De la nature du paon
Posté par othoharmonie le 7 mars 2014
Hugues de Fouilloy, De avibus : Dernier quart du XIIe siècle
Cris du paon, maître effrayant.
Le paon a une voix effrayante, une démarche naturelle, une tête de serpent, et la poitrine couleur saphir. De plus, sur ses ailes, il a comme des plumes roussâtres. Il a aussi une longue queue, et, pourrait-on dire, comme couverte d’yeux. [.]
Note aussi que le paon, lorsqu’il est admiré, dresse sa queue, car le prélat avide de gloriole élève son esprit sous les louanges des flatteurs. Il arrange ses plumes de manière recherchée, parce qu’il est certain que tout ce qu’il fait est bien ordonné. Mais quand cependant il relève sa queue, il dévoile en même temps son croupion : ainsi, la noblesse [d'âme] méprise la louange. Le paon devrait donc garder sa queue baissée, et le maître agir avec humilité
Exécuté pour décorer l’hôtel du Duc d’Antin à Paris, ce tableau avait pour pendant celui intitulé Gibier, fruits et chien devant une balustrade (Angers, musée des Beaux-Arts).
Desportes mêle ici savamment l’architecture classique, le paysage avec frondaisons, la sculpture et la nature morte. La balustrade, qui coupe le tableau en deux parties presque égales, lui confère un aspect théâtral que vient renforcer la lourde draperie rouge. Les bas-reliefs, qui s’inspirent de la manière du sculpteur François Duquesnoy, représentent des centaures enlevant des jeunes femmes. Différents animaux, tels que le singe et l’ara, introduisent la note d’exotisme habituelle à ce genre de décor. Le rendu des matières, le soyeux des étoffes, la transparence des raisins, le traitement du pelage du singe et du plumage du paon témoignent des origines nordiques de la culture artistique du peintre.
texte issu de Troyes, Médiathèque de l’Agglomération, ms. 177, fol. 158v.
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