SEXUALITE DE LA LIBELLULE
Posté par othoharmonie le 8 août 2014
Incertain de la fidélité de sa compagne, le mâle demoiselle utilise son pénis pour ôter la semence de son éventuel prédécesseur.
Avant un accouplement, le mâle demoiselle vide le réservoir à sperme de sa partenaire des semences de ses prédécesseurs.
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Dans la famille des demoiselles (à ne pas confondre avec leurs cousines, les libellules), les mâles sont plutôt du genre brutal, abordant leur promise en plein vol pour une étreinte forcée. L’espèce Calopteryx haemorrhoidalis est la plus policée de la famille, car le mâle préfère enfiler son costume de gentleman pour se livrer à une cour dans les règles. Tout d’abord, il commence par rechercher un excellent site de ponte sur les rives d’une mare ou d’une rivière, qu’il défend contre ses rivaux. Quand une femelle à l’humeur badine pénètre dans son espace aérien, « le » demoiselle se lance dans des acrobaties aériennes pour l’impressionner. Puis, s’immobilisant devant elle, il lui montre les points blancs situés au bout de ses ailes, signe de bonne santé. La femelle, qui est difficile en matière d’amants, peut passer son chemin. Sinon, elle laisse le mâle lui saisir la tête avec ses pinces caudales avant d’appliquer ses organes génitaux sur le pénis du mâle, formant ainsi un joli coeur volant.
Cette opération « transfert de sperme » rivalise d’agilité avec le ravitaillement en vol d’un Mirage 2000. Tout commence par une bonne séance de masturbation. En effet, le réservoir à sperme du mâle demoiselle est situé à l’arrière de son corps, alors que son pénis – l’aedeagus – se trouve à l’avant, juste derrière ses pattes. Donc, juste après avoir agrippé la femelle avec sa pince caudale, le mâle commence-t-il par replier son corps pour transférer son sperme dans son pénis. Une fois le plein effectué, la femelle colle alors l’arrière de son corps sur le pénis. Le couple conserve cette position plusieurs dizaines de minutes, car avant d’injecter ses spermatozoïdes, l’amant ailé commence par nettoyer l’appareil génital de la femelle.
Garantir sa paternité
En effet, le bougre ne se fait pas d’illusions. Il n’est certainement pas tombé sur une sainte nitouche. Le matin même, ou la veille, elle a probablement déjà copulé avec un ou plusieurs autres mâles. Sa spermathèque (l’organe où les insectes femelles stockent le sperme de leurs donneurs avant de l’utiliser) est donc plus ou moins remplie. En éliminant ces dépôts précédents, le mâle garantit donc sa paternité. À cette fin, il possède, à l’extrémité de son aedeagus, une paire de cornes flexibles capables de s’introduire dans la spermathèque et de la vider. Une fois l’opération achevée, le pénis s’enroule comme une cigarette russe pour transférer la semence.
Mais la femelle, qui tient à accumuler les spermes pour faire son choix du meilleur père au moment de son ovulation, a trouvé une parade à cette intrusion. En Espagne, par exemple, elle a rétréci le diamètre du conduit menant à sa spermathèque pour faire obstacle au passage des cornes du pénis de son amant. Mais ce dernier a déjà trouvé à son tour la parade en utilisant ses cornes de façon à faire croire à la femelle qu’elle ovule. Du coup, la spermathèque se vide d’elle-même. Seulement, il n’y a pas d’ovules et les spermatozoïdes se perdent. Le mâle peut alors transférer son sperme. À la femelle, désormais, d’inventer une parade…
À lire : Passions animales de Frédéric Lewino, éditions Grasset.
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