AIGLE DE FICTION
Posté par othoharmonie le 28 novembre 2014
Dans l’univers fictif de l’écrivain britannique J. R. R. Tolkien, les Aigles sont d’immenses oiseaux volants, qui sont pensants et peuvent parler. Souvent mentionnés de façon emphatique comme les Grands Aigles, ils apparaissent d’habitude et intentionnellement comme servant d’agents au deus ex machina (ou eucatastrophe), dans diverses parties de son legendarium, du Silmarillion et des événements de Númenor au Hobbit et au Seigneur des anneaux.
Ces créatures sont décrites comme étant similaires aux aigles actuels (par exemple, comme une espèce indépendante de la sous-famille des Buteoninae), mais beaucoup plus grandes. Dans Le Silmarillion, Thorondor est décrit comme le plus grand d’entre eux et de tous les oiseaux, avec une envergure de 30 brasses (55 m). Ailleurs, les aigles ont varié dans la nature et en taille aussi bien dans les écrits de Tolkien que dans les visualisations plus tardives et les films.
La différence entre les aigles « communs » et les Grands Aigles est mise en évidence dans Le Hobbit :
« Les aigles ne sont pas des animaux bienveillants. Certains sont lâches et cruels. Mais l’ancienne race des montagnes du Nord comptait les plus grands de tous les oiseaux ; ils étaient fiers et forts et avaient le cœur noble. »
Premier Âge
Partout dans Le Silmarillion, les Aigles sont associés en particulier à Manwë, le dirigeant du ciel et le Seigneur des Valar (anges ou « dieux »). Il est exposé que les « esprits en forme de faucons et d’aigles » apportent les nouvelles de la Terre du Milieu jusqu’à sa demeure en haut du Taniquetil, la plus haute montagne du Valinor, bien que plus tard dans le livre on parle d’oiseaux en général, et dans la Valaquenta de « tous les oiseaux rapides, aux ailes puissantes ».
À leur première apparition dans le récit principal, il est dit que les Aigles avaient été « envoyés » en Terre du Milieu par Manwë. Il leur ordonna de vivre dans les montagnes au nord des terres du Beleriand, dans le but d’« observer » Morgoth, la mauvaise puissance suprême qui faisait la guerre aux Elfes et aux Hommes, et d’aider les Noldor exilés « dans les cas extrêmes ». Les Aigles étaient commandés par Thorondor, qui demeura (apparemment avec la majorité de son peuple) dans les Echoriath à l’ouest deDorthonion.
Quand la cité cachée de Gondolin fut construite par Turgon dans un cercle de montagnes, les Aigles de Thorondor devinrent ses alliés, lui apportant les nouvelles et surveillant les espions aux frontières. À cause de leur surveillance vigilante, les Orques de Morgoth étaient incapables de s’approcher de ces montagnes, ou de l’important gué de Brithiach au sud ; les aigles avaient redoublé d’attention après l’arrivée de Tuor, permettant à Gondolin de rester non découverte le plus longtemps de tous les royaumes elfiques. Quand la cité finit par tomber, les aigles de Thorondor protégèrent les fugitifs, chassant les orques embusqués à Cirith Thoronath, la Fissure des Aigles au nord de Gondolin.
Les Aigles combattirent dans l’armée des Valar, des Elfes et des Hommes pendant la Guerre de la Colère à la fin du Premier Âge, quand Morgoth fut renversé. Dans leSilmarillion il est raconté qu’après l’apparition des dragons ailés, « tous les grands oiseaux du ciel » se rassemblèrent sous le commandement de Thorondor et Eärendil, et détruisirent la majorité des dragons dans une bataille aérienne.
Deuxième Âge
Tolkien mentionna les aigles dans ses récits de l’île de Númenor pendant le Deuxième Âge. Il affirme que trois aigles gardaient le sommet du Meneltarma, la Montagne Sacrée, apparaissant chaque fois que quelqu’un s’approchait du sanctuaire et restant dans le ciel pendant les Trois Prières. Les Númenóréens les appelaient « les Témoins de Manwë » et croyaient que ces aigles avaient été « envoyés par lui depuis Aman pour garder la Montagne sainte et toutes les terres ».
