La pie n’est pas une voleuse

Posté par othoharmonie le 26 août 2014

 

Le Point.fr 

Selon des spécialistes britanniques du comportement animal, non seulement l’oiseau n’est pas attiré par ce qui brille, mais il s’en méfie.

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Ce malheureux oiseau souffrait d’une mauvaise réputation. Des légendes rurales l’accusaient de voler des clés, des bijoux, ou des bibelots dorés… Voici enfin son honneur réhabilité. Contrairement à ce qu’assurent le bon sens populaire, un opéra de Rossini et un fameux album de Tintin, la pie n’est pas voleuse. Elle ferait même preuve d’une méfiance instinctive vis-à-vis des objets qui lui paraissent insolites, suggère une étude britannique. Simplement « pie bavarde » pour les ornithologues, l’oiseau noir et blanc (Pica pica) est pourtant considéré depuis des siècles comme un affreux kleptomane qui ne peut s’empêcher de dérober bijoux et autres menus objets clinquants pour les entasser dans son nid. Une mauvaise réputation totalement injustifiée, même s’il arrive bien à la pie de subtiliser des proies à d’autres oiseaux plus petits qu’elle (un comportement largement répandu chez de nombreuses espèces), estiment des chercheurs de l’université britannique d’Exeter spécialisés dans l’étude du comportement animal.

Ces scientifiques ont mené sur le campus de leur université une série d’expériences avec des pies provenant d’un refuge et avec des pies sauvages. Les oiseaux ont été mis en présence d’objets brillants et mats, et leurs réactions enregistrées et analysées. « Nous n’avons trouvé aucune preuve montrant que les objets brillants attirent irrésistiblement les pies. Au contraire, tous ces objets ont suscité une réaction de néophobie – la peur des objets nouveaux – chez les oiseaux », résume Toni Shepard, auteur principal de l’étude, publiée dans la revue Animal Cognition

Anecdotique

Les chercheurs ont d’abord habitué les pies à la présence humaine sur huit sites différents du campus d’Exeter. Puis, après des tests de contrôle, ils ont placé sur le sol deux tas de noix ainsi que deux tas d’objets (vis métalliques, anneaux et un petit rectangle d’aluminium) à 30 cm de distance. La moitié des vis et des anneaux était peinte en bleu mat, l’autre moitié ainsi que la feuille d’aluminium gardant sa teinte argentée et brillante. En 64 tests au total, les pies ne se sont intéressées aux objets brillants qu’à deux reprises seulement, saisissant un anneau argenté pour le rejeter immédiatement. Les oiseaux ignoraient voire évitaient autant les objets brillants que bleus, et ils adoptaient souvent un comportement méfiant à proximité de ces tas d’objets inconnus.

« Nous pensons que ce sont les humains qui remarquent quand une pie ramasse des objets brillants, parce qu’ils pensent qu’elle les trouve attirants. Mais lorsque les pies interagissent avec des choses plus anodines, cela passe inaperçu. Il est probable que le folklore qui entoure les pies ne s’appuie pas sur des preuves mais soit le résultat d’une généralisation culturelle à partir de faits anecdotiques », explique Toni Shepard.

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