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LE PAON, LA MYTHOLOGIE et LES RELIGIONS

Posté par othoharmonie le 2 mars 2014

 

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En Inde, le Paon bénéficie d’un statut particulier. Les gens pensent que lorsque l’oiseau déploie sa queue, cela indique que la pluie se prépare. Il est très présent dans la mythologie de l’Hindouisme. 

Selon une légende indienne, à l’origine les paons mâles avaient un plumage brun et terne. Seule la longueur de leurs plumes les distinguait des femelles. Un jour un paon aperçut INDRA qui courait comme si un démon était à ses trousses et lui en demanda la raison. INDRA répondit dans un souffle qu’effectivement il était pourchassé par le terrible RÂVANA et malgré ses armes il préférait ne pas s’exposer inutilement. 

Comme RÂVANA arrivait en courant, l’oiseau déploya rapidement sa large queue et INDRA put ainsi se dissimuler derrière. RÂVANA passa sans rien remarquer. Une fois le danger passé, INDRA remercia le paon et lui offrit des plumes aux   merveilleuses couleurs. On dit aussi qu’il devint le héraut d’ INDRA et que son cri perçant annonce l’orage. 

Le paon est également la monture de PÂRVATI, l’épouse de SHIVA, et de SKANDA, le Dieu de la guerre, un des fils de SHIVA. Profitant que SHIVA était occupé , le géant TÂRAKA en avait profité pour semer le trouble. SKANDA, nommé chef des armées par les dieux, le provoqua en duel et le pourfendit avec son épée. D’une moitié de son corps naquît le paon et de l’autre le coq. C’est donc ainsi que la paon est devenu la monture de SKANDA et le coq (belliqueux ) son enseigne. 

Son nom scientifique, pavo, découle d’une appellation sanskrit, «Pavana» qui fait référence à la divinité hindoue VAYU, le vent qui est aussi le souffle de la vie et le père de HANUMAN Ji. LAKSHMI, épouse du dieu hindou, VISHNU, est parfois représentée avec des brassards, sous la forme de paons. KRISHNA est également souvent représenté en compagnie de paons. Dans le nord de l’Inde, ses plumes sont brûlées pour éloigner la maladie, et même de guérir les morsures de serpents. 

Chez les Boudhistes, le paon a conservé auprès des divinités et des maîtres fondateurs la place qu’il occupait dans la mythologie indienne. BOUDHA se serait incarné dans le corps d’un paon et le paon est le véhicule d’ AMITÂBHA. Avec sa tête couronnée d’une aigrette, sa traîne déployée dont les multiples yeux ouverts veillent sur le monde et son cri qui fend le ciel comme s’il voulait mobilier toutes les créatures de la terre à son appel, le paon est prédestiné par la Nature à devenir le symbole de la puissance et de la gloire. 

Le paon est l’enseigne de la dynastie MAURYA (les Maurya sont une dynastie hindoue fondée par Chandragupta Maurya dans l’année qui a suivi la retraite d’Alexandre le Grand d’Inde. En effet, l’incursion grecque avait mis en évidence la nécessité d’un État unifié pour faire face à une éventuelle invasion depuis les marches occidentales. Les MAURYA formèrent le premier grand empire de l’Inde et régnèrent ainsi sur une grande partie du sous-continent jusqu’en 187 avant J.C., date à laquelle ils disparaîtront au profit de la dynastie SHUNGA. Il est l’emblème du soldat rajput, et en particulier des Jats qui le vénèrent et qui, à la manière de KHRISNA, ornent leur turban avec ses plumes. Avec ses plumes, les Indiens fabriquaient des éventails pour éventer les princes. Encore aujourd’hui en Islam indien, le gardien « adoube » les pèlerins qui visitent la tombe des saints avec un long plumeau en plumes de paon chargé de la baraka qui imprègne la sépulture. 

