Origines du Caméléon
Posté par othoharmonie le 20 mai 2015
Les caméléons sont issus des lézards, dont les plus anciens fossiles connus datent d’il y a environ soixante-cinq millions d’années. Certains auteurs supposent que le genre Mimeosaurus(Gilmore, 1928) est l’ancêtre direct des caméléons actuels (Romer, 1966). Les fossiles anciens incontestables de caméléons sont assez rares. Le plus vieux date d’il y a vingt-six millions d’années et a été découvert en Europe centrale, et correspond à l’espèce Chamaeleo caroliquarti.
L’île de Madagascar est souvent considérée comme le berceau des caméléons, de par le fait que c’est là que se trouvent la majorité des espèces existantes ainsi que la plus forte variété de formes. Mais cette idée est actuellement contestée. De nombreux auteurs considèrent que les caméléons viendraient d’Afrique orientale, se basant sur le fait qu’on y trouve de nombreuses formes différentes et de par la présence de fossiles (Hillenius, 1959). Pour appuyer cette thèse des recherches génétiques (Matthey, 1957 ; Matthey & Van Brink, 1960) ont montré que les caméléons présentaient deux types de chromosomes, l’un « continental » et l’autre « insulaire ». Les caméléons de Madagascar et des îles voisines possèdent les deux types, les autres n’ayant que ceux de type continental. Ceci semble indiquer une diversification plus tardive pour les espèces malgaches.
Les caméléons ont autrefois eu une aire de répartition bien plus étendue qu’aujourd’hui. On les rencontrait en Afrique mais aussi en Chine (Anquingosaurus brevicephalis Hou, 1976) et en Europe Centrale (Chamaeleo bavaricus Scheich, 1983 et C. caroliquari Moddy & Rocek, 1980). Ils reculèrent vers le sud au quaternaire, durant la baisse des températures dans l’hémisphère nord, et on ne les rencontre plus qu’au sud de l’Espagne, au Portugal et en Grèce (Chamaeleo chamaeleon) pour la partie européenne. L’Arabie fut peuplée par trois séries de migrations successives, correspondant à des espèces ou sous-espèces distinctes (Chamaeleo arabicus, C. calyptratus et C. chamaeleon orientalis) (Arnold, 1980, Hillenius & Gasperetti, 1984, Necas, 1995).
À l’heure actuelle certaines espèces ont été introduites par l’homme, à la suite de libération d’animaux dans la nature. C’est en particulier le cas de Hawaï (Chamaeleo jacksonii originaire du Kenya), et de quelques colonies en Californie, en Alabama et en Australie. C’est également le cas de Furcifer pardalis introduit à la Réunion où il s’est très bien acclimaté (et où il bénéficie du statut d’espèce protégée).
La classification des caméléons a évolué au cours du temps et continue d’évoluer, d’une part parce qu’on découvre encore de nouvelles espèces et parce que les études (en particulier génétiques) amènent parfois à des redécoupages des espèces et genres existants. La famille elle-même des Chamaeleonidae était autrefois nommée Rhiptoglossa (de Rhipto : jeter et de Glossa : la langue).
Les premières descriptions de caméléons furent l’œuvre de Laurenti en 1768, avec le genre Chamaeleo. Il fut suivi par Khul en 1820 puis Duméril et Bibron en 1834, ces derniers ayant commencé une ébauche de classification.
Ce furent les diverses explorations scientifiques en Afrique et à Madagascar au xixe siècle et au début du xxe siècle qui permirent de répertorier de nombreux spécimens et d’obtenir une classification plus fournie.
En 1843 Fitzinger définit le genre Bradypodion, en 1865 Gray créa le nouveau genre Brookesia et Günther créa le genre Rhampholeon en 1874.
Ce dernier, avec Boulenger, créa en 1887 la première classification reposant sur des critères morphologiques :
- les caméléons ayant une queue plus longue que le corps ;
- les caméléons avec une queue plus courte que le corps et dotés de griffes simples ;
- les caméléons également avec une queue plus courte que le corps et des griffes bicuspides.
Dans les années 1960 à 1980, Hillenius et Klaver proposèrent une classification plus complexe, où les caméléons du genre Chamaeleo furent séparés selon leur répartition géographique et d’autres critères morphologiques. Ceci fut poursuivi par Klaver et Böhme en 1986 en incluant des données anatomiques plus précises (lobes pulmonaires, os, détails des hémipénis), conduisant à la création de deux sous-familles, les Caméléoninés et les Brookésiinés (faux caméléons).
De l’aveu même de ces zoologistes cette classification possède quelques failles, mais elle reste très utilisée par des chercheurs de terrain. Certains, surtout en Amérique (dont la CITES) continuent à utiliser une classification plus ancienne, ce qui est source de confusion entre les publications.
Plus récemment de nouveaux genres ont été décrits : Kinyongia (Tilbury, Tolley & Branch, 2006), Nadzikambia (Tilbury, Tolley & Branch, 2006) et Rieppeleon (Matthee, Tilbury & Townsend, 2004), sans qu’ils soient encore reconnus largement.
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