Croyance autour de la corne de rhinocéros
Posté par othoharmonie le 6 décembre 2014
Leur comportement sexuel les a beaucoup desservis. En effet, contrairement à un grand nombre d’espèces, l’accouplement peut durer plus d’une demi-heure. C’est sans doute pourquoi certains attribuent, sans fondement, des effets thérapeutiques et aphrodisiaques à la corne de rhinocéros broyée, alors que celle-ci est constituée principalement de kératine, une substance banale retrouvée dans les ongles, les cheveux et les sabots.
De tous temps tenue pour aphrodisiaque par les Chinois et les Japonais qui la prennent en infusion, la corne de rhinocéros n’a aucune vertu médicinale mais, à cause de cette croyance, beaucoup de rhinocéros sont tués. En Chine, le kilogramme de poudre de corne de rhinocéros se vend 50 000 USD. Entre 1980 et 1984, le nombre des rhinocéros noirs, autrefois très répandu, a diminué de moitié, probablement à cause de leurs cornes. En 1970, il y avait 70 000 rhinocéros noirs en Afrique, 15 000 en 1981 et seulement 4 200 en 2011, principalement en Afrique du Sud, Namibie, Zimbabwe et Kenya. Mais la population progresse enfin et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) considère l’espèce comme sauvée. Le rhinocéros blanc se porte mieux avec 18 000 individus, dans le sud de l’Afrique. Pour réduire la chasse, la International Rhino Foundation a mis en place despatrouilles antibraconnage. En 2008, 83 rhinocéros noirs ont été braconnés rien qu’en Afrique du Sud. En 2011, ce chiffre est de 448. En 2012, 668. Elle a aussi entrepris de déplacer des animaux vers des zones très surveillées au Kenya (Parc national de Tsavo East) et au Zimbabwe (à Hwange et à Lemco).
L’accouplement des rhinocéros peut durer une heure et se répéter plusieurs fois par jour. Une telle vitalité, jointe à la forme suggestive de la corne, est peut-être à l’origine de la réputation de puissant aphrodisiaque attribuée à cette dernière, cause principale du massacre, au cours du XXe siècle, de toutes les espèces de rhinocéros. Pourtant, aucune des analyses effectuées sur différents prélèvements de cornes n’a pu mettre en évidence autre chose que de la kératine, la même protéine qui constitue nos ongles et de nos cheveux.
La corne des rhinocéros responsable des massacres
Il y a peu d’exemples, avec celles de l’éléphant, de destructions aussi massives et aussi systématiques que celles des rhinocéros. Aujourd’hui, l’espèce se rencontre essentiellement à l’abri de réserves, de sanctuaires de la vie sauvage ou de zones protégées.
Toutes les vertus prêtées à la corne du rhinocéros viennent de traditions asiatiques. Autrefois, quand les rhinocéros asiatiques étaient plus nombreux, l’« approvisionnement » avait lieu sur place, dans la vallée du Gange ou dans les forêts de la péninsule indochinoise. En raison de la chute des effectifs des rhinocéros en Asie, la chasse s’est étendue aux rhinocéros africains.
Quelles seraient les vertus de cette corne ? De l’Inde à la Chine, on lui prête divers pouvoirs protecteurs, curatifs ou stimulants. Autrefois, les princes indiens se devaient de boire dans une coupe creusée dans la corne d’un rhinocéros. La légende raconte que la coupe se brisait en deux si un ennemi y avait versé du poison. On affirmait également qu’une corne de rhinocéros placée sous le lit d’une femme enceinte facilitait l’accouchement. Une autre tradition voulait que l’on guérisse une morsure de serpent en plaçant sur la blessure un petit morceau de corne.
L’urine de l’animal aurait aussi des pouvoirs : un petit flacon accroché à l’entrée d’une maison protègerait les habitants contre les mauvais esprits, les fantômes et les maladies. Sachant cela, les guérisseurs continuent aujourd’hui de recueillir l’urine en se servant là où il est facile de se la procurer, c’est-à-dire auprès des soigneurs des jardins zoologiques népalais et indiens — une tradition qui, elle, n’a aucune conséquence négative sur l’espèce.
Toutes ces pratiques, qui ne donnaient pas lieu à des massacres en règle, ont permis pendant longtemps la cohabitation du rhinocéros et de l’homme. Il n’en va pas de même depuis que la corne est vendue comme aphrodisiaque. Cette vertu illusoire est à l’origine d’une véritable flambée du marché (à titre illustratif, à la fin des années 1980, le kilogramme de corne se vendait environ 16 000 dollars).
Un commerce d’un autre type existe au Yémen. La corne, entière cette fois, est richement décorée et utilisée comme étui du poignard traditionnel, le jambia. La raréfaction des animaux a entraîné un envol des prix qui n’a pas découragé la riche clientèle yéménite. Le braconnage africain n’en a été que plus actif.
Aujourd’hui, en dépit des approvisionnements rendus de plus en plus difficiles par la baisse des effectifs des rhinocéros et par l’interdiction totale, à l’échelle internationale, du commerce de leurs cornes, le braconnage persiste, en raison des sommes exorbitantes pouvant être obtenues en Asie, notamment au Népal, pour la corne de rhinocéros (une seule corne peut se monnayer plusieurs dizaines de milliers de dollars).
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.