Le paon restera le symbole de la royauté en Inde islamique. Le «Trône du paon», incrusté de pierres précieuses, réalisé pour le prince moghol Shäh Jahän (connu pour avoir fait construire le célèbre Tâj Mahal à Agra en l’honneur de sa défunte épouse) sera emmené en Iran par Nader Shah après la bataille de Karnal (1738). Ce trône qui comporte douze colonnes où sont perchés deux paons laissera son nom de « Trône du paon » aux trônes des shah d’Iran qui règneront après lui. 

En 1963, le paon a été déclaré comme le «oiseau national de l’Inde» en raison du riche patrimoine religieux qui s’y attache et pour son implication dans les traditions indiennes. 

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En Grèce, la mythologie fournit sa propre histoire. IO était une jeune prêtresse d’Héra, fille du roi d’ARGOS. Une nuit, elle rêva qu’elle devait se rendre au bord de lac Lerne et y rencontrer ZEUS. Ayant raconté son rêve à son père, ce dernier se renseigna auprès des oracles de Delphes et de Dodone mais seul l’oracle de Loxias donna une réponse qui affirmait que la jeune fille devait réaliser ce rêve sinon toute la famille risquait de périr foudroyée. Elle se rendit sur les bords du lac et y rencontra effectivement ZEUS. Est-ce la beauté de la jeune fille ou les enchantements de LYNX, la fille de PAN et d’ ECHO, toujours est-il que le dieu en tomba amoureux et il s’unit à elle. Mais il fut obligé de la transformer en génisse d’une éclatante blancheur afin que son épouse ne soupçonnât pas son infidélité. HERA, qui n’était pas dupe de la métamorphose de l’animal, demanda à ZEUS de la lui offrir. 

Mais ZEUS de temps en temps continua à rencontrer IO en se changeant en taureau. Alors IO fut confiée à la garde d’ ARGOS qui était un parent de la jeune femme.

ARGOS (ou Argus) avait la particularité d’avoir cent yeux, dont seulement cinquante se fermaient pendant qu’il dormait. En fait, le nombre d’oeil n’est pas bien fixé puisqu’il varie de un à l’infini. Il était doué d’une force prodigieuse qui lui avait permis de délivrer l’Arcadie d’un taureau sauvage; il tua aussi un Satyre qui enlevait les troupeaux aux Arcadiens et la terrible ECHIDNA. 

Alors ZEUS demanda à HERMES d’arracher la prisonnière à son gardien. ARGOS

avait attaché IO à un olivier dans le bois sacré à MYCENES afin de mieux la surveiller. Il existe plusieurs versions de la façon utilisée par HERMES pour tuer ARGOS. D’après certains auteurs, il lança une pierre qui le tua ou il l’endormit grâce à une flûte de pan ou avec une baguette magique avant de le tuer. 

Héra rendit honneur au fidèle ARGOS en transférant ses yeux sur les plumes de son animal préféré, le paon. Délivrée, IO ne jouit pas longtemps de sa liberté : HERA lui envoya un taon. L’insecte, s’attacha à ses flancs, et rendit si furieuse la génisse qu’elle erra pendant des mois à travers toute la Grèce sans jamais s’arrêter, elle longea le golfe qui devait porter son nom (golfe Ionien) puis passa le Bosphore (ou « passage de la Vache ») et rencontra sur le mont Caucase, PROMETHEE, qui selon ESCHYLE, lui prédit un beau destin. De là, IO gagna l’ EGYPTE, où elle reprit sa forme humaine de belle jeune femme, et enfanta EPAPHOS dont le nom peut se traduire par « toucher » . Après avoir récupéré son fils qui avait été enlevé par les Curètes sur l’ordre d’Héra et relâché par Zeus, elle s’installa définitivement en EGYPTE où on l’identifia alors

à la déesse Isis. EPAPHOS Devint roi d’ EGYPTE et fonda MENPHIS. Son nom est en fait le nom grec du dieu égyptien APIS. Après sa mort, IO fut transformée en constellation. 

Chez les Romains, HERA prendra le nom de JUNON.

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LE PAON, LA MYTHOLOGIE et LES RELIGIONS dans PAONIl est symbole de paix et de prospérité en Chine et au Vietnam. 

