LA GRANDE HISTOIRE DE LA CHASSE AU PHOQUE
Posté par othoharmonie le 7 janvier 2015
Les phoques sont chassés par les humains depuis l’âge de pierre. À l’origine, les phoques étaient frappés avec des bâtons lorsqu’ils sortaient de l’eau. Plus tard, les chasseurs de phoques se sont équipés de harpons pour lancer sur les animaux à partir de bateaux en mer, et de crochets pour tuer les petits sur la glace ou la terre. Les phoques peuvent également être pris au piège dans les filets. L’utilisation d’armes à feu pour chasser les phoques au cours de l’ère moderne a considérablement augmenté le nombre de prises. Les pinnipèdes sont généralement chassés pour leur viande et leur graisse. Les peaux des otaries à fourrure et des phocidés sont transformées en manteaux, et les défenses de morses continuent d’être utilisés pour des sculptures ou comme ornements. Il y a une distinction entre la chasse de subsistance du phoque par les peuples autochtones de l’Arctique et la chasse commerciale : les chasseurs de subsistance utilisent généralement des produits du phoque pour leur consommation propre et dépendent de cet animal et de sa chasse pour leur survie. Les autorités nationales et internationales ont établi une législation dérogatoire pour les chasseurs autochtones car leurs méthodes de chasse sont considérées comme moins destructrices pour les populations de pinnipèdes et l’environnement. Cette distinction est toutefois remise en question car les peuples autochtones utilisent de plus en plus des armes modernes et des transports mécanisés pour chasser, et vendent les produits issus de phoques sur les marchés. Certains anthropologues affirment que le terme «subsistance» devrait également s’appliquer à ces échanges tarifés tant qu’ils se déroulent dans la production et la consommation locale. Plus de 100 000 phocidés (notamment des Phoques annelés) ainsi que près de 10 000 morses sont pris chaque année par des chasseurs indigènes.
La chasse commerciale du phoque était historiquement aussi développée que l’industrie baleinière. Les espèces exploitées comprenaient le Phoque du Groenland, le Phoque à capuchon, le Phoque de la Caspienne, les éléphants de mer, les morses et toutes les espèces d’Otaries à fourrure. L’ampleur de la chasse au phoque a considérablement diminué après les années 1960, après que le gouvernement canadien a pris des mesures pour réduire la durée de la chasse et protéger les femelles adultes. Plusieurs espèces qui étaient auparavant exploitées commercialement ont vu leur population s’accroître à nouveau. Par exemple, la population d’Otaries à fourrure antarctiques est revenue à ce qu’elle était avant les débuts de la chasse commerciale. L’Eléphant de mer du nord a été chassé presque jusqu’à son extinction à la fin du xixe siècle, et il ne demeurait alors plus qu’une petite population sur l’île de Guadalupe. Car il a recolonisé une grande partie de son aire de répartition historique, a une bottleneck population. À l’inverse, le Phoque moine de Méditerranée a disparu de la plupart de son ancienne aire de répartition, qui s’étendait de la Méditerranée à la mer Noire et l’Afrique du Nord-Ouest, et on le trouve seulement dans le nord-est de la Méditerranée et certaines régions d’Afrique du Nord-Ouest. Plusieurs espèces de pinnipèdes continuent à être chassées. La Convention for the Conservation of Antarctic Seals permet une chasse limitée de Phoques crabiers, de Léopards de mer et de Phoques de Weddell. Cependant, la chasse du Phoque de Weddell est interdite entre septembre et février pour les animaux de plus d’un an, afin d’assurer la présence d’un bon nombre de reproducteurs sont en bonne santé. D’autres espèces sont strictement protégées comme les éléphants de mer, les Phoques de Ross et les Otaries à fourrure antarctiques. Le gouvernement du Canada autorise la chasse aux Phoques du Groenland. Cela soulève énormément de controverses et de débats. Les partisans de la chasse aux phoques insistent sur le fait que les animaux sont euthanasiés et que les jeunes à fourrure blanche ne sont pas chassés, tandis que leurs opposants soutiennent qu’il est irresponsable de tuer les phoques du Groenland car ils sont déjà menacés par le déclin de leur habitat.
