Le rhinocéros noir est un habitué des zones de transition entre la forêt et la savane, là où abondent les buissons épineux. Dans ces larges espaces, il n’a pas souvent l’occasion de rencontrer un congénère ; ‘c’est de toute façon un animal solitaire. Le domaine vital occupé par un individu varie entre 3 et 90 km2, selon la densité en points d’eau et en buissons épineux.
Des clans bien défendus
Le rhinocéros noir est un animal au mode de vie plutôt solitaire, surtout les mâles adultes. Les femelles et les jeunes sont plus sociables. Dans certaines régions toutefois, les rhinocéros noirs sont organisés en clans. Ceux-ci regroupent quelques dizaines d’individus, mâles et femelles, qui exploitent le même point d’eau. Les résidents se connaissent et se respectent tant que les conditions restent stables. Cependant, l’agressivité peut surgir en cas de surpopulation, de diminution des ressources en eau et en nourriture ou pour toute autre cause impliquant une redistribution des domaines. Ce domaine commun à tout le clan couvre une surface moyenne de 80 km2, ce qui représente un cercle d’un rayon de 5 km environ, centré sur un point d’eau, et que tous les rhinocéros du clan marquent. Ils déposent leurs urines et leurs excréments dans des lieux de défécation collectifs et éparpillent leur crottin de leurs pattes postérieures, puis, les pattes imprégnées, ils continuent leur promenade, transportant ainsi les odeurs de tous les individus d’un bout à l’autre du domaine commun, et marquant au passage le sol et la végétation.
Pacifiques entre eux, les animaux du clan deviennent agressifs dès qu’un mâle inconnu traverse le domaine commun. Les femelles étrangères sont un peu mieux tolérées. Les animaux les plus agressifs semblent être les femelles suivies de leur petit, qui chassent tous les autres rhinocéros qui approchent.
Une cour peu romantique
Même en période de rut, la femelle rhinocéros ne se laisse pas facilement aborder. En général, les premières tentatives du mâle sont repoussées violemment. Une fois formé, non sans difficulté, le couple se maintient quelques jours, voire quelques semaines, mais jamais plus longtemps. Les deux animaux se déplacent et se nourrissent alors ensemble. Parfois même, ils se reposent l’un contre l’autre.
La cour du rhinocéros noir ne paraît pas très « romantique » : grognements, charges, coups de tête et de corne, grattages du sol, défécations et éparpillement des crottins, jets d’urine constituent l’essentiel des jeux amoureux. Ceux-ci peuvent durer des heures avant d’aboutir à l’accouplement.
On observe peu de conflits entre mâles pendant les 2 à 8 semaines que durent les chaleurs de la femelle. Chacun semble connaître son rang, les plus jeunes et les plus faibles laissant spontanément la place aux plus expérimentés. Et les rares regroupements de mâles autour d’une femelle en rut ne durent jamais très longtemps.
Après la courte période de reproduction, les rhinocéros retournent à leur vie solitaire.
Des combats rituels… parfois préludes à l’accouplement
Cette corne, que l’on imagine redoutable, capable d’infliger les pires blessures lors des affrontements, est avant tout un moyen de faire connaître son rang.
Lorsque deux rhinocéros se rencontrent, ils se contentent de croiser leurs cornes à la manière d’escrimeurs croisant le fer, cherchant surtout à tester la force et les réflexes de l’adversaire. Avant l’échange proprement dit, les animaux émettent parfois des grognements d’intimidation. Puis, ils se portent mutuellement des coups de cornes latéraux. L’affrontement s’accompagne également de cris divers. Le plus souvent, l’un des rhinocéros finit par s’imposer et le combat s’arrête de lui-même.
Les rhinocéros noirs se querellent très rarement entre voisins d’un même clan. Comme chez de nombreux animaux, ce n’est que lors de l’établissement des territoires que les conflits peuvent apparaître. Ensuite, les résidents se connaissent et respectent les limites des autres domaines. Des combats entre mâles ont aussi lieu pour la possession des femelles.
De façon générale, l’ensemble de ces combats est sans conséquence. Il arrive cependant que certains dégénèrent en assauts violents, pouvant aboutir à la mort d’un des deux protagonistes, les cornes devenant de redoutables armes capables de transpercer la peau, pourtant très épaisse, de ces animaux.
Modérément agressif envers ses congénères, le rhinocéros noir peut l’être beaucoup plus à l’égard d’un autre animal ou de l’homme. Il lui arrive de charger, corne en avant, de façon totalement imprévisible, attaquant même des véhicules.