DIVERSES ATTRIBUTIONS ET SYMBOLIQUES
L’idée de la salamandre qui éteindrait le feu en marchant a tout d’abord été formulée par Aristote. Certaines propriétés plus ou moins ignifuges de la salamandre réelle étaient en effet connues dés l’antiquité, dans la limite des connaissances scientifiques de l’époque.
Bien que réputée venimeuse, la salamandre symbolise surtout la foi ardente, celle qui « déplace les montagnes ». Son pouvoir légendaire majeur consiste effectivement à éteindre le feu sur son passage.
Certains y voient une allusion à l’épisode de Daniel dans la fosse aux lions.
Rubens : Daniel dans la fosse aux lions (source image : http://www.litteratureaudio.com/img/Rubens_-_Daniel_dans_la_Fosse_aux_Lions.jpg )
Saint Daniel , persécuté par les romains, survécut aux lions grâce à la très grande ferveur de sa foi à toute épreuve.
L’épisode biblique venant renforcer ce symbole est celui des 3 enfants jetés dans le feu. Le roi Nabuchodonosor avait ordonné de brûler vif trois enfants de religion juive. Le mythe biblique raconte que la foi des enfants se fit si grande qu’ils triomphèrent des flammes.
Selon Pierre de Beauvais ces deux épisodes véhiculeraient l’idée de la foi capable de surmonter la cruauté des tyrans.
Toutefois je vais citer un élément atypique face aux généralités de ces légendes : une salamandre aurait été tuée par un héros chrétien dans « Jean de l’ours » (l’histoire complète icihttp://www.unblogreveur.net/article-32802318.html ) , mais cela fait-il forcément pour autant de la salamandre une créature de nature malveillante dans cette histoire-là?
N’étant pas un as de la théologie, ce qui va suivre dans ce petit paragraphe soulève des aspects complexes que je ne maîtrise pas totalement. En tous cas ce qui me paraît fort probable, c’est que malgré son fort bagage de foi religieuse, la salamandre des bestiaires représenterait une créature de l’ambiguité et de l’équilibre des contraires , car :
1) elle éteint le feu tout en s’en nourrissant et en demeurant vénéneuse.
2) cette créature ne fait pas l’objet de leçons de morale chrétienne à proprement parler, mais constitue plutôt un exemple de forte ferveur religieuse et de sagesse.
3) Guillaume clerc de Normandie associe-t-il en fait la salamandre à la libido « correctement canalisée » ? C’est du moins mon hypothèse car ce clerc parle de « feu de la luxure » et de « grand embrasement des vices » concernant la salamandre qu’il juge sage créature quoique vénéneuse. Guillaume clerc de Normandie, habitué des ambiguités symboliques, a par ailleurs critiqué certains moines orgiaques de son époque . En outre, l’anonyme Bestiaire d’amour rimé dit « la salamandre est un serpent qui vit dans le feu qui ne craint pas qu’il la brûle … » (fin de citation).
Voilà sur quoi je fonde mon hypothèse…
Sources :
»animaux mythiques et réels du moyen âge » ( par Josy Marty Dufaut)