Il y avait une autre aire en haut de la tour de la Maison du Roi dans la capitale Armenelos, toujours habitée par un couple d’aigles, jusqu’aux jours de Tar-Ancalimon et de l’arrivée de l’Ombre à Númenor. De plus, il est dit que beaucoup d’aigles vivaient dans les collines autour de Sorontil dans le nord de l’île, bien que dans ce dernier cas il n’est pas précisé s’il s’agit de « grands » aigles ou d’aigles « communs ».
Quand les Númenóréens ont finalement abandonné leurs anciennes croyances et ont commencé à parler ouvertement contre l’Interdit des Valar, il y a eu dans le ciel des nuages en forme d’aigles, appelés les « Aigles des Seigneurs de l’Ouest », envoyés par Manwë pour essayer de les raisonner ou pour les menacer.
Troisième Âge
Vers la fin du Troisième Âge, une colonie d’Aigles vécut dans la partie nord des Monts Brumeux, comme il est décrit dans Le Hobbit. Ils ont surtout niché sur les pentes vers l’est, pas très loin du Haut Col menant à Fondcombe, ainsi qu’au voisinage direct de la Cité des Gobelins sous la Montage. Il est affirmé que les Aigles ennuyaient souvent les gobelins et « arrêtaient toutes les méchancetés qu’ils faisaient » ; cependant leurs relations avec les Hommes des Bois était seulement détendue, car les aigles chassaient parfois leurs moutons.
Pendant les événements du livre, les aigles de cette colonie ont sauvé la compagnie de Thorin d’une bande de gobelins et de wargs, transportant en fin des compte les nains au Carrock. Plus tard, ayant aperçu le rassemblement des gobelins un peu partout dans la montagne, un grand nombre d’Aigles participa à la bataille des Cinq Armées près de la Montagne Solitaire. C’est seulement avec leur aide que les Nains, les Hommes et les Elfes parvinrent à défaire les gobelins.
Dans Le Seigneur des anneaux il est affirmé que les Aigles des Monts Brumeux aidaient les Elfes de Fondcombe et l’Istar Radagast dans la surveillance des terres et dans l’apport de nouvelles sur les Orques1,17. De plus, un rôle important (quoiqu’en arrière-plan) est joué par Gwaihir, et les Aigles apparaissent dans de nombreuses scènes à la fin du livre. Dans un parallèle au Hobbit, ils arrivent dans la bataille de la Porte Noire, aidant l’Hôte de l’Ouest contre les Nazgûl. Plusieurs d’entre eux sauvent Frodon Sacquet etSamsagace Gamegie de la Montagne du Destin après que l’Anneau unique a été détruit18.
Les Grands Aigles dirigés par Thorndor sont déjà apparus dans le premier conte sur la Terre du Milieu que Tolkien écrivit dans les années 1910, La Chute de Gondolin, publié dans le Livre des Contes Perdus. Le rôle de Thorondor a été étendu progressivement, avec l’introduction successive des éléments d’intrigue appropriés ; et après la conception de Númenor dans les années 1930, la notion que les aigles étaient les messagers de Manwë fut peu à peu élaborée. Peu après, Tolkien introduisit les aigles dans Le Hobbit et dans Le Seigneur des anneaux, répétant dans ce dernier quelques éléments de l’intrigue et les noms présents dans les précédents écrits.
Dans plusieurs textes très anciens, Tolkien écrivit que, avant le déplacement vers Crissaegrim après la mort de Fingolfin, les aigles de Thorondor ont niché sur les pics duThangorodrim au-dessus de la forteresse de Morgoth à Angband ; Christopher Tolkien suppose que cette idée fut ensuite abandonnée11. Une autre proposition rejetée était qu’après la mort de Beren, Lúthien ne mourrait pas de chagrin mais serait amenée en Valinor par Thorondor qui aurait été « convoqué » par Melian la Maia.
