LES CARACTERISTIQUES DU SINGE SACRE
Posté par othoharmonie le 30 avril 2015
L’entelle, ou singe sacré, a deux traits caractéristiques : des formes fines et élancées qui le différencient du macaque, nettement plus lourd, et une face noire aux yeux curieux entourée de poils blancs formant une sorte de cagoule à visière.
La longueur de ses membres montre sa parfaite adaptation à la vie arboricole. Il présente les caractéristiques du groupe des colobinés, à savoir des mains et des pieds relativement longs du fait d’un développement important des phalanges, et des pouces courts, surtout ceux de la main. Cette longue main permet de bonnes prises lors des déplacements dans les arbres.
Sur les grosses branches, les entelles se déplacent à quatre pattes, mais sur les rameaux plus fins, ils grimpent et font de l’escalade. Quand ils ne sautent ni ne courent, les entelles se reposent, assis. Il leur arrive de s’allonger sur le ventre ou sur le flanc, mais leur position habituelle est d’être assis sur les fesses, aussi bien pour manger que pour dormir. L’entelle a une callosité ischiale sur chaque fesse. Ces callosités sont contiguës chez le mâle, mais nettement séparées chez la femelle, contrairement à ce que l’on observe chez les babouins ou les macaques.
Les sens de l’entelle sont probablement proches de ceux de l’espèce humaine. La vision binoculaire bien développée permet une juste perception des distances, ce qui est essentiel lors des sauts d’arbre en arbre. L’ouïe est comparable à la nôtre. L’odorat n’est peut-être pas très utilisé, étant donné que la plupart des communications sont auditives et visuelles. Ce sens est néanmoins important à courte distance pour sélectionner l’alimentation, et dans les relations interindividuelles (mère-jeune et adultes entre eux).
Comme tous les colobinés, le singe sacré a un thorax assez large, mais, à la différence des autres membres de sa sous-famille, il n’a pas un très gros ventre et ce, malgré le fort développement de son estomac.
La longue queue de l’entelle a un diamètre quasi constant à tout âge et ne présente pas de touffe terminale, comme chez d’autres colobinés. Pendant les courses et les sauts, à terre comme dans les branches, elle lui sert de balancier ou de contrepoids. Quand il est assis sur une branche, sa queue, pendante, joue un rôle de stabilisateur en abaissant son centre de gravité. Chez les jeunes animaux, elle est, aussi, l’objet de nombreux jeux.
Si les paumes des mains et des pieds sont nues, le dessus est recouvert de fourrure nettement plus foncée que le reste du corps.
Sur le visage, de face, l’encadrement bien net des poils laisse le museau noir très dégagé. Comme chez tous les singes de l’Ancien Monde, les narines sont rapprochées. L’écartement des yeux, relativement grand, contribue à améliorer la vision binoculaire. La vision stéréoscopique est une acquisition des primates, liée à la vie arboricole. Comme chez tous les singes – à l’exception des espèces nocturnes (les douroucoulis d’Amérique du Sud, genre Aotus) –, la rétine est composée de cônes et de bâtonnets. Les cônes donnent une bonne acuité visuelle et la vision des couleurs. Les bâtonnets, plutôt situés en périphérie de la rétine, permettent une certaine vision dans la pénombre. Chez le singe sacré, la zone centrale de la rétine est ainsi composée de cellules en cônes avec la fovéa (point d’acuité visuelle maximum) placée en son centre.
Comme celle de l’homme, la dentition du singe sacré comporte 32 dents. Les canines des mâles sont nettement plus développées que celles des femelles et leur servent probablement lors des luttes ayant pour enjeu la domination des groupes de femelles et de jeunes. Les molaires et les prémolaires sont munies de pointes, ou cuspides. L’intérieur des molaires du haut et l’extérieur de celles du bas sont moins renforcés et moins convexes que chez les cercopithécinés (macaques, babouins…). Cette différence caractéristique est importante, surtout, pour reconnaître les primates fossiles. N’ayant pas à stocker de nourriture dans ses joues, le singe sacré n’a pas de poche jugale.
Les entelles, se rencontrent au Pakistan, en Inde, au Sri Lanka et au Bangladesh. Ils habitent aussi bien à près de 4 000 m d’altitude, dans les hautes vallées himalayennes du Cachemire, que dans les forêts tropicales côtières, en passant par des paysages relativement secs et ouverts du centre de l’Inde. Sur ce vaste domaine, ils côtoient nombre d’autres singes, tels que le macaque rhésus, Macaca mulatta, dans tout le nord de la péninsule indienne, le macaque bonnet, Macaca radiata, au sud de la rivière Godavari, le macaque à toque,Macaca sinica, au Sri Lanka, et le rare macaque à queue de lion, Macaca silenus, dans les forêts des Ghats occidentaux du sud de l’Inde. Mais, où qu’ils se trouvent, les entelles ne cohabitent généralement qu’avec une seule espèce de macaque. La concurrence entre eux est limitée du fait que les macaques sont nettement plus terrestres et plus omnivores que les entelles. Le menu du macaque rhésus, par exemple, contient 19 % de feuilles contre 54 % pour les entelles ; et 72 % de fruits et de graines contre 37 % pour les entelles. Les fleurs représentent respectivement 4 et 5 % dans le menu de l’une et l’autre espèces et les petites proies 2 % et 0 %. Leurs spectres alimentaires sont donc suffisamment différents pour que ces singes puissent cohabiter sans difficulté. On les voit même parfois se nourrir ensemble sur un arbre en pleine fructification.
Le sud de l’Inde, montagneux et couvert de forêts humides, principalement sur la face occidentale des Ghats, héberge à la fois l’entelle Semnopithecus dussumieri, le langur du Nilgiri, Trachypithecus johnii, le macaque bonnet et le macaque à queue de lion. Ce dernier, plus arboricole que le macaque bonnet, consomme régulièrement des fruits (il laisse d’ailleurs la moitié des graines, favorisant ainsi la reproduction des arbres), mais il ne constitue pas une dangereuse concurrence car il reste à peine 1000 représentants de cette espèce. Le langur du Nilgiri, au pelage foncé, habite surtout les forêts d’altitude entre 900 et 2 000 m. Plus arboricole que le singe sacré, il affectionne les massifs forestiers humides ouverts aux vents de l’ouest, qui apportent la mousson, en juillet. Il mange beaucoup plus de feuilles (71 % de son régime) mais moins de fruits (17 %) et de graines (10 %) que celui-ci. Ce sont ces différences de régime alimentaire qui permettent à toutes ces espèces de cohabiter.
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