La chèvre gardienne de trésors
Posté par othoharmonie le 6 mai 2014
Homonymie aidant, on retrouve sa présence dans le massif de l’Esterel, proche de celui des Maures, où elle est gardienne des trésors laissés sur place par les Sarrasins du Fraxinet. Dans ce secteur de la Provence orientale la légende la rattache à la fée Estérelle. Alphonse Daudet, dans son conte Les étoiles, les évoque l’une et l’autre : « Et ta bonne amie, berger, est-ce qu’elle monte te voir quelques fois ? ça doit être bien sûr la chèvre d’or ou cette fée Estérelle qui ne court qu’à la pointe des montagnes ».
Paul Arène qui, comme le révèle Charles Maurras, dans sa préface à La Chèvre d’or, fut coauteur des « Lettres de mon moulin » et des « Contes du lundi », situe lui aussi la Cabro d’or en Provence orientale. Elle s’est installée dans les garrigues du village de Puget-Maure, dont tous les habitants, curé compris, sont descendants des Sarrasins.
Mais la légende la situe le plus souvent dans les Alpilles. Frédéric Mistral lui fait hanter le Val d’Enfer dans Mireio. Cette vallée des Baux-de-Provence est son repaire préféré où veillant de jour et sortant de nuit, elle garde le trésor d’Abd-el-Rhamân, que les Provençaux appèlent familièrement Abdelraman. Tous savent qu’il se trouve caché au pied de Baumanière où elle broute la « mousse roucassière ».
Frédéric Mistral indique : « Vole la Cabro d’or, la cabro que degun de mourtau ni la pais ni la mousi. Que sous lou ro de Bau-Maniere lipo la moufo roucassiero ».
On la retrouve à Saint-Rémy-de-Provence où elle campe au sommet du mausolée des Antiques. Il est à souligner que celui-ci a pendant fort longtemps été pris pour le minaret d’une mosquée. Là aussi elle est gardienne du trésor d’Abdelraman.
Il lui arrive de passer le Rhône et d’aller camper sur la rive droite du fleuve. Elle s’installe alors sur un oppidum, le Camp de César, situé sur la commune de Laudun. Là, elle veille sur le trésor qu’y laissa Hannibal « roi des Sarrasins d’Afrique ».
Ce même trésor lui fait aussi hanter le piémont du Ventoux. Son antre se situe au-dessus de Malaucène, au lieu-dit « Les Aréniers », près de la source du Groseau. De gigantesques lingots d’or sont cachés derrière la Porte Saint-Jean qui ne s’ouvre que la nuit de Noël. Les audacieux peuvent s’en saisir au cours de la messe de minuit puisque la porte s’ouvre entre le début de l’Épître et la fin de l’Évangile.
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