La vie de l’hippopotame
Posté par othoharmonie le 4 avril 2014
Un chef qui exige une soumission parfaite
Les hippopotames vivent en groupes sur un territoire – une portion de lac ou de rivière – qui varie en fonction du plan d’eau et de la saison. Sur une berge de rivière, un espace plus réduit suffit à un plus grand nombre d’animaux que sur une berge de lac. Ainsi, 33 hippopotames peuvent se partager 100 mètres de bord de rivière, alors que 7 animaux seulement cohabitent sur 100 mètres de bord de lac.
Le mâle dominant règne sur 50 à 100 mètres de rivière alors que son territoire peut atteindre 500 mètres de lac. C’est lui qui se charge du marquage territorial. Se plaçant au bord, le dos à la berge, il éparpille son crottin sur un rayon de 2 mètres. Ce genre de scène semble passionner les jeunes, qui viennent flairer les excréments, et parfois les consommer.
Tant que les juvéniles, et surtout les mâles presque adultes, adoptent une attitude de soumission face au maître des lieux, tout va bien. Mais, s’ils gardent la tête haute, ce que le chef prend toujours pour un défi, les choses peuvent se gâter : le nombre élevé de cicatrices sur le corps des grands mâles rappelle à chacun que les discussions peuvent être vives.
Les canines n’ont aucun rôle dans l’alimentation, mais elles peuvent infliger de profondes blessures (qui cicatrisent étonnamment vite). Les combats sont entrecoupés de hurlements, de charges dans l’eau, et de postures d’intimidation, gueule grande ouverte.
La mandibule de l’hippopotame, c’est-à-dire sa mâchoire inférieure, peut s’ouvrir à 150° – ce qui est énorme – et elle est musclée en conséquence. D’où le célèbre bâillement de l’hippopotame : loin d’être seulement un geste de lassitude, il peut se révéler vraiment menaçant, si le mâle renverse sa tête le plus en arrière possible, en exposant toute sa gorge dans un geste de défi, pour calmer toute velléité de révolution interne.
Les combats peuvent être mortels, mais ces grandes scènes restent tout de même rares, car l’hippopotame est respectueux de la hiérarchie. Un des comportements sociaux les plus caractéristiques de l’espèce pourrait s’appeler la « défécation de soumission » : un animal dominé se retourne, sort son arrière-train de l’eau, éclabousse généreusement le museau du dominant de ses excréments et les répand par de vigoureux battements latéraux de la queue. Le supérieur hiérarchique sollicite ce geste des jeunes mâles : il tourne autour d’eux, sort ses épaules de l’eau, la tête pour une fois inclinée. Tout animal qui pénètre dans la mare ira ainsi « saluer » le dominant et lui signifier qu’il reconnaît son statut de chef. Dans un groupe, il peut y avoir plus de 5 défécations de soumission par heure, un tiers d’entre elles étant orientées vers le dominant.
Les combats pour rire, lèvres contre lèvres, sont également fréquents entre adultes.
Les hippopotames passent leurs journées dans l’eau. Autant ils se déplacent sur terre avec lourdeur, autant ils font preuve d’aisance dans l’eau. Quand celle-ci est profonde, ils sont capables de nager véritablement. Ils se propulsent essentiellement en remuant leurs pattes arrière – à la manière d’une grenouille ! Quand il y a moins d’eau, ils avancent un peu comme s’ils rebondissaient, à coups d’élans successifs, en prenant appui sur le fond. L’eau ne pénètre alors ni dans les yeux ni dans les oreilles. Les hippopotames font tout dans l’eau, y compris dormir, par petits sommes.
C’est aussi dans l’eau qu’ont lieu les accouplements. Le mâle est alors seul visible, la femelle étant, elle, entièrement sous l’eau. Seules ses narines viennent de temps en temps affleurer à la surface. La cour du mâle, avant et pendant l’accouplement, est relativement agressive, et la femelle semble maintenue un peu de force sous l’eau.
Autrefois, on classait les hippopotames dans l’ordre des pachydermes, mot qui veut dire « qui a la peau épaisse », en grec. Pourtant, c’est tout le contraire : la couche cornée de sa peau est si fine que l’hippopotame est très sensible aux pertes d’eau par évaporation… Il se pourrait que cette espèce passe ses journées dans l’eau simplement parce qu’elle serait incapable de surmonter le rythme de perte en eau que lui imposerait une journée sous le soleil de l’Afrique tropicale.
L’autre raison pour laquelle ils vivent dans l’eau est l’économie d’énergie qu’ils doivent faire, car ils mangent peu. Comme la température de l’eau est pratiquement la même que celle de leur corps, les hippopotames n’ont pas à dépenser de calories pour rester en homéothermie (c’est-à-dire pour conserver une température interne constante).
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