Histoire de la découverte du Paon
Posté par othoharmonie le 15 mars 2014
L’histoire de la découverte du seul paon africain actuel, le paon du Congo, par la science occidentale commence au début du xxe siècle. En 1913, un jeune ornithologue, James D. Chapin, adjoint à la chaire d’ornithologie du musée américain d’Histoire naturelle (American Museum of Natural History, New York), effectue un voyage au Congo belge (aujourd’hui la République démocratique du Congo). Au cours de ses déplacements, il remarque, dans la coiffure d’un indigène, une plume qu’il n’avait jamais eu l’occasion de voir auparavant. Intrigué, il cherche à en connaître la provenance, mais personne sur place ne peut lui indiquer quelle espèce d’oiseau est parée de plumes identiques.
De retour aux États-Unis, les seules informations qu’il recueille sont que cette plume appartient sans doute à un oiseau de l’ordre des galliformes. James Chapin range sa plume et l’oublie pendant un quart de siècle. Mais, en 1936, au cours d’un voyage en Belgique, il visite le musée du Congo, à Tervueren, près de Bruxelles. Il remarque, enfermés dans une vitrine, deux gros oiseaux naturalisés ressemblant étrangement à des paons, mais qui n’en sont pas, en dépit des étiquettes portant toutes deux la mention « paon bleu, jeune, importé ». L’ornithologue, intrigué, examine les deux spécimens avec attention et remarque que la forme particulière des éperons du mâle et la silhouette de ces oiseaux ne sont en aucune façon celles de paons bleus ni même de paons spicifères.
Repensant à la plume qu’il avait trouvée au Congo, James Chapin la compare à celles de ces oiseaux. Il s’agit bien de la même espèce et les oiseaux de Tervueren sont dès lors baptisés « paons du Congo ».
Il ne reste plus au chercheur qu’à retourner dans le Kasaï, au Congo, d’où provenaient les paons du musée de Tervueren, afin d’y rechercher des spécimens vivants. Mais ce n’est qu’en 1938, grâce à l’aide d’un agent territorial qui en conserve trois dans une volière, que des scientifiques peuvent en observer.
Le paon du Congo,
Endémique de la République démocratique du Congo, le paon du Congo est une espèce vulnérable, dont les effectifs, réduits, sont en diminution. Il est par ailleurs très rare en captivité ; seuls quelques pays en possèdent. Ce n’est qu’en 1949 que les premiers paons du Congo sont sortis de leur territoire africain, à destination du zoo de New York ; il s’agissait d’une seule femelle accompagnée de six mâles, dont le dernier ne mourut qu’en 1968, après avoir supporté près d’une vingtaine d’années d’existence en captivité. En 1957, un mâle est parvenu au zoo d’Anvers, seul survivant d’un groupe de paons capturés dans la nature. En 1959, sur le plus important envoi jamais effectué de paons du Congo d’origine sauvage (cinq mâles et autant de femelles), deux pariades meurent à l’arrivée.
Au début des années 1960, il est décidé de mettre en place un programme de sauvegarde du paon du Congoreposant sur l’élevage en captivité de quelques spécimens de cette espèce. Le plan débute en 1962 au zoo d’Anvers. Ce programme, qui s’appuie notamment sur la connaissance des paramètres génétiques de chaque oiseau et fait largement appel à l’informatique pour examiner les meilleures solutions théoriques, est devenu une référence en matière de reproduction en captivité d’espèces délicates. D’autres zoos, tels ceux de Cologne, de Berlin et de Londres, ont ensuite démarré des programmes similaires. La population captive de paons du Congo dans les zoos européens est toutefois peu importante.
Le paon du Congo bénéficie par ailleurs de mesures de protection dans son pays d’origine, notamment sous la forme de réserves (tel le Maiko National Park, où évolue la plus importante population de ces oiseaux). Toutefois, l’espèce souffre de la destruction de son habitat, d’une part, et de la chasse, d’autre part (sa chair, commercialisée sur les marchés aux côtés de celle d’autres animaux sauvages, fait partie de ce qui est appelé la « viande de brousse »). La situation politique instable de la région augmente encore les menaces pesant sur le paon du Congo (groupes rebelles comme réfugiés, installés dans la forêt, contribuent à accroître la pression exercée par la chasse et la dégradation de l’habitat du paon).
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