P comme Puce
Posté par othoharmonie le 23 septembre 2014
La puce est un “insecte Aphaniptère” hématophage – “[…] la puce, et le cousin puisent dans nos veines un aliment succulent […]” , désagréable mais il y a pire – “Hélas si une puce en notre oreille, si la chaleur d’une
petite fièvre nous rend une courte nuit si longue et ennuyeuse, combien sera épouvantable la nuit de l’éternité” - qu’on peut tuer mais sans en faire tout un plat – “Il s’impute à péché la moindre bagatelle ; Un rien presque suffit pour le scandaliser ; Jusque-là qu’il se vint l’autre jour accuser D’avoir pris une puce en faisant sa prière, Et de l’avoir tuée avec trop de colère. ” Merci aux grands auteurs. Pour les modernes, la puce est un composant électronique à pattes qui est collée à la carte Vitale ou s’insère dans un portable, voire s’injecte sous la peau d’un chien.
Avant cette ère nouvelle, la puce a vécu très proche de l’humain et a prospéré dans son langage, souvent dans des conversations très (trop) familières – . “[…] N’avez-vous rien pris aujourd’hui ?” il répondit : “sauf votre grâce, madame, j’ ai pris une puce à la raye de mon cul” . Une puce désigne affectueusement une personne petite ou un petit animal de compagnie (la Pupuce à sa mémère).
Un puceux est plein de puces, il est mangé de puces, et peut se faire traiter de sac à puces : il faudrait qu’on le puce ou l’épuce (l’épouiller le débarrasserait d’insectes d’un autre ordre) mais lui chercher des puces est équivalent à lui chercher des poux.
Étymologiquement, puce vient du latin pulex, même sens ; étymologiquement toujours, un puceron est une petite puce, une pucelle une demoiselle pure et un pucier un lit plein de poussière (de “pous”, balle de blé), qu’on vend et achète au marché aux puces tenu par les puciers. La couleur puce, un peu passée de mode, est celle de l’imago de notre Pulex irritans (Pulicidé) : brun roux foncé.
Secouer ses puces, c’est se réveiller ; secouer les puces à quelqu’un, c’est lui faire de vifs reproches. Qui bouge vite et de façon désordonnée s’agite comme une puce (sur une plaque chauffante, entend-on parfois, pour marquer un degré supérieur). Mettre la puce à l’oreille ne signifie plus inspirer un désir sexuel mais éveiller les soupçons. Excité(e) comme une puce n’a pas non plus de connotation précoïtale. Brider les puces (ou charmer les puces) consiste à boire assez pour ne pas sentir leurs importunes piqûres. Dompter (ou dresser) les puces est un métier (rare) qui s’exerce dans un (petit) cirque de puces savantes.
Un saut de puce est un bond prodigieux pour elle ; pour nous, c’est un tout petit déplacement dans l’espace ou le temps (à la sainte Luce…). Un(e) désoeuvré(e) mesure le saut des puces – version entomo de “tenir le mur” ; inversement, un(e) entomologiste travaillant à l’OPIE n’a pas le temps de compter (ou chercher) ses puces.
Ne relèvent ni de la littérature classique ni de l’entomologie une plante urticante et deux crustacés sauteurs : l’Herbe à la puce (Toxicodendron radicans, Anacardicée), la Puce d’eau (Daphnia pulex, Cladocère Daphniidé) et la Puce de mer ou Talitre (Talitrus saltator, Amphipode Talitridé).
Enfin, les enfants jouent au jeu de puces avec des pions (qu’ils font sauter) et, pour les typographes (cliquez sur liste à puces de votre traitement de textes), c’est une pastille ronde ou carrée, sans pattes : pour la puce si fertile en expressions, c’est le dernier degré de la “désentomologisation”.
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