Pour les chrétiens, le paon a plusieurs valeurs symboliques. Il est considéré avec bienveillance car sa chair est réputée imputrescible par les premiers chrétiens comme le corps du Christ au tombeau. Parce qu’il mue et n’est pas affecté par le venin des serpents qu’il tue, le paon incarnera l’immortalité de l’âme chez les chrétiens des premiers siècles. L’empereur Justinien se fera représenter couronné d’une tiare en plumes de paon sur une statue équestre monumentale à CONSTANTINOPLE. Il est souvent représenté sur les images de la Nativité. Deux paons buvant à une coupe indiquent la renaissance spirituelle et les ailes des anges sont souvent en plumes de paon. Plus tard, vers la fin du Moyen-Age, il deviendra le symbole de l’orgueil et de la vanité.

 

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En Terre d’Islam, il est un symbole cosmique. Lorsqu’il fait la roue, il symbolise soit l’univers, soit la pleine lune, soit le zénith. Son statut y est toutefois ambivalent.

Selon Ibn’Abbâs (618-687), le premier à interpréter les paroles du Prophète , le paon aurait été considéré très tôt comme le favori de l’ange déchu, Iblis/Satan. Une légende ancienne très populaire raconte comment le paon s’est vu involontairement associé au démon. Pour avoir refusé de s’incliner devant Adam, Dieu signifie à Iblis son exil du jardin d’Eden. Iblis lui annonce qu’il tentera les descendants de son ennemi Adam l’Homme, afin d’éprouver leur foi. Dieu lui accorde cette requête, et promet l’Enfer à ceux qui écouteront ses conseils en se détournant de la parole de Dieu. Iblis s’attacha à réaliser son voeu. Il attendait une occasion pour pouvoir pénétrer au Paradis. Il en vit tout à coup sortir le paon. Connaissant le secret du paon mangeur de serpents, il se transforma en serpent et , en lui tenant à peu près le même langage que le Renard tînt au Corbeau pour lui faire lâcher son fromage, pour se faire avaler. Il alla alors se présenter à Adam et Eve et on connaît la suite……Pour avoir désobéi à Dieu, les Anges, agissant sur les instructions de Dieu, les saisirent par le cou et les expulsèrent du Paradis. Ils jetèrent Adam sur l’ïle de Ceylan, Eve à Djeddah, une ville d’Arabie, le Paon à Kaboul et le serpent dans la région d’Ispahan. Depuis ce jour le paon est triste. 

La diabolisation du paon prend néanmoins un caractère exceptionnel dans la tradition islamique, où l’oiseau à conservé sa dimension positive. Le paon intervient dans des circonstances qui s’il avait été diabolisé, en interdirait la présence. Ainsi l’animal fantastique qui transporte la Prophète au ciel , la Burâq, est parfois décrite avec une queue de paon. 

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Le Paon occupe une place centrale dans la religion des Yézidis. Les Yezidis, appelés également Yazidis constituent une petite minorité religieuse de langue kurde d’environ cent mille membres vivant principalement dans les régions de Mossoul en Irak, d’Alep en Syrie mais aussi en Turquie, en Iran , en Arménie et en Géorgie. Malik Tawus, le « Seigneur Paon » ou Malak Tawus, l’ »Ange Paon » est le Dieu des Yézédis. Sur la tombe de leur chef spirituel avant que cette tombe soit saccagée en 1872, on pouvait voir au milieu d’autres symboles qui ornaient les murs une représentation du paon et du serpent. 

 dans PAONPour en finir avec ce long chapitre, une légende de Bohême raconte la triste destinée de cet oiseau aux plumes couleur arc-en-ciel devenu le principal objet de jalousie des méchants: « Lorsque Dieu eut créé le paon, les sept péchés capitaux jalousèrent sa beauté.- Certes ! Je suis injuste leur répondit Dieu, mais en vérité, je vous ai encore trop donné. Les péchés mortels doivent être noirs comme la nuit qui les couvre de son voile ». Dieu posa alors sur les plumes de l’oiseau, l’oeil jaune de l’Envie, l’oeil vert de la Jalousie, et ainsi de suite. Depuis lors le paon est persécuté par les péchés qui voudraient bien récupérer leurs yeux ». 