Les Aigles possèdent une caractéristique notable qui les distingue des autres oiseaux dans les plus anciens écrits. Tolkien décrit originellement Eä, le Monde, comme limité par les Murs de la Nuit, et que l’espace au-dessus de la surface de la Terre jusqu’aux Murs était divisée en trois régions ; les oiseaux communs pouvaient voler uniquement dans la couche inférieure, alors que les Aigles de Manwë pourraient voler « au-delà des feux du ciel jusqu’au bord de l’obscurité ». La conception d’un monde limité et des couches du firmament fut abandonnée pendant l’écriture du Seigneur des anneaux.
Les nuages en forme d’aigle qui apparaissent à Númenor étaient une des associations récurrentes de Tolkien avec la chute de l’île, avec les images d’une montagne s’inclinant et une vague écrasante ; ils étaient aussi introduits par lui dans deux histoires de voyage dans le temps, La Route perdue et The Notion Club Papers. Dans une ébauche, Tolkien projetta que ce serait Sorontur (Thorondor) lui-même qui apparaîtrait à Númenor en tant que protagoniste de l’histoire.
La peinture de Tolkien d’un aigle posé sur un rocher escarpé apparaît dans quelques éditions du Hobbit. D’après Christopher Tolkien, l’auteur basa son image sur une peinture d’Archibald Thorburn d’un Aigle royal immature, que Christopher trouva pour lui dans The Birds of the British Isles de Thomas Coward. Cependant, l’utilisation par Tolkien de ce modèle ne signifie pas forcément que ses oiseaux étaient des aigles royaux ordinaires.
Pendant quelque temps, Tolkien considéra les Aigles comme des Maiar en forme d’oiseaux7 ; cependant, il réalisa plus tard que la déclaration selon laquelle Gwaihir et Landroval seraient des descendants de Thorondor était déjà apparue dans la version du Seigneur des anneaux, alors que la notion d’enfants des Valar et des Maiar avait déjà été rejetée par lui longtemps auparavant. Dans la dernière de ses notes à ce sujet, datée par son fils de la fin des années 1950, Tolkien décida que les Grands Aigles étaient des animaux communs qui avaient été dotés du « langage par les Valar, et élevés à un haut niveau mais qui demeuraient sans fëar ».
Néanmoins, une conception différente est peut-être présente dans un essai plus tardif sur l’origine des Ents qui, d’après Christopher Tolkien, vient probablement de 1963 et a été inclus dans le Silmarillion publié. Les notes de J. R. R. Tolkien définissent les Ents comme « quelques âmes envoyées habiter les arbres, ou d’autres qui ont lentement pris l’apparence d’arbres » ; l’essai est d’accord, ajoutant que les Ents apparurent peu après l’Éveil des Elfes, quand « la pensée de Yavanna … [convoqua] les esprits de loin ». Apparemment une même origine est accordée aux Grands Aigles, d’après les paroles de Manwë dans l’essai : « … avant l’éveil des Enfants les Aigles des Seigneurs de l’Ouest s’élèveront à nouveau comme le vent. … Les Aigles vivront dans les montagnes où ils entendront la voix de ceux qui nous [les Valar] invoquent »
Cependant, les esprits convoqués par Yavanna vinrent en Arda seulement après l’Éveil des Elfes ; alors que les Aigles, d’après Manwë, existaient déjà avant « l’éveil des Enfants ». Cela donné, les aigles ne peuvent donc faire partie des esprits convoqués par Yavanna dans ce paragraphe, suggérant que Tolkien n’ait pas changé d’avis et que les aigles sont des animaux sans fëar. Ils ressembleraient aux dragons : ils ont à l’intérieur d’eux-mêmes une « partie » de leur créateur, qui définit leur conduite ou leur « programmation ».
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