Le pingouin torda et notre culture
Posté par othoharmonie le 29 octobre 2014
Histoire du pingouin
Le pingouin torda n’est pas chassé, et n’a que peu de relations avec l’homme.
C’est surtout un sujet d’observation pour les passionnés d’ornithologie, une célébrité en quelque sorte, car c’est le seul pingouin restant, depuis la disparition de son cousin, le grand pingouin.
Ce dernier n’a pas eu de chance. Ce grand oiseau (il mesurait 80 centimètres), ne pouvait pas voler, son corps étant intégralement dévoué à la nage. Du coup, il fut une proie facile pour l’homme, qui l’extermina. Le pingouin torda, lui est plus petit, vole bien et niche sur des falaises inaccessibles. C’est plus approprié pour éviter l’extinction…
En Islande en particulier, les cousins macareux, guillemots et mergules font encore l’objet de chasse on de ramassage des oeufs. Les macareux sont chassés à l’à-pic des falaises où ils se reproduisent dans des terriers (ces terriers sont infestés de poux qui quittent volontiers les oiseaux pour venir se régaler du sang du premier rare humain qui s’aventure à proximité). Ils sont débusqués à l’aide de petits chiens à la morphologie spéciale (ces chiens sont capables de se luxer momentanément et volontairement les clavicules pout mieux adhérer aux parois verticales). Ils effraient ainsi les oiseaux et les obligent à voler. Les hommes cachés dans la falaise les capturent ensuite à l’aide d’épuisettes.
Les oeufs des guillemots sont collectés au prix d’ascension ou de descentes périlleuses sur les vires à 50 m au dessus de la mer. Le fruit de la récolte, qui marque l’arrivée tant attendue des beaux jours, est vendu de maison en maison par les jeunes de l’île. Seuls ceux qui s’investissent dans le sauvetage en mer jouissent du privilège de pouvoir récolter et vendre les oeufs de guillemots.
Finalement, le lien principal avec l’homme est la mauvaise utilisation de son nom. Lorsqu’une personne parle des pingouins, il y a fort à parier qu’elle pense en fait aux manchots, car la majorité des gens font une confusion sur le terme. Les oiseaux de l’Antarctique, qui ne peuvent pas voler, et sont connus pour vivre dans des conditions de froid extrême, sont les manchots, pas des pingouins.
Cette confusion vient de plusieurs sources : d’abord, le grand pingouin, l’espèce disparue, ressemblait vraiment à un manchot, puisqu’il était de bonne taille et ne pouvait pas voler. Deuxièmement, le mot anglais pour manchot est « penguin », ce qui évidemment n’arrange rien. Enfin, l’erreur existe depuis si longtemps qu’elle a même été reprise dans certains documentaires animaliers. On a ainsi entendu le commandant Cousteau parler des années durant des « pingouins » tout en montrant des images de manchots.
Il faudra encore du temps avant que tout le monde sache que le pingouin est un petit oiseau de l’hémisphère nord qui vole sans problème et que le manchot vit dans l’hémisphère sud et est incapable ne serait-ce même de décoller.
Attention ! Les macareux sont appelés « puffins » en anglais, alors qu’en français les puffins sont des oiseaux de mer pélagiques de la famille des procellaridae. Ils sont représentés par 22 espèces de par le monde dont en France le puffin des anglais et le puffin yelkoauan.
Où rencontrer des pingouins ?
Il faut être un peu observateur et savoir regarder les bords de mer pour voir cet oiseau, qui vient se nourrir sur nos côtes surtout à partir de l’automne.
On le rencontre dans la partie nord de la France, y compris sur les côtes bretonnes mais également en Espagne jusqu’à Gibraltar. C’est d’ailleurs une rencontre agréable et intéressante, car voir cet oiseau nager juste sous la surface est toujours un spectacle. Lorsqu’on se promène sur les ouvrages portuaires les digues ou les jetés, il n’est pas rare de voir un ou deux pingouins torda longer la côte, et explorer les eaux grâce à leur nage battue très caractéristique.
Le pingouin avance vite dans l’eau, et ne prend sa respiration qu’après avoir parcouru une longue distance. La rencontre est en général furtive, car le pingouin torda est toujours en mouvement, il est difficile à suivre depuis la côte. En bateau, il n’appréciera guère non plus d’être suivi, et préférera plonger à répétition ou s’envoler, présentant alors son vol particulier, avec ses courtes ailes qui battent très rapidement. Quand il est sur l’eau le pingouin torda tient sa queue redressée.
Pour observer les colonies, il faut se rendre sur des falaises isolées, la plupart du temps en bateau. En ce qui concerne les pingouins torda de l’Atlantique Est, la majorité des spécimens semblent nicher en Islande, ce qui fait un peu loin pour l’observateur français. Il n’en reste pas moins que la rencontre furtive du pingouin torda est un excellent moment. Ayez donc l’oeil lors de vos sorties d’automne.
D’une façon générale, la faune d’automne et d’hiver des bords de mer est étonnamment riche, et je suis toujours étonné de voir les côtes totalement désertées hors de la belle saison, alors que c’est à ce moment que l’on voit le plus d’animaux, en particulier des oies, des canards, des macreuses des eiders et des milliers de bernaches.
Ni le petit pingouin, ni les autres oiseaux migrateurs, ne se plaindront de cette tranquillité (de plus en plus relative).
Article réalisé par Arnaud Filleul et Jean-Pierre Fleury. http://www.pratique.fr/pingouin-hommes.
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