L’aigle fond sur sa proie
Posté par othoharmonie le 20 novembre 2014
Comme tous les rapaces, l’aigle sait économiser ses forces et son énergie. Il ne passe pas plus de temps qu’il nest nécessaire à chasser. Tout d’abord, il attend que les rayons du Soleil aient suffisamment réchauffé le sol ; l’augmentation de la température provoque alors l’apparition de courants d’air chaud ascendants qui lui permettent de s’élever en planant, ailes largement étendues.
L’exploration méthodique du territoire peut commencer. Ayant choisi un secteur propice, l’aigle amorce une descente en spirale, guettant le moindre mouvement qui trahirait une proie, grâce à une acuité visuelle remarquable. En montagne, il profite au mieux des escarpements du relief pour surgir à l’improviste. Dans la taïga, il apparaît brutalement au détour d’une clairière, comptant sur l’effet de surprise, gage du succès. S’il lui arrive de se lancer sur un oiseau en plein vol, il préfère la capture à terre. Il est rare que l’aigle pique directement du haut du ciel, peu fréquent qu’il fonde depuis un arbre après être resté à l’affût.
Quand les aigles chassent en couple, l’un des deux effraye les proies pour que l’autre, prêt à l’attaque à 100 ou 200 m en arrière, profite de la panique que son rabatteur aura su créer. En l’absence d’ascendances thermiques, la prospection se limite à un vol battu plus près du sol.
Un frémissement imperceptible vient de trahir la présence d’un lapin ou d’une marmotte : l’aigle accélère ses battements d’ailes, abaisse sa trajectoire, vole en rase-mottes. La future victime tente une fuite éperdue. Trop tard ! Les pattes puissantes, munies de formidables serres acérées ont frappé en un éclair… L’aigle victorieux trône sur sa proie, ailes écartées, bec ouvert.
Quand il pleut ou quand il neige, la chasse est intermittente ou, même, cesse totalement. Elle s’intensifie, au contraire, durant l’élevage des jeunes. Mais cet accroissement des besoins correspond à la belle saison, lorsque les victimes abondent. L’aigle chasse de préférence les mammifères et les oiseaux. Les mammifères – lapins, lièvres, rats, marmottes, hérissons, sousliks (petits rongeurs des steppes orientales) ou chevreuils – représentent tantôt près de 95 % des proies, tantôt un peu plus de 20 % à peine, selon les saisons ; ces pourcentages varient de près de 80 % à environ 19 % en ce qui concerne les tétraonidés, c’est-à-dire les lagopèdes et les coqs de bruyère. Les proportions de ces gibiers varient également, de façon notable, selon les régions. Les tétraonidés, par exemple, représentent environ 26 % du total des proies en Écosse, et plus de 60 % en Finlande.
L’aigle royal capture parfois des passereaux, des canards, des grues. Mais il ne se contente pas de ces proies vivantes. Dans les massifs montagneux, au printemps, les aigles explorent les couloirs d’avalanches où le dégel dégage les carcasses de chamois ou de bouquetins tués au cours de l’hiver. À ces charognes (38 % du poids de la nourriture en Écosse) s’ajoutent les prises de poissons, de lézards, de vipères ou même de tortues. L’aigle royal enlève ces dernières dans les airs avant de les lâcher au-dessus de rochers où leur carapace se brise.
L’aigle ne peut emporter une victime dont le poids est supérieur au sien, soit 6,350 kg pour les femelles les plus lourdes. L’enlèvement d’enfants ou de moutons appartient donc à la légende.
Plus d’échecs que de réussites
Il est fréquent que les animaux qu’il poursuit le déroutent et, pour ne pas gaspiller ses forces, il abandonne alors sa traque. Sa robustesse lui permet heureusement de jeûner sans danger plusieurs jours de suite.
En temps normal, l’aigle royal consomme, chaque jour, une moyenne de 230 g de nourriture ; soit un total annuel de 84 kg, ce qui correspond à 214 kg de captures.
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