Prédateur et dynamique de population de la tique
Posté par othoharmonie le 7 septembre 2014
Peu des œufs pondus donneront une tique adulte. Les œufs, larves ou adultes de nombreuses espèces de tiques meurent quand il fait trop froid ou trop sec. Si l’humidité du sol suffit généralement à protéger les larves de la dessiccation, une forte humidité et hygrométrie favorisent plusieurs espèces de nématodes et de champignons entomopathogènes qui peuvent infecter et tuer les tiques, soit directement soit via des bactéries symbiotiques.
Les larves, nymphes et adultes peuvent aussi directement être mangées au sol par des oiseaux, reptiles et autres animaux insectivores (une poule peut ainsi manger 200 tiques par heure dans une zone fructueuse), voire sur leur hôte (par exemple par le héron garde-bœufs ou lors de comportements d’épouillage), mais les animaux qui mangent des tiques servent aussi d’hôtes à diverses espèces de tiques, dont celles qu’ils mangent.
La prolificité des tiques, et leur résistance quand leurs conditions de vies sont bonnes laisse penser qu’elles pourraient s’adapter aux acaricides et antiparasitaires voire à certains moyens de lutte biologique. Quelques recherches portent depuis peu sur diverses stratégies de lutte biologique contre ces hématophages.
Les tiques (œufs, larves, nymphes et imago) semblent dans la nature surtout contrôlés par plusieurs catégories de micro-organismes parasites et « entomopathogènes », dont :
- Champignons parasites, dont par exemple Metarhizium anisopliae, Beauveria bassiana, Paecilomyces fumosoroseus qui s’avèrent en laboratoire rapidement mortels pour les tiques Ixodes ricinus (en 5 à 25 jours…). En lutte biologique, des blastospores pourraient même être encore plus efficaces que des conidiospores.
- Nématodes, dont par exemple plusieurs sous-espèces de Steinernema et d’Heterorhabditis qui sont capables d’inoculer leurs bactéries symbiotes (Xenorhabdus, Photorhabdus) dans les tiques qu’ils parasitent, qui en meurent rapidement. Ces bactéries liquéfient en effet l’intérieur de la tique (lyse) que les nématodes peuvent ensuite digérer. Les nématodes ne se reproduisent pas dans la tique, mais ensuite dans l’eau interstitielle du sol ou dans le sol humide). (Des forêts trop drainées, trop sèches et trop éclairées (comme presque tous les nématodes, ces espèces sont lucifuge) pourraient favoriser la régression de ces nématodes. In vitro, 10 à 40 % des tiques femelles non alimentées et contaminées meurent ; S. carpocapsae semblant être le nématode le plus souvent mortel pour ces tiques, d’autant plus que sa densité dans le milieu est élevée (deux fois plus de mortalité avec un « ensemencement » de 600 nematodes/cm2 de substrat que pour 300 nematodes/cm2).
- Guêpes parasitoïdes qu’on voudrait aussi utiliser pour la lutte biologique contre les tiques mais qu’on ne sait pas encore élever en masse. Ixodiphagus hookeri antérieurement nommée Hunterellus hookeri ou Ixodiphagus caucurtei est l’un des principaux parasites de tiques du genre Ixodes ricinus.
- Bactéries pathogènes pour les tiques : par exemple, on a découvert par hasard dans une colonie de tiques élevée en laboratoire une bactérie à pigment jaune, Gram-négatif qui se reproduit dans l’intestin des tiques, en tuant une grande partie des tiques molles qu’elle infecte (100 % de mortalité si plus de 106 bactéries/ml), mais non les tiques dures qui s’en débarrassent en 24 h environ.
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