Les vers de terre sont de précieux alliés pour le jardinier. Ils digèrent les débris végétaux et enrichissent le sol en humus, et, grâce à leurs galeries, ils aèrent la terre et limitent le ruissellement de l’eau. Découvrez ces travailleurs de l’ombre…
Les vers de terre sont des animaux invertébrés (Annélides) présents dans presque tous les sols de la planète, à l’exception des plus acides ou des plus arides. On en compte environ 150 espèces en France, et au moins 10.000 dans le monde. Ils représentent la première biomasse animale terrestre : en moyenne, le sol en contient une tonne par hectare (jusqu’à 4 tonnes dans les prairies), ce qui correspond à 1 à 4 millions d’individus / ha, tout de même!
Selon les espèces, leur longueur est variable ; elle peut atteindre 30 ou 40 cm pour les plus longs. Certaines vivent exclusivement à la surface du sol (enchytréïdes), d’autres creusent de profondes galeries (lombrics), mais tous se nourrissent de matière organique (débris végétaux en décomposition à la surface du sol, organismes vivants comme les nématodes -dont certains sont des auxiliaires intéressants-, protozoaires, bactéries, champignons…), plus ou moins mélangée à de la terre. En période active, un ver de terre peut absorber chaque jour (et rejeter, sous forme d’excréments) 1,5 fois son poids en terre : sur un hectare, c’est donc 1,5 tonne de terre qui est « brassée » chaque jour par les vers de terre.
Des vers de terre pour un sol fertile
Les vers de terre sont considérés comme des indicateurs d’un sol en bonne santé. En effet, ils jouent un rôle primordial dans la fertilité et la structure des sols :
- Ils assurent, avec certains microorganismes, le recyclage de la matière organique, qu’ils contribuent à décomposer, grâce à la digestion des débris végétaux, et à répartir dans le sol, par leurs déplacements (absorbée en surface, la matière organique est enfouie en profondeur, le long des galeries). C’est d’ailleurs cette capacité des vers de terre à transformer les déchets végétaux en humus qui est utilisée en lombricompostage.
- Ils favorisent l’alimentation et la croissance des plantes, en recyclant la matière organique dont ils enrichissent le sol, mais aussi en facilitant le développement des racines des végétaux (terre ameublie, croissance racinaire plus aisée le long des galeries).
- Ils améliorent la perméabilité et l’aération des sols : leurs galeries permettent une meilleure pénétration de l’eau de pluie ou d’arrosage (qui ruisselle moins : les sols s’en trouvent stabilisés et moins sensibles à l’érosion) et facilitent les déplacements gazeux.
- Ils modifient la structure granulaire et les caractéristiques physico-chimiques de la terre (formation de micro-agrégats plus stables, équilibration du pH…).
Les turricules
Les turricules sont les excréments des vers de terre : on en voit souvent à la surface du sol, sous forme de petits tortillons ou d’agrégats. Peu appréciés sur un gazon impeccable (qu’ils rendent boueux par temps de pluie), ils n’en sont pas moins intéressants : la terre ainsi digérée est très fine et elle est enrichie en azote (sous forme d’humus), mais aussi en minéraux (calcium, magnésium, phosphore, potassium). C’est une source de fertilisants précieuse et gratuite : utilisez donc les turricules pour vos rempotages !
Favoriser les vers de terre dans le sol du jardin
Les populations de vers de terre sont plus nombreuses dans certaines circonstances ; à l’inverse, certains sols ou certaines pratiques culturales leur sont défavorables. Apprenez à favoriser la présence de ces auxiliaires discrets mais efficaces !
Ils aiment
- La présence de débris végétaux laissés au sol, qui leur fournit de la nourriture, un abri (pour les espèces épigées, c’est-à-dire de surface), et qui entretient l’humidité du sol, essentielle aux vers de terre qui « respirent » par la peau (laquelle doit rester humide pour assurer les échanges gazeux) ;
- Une couverture végétale des sols ;
- La rotation des cultures (ne plantez pas toujours la même chose au même endroit, ce qui est d’ailleurs un principe de base du jardinier) ;
- Les épandages de fumier (dont les vers de terre se régalent !) ;
- Les sols limoneux, argileux, frais.
Ils n’aiment pas
- Les sol trop travaillés : le travail du sol, et en particulier le retournement de la terre, peut détruire les oeufs (déposés généralement en surface) et les galeries ; les outils blessent les vers ;
- Les sols nus (peu de débris végétaux donc peu de nourriture) ;
- Les sols compactés (par le piétinement ou le passage de véhicules par exemple) ;
- Les sols sableux, et/ou demeurant longtemps secs en été ;
- Les sols très acides.
Les vers de terre ne semblent guère sensibles aux pesticides ; ce n’est cependant pas une raison pour ne pas les bannir de votre jardin !
Source : http://www.gerbeaud.com/