Le Phoque moine des Caraïbes a été tué et exploité par les colons européens et leurs descendants à partir de 1494, commençant avec Christophe Colomb lui-même. Les phoques étaient des cibles faciles pour les chasseurs organisés, les pêcheurs, les chasseurs de tortues et les boucaniers parce qu’ils ont évolué dans un contexte où ils avaient très peu de prédateurs terrestres et étaient donc «génétiquement apprivoisés ». Aux Bahamas, pas moins de 100 phoques ont été abattus en une nuit. Dans le milieu duxixe siècle, on pensait que l’espèce était éteinte, jusqu’à ce qu’une petite colonie soit trouvée près de la péninsule du Yucatán en 1886. Toutefois les massacres de ces phoques se sont poursuivis, et la dernière observation fiable de l’animal date de 1952. L’UICN a déclaré l’espèce éteinte en 1996. L’Otarie du Japon était commune autour des îles japonaises, mais la surexploitation et la concurrence de la pêche sur ses ressources alimentaires a fait diminuer de façon drastique la population dans les années 1930. Le dernier individu observé était un jeune en 1974.
Au contraire, certaines espèces sont devenues tellement abondantes qu’elles entrent en conflit avec les populations locales. Aux États-Unis, les pinnipèdes et les autres mammifères marins sont protégés en vertu de la Loi sur la protection des mammifères marins de 1972 (MMPA). Dès lors, la population d’Otaries de Californie n’a cessé de croître, et entre cette date et le début des années 2010 elle avait augmenté de 250 000 individus. Ces animaux ont commencé à exploiter des environnements plus artificiels comme les quais pour se reposer. Mais beaucoup de quais ne sont pas conçus pour supporter le poids de plusieurs lions de mer au repos, ce qui peut provoquer leur détérioration et divers autres problèmes. Les gestionnaires de la faune ont utilisé diverses méthodes pour contrôler ces animaux, et certains fonctionnaires des villes concernées ont redessiné les docks afin qu’ils puissent mieux résister. Les otaries sont aussi en conflit avec les pêcheurs puisque les deux exploitent les mêmes stocks de poisson. En 2007, la MMPA a été modifiée pour autoriser la chasse des otaries qui s’en prenaient aux saumons en migration au barrage Bonneville. La loi de 2007 vise à limiter les dégâts occasionnés sur les populations de saumons du Nord-Ouest du Pacifique. Les officiers de la faune sauvage ont tenté en vain de faire fuire les otaries en utilisant des bombes, des balles en caoutchouc et des bean bags. Les efforts pour chasser les lions de mer des zones occupées par l’Homme se sont également révélés inefficaces. Des critiques émanant par exemple de la Humane Society n’acceptent pas que des otaries soient tuées, affirmant que les barrages hydroélectriques constituent une plus grande menace pour le saumon. Des conflits similaires ont existé en Afrique du Sud avec les Otaries à fourrure d’Afrique du Sud, réputées suivre les bateaux et s’introduire à l’intérieur des filets des sennes coulissantes pour consommer les poissons en grande concentration. Dans les années 1980 et 1990, les politiciens et pêcheurs sud-africains demandaient que les otaries à fourrure puissent être abattues, estimant que ces animaux entraient en compétition avec les pêcheries commerciales. Des études scientifiques ont toutefois monté que l’abattage des otaries à fourrure aurait en fait un effet négatif sur l’industrie de la pêche, et l’idée a été abandonnée en 1993.
Les pinnipèdes peuvent également être menacés par l’homme de manière plus indirecte. Ils sont involontairement pris dans les filets de pêche par les pêcheurs et avalent accidentellement des hameçons. La pêche au filet maillant et la senne sont des causes importantes de mortalité chez les phoques et autres mammifères marins. Les espèces communément prises dans des filets sont l’Otarie de Californie, le Phoque moine d’Hawaï, les Otaries à fourrure du Nord et les Otaries à fourrures brunes. Les pinnipèdes sont également touchés par la pollution marine. Des niveaux élevés de produits chimiques organiques s’accumulent dans ces animaux car ils sont près du sommet de la chaîne alimentaire et ont de grandes réserves de graisse. Les mères allaitantes peuvent transmettre les toxines à leur jeune. Ces polluants peuvent causer des cancers gastro-intestinaux, une baisse de la reproductivité et une plus grande vulnérabilité aux maladies infectieuses. La destruction de l’habitat de ces animaux par l’exploitation du pétrole et du gaz et les collisions avec les bateaux sont d’autres menaces liées à l’Homme qui pèsent sur ces animaux.
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