Les hommages du lion
Posté par othoharmonie le 18 octobre 2014
La première chose que fait un lion avec sa nouvelle conquête, c’est d’égorger ses lionceaux pour que celle-ci accepte plus vite ses hommages.
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La scène est atroce. À grandes foulées, le lion fond sur sa minuscule proie. Ses yeux brillent d’une lueur assassine, ses babines se retroussent sur de monstrueux crocs. Il gagne du terrain. Les crochets du lionceau affolé ne servent à rien. La lionne tente de s’interposer, mais un coup de patte dans sa direction accompagné d’un terrible rugissement l’incite à battre en retraite. Elle n’est pas de taille. Le fauve finit par saisir dans sa gueule la minuscule boule de poils qui laisse échapper des cris déchirants. Mais l’assassin est sans pitié. Il resserre sa prise. Les griffes déchirent les entrailles. Le sang jaillit, le petit corps se tord dans tous les sens. La mère pleure de rage, mais bientôt le meurtre est consommé. La victime s’affaisse sans vie. Le nouveau maître de la troupe, celui qui vient de déposer l’ancien roi, a tué le dernier enfant de son prédécesseur. C’est la façon d’opérer pour que les lionnes soient fécondables le plus rapidement possible, car lui-même est toujours à la merci d’être détrôné par un rival plus fort. C’est la dure loi de la jungle !
Le lion est le plus social des félidés. Chaque femelle reste dans son clan natal tout au long de sa vie. Elle vit en parfaite intelligence avec ses mère, grands-mères, tantes, cousines et filles, partageant les faveurs des mâles régnant sur le clan. En revanche, les jeunes mâles quittent leur groupe natal, à l’adolescence, attirés par l’aventure. Mais ils partent rarement seuls, préférant s’acoquiner avec plusieurs compagnons de jeux et de sang (entre deux et sept). Pendant quelques années, le gang rôde dans la savane, chassant ensemble et faisant mille conneries. Au bout d’un certain temps, les jeunes lions se sentent assez forts pour fonder une famille en restant unis. La seule solution qui s’offre à eux est de voler le harem d’une autre bande.
Elle rugit langoureusement
Depuis le temps que les lionnes sont victimes de leurs tueurs d’époux royaux, elles ont mis au point une stratégie pour protéger leurs enfants. Avant même qu’ils ne naissent, quand elles se sentent l’humeur de batifoler, elles testent la force de leurs époux en organisant une joute entre eux et les bandes rivales du coin. L’une d’entre elles, la plus sexy, s’éloigne du groupe pour draguer un de ces étrangers. La jeune lionne joue à merveille l’aguicheuse. Elle rugit langoureusement, fait rouler ses muscles, frissonne de plaisir, émet un fumet aphrodisiaque. Elle lui raconte combien elle et ses soeurs sont malheureuses avec leurs vieux maris. Le pauvre puceau tombe forcément amoureux de la belle inconnue qui n’hésite pas à se donner à lui. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’une lionne n’est pas fécondable par un mâle étranger qui lui fait une seule fois l’amour. Se croyant futur père, le malheureux convainc ses potes d’attaquer les maris en place. Au cours des semaines suivantes, les escarmouches se multiplient. Puis la grande bagarre se produit. Souvent, le jeune gang est chassé ; parfois, il s’empare du trône et du harem. Dans les deux cas, les femelles sont les grandes gagnantes, car elles sont assurées d’avoir maintenant pour maris de rudes combattants qui les protégeront jusqu’à l’adolescence de leurs lionceaux.
À lire : Passions animales de Frédéric Lewino, éditions Grasset
Trois mille rapports en un an… Bah, ça fait vraiment beaucoup ! De tous les félins, le lion a toujours été celui que je trouve le plus majestueux.
Dernière publication sur L'odyssée de l'écrit ! : Jour 1132: Mercredi 27-08-2014