LE PHOQUE, Une mystérieuse boussole
Posté par othoharmonie le 2 janvier 2015
La plupart des phoques rejoignent leur zone d’alimentation dès la mi-juin. Seuls les jeunes nés dans l’année émigrent plus tard. Certains resteront même tout l’hiver à proximité du Groenland.
À les voir se déplacer par bandes plus ou moins nombreuses, ces phoques font penser à des troupes de marsouins. Mais le trajet suivi est incroyablement précis, si l’on songe à la distance parcourue : certains animaux peuvent couvrir plus de 5 000 km… Comment se dirigent-ils ? Cette question n’a pas été entièrement élucidée. L’œil du phoque est sans doute attiré par la couleur bleu-vert des eaux côtières, ce qui l’empêche de se perdre en haute mer. Mais comment peut-il garder son cap ? Sur ce point le phoque du Groenland conserve encore son secret. Diverses hypothèses ont été émises : le phoque serait guidé par les changements de température dus au mouvement des glaces, ou encore par le vent (c’est l’opinion du biologiste américain Sergeant). Norris, un autre chercheur, pense, lui, que l’animal suit tout simplement son instinct : les jeunes ne trouvent-ils pas leur route sans l’aide de phoques plus âgés ? Et n’arrive-t-il pas que de vieux mâles solitaires se remettent sur le bon chemin après un accident de parcours ?
Au cours des migrations saisonnières, les mauvaises rencontres ne manquent pas. De tous les prédateurs, l’homme est toutefois le plus redoutable. Les Canadiens et les Norvégiens sont les plus grands amateurs de phoques. Les Esquimaux et autres habitants de l’Arctique consomment la viande de cet animal et se servent de sa fourrure pour confectionner des vêtements.
En pleine mer, les phoques peuvent aussi être la proie des orques, redoutables prédateurs marins. Sur terre, ils sont plus à l’abri, car ils s’isolent du continent, préférant les glaces flottantes à la banquise. Ils évitent ainsi les attaques des ours polaires, friands de jeunes phoques.
La richesse exceptionnelle des eaux froides permet à toutes les espèces animales de survivre sans conflits entre les différentes espèces de phoques, ou entre ces dernières et d’autres cétacés comme la baleine, le bélouga et le narval. Si, dans l’Antarctique, le phoque-léopard de mer est capable de dévorer d’autres pinnipèdes, dans l’Arctique on ne trouve pas ce genre de super-prédateur. À l’exception peut-être du morse, qui, de temps à autre, n’hésite pas à s’attaquer à un jeune phoque du Groenland.
Selon une étude menée au Canada, les phoques auraient besoin pour subsister de 2 millions de tonnes d’aliments par an – dont 500 000 tonnes de capelans et 20 000 tonnes de harengs. Une concurrence redoutable pour les navires-usines de Russie ou du Japon. Les pêcheurs souhaiteraient donc voir diminuer le nombre de phoques, espérant ainsi que leurs pêches augmenteront… Mais c’est oublier que le phoque du Groenland fait partie d’un vaste système écologique. Diminuer le nombre de phoques donnerait lieu à une augmentation du nombre de grandes baleines, se nourrissant elles aussi de capelans et de krill, dont elles consomment d’énormes quantités. La diminution en krill des eaux arctiques empêcherait plusieurs populations de poissons – dépendantes de cette nourriture – de se développer. On voit bien, par ce schéma rapide, que la pyramide écologique de l’Arctique est trop fragile pour être encore ébranlée par l’homme.
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