La tortue est un symbole vivant !
Posté par othoharmonie le 14 février 2014
La tortue, animal existant depuis plus de 250 millions d’années, et omniprésent dans la mémoire des hommes et des civilisations, ne sera peut-être un jour plus qu’un nostalgique souvenir. Alors souvenons-nous… Les symboles sont essentiellement attachés aux cultures et aux traditions antiques dans lesquelles puise le monde contemporain, qui reste lui aussi très chargé de symboles. Et il n’est pas étonnant de constater que les civilisations anciennes, principalement dans les régions de type rural ou montagnard, sont celles dans lesquelles les symboles ont eu le plus d’importance. Attachées aux archétypes symboliques on trouve généralement des contes ou des légendes se rapportant au caractère particulier de la tortue. Nous évoquerons des croyances, des légendes, mais aussi la cosmogonie, c’est à dire la représentation du monde et de sa création dans les civilisations anciennes. En Extrême-Orient (Chine, Japon, Vietnam, Corée, Inde, Tibet…) comme en Amérique du Nord (du Mexique jusqu’en Alaska), la tortue est avant tout le support du monde. Dans la quasi-totalité des civilisations anciennes du monde entier (dont certaines existent encore, comme le peuple aborigène d’Australie, la Chine ou le Vietnam) la tortue a toujours été essentiellement un symbole de longévité et de sagesse. Cela tient bien sûr à sa très longue durée de vie et à sa nonchalance, mais aussi à sa discrétion face aux événements qui rythment le monde. La lenteur de ses déplacements la fait également figurer comme une digne représentante de la sagesse… et de l’art d’avoir toute l’éternité devant soi.
Il est frappant de constater à quel point c’est dans la civilisation chinoise que la tortue a le plus marqué les esprits. Il faut dire que les premières traces de l’écriture chinoise remontent à environ 3500 ans et que ces idéogrammes primitifs, lorsqu’ils n’étaient pas gravés sur de la pierre, l’étaient sur les carapaces de cet animal. Par ailleurs les écritures des anciens étaient gravées pour l’éternité si le support était une carapace de tortue, plus encore que si ces symboles étaient gravés sur la pierre. Cette longévité de la tortue et la stabilité de sa carapace pendant de longs siècles après sa mort a également intrigué les devins qui lui attribuèrent une véritable connaissance de l’avenir cachée dans les motifs de sa carapace. En jetant la carapace quelques minutes dans le feu de la terre, on pouvait voir les esprits célestes communiquer avec les hommes en inscrivant des symboles par les craquelures et fêlures causées par le feu sur les carapaces. Voulant reproduire les motifs ainsi engendrés, les devins et les savants il y a 3500 ans tracèrent ainsi les premiers symboles qui devinrent progressivement les 214 clés de base permettant l’élaboration de tout le système de l’écriture chinoise. Par ailleurs la numérologie et les premiers carrés magiques furent inventés et réalisés avec l’aide des motifs et la disposition des écailles de la dossière. Les chinois furent les premiers terrariophiles au monde.
Depuis plus de deux mille ans dans certaines provinces de montagne la possession d’une tortue sous son toit apporte une protection divine à la famille et au foyer. Il n’y avait pas un seul temple taoïste ou bouddhiste qui n’ait des tortues, non pour les manger mais pour protéger la vie de ceux qui y résident. Ainsi les tortues pouvaient être prélevées dans la nature pour la consommation humaine (pratique essentiellement confucianiste) mais aussi pour servir de compagnon protecteur de la famille et de l’abri.
Article de Jacques Prestreau
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