Une Faune accompagnatrice de la Salamandre
Posté par othoharmonie le 27 janvier 2015
Du fait de leurs exigences en matière d’habitat naturel, les salamandres tachetées adultes sont assez isolées des autres espèces d’amphibiens. On attribue même une certaine tendance aux salamandres mâles à un comportement territorial, ce qui n’est toutefois pas encore clairement mis en évidence. Des relations de dominance sont prouvées ainsi que des « combats » entre mâles, surtout pendant la période d’accouplement. Dans les biotopes de salamandres on trouve parfois la grenouille rousse, le crapaud commun et le triton alpestre. D’autres espèces peuvent aussi être rencontrées dans la même région, comme l’alyte accoucheur dans le sud de la Forêt-Noire en Allemagne, ainsi que le triton palmé. Les larves de salamandres quant à elles sont fréquemment accompagnées des planaires Crenobia alpina et Polycelis felina ainsi que de la limace Bythinella dunkeri à proximité des sources (son biotope).
La meilleure protection de la salamandre tachetée contre ses prédateurs potentiels est sa remarquable coloration cutanée, sa « parure d’alerte » ainsi que les sécrétions des glandes cutanées, employées en fonction de la violence de l’attaque et/ou de la situation dangereuse pour l’animal. Si l’agresseur montre toujours une attitude hostile, la salamandre libère une sécrétion mousseuse blanchâtre grâce à ses glandes parotoïdes et dorsales. La forme de réaction de défense la plus violente s’exprime par un jet de cette sécrétion cutanée. Il a été observé que des adultes complètement développés de salamandre peuvent, dans cette situation, envoyer le jet de toxines jusqu’à un mètre de distance. Dans la littérature scientifique on ne trouve aucune indication selon laquelle une salamandre adulte aurait été dévorée par un prédateur. Jusqu’ici ont été seulement rapportées des attaques de rats, de poules, de canards, de chiens, de chats et parfois aussi de serpents (comme la couleuvre à collier), qui ont cependant toutes été déjouées, le prédateur prenant rapidement ses distances.
De ce fait on considère que la salamandre n’a pas d’ennemis naturels, hormis l’homme, qui ne compte cependant pas parmi les prédateurs de l’espèce. La situation est différente pour les larves et les juvéniles, qui sont ainsi attaqués par certaines espèces de carabes forestiers comme Carabus problematicus et Carabus violaceus. Les carabes dévorent fréquemment la partie ventrale des larves – généralement la partie dorsale reste ainsi que certaines parties de la tête et de la queue. Les larves sont plus fréquemment en danger, puisqu’elles ne sont pas capables de produire de toxines empoisonnées. Parmi leurs prédateurs on trouve les larves d’odonates (notamment Cordulegaster boltonii et Cordulegaster bidentata). D’autres prédateurs importants sont les poissons déjà cités comme la truite fario, le saumon de fontaine et le chabot commun, en particulier lorsque les larves de salamandres se retrouvent plus bas en plaine dans des zones poissonneuses. Également la rare musaraigne aquatique (Neomys fodiens) chasse de temps à autre les larves de salamandre.
L’infestation de salamandres tachetées adultes par des parasites externes, également appelés ectoparasites, n’a jusqu’ici pas été observée du fait de la forte teneur en poison cutané de la salamandre. Les parasites vivant à l’intérieur du corps, ou endoparasites, sont présents chez la salamandre tachetée. On a ainsi observé une population de salamandres dans le Taunus(montagne moyenne dans le Land de Hesse en Allemagne) porteuses du ver à tête épineuse (famille des acanthocéphales) Pomphorhynchus laevis. Le parasite était localisé dans le foie des larves de salamandre, où on en a trouvé jusqu’à cinq exemplaires. Une atteinte directe aux amphibiens n’a pourtant pas pu être déterminée malgré ce taux d’infestation. De façon isolée, ont été observées des infections de nématodes dans l’intestin et la muqueuse de la bouche.
La salamandre tachetée se trouve seulement dans les collines boisées et les régions montagneuses, en particulier dans l’ouest, le centre et le sud-ouest du pays. S’y ajoute une série de régions interconnectées comme les monts Métallifères, le nord et l’est de la Bavière.
Au nord-est de l’Allemagne se trouvent quelques populations isolées, en particulier dans la région des landes de Lunebourg. L’espèce est absente du nord-est du pays, (elle ne traverse pas l’Elbe vers l’est). Au sud-est de la Bavière, au sud du Danube, une importante région non peuplée existe également. La limite de répartition altitudinale est approximativement de 200 à 450 mètres au-dessus du niveau de la mer ; quelques populations sont connues au-delà de cette limite, par exemple à 650 mètres d’altitude dans le massif montagneux du Harz et à 1 000 mètres dans la Forêt-Noire et les Alpes. Il existe quelques observations isolées en Basse-Saxe en dessous de 100 mètres d’altitude, par exemple dans la réserve naturelle de la forêt de Hasbruch dans le district de Oldenburg (25 mètres d’altitude).
Quelques individus adultes ont été également découverts au nord, dans la plaine du Rhin supérieur, dans des secteurs topographiquement bas. On ne dispose cependant pas encore de preuves certaines de reproduction de la salamandre tachetée en plaine. La plupart de celles-ci auraient été entraînées, au stade larvaire voire au stade adulte, des avants-monts ainsi que des stations de la Forêt noire limitrophes vers la plaine lors d’épisodes de crue.
Pour illustrer cela, un exemple de la région naturelle du « Vorderer dans l’Odenwald« , dans le secteur autour d’Heidelberg, où la salamandre tachetée est encore très commune : latopographie dans ce secteur est très variée ; les pentes boisées voisines du massif du Königstuhl (jusqu’à 566 mètres d’altitude), très abruptes, présentent de nombreux petits ravins et plusieurs vallées annexes dans la vallée du Neckar et la plaine du Rhin. Les ravins riches en végétation sont accompagnés de ruisseaux clairs et d’innombrables « lames », qui satisfont idéalement aux exigences de la salamandre tachetée, grâce à une humidité de l’air supérieur à la moyenne.
Ainsi, comme peut le comprendre le connaisseur d’amphibiens, il n’est pas anormal de voir émerger des salamandres, après de fortes pluies ou de violents orages, en pleine ville et dans les mares de jardin, les accès de cave ou les installations de canalisation, qui explorent leur nouvel environnement. À partir d’ici les animaux migrent contraints et forcés vers de nouveaux habitats plutôt atypiques, puisque leur retour est interdit par plusieurs obstacles insurmontables vers leur habitat naturel d’origine. On retrouve ainsi des salamandres tachetées dans des situations de très basses en altitude autour de Heidelberg, près des maisons, dans des jardins, des pépinières, des champs de vignes, etc.
Quelques stations de salamandre tachetée sont encore très certainement inconnues. Du fait de leur mode de vie caché et leur activité nocturne, particulièrement durant les épisodes de mauvais temps, ces amphibiens peuvent s’établir dans un habitat durant plusieurs décennies, sans qu’aucun humain ne les aperçoive jamais, en dépit de leurs couleurs remarquables.
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