers de terre. Aujourd’hui nous sommes à table dans le sillage de l’auguste naturaliste. Notre invité, Marcel Bouché est jardinier et agronome, mais il est d’abord et avant tout géodrilogogue, c’est-à-dire spécialiste des vers de terre. Nous partons avec lui sur les traces de ces petites bêtes qui constituent la première masse animale de France, qui ont régalé les amérindiens et les aborigènes et qui cultivent nos sols.
Document(s)Actes Sud, 2014
Des vers de terre et des hommes