Origines de l’Ange Paon : yézidi
Posté par othoharmonie le 5 mars 2014
L’origine du nom même de yézidi est débattue. Les Yézidis adorent Melek Ta’us symbolisé par un paon. Le nom de yazidi provient d’ailleurs du proto-iranien « yazatah » qui signifie « ange » ou « l’être suprême », Yazdgard III, Yazata . Le mot yazatah donna le moyen-persan « yazad et yazd », au pluriel « yazdan » qui aboutit au persan moderne « izad » et au kurde « yezid et yezdan » persan. Certains pensent que le mot yézidi viendrait de Yazid, nom du calife Omeyyade Yazid ibn Muawiya, mais cette thèse est réfutée.
Description de la croyance yézidie
Les spécialistes des religions soulignent le syncrétisme religieux dont est issu le yézidisme. La cosmogonie yézidie a de troublantes similitudes avec les religions de l’ancien Iran : les religions prézoroastriennes, puis zoroastriennes du VIIe siècle au IVe siècle av. J.-C., en raison notamment de la présence de nombreux Kurdes de la vieille foi et à l’isolement de la vallée de Lalish. Au Ier siècle, le christianisme arrive en Perse, dont la tradition attribue l’évangélisation à saint Thomas. Des monastères sont construits, dont celui d’Icho Sabran. Au VIIe siècle, l’islam conquiert toute la région et, s’il respecte les Gens du Livre, il convainc les zoroastriens, dont une partie se convertit, une autre fuit. Les adeptes du culte de Yazid, proscrits par le calife omeyyade pour l’assassinat du fils d’Ali, se replient autour de Mossoul, parmi les Kurdes. Leur origine, leur histoire et leurs pratiques religieuses sont encore méconnues.
Au XIIe siècle, cheikh Adi, maitre soufi, s’installe à Lalish et y enseigne ses préceptes auprès de la population yézidie. Adi serait un descendant du calife omeyyade Marwân Ier et, par cette prestigieuse lignée, reçoit un accueil bienveillant auprès des Kurdes adorateurs de Yazid, le calife omeyyade tant honni. Adi y fonde l’ordre soufi des Adawiya, dont une branche, dans la vallée de Lalish, près de Mossoul, adapte ses caractéristiques musulmanes au yézidisme. La tombe d’Adi, dans le monastère d’Icho Sabran, est depuis lors le centre du pèlerinage des yézidis. Le yézidisme aurait connu sa plus haute période du XIIe au XIVe siècle, et son déclin est daté du XVIe siècle, époque où les Ottomans imposent le sunnisme dans la région.
Adi (1073-1162) est la figure centrale du yézidisme. Il étudia à Bagdad avant de se retirer dans l’actuel Kurdistan. Ses enseignements accentuent l’aspect expérimental, émotionnel et mystique de la foi, et ont été mariés aux syncrétismes religieux riches et complexes pratiqués localement. Les spécialistes considèrent que le yézidisme est une survivance du mazdéisme, du paganisme prézoroastrien et du zoroastrisme.
Le flou concernant ce que sont réellement les Kurdes, nom générique donné aux nomades, a contribué à assimiler les nomades adeptes du yézidisme à une secte mystérieuse, incontrôlable, donc dangereuse. La tradition orale de cette croyance est un des principaux facteurs qui jouèrent en sa défaveur aux yeux des musulmans. Ceux-ci, ne reconnaissant comme leurs égaux que les Gens du Livre, voyaient d’un mauvais œil ces communautés rebelles et païennes. Or, les Yézidis ne sont pas des disciples d’une tradition religieuse uniquement orale : deux livres sacrés serviraient de bases à leurs lois et rites. Certains chercheurs mettent cependant en doute l’existence de tels livres.
Le yézidisme s’adapte aux conditions de temps et de lieu. Il n’existe en effet pas de forme officielle du yézidisme, pas de clergé, encore moins de califat. Chaque cheikh est un guide au sens élargi du terme : il décide des interdits, des tabous, des préceptes à suivre. Il est probable que certains guides ne se réfèrent même pas aux livres sacrés, d’où il ressort qu’à chaque communauté yézidite correspond une forme différente de yézidisme.
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