La morale que l’on pourrait tirer de cette histoire c’est qu’aveuglée par la haine, l’intolérance transforme le paradis en enfer. 

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LE PALAIS DU PAON

Posté par othoharmonie le 2 mars 2014

 

 de Wilson Harris, traduit de l’anglais par Jean-Pierre Durix avec la collaboration de Hens Maes-Jelinek et Claude Vercey. Editions Des autres, Paris, 1979 ; réédité par Le Serpent à plumes, coll. « Motifs », Paris, 1994, 180 pages, 35 F.

Janvier 1995

348px-Ferronneries_palais_Gresham_BudapestIL est deux sortes de livres : ceux qui paraissent, plaisent un temps pour disparaître ; et ceux qui restent sur les étagères ou dans la mémoire des lecteurs. Le Palais du paon , paru en 1960 à Londres, traduit de l’anglais en 1979 et réédité aujourd’hui, appartient à la seconde catégorie . Ce premier roman est aussi le premier mouvement du Quatuor guyanais dans lequel Wilson Harris renouvelle chaque fois l’exploration des multiples paysages et des différents peuples de son pays natal. Né en 1921 à New-Amsterdam, en Guyane britannique (devenue Guyana), auteur d’une quinzaine de romans, de nouvelles et d’essais, cité plusieurs fois pour le prix Nobel, Wilson Harris a parcouru le monde avant de se fixer à Londres. La littérature antillaise anglophone, dont il a été longtemps la figure de proue, n’est pas très connue en France malgré le succès du Trinidadien V. S Naipaul ou le prix Nobel décerné en 1992 à Derek Walcott, le poète de Sainte-Lucie. Comme ce dernier, Wilson Harris est un métis avec des ascendances écossaises, africaines et amérindiennes. Ce métissage, source d’angoisse et de créativité, débouche ici sur la volonté de transcender les frontières et les différences.

LE personnage principal de ce roman est le fleuve qui tisse une toile arachnéenne à travers la forêt amazonienne (le mot de « Guyane » vient d’une racine amérindienne qui signifie « le pays des eaux », précise l’auteur dans sa préface). Les autres personnages, comme Cameron l’Ecossais, da Silva le Portugais, Caroll l’Africain ou Mariella l’Amérindienne, issus de cette société certes multiraciale mais marquée par la violence de l’histoire (la conquête dévastatrice, le génocide des Indiens, la traite des Noirs et la lutte pour l’indépendance de 1966), affrontent les dangers du fleuve dans leur quête de l’Eldorado : la palais du paon tout entier bâti en or.

LE PALAIS DU PAON dans PAON 320px-Tiara_de_Lalique_-_Calouste_GulbenkianRejetant la violence et l’extrême polarisation de sa société, Wilson Harris, héritier des poètes visionnaires – le prédicateur élisabéthain John Donne, William Blake, G. M. Hopkins et Yeats parrainent ce roman -, a élaboré un voyage allégorique au terme duquel les membres de l’équipage abolissent toute notion de frontière, se réconcilient avec la tribu primitive et retrouvent leur identité. L’objet initial de la quête, Mariella, la femme adulée puis abusée, se confond avec la quête de l’Eldorado. L’aventure se fait initiation : « Tout l’équipage constituait une famille spirituelle qui vivait et mourait ensemble dans une fosse commune dont ils étaient ressortis comme d’une même âme, d’une même matrice. » Les lecteurs se laissent embarquer dans un monde onirique et mouvant, vertigineux et ensorcelant.

Enfin, le Palais du paon , comparé souvent au Bateau ivre, défie les données traditionnelles du roman par son architecture fluide et son souffle poétique : « La porte qu’ils martelaient était le visage même de la terre sur laquelle ils gisaient. Elle s’ouvrit enfin toute grande sous la violence du vent. L’aube était apparue, l’aube du sixième jour de la création. » A coup sûr, le Palais du paon , servi par la très belle traduction de Jean-Pierre Durix qui a su en restituer la portée visionnaire, ravira les lecteurs.

Abdourahman A. Waberi

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