Dieu-Singe et l’héritage indien
Posté par othoharmonie le 17 mai 2015
Hanuman, considéré comme un dieu célibataire, chargé de pouvoir et de force, Hanuman est sans conteste le dieu le plus dévoué à Rama. Parmi de nombreux récits à son sujet, une légende bien ancrée dans les têtes raconte que, dans sa jeunesse, en scrutant le soleil en train de se lever de bon matin, Hanuman pensait qu’il s’agissait d’un fruit mûr. Bondissant alors, comme à son habitude, il attrape le soleil et l’insère dans sa bouche. Mais de peur qu’il avale le soleil et que par conséquent le monde entier s’éteindrait, tous les dieux pour une fois unis le supplient de recracher l’astre lumineux : le dieu-singe se soumet et le monde est sauvé in extrémis comme il se doit. Autrefois comme de nos jours, ses pouvoirs magiques et de guérison sont invoqués lors des catastrophes ou en cas de maladie. Indiscutablement, Hanuman c’est d’abord un dieu « bon », à défaut d’être le bon dieu, toujours serviable et même corvéable à merci.
Adepte de la médecine des plantes, Hanuman soignait les bons blessés en même temps qu’il tuait les méchants démons. Doté de multiples dons et talents, Louis Frédéric rapporte qu’il était « réputé savant et un des premiers grammairiens, il est devenu un personnage familier et très vénéré du folklore indien. Son effigie est souvent représentée dans les lieux où l’on vénère Vishnu et Rama ». Parmi les diverses appellations qui lui sont habituellement attribuées, on peut mentionner celles de Marutputra (« fils des Marut »), d’Anili (fils d’Anila ») ou encore d’Anjaneya (« fils d’Anjana »). En Inde tout particulièrement, « Hanuman Jayanti » continue d’être une fête religieuse populaire, célébrant la date anniversaire de la naissance présumée du dieu-singe, il s’agit du jour de la pleine lune du mois de Chaitra (en mars-avril). Selon le Dictionnaire des mythes et symboles de Nadia Julien, fils de la reine des singes Anjana et du dieu du vent Vayu, Hanuman est également nommé comme étant celui « qui a de puissantes mâchoires », ainsi que le « grand héros » (Mahavira), le « sanctifié, purifié » (Pavana), ou le « fils du Vent » (Maruti). Armé d’une massue d’or, il est parfois représenté comme un singe vigoureux, au visage rougi et à la queue interminable, sans oublier son poitrail velu et couvert de tatouages de Sita et Rama.
Le singe est donc un sauvage et inversement. Un raccourci évidemment un peu court mais qui a fait couler beaucoup d’encre pour ceux qui passent leur temps – surtout à la fin du XIXe siècle et hélas encore jusqu’à nos jours pour certains exaltés de ladite « inégalité des races » – à quêter le chaînon manquant entre le singe et l’homme. Il est pourtant clair comme de l’eau de roche que le singe descend directement de l’arbre, l’homme descend clairement du singe, pendant que Dieu – s’il existe – ne fait qu’observer la scène en simple spectateur atterré…
Dans la tradition hindoue, Hanuman est à la fois le protecteur des primates, le gardien du lieu sinon du seuil pour les habitants, l’incarnation de la dévotion (bhakti) pour les ascètes, et même le symbole de la force guerrière pour les lutteurs et autres sportifs avides de victoires ! Avec la vache et le serpent, le singe est l’un des trois animaux les plus sacrés de l’hindouisme. Des autels et surtout des statues sont dédiés à Hanuman, dans les temples comme au bord des routes, en effet le dieu et néanmoins primate à longue queue est réputé pour préserver des accidents de circulation. Cela dit, en Inde comme à Bali, les macaques en liberté peuvent se montrer voraces voire rapaces, en tout cas dangereux dans certains cas. Ainsi, à New Delhi, des habitants ont été attaqués par une armée de singes guère pacifiques causant au passage de nombreux dégâts. Shimaj Vij rapporte ces faits qui ne datent pas d’hier semble-t-il : « En octobre 2007, Sawinder Singh Bajwa, qui était alors le maire adjoint, a trouvé la mort en tombant de sa terrasse alors qu’il tentait de repousser des singes. Ironie du sort, lors de l’élection qu’il avait remportée peu de temps auparavant, la ‘menace des singes’ avait été un des principaux thèmes de campagne »… La protection des habitants sous les bons auspices du dieu-singe Hanuman, mentionnée plus haut, peut donc parfois s’avérer toute relative. En fait, trop de singes tuent tout simplement l’harmonie sociale au sein des groupes de primates. Et à New Delhi, les autorités ont été contraintes de « construire » des sortes de « prisons » rien que pour les singes trop guerriers dont les évasions d’ailleurs restent une spécialité pour beaucoup d’entre eux, sans doute injustement incarcérés… Mais l’enfermement, pour les animaux comme pour les humains, n’a jamais été une bonne solution, cela se saurait.
Extrait du site : http://www.baliautrement.com/dieu_hanuman.htm
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