Histoire évolutive de l’Otarie
Posté par othoharmonie le 14 janvier 2015
Traditionnellement, les pinnipèdes étaient considérés comme diphylétiques (descendant de deux lignes ancestrales), avec les morses et les otaries qui partagent un ancêtre commun récent avec les ours et les phocidés en partageant une avec la famille des Musteloidea. Toutefois, les données morphologiques et moléculaires semblent indiquer que le groupe a une origine monophylétique. Néanmoins, il y a un différend quant à savoir si les pinnipèdes sont plus étroitement liés aux ours ou aux mustélidés, comme certaines études appuient l’ancienne théorie quand d’autres soutiennent celle du taxon monophylétique. Les pinnipèdes se sont séparés des autres Caniforma il y a 50 millions d’années, au cours de l’Eocène. Leur lien évolutif avec les mammifères terrestres était inconnu jusqu’à la découverte en 2007 de Puijila darwini, une espèce proche des loutres actuelles retrouvées dans des dépôts du Miocèneinférieur au Nunavut, au Canada. Les chercheurs qui ont découvert cette espèce la placent dans un clade avec Potamotherium(traditionnellement considéré comme un mustélidé) et Enaliarctos. Parmi les trois, Puijila était le moins adapté à la vie aquatique. La découverte de Puijila dans un dépôt de lac suggère que l’évolution des pinnipèdes est passée par une phase de transition en eau douce. Pour ses découvreurs, « Le fossile de Puijila fournit la première indication que des pinnipèdes primitifs vivaient dans l’Arctique [...]. Cette découverte vient conforter l’hypothèse selon laquelle cette région a pu être le centre géographique de l’évolution des pinnipèdes ». Enaliarctos, une espèce fossile qui vivait durant l’Oligocène et le début du Miocène (il y a entre 27 et 18 millions d’années) en Californie, ressemblait beaucoup aux pinnipèdes modernes. Elle s’était adaptée à la vie aquatique avec une colonne vertébrale flexible et des membres modifiés en nageoires. Ses dents étaient bien adaptées pour couper (comme celles des carnivores terrestres), et il séjournait près du rivage plus fréquemment que les espèces apparentées qui lui étaient contemporaines.Enaliarctos était capable de nager avec ses palmes antérieures et postérieures, bien que ce soit ses membres antérieurs qui semblaient participer le plus à la nage. Pteroarctos était un proche parent des pinnipèdes existants. Il vivait dans l’Oregon il y a entre 19 et 15 millions d’années. Comme les pinnipèdes modernes, Pteroarctos avait une paroiorbitaire qui n’était pas limitée par certains os du visage (comme l’os jugal ou lacrymal), mais qui était principalement formée par la mâchoire.
Les lignées des Otariidae et des Odobenidae se sont séparées il y a presque 28 millions d’années. Les otariidés sont originaires du Pacifique Nord. Le premier fossile de Pithanotaria, découvert en Californie, est daté de 11 millions d’années avant notre ère. La lignée des Callorhinus s’est divisée plus tôt, il y a 16 millions d’années. Zalophus,Eumetopias et Otaria ont divergé un peu plus tard, le dernier ayant colonisé la côte de l’Amérique du Sud. La plupart des autres otariidés se sont diversifiés dans l’hémisphère sud. Les plus vieux fossiles d’Odobenidae — Prototaria découvert au Japon et Proneotherium en Oregon — datent d’il y a 18 à 16 millions d’années. Ces morses primitifs avaient des canines beaucoup plus courtes et se nourrissaient de poissons plutôt que de mollusques comme le morse moderne. Les odobenidés se sont diversifiés au cours du milieu et de la fin du Miocène. Plusieurs espèces présentaient des canines supérieures et inférieures de grande taille. Les genres Valenictus et Odobenus ont notamment développé des défenses allongées. La lignée du morse moderne a pu se propager à partir du nord du Pacifique vers les Caraïbes (via la voie maritime d’Amérique centrale) il y a entre 8 et 5 millions d’années, avant de gagner l’Atlantique Nord et de retourner dans le Pacifique Nord via l’Arctique 1 million d’années avant notre ère. Une hypothèse alternative pense que cette lignée a pu se propager à partir du nord du Pacifique vers l’Arctique avant d’arriver ensuite dans l’Atlantique Nord au cours du Pléistocène.
Les ancêtres des Otarioidea et Phocoidea ont divergé il y a 33 millions d’années. Les Phocidae descendent peut-être de la famille aujourd’hui disparue des Desmatophocidae qui vivait dans l’Atlantique Nord. Les desmatophocidés vivaient il y a 23 à 10 millions d’années. Ils avaient de grands yeux, des pommettes reliés par un système de mortaise et tenon et des molaires arrondies. Ils présentaient aussi un dimorphisme sexuel, et étaient capables de se propulser dans l’eau à la fois avec leurs nageoires antérieures et postérieures. Les plus anciens phocidés connus vivaient il y a environ 15 millions d’années, et les analyses moléculaires indiquent une divergence des lignées des Monachinae et des Phocinae il y a 22 millions d’années. Les fossiles du Monachinae Monotherium et du Phocinae Leptophoca ont été retrouvés dans le sud de l’Amérique du Nord. La profonde scission entre les lignées Erignathus etCystophora il y a 17 millions d’années laisse à penser que les Phocinae ont migré vers l’est et vers le nord de l’Atlantique Nord à ce moment. Les genres Phoca et Pusa ont pu commencer à se développer quand une lignée de Phocinae en provenance de la mer Paratéthys est arrivée dans le bassin arctique avant d’aller vers l’est. Le Phoque de Sibérie a migré vers le lac Baïkal en provenance de l’Arctique (via la couche de glace de la Sibérie) et s’y est isolé. Le Phoque de la Caspienne s’est retrouvé isolé avec la baisse des eaux de la mer Paratéthys, laissant derrière elle une mer résiduelle, la mer Caspienne. Les Monachinae se sont diversifiés vers le sud. Ainsi Monachus est apparu dans la Méditerranée et a migré vers les Caraïbes et le centre du Pacifique Nord. Les deux espèces d’éléphants de mer existantes ont divergé il y a près de 4 millions d’années après la formation de l’isthme de Panama. La lignée des Lobodontinae a émergé autour de 9 millions d’années et a colonisé l’océan Austral après la période de glaciation.
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